B. LES CITÉS ÉDUCATIVES : LA VOLONTÉ DE RASSEMBLER L'ENSEMBLE DES ACTEURS D'UN TERRITOIRE AUTOUR DE LA RÉUSSITE DU JEUNE

Lancé en juillet 2018 par le Président de la République dans le cadre de la mobilisation nationale pour les habitants des quartiers, le label « cités éducatives » vise à lutter contre les inégalités sociales en mobilisant tous les acteurs intervenant auprès des enfants et des jeunes de 0 à 25 ans dans le champ éducatif et la sécurisation de tous les parcours.

La cité éducative doit « permettre la mobilisation de tous les acteurs de terrain (services de l'État, collectivités locales, associations et habitants du quartier) autour de l'enjeu éducatif, assurer une meilleure coordination et un renforcement des dispositifs existants, mettre en commun les moyens et ressources existants et contribuer à l'émergence d'une culture collaborative pour offrir aux jeunes les conditions les plus favorables à leur émancipation et la réalisation de leur projet de vie de la maternelle au supérieur ».

En janvier 2022, 200 cités éducatives ont été labellisées. Le programme est doté de 130 millions d'euros en 2022. Chaque cité éducative fait l'objet d'une convention-cadre triennale entre le préfet, le recteur et la collectivité locale. Le chef de projet opérationnel est placé auprès du principal de collège chef de file.

Source : DGESCO

Lors de leur déplacement à Bordeaux, les rapporteurs ont rencontré les responsables de la cité éducative du Grand Parc, ainsi que plusieurs associations intervenant au sein de celle-ci.

Il ressort de ce dispositif une amplification des dispositifs de droit commun et une plus grande fluidité constatée dans les actions menées. Pour Emmanuelle Colangeli, principale adjointe du collège « Grand Parc » et cheffe de projet de la cité éducative, « celle-ci a permis de renforcer les liens entre l'éducation nationale et les quartiers : souvent, du fait des financements, les projets étaient très cloisonnés. Désormais, il s'agit de projets communs qui sont déclinés ensuite dans le cadre scolaire, périscolaire et extrascolaire » . Le dialogue entre les différents acteurs est facilité . Comme a pu le décrire un responsable d'association intervenant au collège « Grand Parc » devant les rapporteurs, « parfois nous ne pouvions pas entrer dans les collèges, car ceux-ci nous refusaient notre action. Celle-ci dépendait ainsi de liens personnels que nous avions pu tisser. La cité éducative a permis en formalisant les rencontres de faciliter les « faire ensemble » - dans le respect des compétences de chacun. Par ailleurs, elle nous a ouvert de nouvelles portes en lien dans le cadre de projets communs avec les centres d'animation. Nous avons ainsi pu développer des projets que nous souhaitions porter depuis longtemps mais dont la mise en oeuvre était difficile [du fait du cloisonnement des acteurs] ».

Exemples de projets développés dans le cadre de la cité éducative de Bordeaux

Les vacances curieuses : ce programme, mêlant soutien scolaire et découverte culturelle, a été lancé pour la première fois en juillet et août 2020, avant la création de la cité éducative de Bordeaux. Alors qu'une forte participation a été constatée en juillet, celle-ci a chuté en août. Le dispositif a été repris et renforcé dans le cadre de la cité éducative, afin de permettre un accueil pendant toutes les vacances scolaires pour créer de la régularité, pour un groupe de 80 élèves signalés par le médiateur de l'éducation nationale. Alors que les moyens de l'éducation nationale ne permettent un accueil que pendant les vacances de printemps et d'été, le label cité éducative a permis de prendre en charge ces enfants en proposant un programme culturel pendant les vacances de la Toussaint et de Noël.

Ikigai - l'école du samedi : portée par une association, l'école du samedi est un dispositif d'accrochage scolaire. C'est le même groupe de jeunes, issus de REP et REP +, qui participent aux différentes sessions organisées tout au long de l'année. Cette association leur permet d'une part de découvrir des métiers sous la forme de jeux : points de suture sur une banane avec un chirurgien, construction d'un petit mur avec un maçon, ... D'autre part, ces ateliers aident les élèves à prendre conscience de l'importance des apprentissages, par exemple des liens qui existent entre mathématiques et architecture,....

Association Unisphère : elle a développé un projet sur-mesure pour deux cités éducatives, l'une à Bordeaux, l'autre à Cenon, basé sur le numérique comme outil de lien social et d'émancipation. Elle propose des formations, de la création culturelle, la visite de « fab lab », et a créé un projet « touche pas à mon profil » sur les dangers du net. L'association intervient également dans des établissements en quartier prioritaire de la ville, hors cité éducative, « mais le portage du projet et sa portée ne sont pas les mêmes ».

Association Cap'sciences : elle propose aux élèves d'enquêter sur une fausse scène de crime recréée dans leur collège, encadrés par des policiers. Cela permet une entrée moins classique sur les apprentissages de sciences et de modifier le regard des jeunes sur l'image qu'ils ont de la police. En effet, à cette occasion, les différents métiers de la police sont présentés.

Pour les rapporteurs, la définition d'objectifs issus de réflexions communes associant l'ensemble des partenaires est l'une des conditions de réussite des cités éducatives. Cela nécessite du temps - et donc des moyens -, ainsi qu'une co-construction du projet : chaque cité éducative doit prendre en compte la spécificité du territoire, et le tissu de partenaires sur lequel elle se déploie.

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