B. LES EMPRUNTS ET LES REPORTS DE CHARGES DES ENTREPRISES RISQUENT DE DÉTERIORER DURABLEMENT LEUR CAPACITÉ DE REBOND

Pour traverser la crise, les entreprises ont mobilisé les différents dispositifs de soutien déployés par l'État. En France, les prêts garantis par l'État (PGE) et les reports de charges ont été les principaux vecteurs du soutien aux entreprises, le fonds de solidarité étant longtemps resté réservé aux entreprises les plus petites et l'aide portant sur les coûts fixes n'étant intervenue que tardivement.

Ainsi, d'après l'étude du cabinet Taj, si les mesures de soutien mises en place en France ont permis de couvrir la totalité des besoins de financement, ceux-ci ont été couverts par des garanties de financement, « tandis que l'Allemagne a aidé les entreprises au travers d'apports en fonds propres et de réductions de coûts fixes [...] le Royaume-Uni a eu moins recours aux prêts garantis, privilégiant les aides financières directes . »

D'après l'étude réalisée par Taj, la crise a occasionné une augmentation de 61,9 % du nombre d'entreprises illiquides. Le Fonds monétaire international (FMI) souligne également l'insuffisance de la réponse publique aux problématiques de solvabilité 2 ( * ) . Ainsi, alors que les réponses mises en oeuvre par les différents États européens auraient permis de répondre à hauteur de 80 % aux besoins de liquidités, elles ne permettraient de répondre qu'à 40 % des besoins en solvabilité, en particularité concernant les petites et moyennes entreprises.

Le cumul des reports de charge et le creusement de la dette financière des entreprises risquent d'avoir des conséquences importantes sur leur solvabilité et leur capacité d'investissement.

Ainsi, d'après la note de la direction générale du Trésor sur « L'impact de la pandémie de Covid-19 sur les entreprises françaises », la part des entreprises qui seraient devenues insolvables sans les soutiens publics s'élève à 11,9 %, tandis qu'une fois pris en compte les différents dispositifs, cette part descend à 6,6 %. La note relève également que la hausse du niveau d'endettement des entreprises françaises pourrait freiner leurs investissements. Ainsi, même en cas de retour de l'activité au même niveau qu'avant crise, la baisse du niveau de l'investissement privé atteindrait 4 milliards d'euros 3 ( * ) .

La facture de la lutte contre la pandémie reste donc, pour l'instant, à régler.


* 2 Christian Ebeke, Nemanja Jovanovic, Laura Valderrama et Jing Zhou, « Corporate liquidity and solvency in Europe during Covid-19 : the role of policies », IMF Working Paper, WP/21/56, mars 2021.

* 3 L'investissement en recherche et développement serait en revanche plus résilient.

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