B. LES JEUX DES ALPES 2030 : DES DÉFIS À NE PAS SOUS-ESTIMER
Il n'est pas encore possible de donner une trajectoire pluriannuelle des financements de la Solidéo Alpes 203027(*). En effet, la maquette budgétaire sera présentée lors de son conseil d'administration de décembre, et elle sera établie sur la base de plusieurs facteurs :
- l'évaluation de son budget d'investissement, encore en cours de finalisation, qui dépendra lui-même de la stabilisation de la carte des sites olympiques. Cette évaluation devra également déterminer le partage entre les dépenses d'infrastructures qui relèvent de la Solidéo (équipements pérennes) et celles qui seront prises en charge par le Cojop (infrastructures temporaires) ;
- l'équilibre qui sera trouvé entre l'État et les régions hôtes dans le partage des dépenses, le pacte des financeurs signé le 27 juin 2025 ayant acté un principe de parité entre les concours apportés au Cojop et à la Solidéo Alpes par l'État et ceux des régions ;
- le niveau de participation des départements et du bloc communal sur les sites qui les concernent ;
- les possibilités de prise en charge de certaines dépenses par des opérateurs privés, notamment les titulaires de concessions de délégations de service public pour les remontées mécaniques.
À ce stade, le pacte des financeurs prévoit que l'ensemble des concours publics alloués au financement des investissements des projets de la maquette jusqu'aux JOP de 2030 devrait être de 800 millions d'euros, en valeur 2025, hors prise en compte de réserves destinées à financer une enveloppe allouée aux compléments de programme demandés par le Cojop (7 %) ainsi qu'un fonds d'innovation (3 %). Ce montant n'intègre pas non plus les dépenses de fonctionnement de la Solidéo 2030, qui sont évalués à 70 millions d'euros.
Calendrier de livraison des ouvrages olympiques
2025-2026 : lancement ou poursuite des études et procédures réglementaires (diagnostics, autorisations administratives, études environnementales, concertation, etc.). Lancement des principaux marchés de conception.
2027-2029 : lancement des marchés de travaux et conduite des chantiers.
2029-2030 : réception des ouvrages.
La liste exhaustive des opérations dont la Solidéo Alpes 2030 aura la charge est encore en cours de définition. Elle sera arrêtée à la fin de l'année 2025.
Source : réponses de la Solidéo Alpes 2030 au questionnaire du rapporteur spécial
L'année 2026 sera principalement consacrée à la conduite des études des projets et à la mise au point de l'architecture contractuelle de l'établissement : convention-cadre avec le Cojop, conventions avec les collectivités territoriales et conventions tripartites Cojop-Solidéo-Maîtres d'ouvrage définissant le programme, les objectifs, le calendrier, le coût et les modalités de suivi des opérations.
L'État s'est engagé à contribuer au financement du Cojop à hauteur de 362 millions d'euros sur l'ensemble de la séquence pluriannuelle 2025-2030. Les AE correspondantes seront clôturées dès 2026. La ventilation des CP au cours des années 2027 à 2030 est prévue pour être précisée à la fin de l'année en coordination avec le calendrier de versement des subventions des Régions hôtes.
La contribution des deux régions hôtes était envisagée initialement à hauteur de 50 millions d'euros chacune, celles-ci ayant finalement accepté de doubler cet effort en contrepartie d'une réduction de leur subvention à la Solidéo Alpes 2030. L'ensemble des concours publics en faveur du Cojop Alpes 2030 s'élèverait donc à 562 millions d'euros un montant deux fois et demi supérieur à celui qui a été attribué au Cojop Paris 2024.
Selon l'administration, la part accrue des subventions publiques au sein des ressources du Cojop Alpes 2030 par comparaison au Cojop de Paris 2024 s'explique par les spécificités des Jeux d'hiver, qui génèrent pour le comité d'organisation des ressources privées très inférieures à celles des Jeux d'été :
- la subvention du Comité international olympique et de ses partenaires mondiaux est plus faible ;
- les partenariats nationaux sont également de moindre ampleur ;
- et surtout les recettes de billetterie sont prévues pour être bien inférieure, dans la mesure où le nombre d'épreuves des Jeux d'hiver est trois fois inférieur au nombre des Jeux d'été (objectif de ventes fixé à 2 millions de billets pour les JOP 2030, contre 12,1 millions de billets vendus lors des Jeux de 2024).
Enfin, la question environnementale sera un sujet majeur des Jeux de 2030. Les Alpes sont un territoire particulièrement marqué par le changement climatique, et où la protection de la biodiversité est un enjeu essentiel. De nombreux titres de presse ont ainsi souligné que les enjeux relatifs à la protection de l'environnement seront plus importants - et sans doute plus conflictuels - pour les Jeux d'hiver de 2030 que pour ceux de Paris 202428(*).
Conformément à l'article 20 du décret 2025-119 du 10 février 2025 relatif à la création de la Solidéo Alpes 2030, l'établissement proposera à son conseil d'administration de décembre 2025 d'adopter une stratégie environnementale. Cette stratégie devra s'articuler avec une « feuille de route environnementale » élaborée par l'ensemble des acteurs des Jeux.
La feuille de route environnementale des Jeux de 2030
En concertation avec le Cojop, la Solidéo Alpes 2030 et les deux Régions hôtes, l'État élaborera une « feuille de route environnementale » assortie d'objectifs précis. Ce programme sera rendu public à la fin décembre 2025. Sa préparation a été confiée au Secrétariat général à la planification écologique (SGPE). Ce travail garantira la cohérence du projet olympique et paralympique avec les dispositifs existants de la planification écologique. Sa conception associera les collectivités et les organisations non gouvernementales.
Les principaux objectifs de la feuille de route environnementale seront de :
- l'empreinte environnementale des Jeux en agissant sur les principaux postes d'impact (émissions de gaz à effet de serre - GES générées par les transports et les chantiers, consommation d'énergie et d'eau, production de déchets, artificialisation des sols, atteintes à la biodiversité, etc. ;
- promouvoir une gestion durable des sites, des infrastructures et des territoires dans lesquels ils s'inscrivent en privilégiant la réutilisation et la rénovation des équipements existants, en utilisant des matériaux écologiques et en optimisant la gestion des ressources dans la durée (eau, énergie, réemploi de matériaux...) ;
- impliquer les acteurs locaux et la population en favorisant la concertation, la participation et l'appropriation des enjeux environnementaux par les collectivités, les entreprises, les associations et les citoyens ;
- valoriser l'héritage environnemental des Jeux : en contribuant à la transition écologique des territoires d'accueil, notamment celle des territoires de montagne dans un contexte de réchauffement climatique menaçant, en soutenant des projets environnementaux locaux et en sensibilisant le public aux enjeux environnementaux.
Source : réponses de la direction des sports au questionnaire du rapporteur
* 27 L'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2030 reprend celle des Jeux de Paris 2024, avec un Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop), qui s'occupe de l'organisation même des Jeux, et une Société de livraison des Jeux olympiques et paralympiques (Solidéo) qui a la charge de la livraison des infrastructures. Malgré des noms similaires, les opérateurs des Jeux de 2030 sont des entités distinctes de ceux de Paris 2024.
* 28 Voir par exemple « JO 2030 : une promesse environnementale difficile à tenir », Le Monde, 19 février 2025.