B. LE BUDGET 2026 CONSACRE UN EFFORT FINANCIER TRÈS IMPORTANT AUX PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT

Le projet de loi de finances pour 2026 consacre un effort très significatif en faveur des équipements militaires.

Les CP affectés à l'opération stratégique (OS) « Programmes à effet majeur » (PEM) atteindraient 13,9 milliards d'euros, en hausse de 3,36 milliards d'euros par rapport à la LFI 2025 (+ 31,8 %). Cette progression marque une accélération nette de la modernisation capacitaire.

Évolution des crédits prévus au titre de l'opération stratégique
« Programmes à effet majeur » depuis 2019

(en CP, en milliards d'euros et en pourcentage)

Source : commission des finances du Sénat, d'après les réponses au questionnaire du rapporteur spécial et les documents budgétaires

D'importantes livraisons sont en effet prévues, notamment sur les segments suivants :

- 2 avions A400M de transport, 1 avion MRTT44(*), 4 hélicoptères NH90, 1 Rafale, 1 avion Atlantique 2, 3 avions de surveillance maritime, etc. ;

- 1 sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) Barracuda et ses infrastructures, et 1 patrouilleur outre-mer ;

- 242 véhicules SCORPION et 21 chars Leclerc rénovés ;

- 8 000 fusils d'assaut HK416, des missiles, des drones et des systèmes anti-drones, des stations de communication satellitaire, etc.

Le programme Scorpion

Lancé en 2014, le programme Scorpion consiste en la modernisation des groupements tactiques interarmes (GTIA) afin d'accroître, dans une approche globale et cohérente, leur efficacité et leur protection, en utilisant au mieux les nouvelles capacités d'échanges d'information au sein du GTIA.

Il comprend notamment les composantes suivantes :

- des véhicules blindés multi-rôles (VBMR) Griffon et Serval, destinés à remplacer les véhicules de l'avant blindés (VAB) - actuellement en service ;

- des engins blindés de reconnaissance et de combat (EBRC) Jaguar, destinés à remplacer l'AMX10-RC, l'engin blindé ERC Sagaie et le VAB HOT ;

- un système d'information du combat Scorpion (SICS) unique destiné à l'ensemble du groupement tactique interarmes ;

- l'adaptation du système de préparation opérationnelle aux nouvelles capacités Scorpion ;

- un premier standard de robotique à des fins de reconnaissance, d'observation, de cartographie et de dépose de charge ;

- des mortiers embarqués pour l'appui au contact (MEPAC) destinés à remplacer une part importante des mortiers de 120mm tractés, par l'intégration d'un mortier semi-automatique de 120mm sur Griffon adapté.

Le programme Scorpion s'accompagne d'un programme de rénovation à mi-vie (RMV) des chars Leclerc, visant à intégrer ce char de la génération précédente dans le combat collaboratif Scorpion, à l'adapter aux nouvelles menaces (renforcement des fonctions de protection et d'agression) et à traiter les obsolescences lourdes.

Source : commission des finances, d'après les informations du ministère des armées

D'importantes commandes sont en outre prévues en 2025. Peuvent être cités l'acquisition de 97 véhicules blindés SCORPION, 260 SERVAL, 2 Rafale, 1 frégate de défense et d'intervention, des aéronefs de patrouille maritime du futur, des bâtiments de guerre des mines et des drones navals, des munitions, fusils d'assaut, missiles, etc.

Au-delà de la seule OS « PEM », le programme 146 « Équipement des forces » - dont le niveau de CP augmente de 22,4 %, soit + 4,2 milliards d'euros - concourt au financement de programmes structurants.

L'année 2025 avait été marquée par un niveau d'engagements très élevé lié notamment au financement de la commande du marché principal de réalisation du porte-avion de nouvelle génération (PA-NG, 10,2 milliards d'euros en AE), appelé à succéder au Charles-de-Gaulle à l'horizon 2038, et des travaux de réalisation des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de 3e génération (SNLE 3G, 11,5 milliards d'euros en AE) qui doivent remplacer les quatre SNLE actuels au-delà de l'horizon 2035.

En 2026, la hausse se porte, pour le programme « 146 », sur les CP notamment au titre de :

la projection, la mobilité et le soutien (+ 1,1 milliard d'euros), par exemple au titre de l'A400M (+ 290 millions d'euros) ;

le commandement et la maîtrise de l'information (+ 1,0 milliard d'euros), au profit notamment de la cyberdéfense (+ 250 millions d'euros), des avions de détection et de commandement aéroporté (SDCA, aujourd'hui de type E-3F ou « AWACS », + 250 millions d'euros), des communications satellitaires (+ 130 millions d'euros), et des drones aériens (+ 115 millions d'euros) ;

l'engagement et le combat (+ 920 millions d'euros), notamment au titre des SNA Barracuda (+ 400 millions d'euros), du porte-avions actuel et du PA-NG (+ 205 millions d'euros) et du SCAF45(*) (+ 160 millions d'euros) ;

la protection et la sauvegarde (+ 650 millions d'euros), notamment pour les systèmes de défense sol-air futurs (+ 340 millions d'euros) ;

la dissuasion (+ 380 millions d'euros), principalement au titre du missile ASMP-A46(*), qui emporte la charge nucléaire aéroportée (+ 90 millions d'euros), et d'autres dépenses assurant la crédibilité technique et opérationnelle des deux composantes de la dissuasion nucléaire française (aéroportée et océanique).

Par ailleurs, il est prévu l'acquisition de munitions (y compris complexes et téléopérées), pour 2,4 milliards d'euros en 2026.


* 44 Avion multi-rôle de ravitaillement en vol et de transport.

* 45 Le système de combat aérien du futur (SCAF), appelé à succéder au Rafale à l'horizon 2040, est un programme réalisé en coopération avec l'Allemagne et l'Espagne.

* 46 Missile air-sol moyenne portée amélioré, porteur de la charge nucléaire.

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