B. LA POSITION DE VOTRE COMMISSION

1. Un accord quant à l'opportunité de ce projet de loi.

Après une réflexion menée depuis deux ans, votre commission approuve les principes qui ont guidé l'élaboration de ce texte.

Elle considère les objectifs de ce projet totalement fondés.


Votre rapporteur considère que les deux volets législatifs proposés par ce projet de loi -protection des personnes face aux chiens agressifs et moralisation des activités relatives aux animaux- sont indissociables pour parvenir à un dispositif équilibré.

2. Une nécessaire adaptation du dispositif proposé

a) Des interrogations majeures

Votre rapporteur considère que ce projet de loi soulève deux difficultés majeures, qui ont fait l'objet d'un examen approfondi par votre commission :

La question du permis de détention d'un animal a été longuement étudiée : en effet, la solution la plus efficace pour éviter la prolifération de chiens molossoïdes, utilisés à des fins malveillantes par certains individus, n'est-elle pas d'instaurer un permis de détention à l'instar du permis de conduire ou du permis de chasse ? Cette solution a d'ailleurs été utilisée en Allemagne et donne des résultats encourageants.

Cette hypothèse est séduisante mais semble difficilement applicable en France. En effet, aucune structure n'est aujourd'hui en mesure d'assurer la gestion et le suivi de ce permis -comme c'est le cas avec les auto-écoles ou l'Office national de la chasse-. Par ailleurs, quelles seraient les épreuves nécessaires à l'obtention d'un tel permis ? Qui le délivrerait ?...

Votre rapporteur, conscient des lourdeurs d'un tel mécanisme, ne le propose pas, du moins à l'heure actuelle . Il n'écarte cependant pas cette hypothèse, si à l'issue d'une période de deux ou trois ans, le dispositif mis en place ne s'avérait pas efficace.

Est-ce à dire que seule la solution de la simple déclaration prévue par le Gouvernement s'impose ? Votre commission ne le pense pas . Ce dispositif déclaratif est trop peu dissuasif. En effet, revenons à l'origine de ce texte. Nous sommes en présence d'animaux potentiellement dangereux qui intimident, blessent et même peuvent tuer. La seule mesure avancée par le projet de loi consisterait donc à demander aux détenteurs de ces animaux de venir déclarer à la mairie leur animal, un peu à l'instar de la personne qui souhaite créer une association et qui doit la déclarer à la préfecture.

Votre rapporteur, tout en maintenant l'architecture du projet de loi, souhaite donner réellement les moyens aux pouvoirs publics de contrôler la prolifération de ces animaux. En instaurant un mécanisme d'autorisation -qui respecterait les dispositions prévues en matière d'interdiction, pour certaines populations et celles relatives à la fourniture obligatoire de diverses pièces-, votre Commission désire responsabiliser au maximum les propriétaires et détenteurs de chiens potentiellement dangereux .

La solution intermédiaire pourrait être ainsi une autorisation de détention délivrée par le maire . Cette hypothèse ne nécessite pas de formation pratique ou théorique. En outre, elle est fortement dissuasive vis-à-vis de la population qui utilise de façon malveillance les animaux susmentionnés.

Cette solution exige néanmoins quelques dispositions complémentaires afin de lui donner toute sa portée. Votre rapporteur vous proposera ainsi de créer un fichier national recensant les personnes auxquelles un animal a été retiré en application de l'article 211 du code rural, d'offrir la possibilité pour le maire de refuser cette autorisation dans certaines circonstances et de sanctionner sévèrement l'absence de présentation du récépissé de l'autorisation.

La distinction entre les catégories de chiens est un problème délicat . En effet, certains types de chiens sont potentiellement plus dangereux que d'autres, d'une part, à cause de leur constitution physique- les caniches mordent beaucoup, mais les dégâts qu'ils occasionnent reste souvent mineurs-, d'autre part, de leur comportement vis-à-vis de leurs congénères ou de leur propension à tenir après avoir mordu.

L'origine des faits tragiques relatés proviennent soit d'une totale absence de vigilance de la part des maîtres, par exemple avec les bergers allemands, soit d'un comportement malfaisant des détenteurs de ces animaux, soit d'un problème génétique très particulier qui peut survenir sur toutes les espèces, comme cela s'est passé par exemple avec le cocker doré dans les années 1970-...

La médiatisation de ces événements conduit à des phénomènes, soit de rejet des animaux, soit de prolifération d'animaux d'un type particulier. Ainsi, à la suite d'un reportage télévisé sur le boerbull, une association qui élève ce genre d'animal a reçu dès le lendemain 300 demandes. Le boerbull a été présenté comme un " tueur de lions ", voire pire. Or ce chien est un animal de défense avant toute chose. Est-ce à dire que cette catégorie devra du jour au lendemain être intégrée dans la première catégorie ? Votre rapporteur se refuse a être complice de ces mises en scène médiatiques, en général mal étayées, qui ne visent qu'a exploiter un certain goût du sensationnel auprès du grand public, lequel est par définition, peu expert en la matière.

L'attention doit être grande en la matière et les auteurs des comportements intimidants ou malfaisants de leurs chiens doivent être dûment réprimés.

La création d'une double catégorie de chiens soulève plusieurs questions :

- les modalités pour arrêter la liste des chiens potentiellement dangereux seront complexes. Quels seront les critères retenus ? La race, le type, le phénotype ?... Comment seront classés les chiens issus de croisements qui n'appartiennent à aucune race identifiable ?

- les personnes malfaisantes ne risquent-elles pas d'utiliser systématiquement d'autres races ou types de chiens qui seront rendus agressifs par des conditions d'élevage appropriés ?

- les contraintes administratives (stérilisation, port de la muselière) risquent de peser d'abord sur les personnes respectueuses de la loi dont les animaux ne posent souvent pas de problèmes, même s'ils appartiennent aux types ou races classés potentiellement dangereux.

- les pouvoirs publics pourront-ils résister à la pression de l'opinion publique quand un accident se produira avec un chien " hors liste " et que des comités ou associations de défense demanderont d'ajouter la race en cause dans la seconde, voire la première catégorie ?

De là à faire disparaître 4 millions de chiens sur notre territoire (bergers allemands, labradors, rottweilers...), votre rapporteur se refuse à retenir cette éventualité ubuesque.

Votre commission souhaite, par exemple, souligner que plusieurs études menées notamment par le Centre National d'instruction canine de la gendarmerie nationale ont montré la sociabilité et l'équilibre de pitbulls acquis pour l'expérimentation. L'un est actuellement utilisé pour l'instruction au niveau des manipulations courantes, l'autre est en formation pour devenir un " chien d'avalanche " . Ces chiens ne montrent pas davantage d'agressivité que les bergers allemands ou les bergers belges malinois.

Votre commission souhaite donc attirer l'attention sur le danger de manipuler le dispositif des deux catégories au gré des événements. Certes, la souplesse du mécanisme peut paraître séduisante, mais elle risque de devenir un moyen systématique et immédiat de réponse à l'événement.

C'est pourquoi votre commission vous propose de supprimer la première catégorie et de constituer une seule et même catégorie de chiens potentiellement dangereux. Par conséquent, votre rapporteur vous propose de ne plus retenir les dispositions spécifiques à la première catégorie de chiens conduisant à son extinction.

b) Les améliorations apportées par votre commission

Votre commission vous propose plusieurs amendements qu'il est possible de classer en trois catégories :

La première inclut les amendements d'ordre rédactionnel et de précision.

La deuxième catégorie d'amendements regroupe ceux qui complètent le texte
: il s agit notamment :

- de prévoir la consultation des organismes cynophiles officiels agréés concernés lors de la prise d'un arrêté portant sur les différentes catégories de chiens :

- de rendre obligatoire l'identification des chats ;

- d'interdire la vente d'un chien ou un chat à un mineur ;

- de considérer le tatouage ou tout autre procédé d'identification reconnu par la Société centrale canine et le ministère de l'agriculture comme seul et unique moyen d'identification légal ;

- d'interdire la vente de chiens de première et deuxième catégorie dans les animaleries.

La troisième et dernière catégorie d'amendements modifie le dispositif proposé . Il s'agit en particulier :

- de la possibilité de suspendre définitivement des activités relatives au commerce animal en cas d'infraction à la réglementation en vigueur ;

- de la possibilité donnée au le maire de désigner le vétérinaire titulaire du mandat sanitaire qui intervient dans la fourrière.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page