LE DOUBLE CONSTAT BRITANNIQUE ET LE SOUHAIT D'OPTER POUR « LA FLEXIBILITÉ D'UN RÉSEAU CONTRE LA RIGIDITÉ D'UN BLOC »

Pour comprendre la position britannique, il faut savoir que le Premier ministre est parti d'une double constatation.

Premièrement, l'Union a besoin d'une réforme drastique afin de relever le défi de la mondialisation. Cela signifie que l'Europe doit retrouver sa compétitivité sans laquelle il sera impossible de maintenir l'État providence dont certains excès l'ont déjà placée en position de désavantage par rapport au reste du monde.

Deuxièmement, l'Union européenne a besoin de retrouver une légitimité, car elle a perdu le contact avec ses administrés et l'adhésion au projet européen s'est trouvée affaiblie. En outre, selon l'analyse britannique, l'action des instances européennes échappe à un vrai contrôle diplomatique et les parlements nationaux, seule source de souveraineté, se trouvent dépourvus de leurs prérogatives.

Dans ces conditions, le gouvernement britannique estime que quarante ans après le référendum de 1975, il est parfaitement légitime de rendre la parole aux électeurs et de procéder à une nouvelle consultation référendaire pour refonder le lien du Royaume-Uni avec l'Union sur des bases plus démocratiques, plus saines et plus efficaces.

Ce constat britannique, qui provient également de l'évolution même de l'Union depuis la création de l'euro, dénonce la tournure fédéraliste prise par l'évolution de la construction européenne. Ainsi, le gouvernement britannique souhaite redéfinir les termes de son appartenance à l'Union, car poursuivant l'objectif d'une construction fédérale, l'Union européenne interviendrait dans un trop grand nombre de domaines et le principe de subsidiarité serait mis à mal, alors que les Britanniques demandent à l'Union européenne de se contenter d'organiser le grand marché unique dans l'intérêt de tous les États membres.

L'Union européenne a cessé d'être légitime aux yeux d'une partie importante de l'opinion britannique qui souhaite que les États membres retrouvent l'essentiel de leur souveraineté et que l'action de Bruxelles fasse l'objet d'un contrôle plus approfondi et plus efficace.

Pour Londres, la création de la monnaie unique est l'illustration de cette volonté de Bruxelles d'aller à marches forcées vers le fédéralisme malgré l'absence d'une véritable union économique préalable. Or, la crise que traverse la monnaie unique - avec pour corollaire le nécessaire renforcement de la zone euro qu'elle suppose - crée de facto deux groupes distincts au sein de l'Union. Les Britanniques ont le sentiment que depuis 2008, l'Union européenne ne s'occupe que du sauvetage de la monnaie unique.

Enfin, l'impuissance de l'Europe face à la crise migratoire et la porosité des frontières de l'Union ajoutent à l'inquiétude à un moment où les flux migratoires sont déjà importants en Grande-Bretagne et favorisés, selon les Britanniques, par une application trop laxiste du principe de la libre circulation des personnes.

Fort de ce constat sévère, le Premier ministre se faisant l'avocat de la « flexibilité d'un réseau contre la rigidité d'un bloc » a proposé quatre grandes réformes de l'Union qu'il présente comme également bénéfiques pour tous les États membres. Ces réformes rendraient, selon lui, l'Union plus efficace et plus flexible.

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