C. DES INITIATIVES RÉUSSIES, TRÈS PONCTUELLES ET À ÉVALUER SUR LE LONG TERME

Les rapporteurs partagent ce constat dressé par plusieurs personnes auditionnées : certains jeunes ne trouvent pas leurs places dans le système scolaire classique . Pour ceux qui se retrouvent alors en échec et finissent par ne plus venir en cours, il est nécessaire de trouver des moyens alternatifs de remobilisation et d'enseignement .

L'apprentissage par le « faire » et la pédagogie de projet permettant d'aborder autrement des notions de type scolaire peuvent présenter des solutions intéressantes. À l'occasion de leurs travaux, les rapporteurs ont pris connaissance d'initiatives innovantes, redonnant le goût d'apprendre à des jeunes en rupture scolaire depuis parfois plusieurs mois, et ouvrant la voie à leur insertion professionnelle. Certaines d'entre elles sont d'ailleurs lancées en partenariat avec les régions, ou encore avec la PJJ .

Un outil innovant de remobilisation de jeunes en situation de décrochage : l'école de production de la métropole havraise

La métropole havraise a mis en place une école de production partant d'un double constat : trouver une solution pour des jeunes de 15-16 ans en difficulté avec le système éducatif traditionnel, mais qui ne sont pas aptes (manque de maturité, manque de connaissances) pour démarrer une formation professionnelle ou un apprentissage, et prendre en compte le contexte de pénurie de spécialistes en chaudronnerie constatée par les entreprises au Havre et dans les environs.

« Faire pour apprendre » est le principe de cette formation. Les élèves passent ainsi 23 heures par semaine en atelier avec un maître professionnel et fabriquent des pièces chaudronnées pour les entreprises partenaires. Ils suivent par ailleurs 11 heures de formations théoriques en classe (français, anglais, mathématiques, sciences, arts appliqués, prévention sécurité environnement, enseignement moral et civique et sport) réalisées par des enseignants vacataires de l'éducation nationale.

À l'issue de la formation, 50 % des élèves choisissent de poursuivre leurs études (CAP chaudronnerie, bac pro en partenariat avec l'union des métiers de la métallurgie), tandis que d'autres font le choix d'entrer dans la vie professionnelle avec un taux d'embauche qui avoisine les 100 %.

L'école de production est agréée par l'éducation nationale. Elle est financée par les entreprises partenaires, ainsi que par l'État et par la région.

De tels projets sont à encourager. Leur évaluation doit prendre en compte la particularité du public accueilli - souvent très difficile et en rupture scolaire depuis plusieurs années - qui impose de faire preuve d'innovation dans les projets proposés. Elle doit donc se faire à moyen terme . Aussi, les rapporteurs regrettent que l'éducation nationale ait retiré son soutien à l'école numérique des apprentissages d'Avignon 54 ( * ) , un an à peine après son lancement, alors même que le précédent directeur des services départementaux de l'éducation nationale a participé à sa création.


* 54 Cf. quatrième partie.

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