B. LES DISPOSITIFS D'ÉDUCATION POPULAIRE SONT CONCERNÉS PAR LES MESURES D'ÉCONOMIES
1. Le financement des « Colos apprenantes » est supprimé
Les « Colos apprenantes » ont été lancées en 2020, dans le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19. L'objectif était de permettre à des jeunes issus de milieux modestes de partir en colonie de vacances. Il est estimé que 300 000 jeunes auront bénéficié du dispositif sur la période 2020-2023.
Avant 2024, les Colos apprenantes étaient financées par redéploiement de crédits sur la mission « Sport, jeunesse et vie associative ». Dans la loi de finances initiale pour 2024 et celle pour 2025, 40 millions d'euros ont été accordés au dispositif. Toutefois, dans le cadre des mesures d'économies, le financement des colos apprenantes a été entièrement supprimé dans le projet de loi de finances pour 2026.
Les « Colos apprenantes »
Dans le cadre des « Colos apprenantes », l'État prend en charge 500 euros par semaine par enfant (âgé de 3 à 17 ans) si l'une des conditions suivantes est remplie :
- les mineurs relèvent de l'aide sociale à l'enfance (ASE) ;
- ils sont en situation de décrochage scolaire ;
- ils sont en situation de handicap ;
- ils sont domiciliés dans un quartier prioritaire de politique de la ville (QPV) ou dans une zone de revitalisation rurale (ZRR) ;
- le quotient familial est inférieur ou égal à 1 500 euros.
Le reste à charge peut être assumé par la Caisse d'allocations familiales (CAF) ou la commune sous diverses conditions.
Source : commission des finances
Le rapporteur spécial regrette la suppression de ce dispositif.
Les colonies de vacances jouent un rôle important dans l'éducation populaire et pour promouvoir la mixité sociale. Or, le nombre de jeunes effectuant un séjour en hébergement collectif a fortement diminué avec la crise sanitaire, et si les chiffres sont remontés sur les dernières années, ils n'ont pas encore atteint leur niveau d'avant crise33(*). De plus, l'INJEP relève que « plus la famille dispose de revenus élevés, plus les collégiens partent en colonie de vacances »34(*).
2. Le dispositif « 1 jeune, 1 mentor » : un suivi du binôme mentor / mentoré à systématiser
Le dispositif « 1 jeune, 1 mentor » est reconduit pour 2026, avec un budget de 24,5 millions d'euros, en diminution de 7,5 millions d'euros par rapport à l'année précédente.
« 1 jeune, 1 mentor »
Le dispositif « 1 jeune, 1 mentor » a pour objectif d'accroître le nombre de jeunes qui bénéficient de l'accompagnement d'un mentor (un professionnel en exercice ou un retraité), pendant leur parcours scolaire. Le mentor a pour mission d'aider le jeune dans ses choix d'orientation et son insertion professionnelle. Le mentor et le jeune doivent se rencontrer plusieurs fois par mois pendant au moins 6 mois.
« 1 jeune, 1 mentor » a été annoncé par le président de la République le 1er mars 2020, et il a été lancé durant l'année 2021. Il s'inscrivait dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution », qui réunissait un ensemble de politiques d'accompagnement de la jeunesse. Le dispositif a été pour la première fois financé par la loi de finances pour 2022.
Le dispositif est piloté par le ministère de l'emploi, du travail et de l'insertion. Il s'appuie sur des appels à projets à destination des associations.
Source : commission des finances
L'année dernière, le rapporteur spécial indiquait que l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP) a été mandatée pour organiser une évaluation du plan « 1 jeune 1 mentor ». L'évaluation a finalement été publiée en juin 2025.
L'INJEP relève tout d'abord que le mentorat est un dispositif encore peu connu de la jeunesse : « selon l'édition 2024 du baromètre annuel sur la jeunesse de la direction de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative (Djepva) piloté par l'INJEP, seuls 16 % des 15-30 ans déclaraient le connaître, et 25 % en avoir entendu parler, soit un score nettement plus faible que les autres dispositifs testés (service civique ou contrat d'engagement jeune, par exemple). Cette faible notoriété du « mentorat » tient peut-être en partie au fait que certains jeunes peuvent connaître les dispositifs des associations proposant du mentorat sous un autre nom. »35(*)
Cependant, l'institut indique que les collégiens et lycées boursiers ou vivant en quartier prioritaire de la ville (QPV) sont représentés parmi les mentorés dans une proportion supérieure à leur poids dans la population générale. De même, les jeunes relevant de l'aide sociale à l'enfance (ASE) sont davantage représentés. L'orientation du dispositif vers les jeunes en situation de fragilité diminue toutefois pour les étudiants. Enfin, les filles sont majoritaires au sein du dispositif, avec une représentation de 60 % contre 40 % pour les garçons.
En revanche, il apparaît que l'application du dispositif est très hétérogène : l'implication du mentor peut être très importante dans certains cas, tandis que dans d'autres cas, il a surtout pour rôle de dispenser des conseils. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose, dans la mesure où tous les jeunes ne nécessitent pas forcément un suivi approfondi, mais il convient de s'assurer qu'un tel système convienne à la fois au mentor et au mentoré.
Pour cette raison, l'INJEP formule la recommandation suivante : « Afin de sécuriser l'engagement réciproque, il est recommandé d'organiser systématiquement un entretien après la première rencontre, ou a minima un échange par courriel pour les majeurs. Il pourrait être proposé que l'obligation de réaliser un entretien de clôture soit intégrée aux critères exigés dans les appels à projets nationaux de la Djepva. Cette exigence renforcerait la qualité des dispositifs de mentorat soutenus sur fonds publics, tout en harmonisant les pratiques entre les structures. »36(*) Cette recommandation semble pertinente au rapporteur spécial, afin de s'assurer de la qualité de cette politique publique.
3. Une réflexion à engager sur le taux de financement assuré par le Fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire (FONJEP)
Les crédits prévus pour le Fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire (FONJEP) en 2026 sont de 37,4 millions d'euros, ce qui est un montant identique aux inscrits dans le projet de loi de finances initiale pour 2025.
Le fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire
Le fonds de coopération de la jeunesse et de l'éducation populaire (FONJEP) a été créé en 1964 et il a vocation à soutenir des associations agréées de jeunesse et d'éducation populaire. Il consiste à co-financer un poste dans une association, pour un montant de 7 164 euros par an. Le « poste FONJEP » doit répondre à l'un des objectifs suivants :
- soutenir la coordination et apporter un appui aux têtes de réseau associatif ;
- développer l'autonomie, l'expression, l'accès à l'information et la mobilité des jeunes ;
- soutenir l'éducation populaire ;
- promouvoir des vacances et des loisirs éducatifs pour les jeunes.
En outre, la mission du salarié ne doit pas avoir un but lucratif.
Sources : commission des finances
Il faut premièrement rappeler que le FONJEP avait bénéficié d'une enveloppe complémentaire, appelée FONJEP « jeunes », dans le cadre du plan de relance pour financer 2 000 postes supplémentaires. Les postes créés en 2021 et en 2022 devaient être maintenus pour trois ans. Par conséquent, en 2023, cette enveloppe a financé la dernière année des postes créés en 2021, et l'avant-dernière année des postes créés en 2022. En 2024, les postes créés en 2021 ne sont plus financés, tandis que ceux créés en 2022 sont financés pour une dernière année.
En 2025, l'ensemble des financements du plan de relance sont terminés. Le FONJEP est donc retourné à son niveau d'avant la crise sanitaire, c'est-à-dire à 37,4 millions d'euros.
Financements du FONJEP
(en millions d'euros)
|
2020 |
2021 |
2022 |
2023 |
2024 |
2025 |
2026 |
|
|
FONJEP |
37,4 |
37,4 |
37,4 |
37,4 |
37,4 |
37,4 |
37,4 |
|
FONJEP « jeunes » (plan de relance) |
0 |
7,2 |
14,4 |
14,4 |
7,2 |
0 |
0 |
|
Total |
37,4 |
44,6 |
51,8 |
51,8 |
44,6 |
37,4 |
37,4 |
Note : les crédits du FONJEP « jeunes » sont inscrits sur la mission « plan de relance » jusqu'en 2023 (exclu), où ils ont été inscrits sur le programme 163.
Source : commission des finances, d'après les documents budgétaires
Il est désormais possible de faire un bilan du plan de relance pour le FONJEP : 1 978 postes ont été créés, et 1 708 associations ont bénéficié du financement d'au moins un poste. 42 % des associations financées ont moins de 5 salariés, 48 % des associations interviennent dans des quartiers de la politique de la ville et 34 % dans des zones de revitalisation rurale.
Le rapporteur spécial éprouve toutefois des réserves face à l'utilisation du FONJEP dans le cadre du plan de relance. Plutôt que l'ajout de crédits de manière ponctuelle, il aurait été préférable de renforcer cette politique sur le temps long.
En outre, il ne suffit pas de compter le nombre de postes FONJEP créés, mais il faut également examiner la part financée pour chaque poste. En effet, chaque poste salarié FONJEP est financé pour 7 164 euros, ce qui représente entre 10 % et 15 % de son coût global. Les crédits supplémentaires du plan de relance ont eu vocation à créer de nouveaux postes FONJEP, mais pas à augmenter le financement moyen d'un poste. Tout comme l'année dernière, le rapporteur spécial estime ainsi qu'une réflexion pourrait être ainsi engagée sur le niveau moyen de financement par poste assuré par le FONJEP, afin de voir si celui-ci est suffisant ou non.
* 33 « Fréquentation des accueils collectifs de mineurs en 2021-2022 », INJEP, janvier 2023, page 2.
* 34 « Fréquentation des colonies de vacances : les collégiens issus de milieu social favorisé partent davantage », INJEP, janvier 2021, pages 2 et 3.
* 35 Évaluation du plan « 1 jeune, 1 mentor », INJEP, juin 2025, page 10.
* 36 Évaluation du plan « 1 jeune, 1 mentor », INJEP, juin 2025, pages 20 / 21.