II. DES FINANCEMENTS RÉDUITS MAIS UN EFFET DE LEVIER SOULIGNÉ PAR LES ÉTABLISSEMENTS

A. DES FINANCEMENTS PUBLICS RÉDUITS EN VOLUME

1. Un montant total d'environ 110 millions d'euros par vague de COMP

Concernant les moyens budgétaires associés aux COMP, le ministère annonçait initialement un budget de 100 millions d'euros pour chacune des trois vagues. Celui-ci a été en réalité légèrement supérieur pour la première et inférieur pour la deuxième.

Montant total contractualisé pour l'ensemble des établissements
de chacune des vagues

(en millions d'euros)

Vague de COMP

Montant contractualisé

Vague 1

112,42

Vague 2

107,74

Vague 3

Environ 120 (à déterminer)

Source : réponses au questionnaire du rapporteur spécial

S'agissant de l'origine de ces moyens, 35 millions supplémentaires avaient été prévus pour la première vague en LFI pour 2023 et conservés ensuite. Le reste du déploiement des COMP s'est fait à moyens constants, en mobilisant des crédits déjà consacrés au dialogue contractuel au sens large. En particulier, les moyens consacrés avant 2023 au dialogue stratégique et de gestion ont été logiquement réintégrés dans les COMP.

Origine des crédits accordés dans le cadre des COMP

(en millions d'euros)

Ligne budgétaire

Montant annuel

Crédits spécifiques COMP

35

Ligne « dialogue contractuel » des crédits accordés dans le cadre de la LPR

30 à 50

Redéploiement des crédits prévus pour le DSG

35

Source : réponses au questionnaire du rapporteur spécial

Les 110 millions d'euros correspondant environ à 0,8 % du total des SCSP versés aux établissements de chacune des vagues, cette proportion devait constituer la cible pour l'attribution des moyens à chaque établissement.

En réalité, on constate de légères variations selon les établissements. Le ministère indique que cette répartition s'est fondée sur un ensemble de critères : « les avis formalisés objectif par objectif par les experts sectoriels ; l'avis et les propositions des recteurs prenant en considération la pertinence de chaque COMP au regard du contexte local ; les échanges avec le directeur général et son adjoint lors de la réunion préparatoire dédiée à chaque établissement ; la qualité de la réunion de dialogue COMP et les réponses apportées par chaque établissement ». Alors que la majeure partie des projets n'était pas complètement chiffrée dans les contrats et que les montants ne sont pas définis par projet mais par objectif, il est cependant douteux que la définition des montants ait à ce point été adaptée à la réalité de la dépense attendue.

Certains recteurs, interrogés par le rapporteur spécial, ont clairement assumé leur volonté d'assurer par le biais des COMP un très léger rééquilibrage de la SCSP pour les établissements considérés comme sous-dotés. De surcroît, les arbitrages budgétaires n'étant pas motivés, établissements comme recteurs ont indiqué ne pas avoir d'explication concernant les différences entre les montants demandés et obtenus.

En tout état de cause, les montants versés s'écartent en réalité assez peu de la cible générale. Les montants versés à la vague 1 représentent 0,81 % de la SCSP de l'ensemble des établissements concernés, ceux versés à la vague 2 représentent 0,77 %. Pour la vague 2, les montants vont de 0,76 % de la SCSP (INSA de Lyon) à 0,99 % (Université Bretagne Sud). Pour la vague 1, ils vont de 0,55 % (Paris Saclay) ou 0,64 % (Université de Rennes) à 1,01 % (Université de Guyane).

Répartition des montants accordés au titre des COMP sur 3 ans

(en euros)

Vague

Établissements

Dotations COMP

pour 3 ans

Vague 1

Aix-Marseille Université

13 100 000 

Sorbonne Université

12 360 000 

Université de Lille

12 100 000 

Université Paris Saclay

10 784 000 

Université de Bordeaux

9 200 000 

Université de Strasbourg

8 900 000 

Université de Rennes

8 000 000 

Université de Montpellier

7 900 000 

Nantes Université

6 700 000 

Université Clermont Auvergne

6 400 000 

Paris Sciences & Lettres (PSL)

5 774 000 

Université de Poitiers

5 000 000 

Université Gustave Eiffel

2 050 000 

La Rochelle Université

1 540 000 

Université Le Havre Normandie

1 500 000 

Université de Guyane

760 000 

INSA Val-de-Loire

350 000 

Vague 2

Université Claude Bernard Lyon 1

7 781 000 

Université Lumière Lyon 2

3 210 000 

Université Jean Moulin Lyon 3

2 282 000 

INSA Lyon

2 214 000 

Université Savoie Mont Blanc

2 438 000 

Université de Franche Comté

4 064 000 

Université Technologique de Belfort

760 000 

ENSMM

296 000 

Université Bretagne-Sud

2 014 000 

Université d'Orléans

3 414 000 

Université de Tours

4 284 000 

Université de Haute Alsace

1 970 000 

Université de Lorraine

12 464 000 

Université de Reims Champagne Ardennes

4 351 000 

Université d'Artois

2 132 000 

Université du Littoral Côte d'opale

1 881 000 

Université d'Amiens Picardie Jules Verne

4 270 000 

Sciences Po

2 100 000 

INALCO

1 168 000 

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

4 611 000 

IAE Paris

127 000 

Université Paris 10 - Nanterre

4 408 000 

Université Paris Est Créteil - Paris 12 

4 924 000

Université CY Cergy Paris

3 136 000 

Université d'Évry Val d'Essonne

1 807 000 

Université de Versailles Saint Quentin

2 757 000 

Université de Rouen Normandie

4 507 000 

INSA Rouen

601 000 

Université de Caen Normandie

4 877 000 

ENSI Caen

306 000 

Université de Pau et des Pays de l'Adour

2 417 000 

Université Montpellier 3 Paul Valéry

2 700 000 

Université de Nîmes

558 000 

Université de Perpignan Via Domitia

1 678 000 

INSA Toulouse

1 015 000 

Le Mans Université

1 898 000 

Centrale Méditerranée

373 000 

Université de Toulon

1 951 000 

Source : commission des finances d'après les données de la DGESIP

2. Une difficulté à suivre l'exécution de ces financements
a) Un suivi de la ventilation par objectif établi grâce aux contrats

Les crédits alloués au titre des COMP sont notifiés dans le cadre de la SCSP ne sont pas fléchés et ne donnent pas lieu à un suivi comptable distinct par l'État. En conséquence, le ministère ne peut disposer d'une vision consolidée sur l'exécution que par le biais de questionnaires spécifiques aux établissements. Ce point constitue une limite notable à la reprise des financements, comme indiqué infra.

Les contrats ne prévoient pas de financements par action, mais au niveau de l'objectif. En conséquence, il est possible d'indiquer la proportion des différents objectifs sur le total des financements.

Si, à première vue, la répartition des financements contractualisés est à peu près équivalente entre tous les objectifs, trois d'entre eux ont davantage concentré les financements dans le cadre des vagues 1 et 2 (jusqu'à 20 % pour l'axe « Adaptation de l'offre de formation », contre seulement 13 % pour l'axe « bien-être étudiant »).

Répartition des financements des deux premières vagues par axes

(en %)

Source : commission des finances

Le montant moyen accordé par objectif varie tout de même presque du simple au double entre les objectifs.

Montant moyen accordé par objectif

(en euros)

Source : commission des finances

Exemple de ventilation des moyens par objectif :
le COMP 2024-2026 de l'université de Perpignan

(en euros)

Objectif

Sous-objectif

Total des moyens contractualisés

Part de l'objectif dans les financements

Pilotage de l'offre de formation

Transformer l'offre de formation pour augmenter la réussite et l'insertion professionnelle des étudiants

385 940

23,0 %

Former tous les étudiants à la transition écologique et à la responsabilité sociétale

Enrichir l'offre de formation et favoriser l'agilité du parcours de l'étudiant

Recherche et Innovation

Développer la transdisciplinarité en matière de recherche et d'innovation

453 060

27,0 %

Transition écologique et développement soutenable

Réduire l'impact environnemental et énergétique de ses campus et de ses activités

134 240

8,0 %

Bien-être et réussite des étudiants

Créer un îlot vert et aménager des espaces extérieurs pour en faire des lieux de partage pour les
étudiants

218 140

13,0 %

Gestion et pilotage

Se doter d'un dispositif de pilotage des heures d'enseignements en vue de mieux les maîtriser

352 380

21,0 %

S'engager dans la gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences ( GPEEC )

Améliorer la qualité des processus de gestion relevant du domaine du patrimoine immobilier et réorganiser les 7 services du patrimoine immobilier

Définir une politique « qualité de vie au travail », professionnaliser les acteurs impliqués par la formation et doter université d'un outil de diagnostic

Objectif propre à l'établissement

Renforcer la marque « université de Perpignan »

134 240

8,0 %

Total

1 678 000

 

Source : COMP de l'université de Perpignan

On note par ailleurs d'importantes différences entre les vagues. La vague 1 a principalement financé les actions liées à l'axe « signature » (la vague 2 représente moins d'un tiers des financements totaux pour cet axe) ou l'axe « recherche ». À l'inverse, deux-tiers des actions liées à l'objectif « formation » ont été financées par la vague 2.

Répartition des financements par objectif selon les vagues

(en millions d'euros)

Source : commission des finances

b) Un retard à craindre dans l'exécution des financements

Le versement des financements prévus au titre des COMP doit s'étaler sur trois ans : 50 % sont versés la première année du COMP ; 30 % la deuxième et enfin le solde (20 %) ne devrait théoriquement l'être que sous réserve de l'atteinte des cibles prévues dans le contrat.

Du fait de la courte durée des contrats, il est cependant probable que les établissements n'aient pas pu engager suffisamment rapidement les dépenses pour que l'exécution budgétaire soit satisfaisante. Ainsi, pour la première vague, les établissements n'ont pas pu exécuter les crédits des fonds versés au titre de la première année sur l'année 2023, car ils ont été versés tardivement. Par ailleurs, l'université Reims Champagne-Ardenne indique avoir par exemple rencontré des difficultés notamment liées aux délais de recrutements, aux contraintes liées aux marchés publics (coûts et délais), ainsi que les contraintes budgétaires nationales (absence de vote de PLF et période des services votés ayant limité l'engagement de dépenses nouvelles).

Si le ministère n'a pas pu fournir au rapporteur spécial des taux d'engagement consolidés, la DGESIP a indiqué avoir constaté des taux d'exécution très faibles, liés à l'incomplète capacité des établissements à mettre en oeuvre l'ensemble des actions dans les délais.

À titre d'exemple, l'université Clermont-Auvergne, dont le COMP s'inscrit dans la première vague (et porte donc sur la période 2023-2025) n'avait engagé à fin 2024 (c'est-à-dire au cours de la deuxième année de son contrat) qu'un quart des financements prévus. À la fin 2026, c'est-à-dire un an après la fin théorique du contrat, l'université anticipe n'avoir exécuté que 80 % de la dépense. D'après le ministère, ces taux sont comparables à ceux des autres établissements.

Par ailleurs, les taux d'exécution des dépenses de personnel, pour les établissements qui avaient contractualisé sur des recrutements, sont moins élevés que les dépenses de projets, lesquels ont pu être plus facilement lancés. Ainsi, pour Clermont-Auvergne, les taux d'exécution fin 2024 sont de 36 % en fonctionnement et investissement et de 20 % seulement en personnel. Ces taux seraient de respectivement de 98 % et 71 % à fin 2026.

Un exemple : l'exécution du COMP de l'université Clermont-Auvergne

(en euros et en %)

 

Montant prévu

Exécution à fin 2024

Exécution prévisionnelle à la fin 2026

Formation

814 200

26,3 %

67,7 %

Recherche et Innovation

1 320 600

36,3 %

95,3 %

Transition écologique et développement soutenable

1 208 400

22,7 %

84,7 %

Bien-être et réussite des étudiants

1 024 000

34,1 %

84,6 %

Gestion et pilotage

1 102 400

11,8 %

62,3 %

Objectif propre à l'établissement

390 400

28,4 %

95,9 %

Total

5 860 000

26,6 %

81,7 %

Source : commission des finances d'après les documents transmis par l'université de Clermont-Auvergne

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