II. UNE TRÈS FORTE DÉPENDANCE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE

Les conditions de vie et d'activité extrêmement difficiles au Groenland freinent son développement. Et sans les aides apportées par le Danemark et l'Union européenne, son économie encore trop peu diversifiée ne lui permettrait pas d'assurer le bien-être de sa population.

A. UNE ÉCONOMIE TROP PEU DIVERSIFIÉE ACTUELLEMENT POUR ÊTRE VIABLE

Longtemps, l'économie du Groenland n'a été qu'une économie de subsistance. Les conditions géographiques et climatiques difficiles, l'enclavement de l'île et des villes et villages eux-mêmes n'ont pas permis que se développe une activité autre que la pêche et la chasse qui ont permis aux Inuit de se nourrir et de survivre.

Aujourd'hui, on estime que plus de 90 % des exportations groenlandaises relèvent des produits de la pêche , poissons et crevettes. Si on ajoute à cela les exportations de peaux de phoques, le constat est simple : les revenus du Groenland dépendent exclusivement des ventes de produits de la pêche et de la chasse.

Cette absence de diversification constitue un véritable handicap pour le Groenland. Et ce d'autant que, facteur aggravant, 80 % de ces exportations vont vers un seul pays, le Danemark .

La place de la pêche est telle dans l'économie et dans la culture même du Groenland que, comme le rappelaient les représentants du ministère de la pêche, de la chasse et de l'agriculture, le Gouvernement essaie de soutenir toujours plus la transformation des produits de la pêche afin de maintenir - voire de développer - l'emploi dans ce secteur. Les autres marchandises sont envoyées pour la plupart en Islande, aux Îles Féroé, ou encore en Norvège pour la transformation.

L'industrie occupe une place croissante en raison d'une part de l'industrie agro-alimentaire des produits de la pêche et d'autre part en raison du démarrage de l'industrie minière. Alors que de nombreux permis d'exploration ont été accordés durant les dernières années, certaines mines entrent en exploitation.

Le Groenland tente par ailleurs de développer le tourisme . Il y a un nombre croissant de compagnies de croisières dans ses eaux méridionales et occidentales. Mais cette forme de tourisme ne peut se dérouler que durant la courte saison estivale et il reste encore à un coût très élevé. De plus, les Groenlandais ne sont pas encore assez formés pour accueillir et manager des touristes en masse. De même, l'offre hôtelière est encore trop faible, notamment à Ilulissat. Cette ville est la principale destination touristique du pays et elle ne dispose même pas d'un aéroport international.

Il y a des tentatives pour développer l'agriculture . Le réchauffement climatique a libéré des glaces un certain nombre de terres arables au sud du pays et des tentatives sont faites de culture de pommes de terre, notamment. À titre plus anecdotique, les Groenlandais se seraient essayés à la culture de la fraise. La difficulté principale du territoire reste son très faible taux de précipitations.

En outre, le pays a plutôt bien résisté à la crise économique : si le PIB s'est contracté de 1 % en 2009, il a ensuite augmenté de 2 % en 2010, puis de 3 % en 2011, 2012 et 2013. Ce phénomène s'explique par le fait que le Groenland ne participe pas ou presque pas à l'économie et à la finance mondiale, par le niveau favorable des produits issus de la pêche, ainsi que par l'augmentation des explorations minières et des projets de construction dans la capitale, Nuuk.

Il convient de rappeler qu'entre 1979 et 2009, le Gouvernement groenlandais a conduit des politiques budgétaires et fiscales plutôt conservatrices. Depuis l'autonomie renforcée de 2009, la population a demandé des investissements pour améliorer les systèmes sociaux : un meilleur système de santé et de retraite, la construction et la rénovation d'écoles, etc.

Bien que le PIB par habitant du Groenland reste très en dessous du PIB par habitant du Danemark, il est dans la moyenne européenne. Cette caractéristique en fait le PIB par habitant le plus élevé des pays et territoires d'outre-mer de l'Union européenne .

Cette réalité ne doit pas masquer le fait qu'en dehors des produits de la pêche, le Groenland est totalement dépendant de ses importations. Celles-ci proviennent pour l'essentiel du Danemark en raison des liens particuliers et des facilités d'échange (mêmes pratiques commerciales et même monnaie). Cette double spécialisation rend l'économie du Groenland particulièrement vulnérable. Comme le rappelle Lars-Emil Johansen, « Quand on importe tout d'Europe, on ne peut pas devenir indépendant » .

À cela s'ajoute le fait que la raison essentielle de la stabilité de l'économie groenlandaise est d'abord et avant tout la place prépondérante qu'y occupe le secteur public. Celui-ci est en effet le premier employeur du pays avec plus de 40 % de la population active qui travaille pour le Gouvernement ou pour des agences ou collectivités publiques .

Or, cela n'est rendu possible que par l'assistance financière dont bénéficie le Groenland, tant de la part du Danemark que, dans une moindre mesure, de la part de l'Union européenne.

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