M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Laurent Nunez, ministre. La transformation que vous évoquez, madame la rapporteure spéciale, est un recentrage : le FIPD est recentré sur ses priorités. Ne laissons pas penser, par ailleurs, que les moyens alloués à la prévention de la délinquance se résument à ce seul fonds. Tel n'est pas du tout le cas : un certain nombre de missions du budget général de l'État y concourent également.

Surtout, nous maintenons les priorités de cette politique publique, qui sont des priorités très fortes, comme le financement des intervenants sociaux dans les commissariats et les gendarmeries, préoccupation majeure des élus.

J'ai pleinement entendu les préoccupations du Sénat. Je le remercie notamment d'avoir ouvert, sur l'initiative du rapporteur général, 10 millions d'euros de crédits en faveur du FIPD en loi de finances de fin de gestion pour 2025. Je demanderai évidemment le report de ce surcroît budgétaire sur l'exercice 2026, ce qui, je le répète, permettra de répondre à une partie des préoccupations.

Quant à la structuration du secrétariat général en une délégation interministérielle, elle n'est toujours pas actée, je tiens à le dire : un nouveau ministre de l'intérieur ayant été nommé, la réflexion reste en cours.

Avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1262.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1004 rectifié bis.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1006 rectifié ter, présenté par MM. Kerrouche, Bourgi et Chaillou, Mmes de La Gontrie et Harribey, M. Kanner, Mmes Linkenheld et Narassiguin, MM. Roiron, Redon-Sarrazy et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Administration territoriale de l'État

dont titre 2

 

3 800 000

3 800 000

 

3 800 000

3 800 000

Vie politique

dont titre 2

 

 

 

 

Conduite et pilotage des politiques de l'intérieur

dont titre 2

3 800 000

3 800 000

 

3 800 000

3 800 000

 

TOTAL

3 800 000

3 800 000

3 800 000

3 800 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Corinne Féret.

Mme Corinne Féret. Cet amendement vise à créer cinquante postes d'inspecteurs du permis de conduire, car, de toute évidence, les dix postes prévus dans ce projet de budget seront très insuffisants. Sachez que le délai entre deux examens est passé de soixante-cinq jours en 2023 à quatre-vingts jours désormais.

C'est que nous manquons d'examinateurs, par conjonction de deux phénomènes : d'une part, une vague de départs à la retraite ; d'autre part, l'abaissement de 18 à 17 ans de l'âge minimal requis pour l'obtention du permis de conduire, qui a mécaniquement entraîné un appel d'air.

Nous vous proposons donc, pour faire face à cette situation, de recruter cinquante inspecteurs, pour un coût total de 3,6 millions d'euros, somme tout à fait raisonnable.

M. le président. L'amendement n° II-1005 rectifié ter, présenté par MM. Kerrouche, Bourgi et Chaillou, Mmes de La Gontrie et Harribey, M. Kanner, Mmes Linkenheld et Narassiguin, MM. Roiron, Redon-Sarrazy et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Administration territoriale de l'État

dont titre 2

 

950 000

950 000

 

950 000

950 000

Vie politique

dont titre 2

 

 

 

 

Conduite et pilotage des politiques de l'intérieur

dont titre 2

950 000

950 000

 

950 000

950 000

 

TOTAL

950 000

950 000

950 000

950 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Corinne Féret.

Mme Corinne Féret. Par cet amendement de repli, nous proposons de créer vingt postes d'inspecteurs du permis de conduire, au lieu des dix actuellement inscrits dans le projet de budget.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

Mme Florence Blatrix Contat, rapporteure spéciale. Nous avons tous conscience de la nécessité d'accroître le nombre d'inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière. Le Gouvernement partage d'ailleurs ce constat : il propose d'augmenter leurs effectifs de dix postes cette année.

Néanmoins, comme notre collègue l'a très justement indiqué, les délais s'allongent et deviennent intenables dans certains départements : il faut parfois attendre plus de six mois entre le premier et le deuxième passage de l'examen.

Si j'émets, au nom de la commission, un avis défavorable sur l'amendement n° II-1006 rectifié ter, nous considérons néanmoins qu'un effort est nécessaire : la situation est vraiment critique et nos jeunes sont les premiers concernés. L'avis de la commission est donc favorable sur l'amendement de repli n° II-1005 rectifié ter, qui tend à créer dix postes d'inspecteurs supplémentaires.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Laurent Nunez, ministre. Le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces deux amendements.

Le Gouvernement déploie depuis cet été un plan ministériel relatif au permis de conduire, mis en place par François-Noël Buffet, dont je tiens à saluer le travail. Dans ce cadre, nous avons pris des mesures immédiates pour résorber la tension actuelle, en créant notamment 80 000 places d'examen supplémentaires entre le lancement du plan et la fin de l'année 2025.

Ce plan prévoit également le recrutement et la formation de 108 inspecteurs en 2025, via un concours exceptionnel, ainsi que la création de dix postes en 2026.

Par ailleurs, les préfets mènent des actions au plus près des territoires et des professionnels pour raccourcir les délais de passage de l'examen.

Je rappelle également que nous avons aligné la durée de l'épreuve pratique du permis moto sur celle du permis auto, en la réduisant de quarante à trente-deux minutes à compter du 1er novembre dernier.

Enfin, nous réfléchissons à une réforme de fond pour améliorer le taux de réussite, et une mission d'étude a été lancée à ce sujet. Tout cela se fait dans la plus grande concertation avec les professionnels du secteur.

J'émets donc un avis défavorable sur les deux amendements en discussion : le premier, qui tend à créer cinquante postes supplémentaires, mais aussi l'amendement de repli, qui vise à en créer dix.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1006 rectifié ter.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1005 rectifié ter.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-806 rectifié bis, présenté par Mme Briante Guillemont, M. Masset, Mmes M. Carrère et N. Delattre, MM. Cabanel, Fialaire et Grosvalet, Mme Jouve, MM. Laouedj, Roux, Bilhac et Gold, Mme Guillotin, M. Guiol, Mme Pantel et M. Daubet, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Administration territoriale de l'État

dont titre 2

2 000 000

 

2 000 000

 

Vie politique

dont titre 2

 

 

 

 

Conduite et pilotage des politiques de l'intérieur

dont titre 2

 

2 000 000

 

2 000 000

TOTAL

2 000 000

2 000 000

2 000 000

2 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Sophie Briante Guillemont.

Mme Sophie Briante Guillemont. Il s'agit des rendez-vous en préfecture, qui font l'objet de ventes et de reventes illégales.

Cet amendement vise simplement à mieux financer la lutte contre ces pratiques et à renforcer la cybersécurisation de la prise de rendez-vous.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

Mme Florence Blatrix Contat, rapporteure spéciale. J'ai bien conscience des difficultés que soulève notre collègue. Cependant, une nouvelle plateforme de réservation, RDV Préfecture, est déployée depuis 2023. Elle a précisément été conçue pour empêcher les prises abusives de rendez-vous multiples, via l'intégration de plusieurs protections techniques et de contrôles automatisés.

Il me semble qu'il faut prendre le temps d'évaluer l'efficacité de cette nouvelle plateforme avant de complexifier le dispositif : avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Laurent Nunez, ministre. Je partage l'avis et les arguments de la commission des finances. Des outils techniques ont été déployés pour éviter la saturation de la plateforme de prise de rendez-vous en préfecture.

Je vous livre un chiffre qui atteste l'amélioration des résultats : nous constatons une baisse de moitié du taux de rendez-vous non honorés – entre septembre 2024 et septembre 2025, ce taux est passé de 18 % à 9 %.

Nous continuons d'améliorer le système pour éviter toute saturation liée à des manœuvres frauduleuses ; nous restons très vigilants sur ce sujet.

Avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-806 rectifié bis.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Administration générale et territoriale de l'État », figurant à l'état B.

Je n'ai été saisi d'aucune demande d'explication de vote avant l'expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits, modifiés.

(Les crédits sont adoptés.)

M. le président. Nous avons achevé l'examen de la mission « Administration générale et territoriale de l'État.

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures cinq.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à treize heures trente-cinq,

est reprise à quinze heures cinq.)

M. le président. La séance est reprise.

Motion d'ordre

M. le président. Sur proposition du président de la commission des finances, nous pourrions, en application de l'article 46 bis, alinéa 2, du règlement du Sénat, procéder à l'examen séparé de certains amendements portant sur les crédits des missions « Écologie, développement et mobilité durables », « Sécurités », « Action extérieure de l'État », « Aide publique au développement » et « Recherche et enseignement supérieur ».

Il n'y a pas d'opposition ?

Il en est ainsi décidé.

Solidarité, insertion et égalité des chances

M. le président. Le Sénat va examiner les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » (et article 79).

La parole est à M. le rapporteur spécial. (M. le rapporteur pour avis applaudit.)

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial de la commission des finances. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » demandés pour 2026 s'élèvent à 29,5 milliards d'euros, tant en autorisations d'engagement qu'en crédits de paiement.

Comme chaque année, plus des trois quarts de cette enveloppe sont destinés au financement de la prime d'activité et de l'allocation aux adultes handicapés (AAH).

Ces montants connaissent une diminution sensible, de 2,9 %, par rapport à la loi de finances initiale pour 2025. C'est la première fois depuis 2017 que les crédits de cette mission subissent un recul.

Cette contraction des dépenses s'explique par une forte baisse, de 8,8 %, des crédits alloués à la prime d'activité, résultant principalement de mesures paramétriques prises en 2025 et à venir en 2026. Ce repli d'environ 1 milliard d'euros par rapport au montant budgété l'année précédente compense largement le dynamisme de l'AAH, lequel reste plus maîtrisé que lors des exercices précédents, avec une augmentation de 1,7 %.

Le principe de l'année blanche, prévu par le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, induit une stabilisation des dépenses au titre de ces prestations par une neutralisation de l'effet prix.

Ainsi, alors que la mission avait été fortement sollicitée ces dernières années pour répondre aux urgences sociales, le PLF pour 2026 marque une rupture avec cette tendance. Les crédits inscrits s'établissent sensiblement en deçà du plafond de 32,8 milliards d'euros prévu pour l'année 2026 par la loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027.

Le nombre d'amendements déposés cette année – 117 à la date limite et 98 au décompte final – est presque deux fois plus élevé que l'année dernière. Comme tous les ans, la majorité d'entre eux vise à augmenter les dépenses de la mission pour soutenir telle ou telle cause juste et digne de recevoir notre attention. Chacun de ces amendements mériterait d'être retenu.

Toutefois, compte tenu de la contrainte pesant sur nos finances publiques, la commission n'a émis aucun avis favorable sur les amendements tendant à augmenter les dépenses de la mission. Cette décision est d'autant plus justifiée que l'absence récente de programme support au sein de la mission implique à présent que tout transfert de crédits aurait nécessairement pour effet d'altérer les conditions de financement d'une autre politique publique, sauf à attendre une levée de gage qui détériorerait le solde budgétaire.

Cette règle ne souffre qu'une exception : la commission a émis un avis favorable aux amendements de suppression de l'article 79 du PLF pour 2026, rattaché à la mission. Celui-ci met fin à une modalité avantageuse de calcul de la prime d'activité pour les travailleurs handicapés. Cette mesure entraînerait la perte de la prime pour 87 % des travailleurs handicapés, et même pour 95 % des travailleurs en établissements et services d'accompagnement par le travail (Ésat), soit une perte moyenne de 170 euros par mois pour les personnes concernées.

Cette mesure n'a pas paru acceptable à la commission des finances.

Le rendement attendu – 90 millions d'euros en 2026 et, certes, 225 millions d'euros en année pleine – ne justifie pas d'appauvrir ainsi les travailleurs les plus vulnérables. De plus, ce dispositif s'inscrit à rebours de l'objectif d'émancipation par le travail pour les personnes handicapées. Nous vous en proposons donc la suppression.

Pour autant, nous ne souhaitons pas renoncer à une économie sur la prime d'activité ; c'est pourquoi nous ne proposons pas de rehausser le plafond des crédits du programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes ». Il reviendra au Gouvernement de prendre, par la voie réglementaire, une mesure paramétrique afin d'atteindre l'objectif d'économie initialement prévu.

Mes chers collègues, la commission des finances vous invite, en responsabilité, à adopter les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », malgré la morosité du climat social. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe INDEP.)

M. le président. La parole est à M. le rapporteur spécial.

M. Pierre Barros, rapporteur spécial de la commission des finances. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, à la suite d'Arnaud Bazin, je souhaite développer quelques points de vigilance qui ont retenu notre attention durant ces travaux.

Le contexte d'année blanche dans lequel s'inscrit le présent budget implique une stabilité apparente des crédits de nombreux programmes financés par la mission, synonyme d'une légère diminution dans la réalité.

C'est le cas, par exemple, des crédits consacrés à l'aide alimentaire, lesquels n'augmentent que de 10 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2026 par rapport à la loi de finances initiale pour 2025.

Si ces nouveaux moyens confortent l'aide alimentaire déconcentrée, d'autres programmes subissent un gel à leur niveau de 2025. Je citerai notamment le crédit national des épiceries solidaires (Cnes) et le programme « Mieux manger pour tous ». Alors que les prix se sont stabilisés, sans toutefois amorcer de décrue, la situation des associations d'aide alimentaire demeure très précaire.

De même, la budgétisation du pacte des solidarités, qui succède depuis 2024 à la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté lancée en 2018, marque le pas. Le volet contractualisé avec les collectivités territoriales est maintenu à son niveau de 2025, tandis que le volet national a été recentré en cours d'année afin d'éviter d'excéder les objectifs de dépenses votés.

Par ailleurs, les crédits destinés à financer la politique d'égalité entre les femmes et les hommes n'augmentent que de 1,7 % par rapport à 2025, alors que la hausse s'élevait à 10 % l'année précédente.

Comme l'an passé, cette augmentation est entièrement absorbée par la mise en œuvre de l'aide exceptionnelle d'urgence pour les victimes de violences conjugales. Ce dispositif, versé en une fois dans un délai de trois à cinq jours aux femmes quittant leur foyer pour fuir un conjoint violent, voit ses crédits portés à 26,4 millions d'euros pour 2026, contre 20,4 millions en 2025 et 13 millions en 2024, soit une augmentation de près de 30 %.

Les autres dispositifs de la mission demeurent globalement financés à leur niveau de 2025. Si nous déplorons la faible augmentation des crédits consacrés au soutien et à la prise en charge des victimes de violences conjugales, nous notons que le Gouvernement a choisi de préserver au maximum ces dispositifs des coupes budgétaires.

À titre personnel, mes chers collègues, je souligne que ce quasi-statu quo me semble toutefois foncièrement insuffisant. C'est pourquoi, en cohérence avec la position du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, je vous invite à ne pas adopter les crédits de cette mission, dans ce contexte de régression sociale généralisée. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K et sur des travées du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. – MM. Guy Benarroche et Christian Bilhac applaudissent également.)

M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.

M. Laurent Burgoa, rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » enregistrent une baisse inédite de près de 2,75 % par rapport à leur niveau de 2025.

Cette évolution résulte principalement de la logique d'année blanche qui a présidé à la construction de ce budget, en particulier de la mesure de gel des pensions et des prestations sociales inscrite dans le PLFSS. À elle seule, sa traduction budgétaire emporte plus de la moitié des économies proposées pour 2026 sur cette mission.

Pour autant, avec plus de 5,8 % des crédits du budget général de l'État, celle-ci représente toujours un effort important, mais nécessaire, au service des plus vulnérables.

Sans suspense, je vous proposerai d'adopter les crédits de cette mission.

Je souhaite néanmoins relayer une insatisfaction unanime de la commission des affaires sociales, ainsi qu'une inquiétude majeure.

Tout d'abord, s'agissant des mesures en faveur des personnes en situation de handicap, le Sénat a choisi, lors de l'examen du PLFSS, de sanctuariser la revalorisation de l'allocation aux adultes handicapés, compte tenu de son objet et de la vulnérabilité du public concerné. Pour la même raison, nous vous proposons de supprimer l'article 79 relatif au bénéfice de la prime d'activité pour ces mêmes allocataires.

J'en viens à présent au sujet d'inquiétude : la protection juridique des majeurs. Le Gouvernement prévoit d'augmenter de 15 millions d'euros les crédits destinés aux mandataires, alors que le financement de la prime issue du Ségur est budgétisé à hauteur de 35 millions d'euros.

Vos services, madame la ministre, m'ont indiqué que les 20 millions d'euros manquants correspondaient à des gains d'efficience attendus dans le cadre d'une prochaine mission de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'inspection générale des finances (IGF), qui sera lancée en 2026. Permettez-moi de douter de la réalité d'économies promises dès 2026 par une mission qui n'est pas encore achevée ! Je précise que celles-ci ne sauraient être réalisées par un accroissement indéfini du nombre de mesures confiées à chaque mandataire.

Enfin, en matière d'égalité entre les femmes et les hommes, nous nous félicitons de la montée en charge de l'aide universelle d'urgence pour les victimes de violences conjugales. Nous rejoignons cependant les inquiétudes des associations du secteur quant au financement de ce dispositif par des coupes opérées sur les actions de sensibilisation.

Sous réserve de ces observations et de l'adoption de nos deux amendements, la commission a donc émis un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et INDEP)

Organisation des travaux

M. le président. Avant de donner la parole aux orateurs des groupes et pour la bonne information de tous, je vous indique que 98 amendements restent à examiner sur la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances ».

La conférence des présidents a fixé la durée maximale de la discussion à trois heures trente. Compte tenu de l'organisation de la journée, nous pourrions prévoir une heure de discussion supplémentaire pour terminer cet examen aux alentours de dix-neuf heures trente, afin de passer à l'examen de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » à la reprise du soir.

Au-delà, conformément à l'organisation de nos travaux décidée par la conférence des présidents en accord avec la commission des finances, la suite de l'examen de cette mission serait reportée à demain, dimanche 7 décembre.

En outre, la conférence des présidents, réunie le mercredi 3 décembre, a décidé que, lorsque le nombre d'amendements déposés ne paraît pas pouvoir garantir leur examen serein dans les délais impartis, les temps de parole seraient fixés, sur proposition de la commission des finances, à une minute. (Mme Pascale Gruny approuve.)

S'agissant de la présente mission, le nombre d'amendements à examiner rapporté à la durée dont nous disposons nous conduit à devoir observer un rythme de vingt-neuf amendements par heure, ce qui est élevé.

Aussi, afin de nous donner toutes les chances de terminer aujourd'hui l'examen de cette mission, et en application de la décision de la conférence des présidents, les durées d'intervention sur les amendements seront fixées à une minute.

Solidarité, insertion et égalité des chances (suite)

M. le président. Mes chers collègues, je vous rappelle que le temps de parole attribué à chaque groupe pour chaque discussion comprend le temps de l'intervention générale et celui de l'explication de vote.

Par ailleurs, le Gouvernement dispose de dix minutes pour intervenir.

Dans la suite de la discussion, la parole est à Mme Silvana Silvani.

Mme Silvana Silvani. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, l'examen des crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » pour 2026 s'inscrit en miroir de celui du budget de la sécurité sociale, intervenu voilà quelques jours. En effet, ces crédits diminuent de 400 millions d'euros en raison du gel des prestations sociales décidé à l'article 44 du PLFSS.

Alors que la pauvreté atteint son plus haut niveau depuis trente ans, le Gouvernement fait le choix de geler le revenu des personnes en situation de handicap et de faire payer la crise aux plus fragiles.

En France, en mars 2025, 1,35 million de personnes étaient allocataires de l'AAH. Parmi celles-ci, 33 % vivaient sous le seuil de pauvreté, selon les données du ministère des solidarités et de la santé.

Le Gouvernement prévoit également de réduire de 45 % le budget de la prime de Noël, qui passerait de 466,5 millions d'euros en 2025 à 261,5 millions d'euros en 2026. La suppression de cette prime exceptionnelle de fin d'année pour les foyers sans enfant à charge entraînera une perte directe de 152 euros pour les plus précaires, voire de 228 euros pour un couple allocataire du revenu de solidarité active (RSA).

Les jeunes majeurs de l'aide sociale à l'enfance (ASE) ne seront pas mieux protégés en 2026 face aux réseaux de prostitution ni mieux accompagnés pour trouver un emploi, puisque la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants n'est toujours pas appliquée dans de nombreux départements. La principale raison invoquée pour expliquer ces défaillances est le manque de financement : depuis trois ans, l'État n'a octroyé aux départements que 50 millions d'euros supplémentaires pour mettre en œuvre l'obligation d'accompagnement des jeunes de l'ASE jusqu'à leur vingt et unième anniversaire.

En outre, ce budget constitue une nouvelle occasion manquée de donner de véritables moyens à la lutte contre les violences faites aux femmes. La Fondation des femmes estime que, pour combattre efficacement ce fléau, l'État devrait investir entre 2,6 milliards et 5,4 milliards d'euros par an. Or nous sommes encore loin, cette année, d'atteindre de tels montants.

Par ailleurs, selon le rapport d'information sénatorial sur le financement de la lutte contre les violences faites aux femmes, déposé en juillet 2025, la valorisation de certaines dépenses comme concourant à la politique de l'égalité repose sur des conventions discutables, comme c'est le cas pour la rémunération des professeurs chargés de l'enseignement moral et civique.

En réalité, le budget moyen par femme victime de violences conjugales chute, alors même que les demandes d'aide augmentent. Un fossé abyssal et persistant se creuse ainsi entre les moyens alloués et les besoins. L'action de l'État restant insuffisante, les collectivités sont obligées de prendre des initiatives ; heureusement qu'elles le font !

À titre d'exemple, nous avons inauguré à Nancy, le 3 novembre dernier, une Maison des femmes, accessible vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Fruit d'un partenariat entre la ville et le département de Meurthe-et-Moselle, cette structure a été labellisée « Lieu audacieux » par la Fondation des femmes.

Espace d'accueil et d'accompagnement pour les victimes et leurs enfants, elle incarne pour nous la solidarité et l'engagement partagé contre ce fléau. Les collectivités devraient être en mesure de mettre en œuvre de manière beaucoup plus générale de tels dispositifs, avec un soutien renforcé de l'État qui ne saurait se limiter aux seuls investissements.

Jugeant les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » notoirement insuffisants pour répondre aux injustices et aux inégalités sociales, le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky votera contre. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.)

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

Mme Raymonde Poncet Monge. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, nous nous prononçons sur une mission essentielle à notre pacte social, dont les crédits diminuent par rapport à l'année dernière. Il s'agit d'une première, qui marque un coup d'arrêt à la dynamique du pacte des solidarités 2024-2027, dont la continuité s'avère pourtant primordiale pour la lutte contre la pauvreté et les inégalités.

L'effet de ciseaux entre des besoins croissants – le taux de pauvreté atteint un niveau inédit depuis trente ans – et des moyens en baisse, du côté tant de l'État que des collectivités territoriales, sans oublier l'affaiblissement des associations qui pallient l'insuffisance de l'action publique, aggravera inévitablement la fragilité et la vulnérabilité de nos concitoyens.

Dans la droite ligne du budget de la sécurité sociale, qui gelait le niveau des prestations et programmait ainsi la baisse du pouvoir d'achat de ceux dont le budget se compte à l'euro près, le projet de loi de finances propose le gel de la prime d'activité, ainsi que celui du RSA recentralisé. Ces mesures pénaliseront directement les personnes et les territoires les plus défavorisés.

Le Gouvernement recentre la prime d'activité, car le travail protège de moins en moins de la pauvreté. Sous votre gouvernement, le recul du chômage n'est plus corrélé à la baisse de la pauvreté et le nombre de travailleurs pauvres ne cesse de croître, d'où la nécessité, à vos yeux, de prendre une telle mesure.

De nouvelles personnes basculeront dans la pauvreté ; la part des charges contraintes continuant d'augmenter pour ces populations, nous assisterons à une plus grande intensité de la pauvreté, qui se lit déjà dans l'indicateur de privation matérielle et sociale. Une personne sur huit est d'ores et déjà en situation de privation, et c'est sur ces populations que pèse l'effort de rétablissement de nos comptes publics !

L'Insee vient de publier les chiffres de 2023 sur la pauvreté : plus de 15 % des personnes vivant dans un logement ordinaire sont concernées ; le chiffre est bien supérieur pour ceux qui ne vivent pas dans un logement ordinaire, d'autant que sont exclues du décompte les personnes vivant en communauté, comme en Ehpad, ou en outre-mer. L'intensité de la pauvreté, quant à elle, approche les 20 %.

Dans cette attaque à trois cent soixante degrés contre les prestations redistributives, qui, avec les services publics, eux aussi affaiblis, permettent pourtant de lutter contre la pauvreté et sa reproduction sociale, relevons la prise en compte intégrale de l'AAH dans les revenus considérés dans le calcul de la prime d'activité, ce qui met fin à l'incitation publique à l'emploi.

Dans la même logique de traque aux aides sociales, ajoutons la suppression de l'attribution de l'AAH aux détenus handicapés ou encore la réduction des crédits de la garantie de rémunération des travailleurs handicapés en Ésat.

S'agissant des violences faites aux femmes, ce PLF diminue tout de même de 50 % les moyens alloués à l'information institutionnelle et à la sensibilisation des publics sur l'égalité entre les femmes et les hommes.

De nombreuses actions ne suivent pas l'évolution des besoins, comme l'aide alimentaire. Selon le dernier baromètre Ipsos-Secours populaire, près d'un tiers des personnes interrogées a eu du mal à se procurer une alimentation saine lui permettant de faire trois repas par jour.

Le cynisme est à son comble lorsque l'on réserve la prime de Noël aux foyers avec enfants, comme si l'enjeu n'était pas d'éviter que quiconque soit exclu des fêtes de fin d'année et de lutter contre l'isolement social, dénoncé partout. Ce non-versement, couplé au gel des allocations, témoigne d'une société qui fait la guerre aux pauvres et non à la pauvreté.

Enfin, nous regrettons l'absence d'abondement du programme Respirations. L'accès aux droits culturels reste, comme souvent, une variable d'ajustement, alors qu'il s'agit d'un droit à part entière.

Pour toutes ces raisons, le groupe écologiste votera contre ce budget. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. le président. La parole est à Mme Véronique Guillotin. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.)

Mme Véronique Guillotin. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, dotée de près de 29,5 milliards d'euros pour 2026, la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » porte l'essentiel des dispositifs de lutte contre la pauvreté, de soutien au handicap et d'accompagnement des publics les plus vulnérables.

Pour la première fois depuis une décennie, les crédits de cette mission s'inscrivent en recul. Certes, cette baisse répond à un impératif de responsabilité budgétaire que nul ici ne remet en cause. Pour autant, elle intervient alors que la précarité progresse et que les associations tirent la sonnette d'alarme. C'est là toute la difficulté de l'exercice.

Le programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes » enregistre une diminution de plus de 7 %, largement imputable à la baisse de 1 milliard d'euros des crédits de la prime d'activité. Si nous comprenons la logique sous-tendant cette évolution, fondée sur une prévision de baisse du nombre de bénéficiaires, nous ne pouvons ignorer que cette prestation constitue un soutien vital pour des millions de travailleurs modestes.

À cet égard, je me félicite de ce que nous soyons nombreux à proposer la suppression de l'article 79, dont l'application risquerait d'aggraver la précarité de concitoyens déjà fragilisés.

Je salue la sanctuarisation des crédits alloués à l'aide alimentaire. Les associations concernées, qui nous font remonter des difficultés quotidiennes, font face à une demande en forte hausse, liée en particulier à la précarisation de nouveaux publics, phénomène qui doit nous alerter, mes chers collègues.

En tout état de cause, le maintien de ces financements est indispensable pour faire face à une situation qui n'a rien de conjoncturel.

Les crédits du programme 157 « Handicap et dépendance » connaissent quant à eux une légère progression. Cette évolution est bienvenue, car les dépenses relatives à l'allocation aux adultes handicapés continuent de bénéficier d'une dynamique soutenue, notamment depuis la déconjugalisation de ce dispositif, que beaucoup attendaient.

Les établissements médico-sociaux restent toutefois confrontés à un manque structurel de moyens, à une attractivité en berne et à un défaut d'investissement et d'accompagnement. Ne perdons pas de vue l'ampleur du défi que constituent ces difficultés persistantes.

J'en viens aux crédits du programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes », dont je salue la hausse, même si celle-ci reste modeste et qu'elle est entièrement absorbée par la montée en charge de l'aide universelle d'urgence pour les personnes victimes de violences conjugales, qui mobilisera 26,4 millions d'euros en 2026.

Cette augmentation des dépenses traduit l'utilité évidente d'un tel dispositif, qui apporte un soutien rapide, parfois vital, aux femmes contraintes de quitter leur domicile en urgence.

La montée en charge de l'aide universelle d'urgence a toutefois pour contrepartie le gel des crédits alloués aux autres dispositifs du programme à leur niveau de l'an dernier.

Or les besoins, eux, ne reculent pas, bien au contraire : depuis le début de l'année, 155 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Ce sont autant de vies fauchées, de familles dévastées, et autant de drames qui nous appellent à renforcer nos dispositifs, pour l'heure toujours insuffisants, de prévention, de protection et de prise en charge des victimes. Chaque féminicide est en effet un échec collectif.

Les rapporteurs du Sénat soulignent que les crédits alloués aux associations sont simplement stabilisés, alors que celles-ci assurent l'essentiel du travail sur le terrain. Je pense notamment aux centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), qui accueillent chaque année plus de 200 000 femmes, dont près de 70 % sont victimes de violences. Malgré le rôle crucial joué par ces centres d'information, leur financement demeure fragile.

Les lieux d'écoute, d'accueil et d'orientation (LEAO) et les accueils de jour (AJ), dont le chantier de refonte devrait aboutir en 2026, voient de ce fait leurs moyens évoluer positivement, cette hausse incluant la couverture de la prime Ségur. Si cette hausse est bienvenue, le besoin d'accompagnement demeure largement supérieur aux capacités actuelles.

L'hébergement spécialisé, qui fait face aux mêmes tensions, progresse lui aussi légèrement, parfois au détriment d'autres parcs immobiliers. Le groupe RDSE soutient à ce titre le développement du « pack nouveau départ », expérimenté dans plusieurs départements avec des résultats très prometteurs.

Mes chers collègues, alors que près de 10 millions de nos concitoyens sont sous le seuil de pauvreté et que la prévalence des violences intrafamiliales et sexuelles continue d'augmenter, nous devons impérativement porter l'ambition de ne laisser personne de côté.

Les membres du groupe RDSE sont partagés quant au vote des crédits de la présente mission.

M. le président. La parole est à Mme Nadia Sollogoub. (Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP.)

Mme Nadia Sollogoub. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues : « Ce n'est pas dans des débats idéologiques que l'on retrouve la réponse à des apports concrets qu'on fait pour des catégories de la population qui le méritent. » Ces mots, prononcés par Lionel Jospin dans cet hémicycle pour défendre la création de la prime pour l'emploi, ancêtre de la prime d'activité, rappellent utilement que les politiques sociales doivent avant tout être appréciées à l'aune de leur efficacité concrète. Tel est également le cas des crédits de la présente mission.

Les crédits demandés au titre de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » pour 2026 s'élèvent ainsi à 29,48 milliards d'euros en crédits de paiement, en baisse inédite de 2,75 % par rapport à 2025.

Cette contraction est la conséquence directe de l'année blanche, qui produit à elle seule entre 300 et 450 millions d'euros d'économies. Alors que nous en appelons à un effort de réduction de la dépense publique, l'évolution des crédits de cette mission s'inscrit dans la nécessaire démarche de recentrage et de transformation qu'emporte un tel effort.

La mission repose encore à plus de 99 % sur des dépenses d'intervention dites de guichet, un modèle historiquement construit pour compenser et pour répondre à l'urgence. La rigidité de celui-ci limite nos marges de manœuvre, nous enjoignant à recentrer les crédits sur les publics prioritaires afin de préserver la durabilité des droits de ces derniers.

Le premier levier de recentrage s'applique aux crédits du programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes », qui atteignent 13,12 milliards d'euros, dont 11,3 milliards pour la seule prime d'activité, en diminution de près de 9 % par rapport à l'année dernière. Ce recul s'explique à la fois par le gel du montant de cette prime, par la stabilisation du nombre de ses bénéficiaires et par l'exclusion mécanique des ménages dont les revenus, du fait des revalorisations successives du Smic, se situent désormais au-dessus des seuils d'éligibilité.

Le groupe Union Centriste soutient cette mesure de recentrage et de bon sens. La prime d'activité doit en effet encourager la reprise d'activité et ne surtout pas se transformer en trappe à inactivité.

Elle ne peut pas non plus devenir un outil de « désmicardisation » à la charge exclusive de la solidarité nationale ; le rattrapage des bas salaires doit d'abord relever de la politique salariale.

Nous saluons également la baisse de 8 % des dépenses de RSA, ainsi que le recentrage de la prime exceptionnelle de fin d'année, communément appelée prime de Noël, au bénéfice des foyers ayant un ou plusieurs enfants à charge, ce qui ramène le coût de ce dispositif à 261,5 millions d'euros, soit une baisse de 200 millions d'euros.

Au-delà de cet effort bienvenu, il paraît légitime de s'interroger sur la pertinence même d'un dispositif lié à la période de fin d'année et déconnecté des autres prestations sociales, ainsi que sur la vocation ou non de l'État à financer celui-ci.

L'augmentation de 30 %, au sein du même programme, des crédits alloués à l'aide à la vie familiale et sociale (AVFS) interroge également. Cette prestation, qui permet à certains retraités étrangers de résider dans leur pays d'origine, n'a que peu d'effets sur la vie économique et sociale de notre pays. Dans un contexte de gel des prestations pour des millions de ménages, une telle hausse est difficilement justifiable.

Nous soutiendrons donc l'amendement n° II-234 du rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales, qui vise à ramener ces crédits à leur niveau de 2025.

En outre, la baisse des dépenses liées à la prise en charge des mineurs non accompagnés, conséquence de l'évolution des flux, est une bonne nouvelle. Elle allégera d'autant la pression considérable qui pèse sur les départements.

Comme notre rapporteur pour avis, notre groupe sera cependant vigilant à la sincérité des crédits alloués aux mandataires judiciaires de la protection des majeurs. Ces crédits n'augmentent en effet que de 15 millions d'euros, alors que 35 millions d'euros sont nécessaires au financement de la prime Ségur, dont le bénéfice leur a été étendu.

Ce recentrage doit s'accompagner d'une attention renforcée à ce qui constitue le cœur de la solidarité nationale.

Les crédits alloués à l'aide alimentaire augmentent de 6,7 %, soit une hausse très supérieure à l'inflation, qui sera inférieure à 1 %. Cette hausse vise à accompagner l'évolution constatée des publics pris en charge ainsi que les difficultés persistantes rencontrées dans les territoires ultramarins du fait d'un niveau des prix plus élevé.

Les crédits du programme 157 « Handicap et dépendance » s'élèvent à plus de 16 milliards d'euros, dont l'essentiel finance l'allocation aux adultes handicapés. Nous nous réjouissons que, lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, le Sénat ait exclu l'AAH du périmètre des prestations sociales gelées. Pour des personnes empêchées durablement dans l'accès à l'emploi, il s'agit d'une protection minimale et indispensable.

Les crédits du programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes » progressent modestement, se concentrant sur les priorités les plus urgentes.

Les crédits alloués à l'aide universelle d'urgence pour les personnes victimes de violences conjugales augmentent de 29 %. Le « pack nouveau départ », destiné à lever les obstacles matériels et financiers qui pèsent sur les femmes victimes, continue sa montée en puissance. Ces dispositifs ont fait leur preuve et doivent être consolidés.

Mais le ciblage et la consolidation ne suffisent pas : notre système doit aussi évoluer pour rester lisible et efficace. La généralisation de la solidarité à la source paraît ainsi produire des effets concrets : en sus du recul de la fraude, le préremplissage des ressources, la réduction des indus et le recul du non-recours emportent une plus grande stabilité des revenus pour les foyers fragiles. Cette réforme structurelle doit être poursuivie.

La prochaine étape est l'aide sociale unique. Elle permettra d'unifier les prestations, de clarifier les droits et, surtout, de garantir un gain marginal au travail dans toutes les situations. C'est indispensable pour éviter que notre pays ne décourage l'activité.

L'aide sociale doit devenir plus prévisible et plus lisible, pour ses bénéficiaires comme pour les collectivités. Il nous faut également investir davantage dans les trajectoires de sortie de la pauvreté plutôt que dans la simple compensation.

La marche est haute pour atteindre l'objectif ambitieux de maintien dans l'emploi des bénéficiaires de la prime d'activité au taux attendu de 84,2 %. Nous devons toutefois nous y employer.

Nous pourrons enfin voir l'insertion professionnelle des personnes handicapées progresser si nous parvenons à déjouer les mécanismes de contournement de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés.

Il reste que, au regard de la nécessité d'un redressement durable de nos comptes publics, les crédits de cette mission prennent raisonnablement part à l'effort collectif. Le groupe Union Centriste soutiendra donc ces orientations, qui contribuent à bâtir une solidarité mieux ciblée, plus juste et financièrement soutenable pour l'avenir. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Pierre Jean Rochette. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. Pierre Jean Rochette. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. » Cet adage bien connu, dont la véritable origine n'est pas celle à laquelle vous pensez, traduit parfaitement la situation dans laquelle nous nous trouvons.

En s'opposant systématiquement à toute mesure d'économie, certains dans cet hémicycle voudraient faire croire à nos compatriotes que la solidarité nationale pourrait ne connaître aucune limite, ou, du moins, n'en admettre que de très généreuses. Nos collègues ne voient-ils pas la réalité ? Ou, s'ils la voient, préfèrent-ils faire porter à l'autre partie de l'hémicycle la responsabilité de l'assumer ?

Quelque 3 400 milliards d'euros, mes chers collègues, soit 25,5 millions de tonnes de pièces de 1 euro – je me suis amusé à compter – ou, ce qui parlera sans doute au plus grand nombre, 2 500 tours Eiffel. Tel est le montant de la dette de l'État et le poids de la responsabilité qui est la nôtre.

Il est dans ce contexte inenvisageable de faire comme si cette dette allait arrêter d'augmenter d'elle-même, en dépit du maintien d'une trajectoire d'augmentation des dépenses identique aux années précédentes. Malheureusement, cela ne fonctionne pas comme ça.

Le groupe Les Indépendants ne souhaite pas mentir aux Français, en leur donnant à croire que l'on peut y arriver autrement qu'en faisant des économies. La réponse à nos difficultés réside dans la baisse des dépenses et dans les économies.

Ce n'est en réalité même pas qu'une question de dette, car peut-être que ces montants faramineux de dette et d'intérêts de remboursement ne parlent pas vraiment aux Français. Ce qui leur parle, en revanche, c'est ce qui les affecte au quotidien. Quand, en 2028 ou en 2030, nous n'aurons pas d'autre choix que de diminuer le montant des pensions ou de n'indemniser les arrêts maladie qu'à compter du huitième jour – nous avons longuement débattu du délai de carence ce matin –, il sera trop tard pour regretter les économies moins douloureuses que nous n'aurons pas su faire dès aujourd'hui.

Parce qu'il faut prendre les décisions responsables dès maintenant, le groupe Les Indépendants soutient, en responsabilité, la baisse des crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances ». Que ceux qui se scandalisent que l'on touche encore à la solidarité nationale ne s'inquiètent pas : nous proposons une baisse des crédits de la quasi-totalité des missions non régaliennes de l'État.

Pour 2026, les crédits de la présente mission ne diminuent donc que de 2,75 % par rapport à 2025. Cette baisse s'inscrit du reste dans la même logique que le gel des prestations sociales, que nous avons soutenu lors de l'examen du PLFSS. Ce n'est évidemment pas un choix facile : il est toujours plus difficile de réduire les dépenses que de dépenser généreusement, sans compter, en particulier s'agissant d'une mission qui a vocation à lutter contre la pauvreté et à améliorer l'inclusion sociale, la protection des personnes vulnérables et l'égalité entre les femmes et les hommes.

Ce sont là des missions que notre nation s'honore d'endosser et jamais notre groupe ne remettra en cause la vocation de l'État à y contribuer.

À l'heure où la dette explose, que les conflits menacent nos frontières et que le narcotrafic gangrène de plus en plus certains de nos territoires, y compris les plus ruraux, il nous faut choisir nos priorités, ce qui signifie non pas renoncer à certaines missions, mais mieux cibler chaque euro dépensé.

Le recentrage de la prime d'activité au bénéfice des travailleurs les plus modestes, qui est proposé pour 2026, nous paraît à ce titre parfaitement raisonnable.

Nous soutiendrons par ailleurs l'amendement n° II-234 du rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales relatif aux crédits alloués à l'aide à la vie familiale et sociale, dont l'augmentation de 30 % pour 2026 nous paraît tout à fait inacceptable, à l'heure où nous demandons un effort aux bénéficiaires des minima sociaux en gelant leurs prestations.

Mon groupe se félicite par ailleurs de ce que l'allocation aux adultes handicapés soit en passe d'être exclue de cette mesure de gel, comme nous-mêmes l'avions proposé en raison des spécificités d'une telle prestation.

Nous saluons également l'augmentation du budget consacré à l'aide universelle d'urgence pour les personnes victimes de violences conjugales. Si nous regrettons qu'un tel dispositif soit nécessaire, nous nous félicitons du niveau élevé de son taux de recours effectif sur le territoire et saluons le soulagement qu'il peut apporter à de nombreuses personnes.

Comme vous l'aurez compris, mes chers collègues, le groupe Les Indépendants votera, en responsabilité, les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)

M. le président. La parole est à Mme Pascale Gruny. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

Mme Pascale Gruny. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », que nous examinons cette après-midi, sont en baisse de 2,75 % pour l'année prochaine.

Cette diminution exceptionnelle est la conséquence directe de l'année blanche annoncée dès l'été par François Bayrou, alors Premier ministre, celle-ci s'étant traduite, dans le PLFSS, par le gel des prestations sociales et des pensions de retraite.

Nous assumons ce choix, car la dégradation brutale et imprévue des finances publiques imposait un effort ponctuel et mesuré de la part de tous : actifs, employeurs, retraités et bénéficiaires des aides sociales.

En ce qui concerne tout d'abord le programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes », nous constatons une baisse inédite des crédits consacrés à la prime d'activité, laquelle s'explique notamment par le recentrage du bénéfice de cette prime au profit des travailleurs les plus modestes. Cette évolution est bienvenue, tant il est vrai que le dispositif n'a pas vocation à régler durablement les difficultés de pouvoir d'achat des salariés insérés dans le marché de l'emploi.

Les dépenses de RSA diminuent quant à elles de 8 %, de manière équilibrée entre les dépenses liées au RSA qui a été recentralisé par certains départements et les aides exceptionnelles de fin d'année.

S'il faut se réjouir de la baisse relative du nombre de bénéficiaires des minima sociaux, il est grand temps d'accélérer la réflexion sur le déploiement de la solidarité à la source. Le chantier de l'aide sociale unique doit impérativement être lancé cette année et permettre, à terme, un plafonnement des montants perçus à environ 70 % du Smic, afin d'inciter au retour à l'emploi.

Notre ligne est claire et constante : revaloriser le travail face à l'assistanat et n'aider temporairement que ceux qui en ont vraiment besoin. N'ayons pas peur de le dire, certains allocataires – je dis bien « certains » – considèrent le RSA comme une prestation à vie, à rebours de sa vocation initiale, qui était d'accompagner vers l'emploi.

Il conviendra par ailleurs d'examiner l'efficacité du dispositif prévoyant, en contrepartie du versement du RSA, quinze heures d'activité hebdomadaires. Le déploiement de celui-ci paraît en effet encore trop lent et trop restrictif pour permettre réellement un retour à l'emploi.

Les crédits alloués à la prise en charge des mineurs non accompagnés sont en baisse de 43 millions d'euros. À l'heure où nos départements ont de plus en plus de difficultés à exercer correctement leurs compétences en matière de protection de l'enfance et à financer l'aide sociale à l'enfance (ASE), cette accalmie est bienvenue. Il n'est toutefois pas certain que ce répit suffise à permettre aux départements de sortir la tête de l'eau.

Voilà quelques semaines, le Sénat a lancé une mission conjointe de contrôle sur la protection de l'enfance. Celle-ci rendra ses conclusions prochainement, mais des auditions que nous avons déjà conduites dans ce cadre il ressort que la discontinuité affective et les ruptures dans les parcours de prise en charge des jeunes confiés à l'ASE sont des obstacles majeurs à leur bonne insertion sociale comme à leur épanouissement personnel.

L'annonce récente, par le Gouvernement, d'un projet de loi visant à « refonder » cette politique va certes dans le bon sens, mais sans une véritable amélioration de l'attractivité des métiers, sans une gouvernance clarifiée et sans financements spécifiques, cette initiative se bornera à une simple déclaration d'intention.

Si nous voulons que l'ASE dispose des moyens suffisants pour assurer un accompagnement renforcé des enfants qui lui sont confiés, il conviendrait aussi que les allocations familiales soient versées non plus aux parents dont les enfants sont placés, mais directement à l'ASE.

Au-delà de l'aspect financier, il est également nécessaire de renforcer la prévention et le soutien à la parentalité.

Je salue par ailleurs le choix, au sein du programme 157 « Handicap et dépendance », d'une sanctuarisation de l'AAH. Notre rôle de législateur est d'être aux côtés de nos concitoyens les plus vulnérables. C'est ce qui m'a conduite à proposer, lors de l'examen du PLFSS, d'exclure l'AAH des prestations concernées par le gel, afin de préserver le pouvoir d'achat des plus fragiles. Dans sa version adoptée par le Sénat, le PLFSS prévoit ainsi qu'au 1er janvier 2026 l'allocation aux adultes handicapés, tout comme d'ailleurs les pensions de retraite inférieures à 1 400 euros, sera indexée sur l'inflation de l'année passée. Espérons que notre volonté sera suivie d'effet.

Mes chers collègues, le groupe Les Républicains votera pour les présents crédits, qui traduisent notre ambition commune en faveur du bien vivre ensemble autant que notre souci de responsabiliser l'individu.

Une nouvelle fois, le Sénat montre qu'avec une gestion efficace et précautionneuse de l'argent public nous pouvons encore donner à notre République un visage humaniste et solidaire, dans laquelle chacun peut trouver sa place. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)

M. le président. La parole est à M. Xavier Iacovelli.

M. Xavier Iacovelli. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, bien plus qu'un pan de notre budget, la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » finance des politiques que la République se doit de soutenir : l'aide aux plus vulnérables, l'accompagnement des travailleurs modestes ou des personnes en situation de handicap, la lutte contre les violences, la prévention de la pauvreté et la protection de nos enfants.

Le présent projet de loi de finances alloue 29,5 milliards d'euros de crédits à cette mission, soit une baisse d'environ 2,7 % par rapport à la loi de finances pour 2025. Celle-ci s'explique en partie par une mesure de gel des prestations sociales, en l'occurrence, de la prime d'activité.

Il importe toutefois de rappeler que cette inflexion intervient après plusieurs années de forte progression, les crédits de cette mission, dont le montant s'établissait à 19,8 milliards d'euros en 2018, ayant été portés à 31,1 milliards d'euros en 2024, soit une progression de près de 57 %.

Les crédits de la mission s'inscrivent dans la continuité des politiques engagées depuis 2023, telles que le plan de lutte contre les violences faites aux enfants ou le plan interministériel pour l'égalité entre les femmes et les hommes, dont les effets concrets se font sentir sur le terrain.

Le programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes » mobilise plus de 11 milliards d'euros en faveur de la prime d'activité, un outil indispensable pour soutenir le pouvoir d'achat des travailleurs aux revenus modestes.

Doté de 16,3 milliards d'euros, le programme 157 « Handicap et dépendance » finance principalement l'allocation aux adultes handicapés. Les crédits alloués à ce dispositif continuent de progresser, à raison de 4,2 %, du fait notamment de l'augmentation du nombre de bénéficiaires.

Le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants (RDPI) s'inquiète toutefois de la suppression, prévue à l'article 79 du projet de loi de finances, de la possibilité de comptabiliser l'AAH comme revenu professionnel dans le calcul de la prime d'activité. Cette mesure, qui pourrait faire perdre jusqu'à 170 euros par mois aux travailleurs handicapés et qui priverait 90 % des bénéficiaires actuels de ce complément, ne nous paraît pas opportune. Nous sommes donc nombreux, sur ces travées, à avoir déposé des amendements visant à revenir sur les dispositions de cet article 79.

Les crédits du programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes », en augmentation de 1,7 %, s'établissent à 95,6 millions d'euros. Ils contribueront notamment à financer la montée en puissance de l'aide universelle d'urgence pour les personnes victimes de violences conjugales, créée en 2023. Cette aide a déjà été versée 60 000 fois, preuve que le public visé s'est approprié ce dispositif et qu'il est efficace.

Les crédits alloués au pacte des solidarités augmentent de 5 millions d'euros en 2026, afin d'accompagner la tarification sociale des cantines, qui finance des repas à un euro pour les enfants des familles modestes. Cette mesure simple change le quotidien de milliers de familles.

Les crédits consacrés à l'aide alimentaire progressent pour leur part de 10 millions d'euros. Dans un contexte d'augmentation de la demande, ce soutien est vital pour les associations locales, qui portent la solidarité au plus près des habitants.

Comment, enfin, ne pas évoquer la protection de l'enfance, ce chantier que nous reportons collectivement depuis trop longtemps ?

En 2026, l'État prévoit d'allouer 40 millions d'euros au renforcement du taux d'encadrement dans les pouponnières, 350 millions d'euros de prêts bonifiés via la Caisse des dépôts à la rénovation des bâtiments d'accueil et une enveloppe supplémentaire de 10 millions d'euros au soutien à la contractualisation avec les départements dans le cadre de la stratégie nationale de protection de l'enfance.

Si tout cela est utile et nécessaire, la transformation structurelle que les professionnels et les enfants attendent est encore loin. Nous savons bien, pourtant, que l'échec scolaire, la délinquance, la prostitution des mineurs, les addictions et les troubles de la santé mentale trouvent souvent racine dans les failles de notre système de protection de l'enfance. Sans un véritable plan d'ampleur, nous continuerons de poser des rustines sur un modèle à bout de souffle.

J'espère donc que le projet de loi sur la protection de l'enfance sera à la hauteur de ces enjeux, mesdames, monsieur les ministres.

Dans cette attente, et malgré l'insuffisance de ces crédits, mon groupe soutiendra, en responsabilité, le budget de cette mission.

M. le président. La parole est à Mme Annie Le Houerou. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

Mme Annie Le Houerou. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, les principes fondamentaux qu'incarne la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » sont les mêmes que nous, socialistes, soucieux de promouvoir l'insertion réelle de tous et toutes dans notre société, avons toujours défendus. Ces valeurs sont le socle de notre contrat républicain et de notre engagement collectif en faveur de plus de justice sociale.

L'examen du PLFSS par le Sénat a montré à quel point la majorité sénatoriale protège les plus forts, afin de leur épargner une contribution plus juste à la sécurité sociale. Vous avez plutôt choisi de faire contribuer les malades et ceux qui vivent des minima sociaux, mes chers collègues. Vous avez voté le gel des prestations sociales, au détriment des plus vulnérables d'entre nous. C'est à ceux-là que vous voulez encore diminuer le minimum vital !

Les crédits de la présente mission s'établissent à 29,5 milliards d'euros pour 2026, en baisse de 2,75 % par rapport à 2025. Ce budget est globalement insuffisant pour faire face à l'augmentation de la pauvreté dans notre pays, où quelque 9 millions de personnes – leur nombre ne cesse d'augmenter – vivent sous le seuil de pauvreté, tandis que, de 2017 à 2023, le taux d'extrême pauvreté y a augmenté de 11 points.

Derrière ces chiffres abstraits, il y a des familles qui renoncent à se chauffer, des parents qui sautent des repas pour nourrir leurs enfants, des personnes isolées qui basculent dans l'indignité, faute de ressources.

L'État devrait être un rempart contre un tel basculement, qui fait suite à un accident de vie, au chômage ou à la maladie. Il joue certes son rôle, mais insuffisamment. Selon la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), si les prestations sociales n'existaient pas, 13,5 millions de personnes seraient sous le seuil de pauvreté. Ces mesures de solidarité jouent un rôle essentiel pour maintenir la vie de nombreuses personnes dans la dignité.

Le programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes » regroupe l'essentiel des dispositifs de soutien aux revenus, dont le RSA et la prime d'activité. Il concentre 13,1 milliards d'euros de crédits en 2026, contre 14,3 milliards d'euros en 2025, les actions de prévention et d'inclusion pesant pour une faible part au sein de cette enveloppe.

Les crédits de ce programme représentent à peine 0,8 % du budget général de l'État, un niveau historiquement bas pour une mission finançant les leviers de lutte contre la pauvreté et de protection des enfants, principales victimes de la pauvreté. En euros constants, ces moyens reculent pour la troisième année consécutive, confirmant la contraction progressive de la solidarité d'État. Les crédits alloués au pacte des solidarités progressent marginalement, tandis que les actions de soutien aux revenus reculent en valeur relative.

Derrière les éléments de langage qui vous sont chers, mesdames, monsieur les ministres, tels que le « meilleur ciblage » des prestations ou l'« incitation au travail », la réalité est que l'inflation et les difficultés d'accès au logement contribuent à aggraver la situation des personnes précaires.

Entre 2023 et 2026, les dépenses sociales portées par les collectivités locales ont progressé de plus de 15 %, quand la part de la solidarité nationale, à laquelle les collectivités se substituent, n'a quant à elle augmenté que de 4 %, alors même que, durant cette même période, l'inflation cumulée s'établit au-delà de 10 %. Les finances locales compensent donc de plus en plus le manque de solidarité nationale et de financement par l'État.

Il nous faut par ailleurs repenser les mesures compensatoires, car celles-ci ne s'attaquent pas aux racines des inégalités, qui, elles, se creusent.

Les moyens alloués à l'accompagnement des jeunes en difficulté ne sont pas à la hauteur : si les crédits consacrés à la protection et à l'accompagnement des jeunes vulnérables affichent une hausse de 0,6 % en valeur, compte tenu de l'inflation, dont le taux devrait s'établir à 1,4 % en 2026, ils baissent en réalité.

Selon nous, le RSA devrait être ouvert aux jeunes majeurs, lesquels constituent une part de plus en plus importante des bénéficiaires de l'aide alimentaire ; près de 18 % des étudiants y ont aujourd'hui recours.

J'en viens au programme 157 « Handicap et dépendance ».

En 2022, le ministère des solidarités estimait que 39 % des personnes handicapées de 16 à 64 ans étaient « en situation de privation matérielle et sociale », soit 2,6 fois plus que l'ensemble de la population du même âge.

Face à cette donnée incontestable relayée par l'Observatoire des inégalités, la suppression de l'abattement de 30 % du montant de l'AAH dans le calcul de la prime d'activité proposée par le Gouvernement est inacceptable. Cette mesure concernerait entre 120 000 et 130 000 personnes, dont 87 % perdraient tout bénéfice de la prime d'activité. Nous voterons donc l'amendement de suppression n° II-233 présenté par M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales, que je remercie de cette initiative.

Concernant les crédits alloués aux aides d'urgence, la progression affichée de 6,7 %, présentée comme une mesure de renforcement du pacte des solidarités, demeure grandement symbolique au regard de l'augmentation du recours à l'aide alimentaire, qui concerne désormais plus de 4 millions de personnes, soit près de 30 % de plus qu'en 2019. Cette précarité est hélas ! genrée.

Quelque 70 % des travailleurs pauvres sont en effet des femmes, une statistique qui s'explique notamment par le fait que 79,5 % des emplois à temps partiel et 70 % des emplois en CDD et postes en intérim sont occupés par des femmes. La prime d'activité les concerne donc directement.

Dans son rapport intitulé État de la pauvreté en France 2023, le Secours catholique alertait sur cette précarité féminine, en indiquant que 57,5 % des personnes rencontrées par l'association étaient désormais des femmes, une proportion alors en hausse.

Les femmes sont par ailleurs à la tête de 97 % des familles monoparentales en situation de précarité. Ces difficultés économiques compromettent directement leurs opportunités d'échapper à des situations de violence. La dépendance financière qu'elles subissent les piège dans des situations, malheureusement trop courantes, de violences conjugales.

Face à ces phénomènes structurels, vous avez fortement communiqué sur l'aide universelle d'urgence pour les victimes de violences conjugales, mesdames, monsieur les ministres. Celle-ci sera pourtant financée grâce aux ponctions opérées sur les crédits des autres actions du programme 137. Les crédits de l'action n° 24 « Accès aux droits et égalité professionnelle » baisseront notamment de près de 10 %.

Les crédits pour 2026 de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances » iront, de fait, à l'encontre de l'intitulé de celle-ci. Le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain ne les votera donc pas. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme Silvana Silvani applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)

Mme Marie-Do Aeschlimann. Monsieur le président, mesdames, monsieur les ministres, mes chers collègues, pour la première fois depuis 2017, les crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », s'élevant à un peu moins de 30 milliards d'euros, enregistrent une baisse dans le projet de loi de finances qui nous est soumis. Cette situation résulte à la fois du gel de plusieurs prestations sociales prévu à l'article 44 du projet de loi de financement de la sécurité sociale, de diverses mesures paramétriques et de la mise en œuvre de la solidarité à la source.

Le programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes » représente 55 % du budget de la mission. Il comprend notamment les crédits consacrés à l'aide alimentaire, qui disposera cette année de 160 millions d'euros, soit 10 millions de plus qu'en 2025.

Dans un contexte de reprise de l'inflation, notamment sur les produits alimentaires, cette politique est essentielle pour répondre à l'urgence sociale et à la précarité alimentaire. Depuis plusieurs semaines, partout en France, les campagnes d'hiver des collectes alimentaires ont repris.

Monsieur le ministre, vous avez pu mesurer la force de l'engagement désintéressé de nombreux bénévoles lorsque vous êtes venu lancer la quarante et unième campagne d'hiver des Restos du Cœur à Asnières-sur-Seine.

Toutefois, je considère que seul le retour à l'emploi garantit la subsistance et préserve la dignité de chacun. Le chantier de l'aide sociale unique devrait encourager cette évolution.

Les crédits du programme 157 « Handicap et dépendance » atteindront 16,2 milliards d'euros en 2026, en progression de 1,25 %.

Au sein de ce programme, permettez-moi de m'arrêter quelques instants sur les moyens alloués aux maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), qui jouent un rôle capital dans le traitement de l'inclusion, notamment scolaire. Ces moyens semblent notoirement insuffisants face aux inextricables et douloureuses situations humaines, qu'il convient de régler et qui sont aggravées par la pénurie de médecins partout sur notre territoire.

Dans mon département, les Hauts-de-Seine, les familles nous alertent : les délais d'instruction atteignent jusqu'à dix-huit mois, madame la ministre, alors que la loi fixe un délai maximal d'instruction de quatre mois. Malgré plusieurs lois votées par le Parlement, en 2024, puis de nouveau en 2025, la situation devient insoutenable pour les personnes en situation de handicap et leurs proches.

En 2025, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) a lancé une nouvelle offre d'accompagnement à destination de toutes les MDPH afin de soutenir leur redressement ; mais c'est un peu vider la mer avec une cuillère…

Pour finir, laissez-moi dire quelques mots à propos du programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes ». Il atteindra 95 millions d'euros, soit une hausse de 1,73 % par rapport à 2025. L'essentiel de ces crédits concerne l'aide universelle d'urgence pour les femmes victimes de violences, ou plutôt pour les victimes de violences conjugales – le lapsus est important.

Ce dispositif, je le rappelle, est issu d'une proposition de loi sénatoriale portée par notre ancienne collègue Valérie Létard. Selon la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), depuis décembre 2023, plus de 60 000 femmes en ont bénéficié, pour un montant moyen avoisinant 900 euros.

Toutefois, comme l'ont exprimé nos collègues rapporteurs spéciaux, Arnaud Bazin et Pierre Barros, dans un rapport d'information publié l'été dernier, l'hébergement est le « nerf de la guerre, mais [le] maillon faible face au besoin de décohabitation », qui empêche bien souvent de faire cesser les violences conjugales.

Les collectivités locales trouvent des solutions face à ces situations d'urgence, comme la région Île-de-France, qui a des conventions avec les bailleurs sociaux, mais aussi la ville d'Asnières-sur-Seine, qui a mobilisé des logements pour servir d'abri aux femmes victimes de violences. Il faut les soutenir.

Mes chers collègues, au travers de ce budget, nous démontrons qu'il est possible de concilier l'exigence de solidarité et la maîtrise de la dépense publique : renoncer à l'une reviendrait inévitablement à fragiliser l'autre et, avec elle, l'avenir même de notre modèle social. Le groupe Les Républicains votera donc les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et INDEP.)

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités. Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, je suis heureux de revenir au Sénat pour vous présenter le budget du ministère du travail et des solidarités, tel qu'il est proposé dans le projet de loi de finances pour 2026.

Le débat s'ouvre sur le programme 304 de la mission « Solidarité, insertion, égalité des chances », qui finance les dispositifs de prévention et de lutte contre la pauvreté, d'inclusion sociale et de protection des personnes vulnérables. Une partie de ces crédits soutient également des politiques publiques relevant du périmètre de mes collègues, Stéphanie Rist, représentée par Charlotte Parmentier-Lecocq, ici présente, et Aurore Bergé.

Vous connaissez la situation des finances publiques et vous savez également que le texte du Gouvernement entend répondre à l'urgence du redressement des comptes publics. Le ministère du travail et des solidarités est mis à contribution dans cet effort au travers des missions qu'il gère.

Un tel effort doit être juste et équitable pour être accepté, ce qui suppose de faire attention aux plus vulnérables. Je songe notamment aux travailleurs pauvres, aux familles monoparentales ou encore aux étudiants. Les propositions qui concernent le programme 304 s'inscrivent dans cette recherche d'équilibre entre maîtrise budgétaire et préservation des dispositifs de solidarité nationale.

Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une baisse des crédits de 7 % sur le périmètre de ce programme. Toutefois, il faut remettre les chiffres en perspective. En effet, le budget du programme 304 proposé pour 2026 reste supérieur à la moyenne annuelle des crédits dont il a bénéficié entre 2017 et 2025 : 13,1 milliards d'euros, contre 11,5 milliards. De plus, je rappelle que ce budget a connu une forte hausse depuis 2018, puisqu'il s'élevait à 5,7 milliards d'euros en 2017.

L'effort de l'État reste donc important et, en particulier, il préserve le financement du pacte des solidarités.

Ce pacte, lancé en 2023, a conduit au déploiement de dispositifs nouveaux à la forte capacité transformatrice : dédoublement des classes en réseau d'éducation prioritaire, cantine à un euro, solidarité à la source ou encore le programme Mieux manger pour tous.

L'enveloppe pour 2026 maintient ces ambitions en permettant la poursuite des mesures nationales, comme les cantines à un euro ou les petits déjeuners à l'école, qui bénéficient respectivement à 200 000 élèves et à 255 000 élèves. L'État pourra honorer ses engagements dans le cadre de la contractualisation avec les conseils départementaux et les métropoles, et le programme Mieux manger pour tous sera poursuivi.

Dans sa version actuelle, le pacte des solidarités, conçu pour cinq ans, arrivera à son terme en 2027. Il faudra donc relancer très rapidement les réflexions, tant sur le fond que sur la forme. Nous pourrons nous appuyer sur le prochain rapport du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE), qui définira les conditions nécessaires pour réduire la pauvreté à un horizon de dix ans.

Le travail doit être un levier de lutte contre la pauvreté. C'est le sens du périmètre de mon ministère, qui associe travail et solidarités. Renforcer l'accès au travail, maintenir l'emploi, mieux accompagner les entreprises qui recrutent, valoriser le travail, encourager les partenaires sociaux à travailler sur la rémunération ou la promotion interne sont autant de moyens qui doivent permettre de lutter contre la pauvreté et d'élever le niveau de vie des Français.

Le lien entre travail et solidarités est également au cœur du travail en cours sur le projet de loi relatif à l'allocation de solidarité unifiée. Notre système de solidarité est l'un des plus protecteurs d'Europe : il évite à 3,5 millions de nos concitoyens de basculer dans la pauvreté. Toutefois, il souffre de quelques incohérences, qui minent sa légitimité et qui peuvent poser une question de confiance à nos concitoyens.

Dans le cadre de ce projet de loi à venir, nous nous sommes fixé deux objectifs communs avec le pacte des solidarités : protéger les plus fragiles et toujours encourager la contribution à l'activité. Le Premier ministre m'a confié la mission de réunir toutes les bonnes volontés autour de ce projet et je demeure naturellement, mesdames, messieurs les sénateurs, à votre disposition pour travailler avec vous sur cette réforme.

Sur le budget 2026, sur le plan d'action du Gouvernement de lutte contre la pauvreté, comme sur tous les textes qui vous sont présentés, je suis à l'écoute de vos propositions.

Ma feuille de route est simple.

Il s'agit, premièrement, d'articuler solidarité et travail. La lutte contre la pauvreté repose sur un lien étroit entre accompagnement social et insertion professionnelle.

Il convient, deuxièmement, d'intervenir tôt plutôt que de réparer tard. La prévention doit prévaloir sur la gestion des crises : investir dans le parcours des jeunes, soutenir les familles fragilisées et agir avant que les difficultés ne s'installent constitue la stratégie la plus efficace pour réduire durablement la précarité.

Il importe, troisièmement, de renforcer la cohérence, le ciblage et l'efficience des politiques publiques jusqu'à la lutte contre la fraude sociale, et d'intégrer systématiquement la dimension territoriale pour ajuster les réponses aux besoins réels, tout en garantissant l'équité sur l'ensemble du territoire.

Je sais déjà que, dans le débat qui s'ouvre, vous aurez beaucoup à dire sur ces questions. Je suis heureux de pouvoir en discuter avec vous.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre de la santé, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées, chargée de l'autonomie et des personnes handicapées. Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, tout en participant au nécessaire effort collectif, le champ du handicap et de l'autonomie demeure une priorité du Gouvernement. C'est dans cet esprit que nous vous proposons un budget équilibré pour le programme 157 « Handicap et dépendance ».

J'en viens directement à la question du gel de l'allocation aux adultes handicapés (AAH). Vous étiez opposés à cette mesure et le Premier ministre a confirmé suivre le Sénat dans cette décision. Il n'y aura donc pas de gel de l'AAH.

M. Guy Benarroche et M. Pierre Jean Rochette. Très bien !

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Par ailleurs, vous avez évoqué la question de la protection des majeurs, au sujet de laquelle je souhaite réaffirmer que les engagements du Ségur sont pleinement pris en compte. J'ai par ailleurs lancé une mission spécifique afin d'améliorer l'efficacité du fonctionnement de ces services, en concentrant les efforts sur les fonctions support et pas seulement sur l'accompagnement.

En outre, le budget prévoit le maintien des aides au poste versées par l'État aux établissements et services d'accompagnement par le travail (Ésat) dans le cadre de la garantie de ressources des travailleurs handicapés (GRTH), de manière, là aussi, à continuer de soutenir l'emploi des personnes en situation de handicap, qui nous a beaucoup occupés durant la Semaine européenne pour l'emploi des personnes en situation de handicap, organisée en novembre dernier. J'avais alors pu évoquer devant vous de nouveaux outils tels que Handimatch, qui fonctionne bien pour aider les personnes en situation de handicap à surmonter certaines barrières à l'emploi, ainsi que l'emploi accompagné, qui, avec l'objectif d'être plus efficace, relève désormais directement de la compétence de France Travail.

S'agissant toujours du champ du handicap et des personnes vulnérables, je veux également vous dire l'attachement que j'ai à promouvoir la stratégie de lutte contre les maltraitances. Ce budget prévoit le renforcement du numéro national unique, accessible aux personnes sourdes et malentendantes sur l'ensemble du territoire.

Je dirai également un mot pour évoquer, au sein du programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes », l'action n° 17 « Protection et accompagnement des enfants, des jeunes et des familles vulnérables » – je vous prie d'excuser l'absence de Stéphanie Rist –, qui prévoit un budget de 55 millions d'euros de crédits supplémentaires pour l'aide sociale à l'enfance.

Plus largement, vous le savez et M. Iacovelli l'a rappelé, le Gouvernement maintient une ambition de refonte de la politique de protection de l'enfance. Stéphanie Rist et le garde des sceaux y travaillent, pour faire en sorte, là encore, d'être plus efficaces en amont des difficultés rencontrées par nos enfants et d'éviter ainsi les situations dramatiques dans lesquelles nous nous retrouvons.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, l'égalité entre les femmes et les hommes est un combat pour lequel nous avons la responsabilité de ne jamais relâcher nos efforts et notre vigilance, de consolider ce qui a été acquis, souvent de haute lutte, et d'engager de nouveaux progrès.

Entre 2020 et 2025, les crédits consacrés à l'égalité ont plus que triplé. Dans un contexte budgétaire et politique inédit, en 2025, nous avons fait un choix clair : celui d'investir dans l'égalité. Ce choix sera maintenu pour 2026, puisque les crédits s'élèvent à 95,6 millions d'euros.

Je me félicite par ailleurs de ce que le compromis parlementaire obtenu dans le cadre du projet de loi de fin de gestion ait permis de renforcer encore le soutien aux associations et qu'il soit possible de le déléguer pour 2026 si tout ne pouvait être exécuté en 2025.

J'apporterai quelques éléments de réponse aux questions soulevées.

Les conventions pluriannuelles conclues avec les grandes associations nationales sont renouvelées pour la période 2026-2028. Plus de 13 millions d'euros sont consacrés aux accueils de jour et aux lieux d'écoute, d'accueil et d'orientation, premier point de contact pour les femmes victimes de violences.

Le soutien à la Fédération nationale Solidarité Femmes, le gestionnaire du 3919, sera poursuivi à hauteur de 5,4 millions d'euros.

Le financement des parcours de sortie de prostitution sera reconduit, à la faveur aussi de la stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel et de la revalorisation que vous aviez votée au Sénat, à l'unanimité, l'an dernier, pour l'aide financière à l'insertion sociale et professionnelle (Afis).

Des crédits à hauteur de 9 millions d'euros soutiendront les actions locales, notamment les dispositifs d'aller-vers, la lutte contre les mutilations sexuelles féminines et l'accompagnement des femmes les plus vulnérables, en particulier dans les outre-mer et en grande ruralité.

En 2026 aussi, les moyens du réseau des CIDFF seront consolidés et renforcés, puisqu'ils bénéficieront d'un soutien de près de 9 millions d'euros. Les crédits consacrés aux espaces vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) seront portés à 5,8 millions d'euros et donc reconduits pour consolider ce maillage territorial.

Enfin, plus de 9 millions d'euros seront consacrés à l'égalité professionnelle, à la mixité des métiers, à l'entrepreneuriat au féminin et à la diffusion d'une culture de l'égalité.

Le budget pour 2026 traduit donc une conviction simple : l'égalité ne se proclame pas, elle se finance ; elle ne s'improvise pas, elle se construit. Une seule boussole guide chacun de nos choix : la promesse républicaine d'égalité, de dignité et d'émancipation. (Applaudissements sur les travées des groupes UC, INDEP et RDSE.)

M. le président. Mes chers collègues, nous allons procéder à l'examen des crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », figurant à l'état B.

ÉTAT B

(En euros)

Mission / Programme

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

Solidarité, insertion et égalité des chances

29 478 541 851

29 482 305 025

Inclusion sociale et protection des personnes

13 120 127 815

13 121 340 299

dont titre 2

3 400 000

3 400 000

Handicap et dépendance

16 262 766 446

16 265 317 136

Égalité entre les femmes et les hommes

95 647 590

95 647 590

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1130, présenté par M. Rochette, Mmes Bessin-Guérin et Bourcier, MM. Brault, Capus, Chasseing et Chevalier, Mme L. Darcos, MM. Grand et Laménie, Mme Lermytte, MM. V. Louault, Malhuret, A. Marc et Médevielle, Mme Paoli-Gagin et MM. Pellevat, Verzelen, L. Vogel et Wattebled, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

589 646 101

 

589 646 101

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

 

589 646 101

 

589 646 101

SOLDE

- 589 646 101

- 589 646 101

La parole est à M. Pierre Jean Rochette.

M. Pierre Jean Rochette. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° II-1287 rectifié bis, présenté par M. Canévet, Mme N. Goulet et MM. Cambier, Maurey, Longeot, Menonville, Folliot et Delahaye, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

500 000 000

 

500 000 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

 

500 000 000

 

500 000 000

SOLDE

-500 000 000 

-500 000 000

La parole est à Mme Nathalie Goulet.

Mme Nathalie Goulet. Il est défendu.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Mes chers collègues, vous proposez des rabots qui ne sont pas ciblés. Or dans cette mission, les trois quarts des crédits sont consacrés à des dépenses de guichet, qui sont d'ailleurs parfaitement estimées, voire dépassées. Vos propositions risqueraient donc de mettre en péril le budget de la mission.

Par conséquent, l'avis est défavorable sur les deux amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Défavorable.

M. Pierre Jean Rochette. Je retire mon amendement, monsieur le président !

M. le président. L'amendement n° II-1130 est retiré.

Qu'en est-il du vôtre, madame Goulet ?

Mme Nathalie Goulet. Monsieur le président, j'ai cosigné cet amendement par amitié et je le retire par conviction. (Sourires.)

M. le président. L'amendement n° II-1287 rectifié bis est retiré.

Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1076, présenté par M. Fargeot, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

265 500 000

 

265 500 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

 

265 500 000

 

265 500 000

SOLDE

- 265 500 000

- 265 500 000

La parole est à M. Daniel Fargeot.

M. Daniel Fargeot. Cet amendement vise à désinscrire en totalité les crédits prévus pour le versement de la prime exceptionnelle de fin d'année à l'action n° 11 du programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes ».

Cette prime de Noël est versée en une seule fois aux bénéficiaires de minima sociaux. D'un montant de 152 euros, elle est majorée de 30 % à 50 % en fonction de la composition du foyer pour les allocataires du RSA.

Alors que le contribuable devra réaliser des efforts considérables pour participer au redressement des comptes publics, il n'est pas acceptable que les bénéficiaires de la solidarité nationale se voient dotés d'une prime.

La prime de Noël étant attribuée sur décret du Premier ministre, nous proposons donc de ne pas inscrire ces crédits au budget pour l'année 2026.

M. le président. L'amendement n° II-1112, présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

210 000 000

 

210 000 000

Handicap et dépendance

 

210 000 000

 

210 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

210 000 000

210 000 000

210 000 000

210 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. À l'inverse, le groupe écologiste souhaite revenir sur la suppression de la prime exceptionnelle de fin d'année, nommée « prime de Noël », pour les foyers sans enfant à charge. Cette décision se traduira par une perte de 152 euros, voire du double pour un couple bénéficiaire du RSA sans enfant à charge.

Mais surtout, la suppression de cette prime priverait des milliers de foyers de la possibilité de partager un repas lors des fêtes de fin d'année ou d'offrir un cadeau. Elle accentuera donc l'isolement social et la pauvreté matérielle pour un gain budgétaire très restreint.

Je rappelle qu'une personne sur huit est en situation de privation matérielle et sociale. Je rappelle également que la France se situe à un niveau supérieur à la moyenne européenne pour les privations matérielles et sociales. La prime de Noël est non pas une prime à l'enfant, mais une prime pour participer à un moment social du vivre ensemble.

Nous demandons donc le maintien intégral de la prime de Noël pour tous les foyers bénéficiaires, quelle que soit leur composition, et réaffirmons notre attachement à une politique de solidarité fondée sur la justice sociale, mais aussi sur la dignité de chacun. Nous rappelons que la prime de Noël est une conquête sociale obtenue en 1998 (Marques d'impatience sur les travées du groupe Les Républicains.), sous la pression des grandes mobilisations de chômeurs et de travailleurs précaires.

M. le président. L'amendement n° II-1304, présenté par Mmes Silvani, Apourceau-Poly, Brulin et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

205 000 000

 

205 000 000

 

Handicap et dépendance

 

205 000 000

 

205 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

205 000 000

205 000 000

205 000 000

205 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Silvana Silvani.

Mme Silvana Silvani. Par cet amendement, nous demandons nous aussi le maintien de la prime de Noël pour les foyers bénéficiaires, quelle que soit leur composition. Je veux simplement rappeler à ceux qui s'offusquent d'une prime de fin d'année que le RSA pour une personne seule est de 595 euros par mois. En outre, il a été décidé que cette allocation serait gelée.

C'est donc la double peine : non seulement le RSA ne sera pas indexé l'année prochaine, mais en plus on veut attaquer cette prime assez modique. Pour éviter d'aborder les choses sous l'angle purement idéologique, je le ferai sur le plan comptable : nous savons parfaitement qu'aggraver la pauvreté aura des conséquences financières par ailleurs.

Je reviendrai vers vous, monsieur le ministre, pour vous présenter nos propositions relatives à la lutte contre la pauvreté.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. M. Fargeot propose la suppression de la prime de Noël ; Mme Poncet Monge souhaite inscrire 210 millions d'euros pour rétablir la prime de Noël pour tous les foyers : Mme Silvani vient de défendre un amendement de 205 millions d'euros, dont l'objet est similaire.

Dans le PLF 2026, le Gouvernement a décidé de recentrer la prime de Noël sur les seuls bénéficiaires des aides sociales ayant un enfant à charge, faisant passer les crédits consacrés à cette prime de 470 millions à 260 millions d'euros.

S'agissant des familles monoparentales très précaires, il n'est pas pertinent, de l'avis de la commission, de diminuer leur pouvoir d'achat dans la période actuelle. En revanche, le recentrage du Gouvernement semble une mesure satisfaisante et il n'y a donc pas lieu de rehausser les crédits de la prime de Noël.

Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur ces trois amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Voilà pourquoi nous nous appelons « le centre » ! Nous sommes au milieu de ce qui est proposé : remettre la prime de Noël à 100 % ou l'arrêter complètement.

Nous maintenons notre position, car nous essayons de trouver des réponses concrètes à la dualité que j'évoquais : comment maîtriser les finances publiques tout en assurant la solidarité ? Nous avons donc recentré le dispositif, en gardant à l'esprit la situation des familles monoparentales, c'est-à-dire des familles qui ont des enfants.

Par conséquent, j'émets un avis défavorable sur ces amendements.

M. le président. La parole est à Mme Silvana Silvani, pour explication de vote.

Mme Silvana Silvani. Monsieur le ministre, j'entends votre argument et j'imagine qu'il sera récurrent au fur et à mesure des discussions que nous aurons.

Toutefois, je souhaite rappeler que les personnes dont nous parlons ne sont en rien responsables de l'état actuel des comptes publics.

En outre, comme je vous le disais, nous avons des propositions de lutte contre la pauvreté. En voici une : commençons par ne pas aggraver la pauvreté déjà existante !

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.

Mme Corinne Féret. Monsieur Fargeot, en vous écoutant défendre votre amendement, je me suis dit : « Ah, vous nous manquiez ! » En effet, tout au long de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, vous et d'autres de vos collègues avez fait des propositions de ce type, déroutantes dans un premier temps, puis totalement inacceptables.

Cela vaut aussi pour celle que vous venez de faire, car au travers de votre amendement, vous dites à ceux qui n'ont quasiment rien – en effet, comme l'a rappelé ma collègue, le RSA représente moins de 600 euros : « Faites un effort, nous ne vous verserons pas la prime de Noël de 152 euros. » Il est vrai que cette prime est tellement énorme ! Elle représente 12,66 euros par mois. Est-ce trop ? Est-ce trop, à vos yeux, d'aider et d'accompagner ces familles, qui sont souvent, M. le ministre l'a rappelé, des familles monoparentales ? Considérez-vous que seules ces personnes devraient participer à l'effort national ?

Je rappelle que, dans le cadre du PLFSS, vous avez voté contre toutes les propositions que nous avons faites pour demander à ceux qui ont beaucoup de participer un peu plus que ceux qui n'ont rien ; vous ne leur avez demandé aucun effort.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1076.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1112.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1304.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-234, présenté par M. Burgoa, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

349 697

 

349 697

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

 

349 697

 

349 697

SOLDE

- 349 697

- 349 697

La parole est à M. le rapporteur pour avis.

M. Laurent Burgoa, rapporteur pour avis. Cet amendement vise à geler les crédits de l'action n° 18, relative à l'aide à la vie familiale et sociale, du programme 304, au niveau de ce que prévoit la loi de finances initiale pour 2025.

En effet, cette aide, qui permet de favoriser le rapprochement familial des travailleurs migrants âgés partageant leur vie entre leur pays d'origine et des foyers de travailleurs migrants ou des résidences sociales en France, voit son enveloppe croître de 30 % dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026.

Cette augmentation paraît difficilement justifiable alors que, dans le même temps, l'essentiel des prestations sociales fait l'objet d'un gel, du fait des dispositions votées à l'article 44 du projet de loi de financement de la sécurité sociale.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Il est vrai que les montants en jeu sont particulièrement modestes. Cependant, il ne nous a pas semblé que, précédemment, il y ait eu un recours massif à cette prestation ; au contraire, dans les premières années de son existence, elle a été largement sous-consommée.

Par conséquent, nous entendrons avec intérêt le Gouvernement nous dire ce qui a motivé la hausse de 30 % de cette enveloppe dans son budget.

La commission des finances s'en remet à la sagesse du Sénat sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Nous parlons, en effet, de moins de 200 bénéficiaires, ceux que l'on appelle plus communément les « chibanis », c'est-à-dire des personnes qui sont venues travailler en France et qui partagent leur vie entre leur pays d'origine et la France.

À quoi cette hausse des crédits est-elle due ? Il ne s'agit pas d'une revalorisation, mais le nombre de bénéficiaires peut évoluer et, surtout, les frais de gestion augmentent. Ces derniers sont aujourd'hui gérés par la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA). De toute manière, ces frais devront être payés. Par conséquent, si ce n'est pas la MSA qui les paie, ce sera la sécurité sociale.

L'affaire n'étant pas considérable et la proposition du Gouvernement semblant juste, vous comprendrez qu'il nous semble sage d'émettre un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Nous nous opposons au gel des crédits de l'aide à la vie familiale et sociale, qui permet aux retraités étrangers disposant de faibles ressources et résidant seuls d'effectuer des séjours de longue durée dans leur pays d'origine pour y maintenir leur vie familiale. Cette aide compense d'ailleurs la perte de certaines prestations qui ne sont plus versées dans ce cas, comme l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa).

Nous nous opposons à une telle pénalisation des personnes d'origine étrangère qui, à l'heure de la retraite et après des années à travailler en France, souhaitent séjourner quelques mois sur leur terre natale. Selon le sociologue Abdelmalek Sayad, les immigrés vivant leur retraite en France ressentent de manière très vive leur isolement.

Mes chers collègues, en adoptant cet amendement, vous précariseriez encore davantage des immigrés qui ont, pour beaucoup, effectué des emplois pénibles, du fait des conditions de travail et de rémunération. Rappelons que, selon l'Insee, les immigrés représentent un peu moins de 10 % de la population française, mais 20 % des personnes pauvres.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-234.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1183, présenté par Mmes Le Houerou et Canalès, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

3 580 238 879,1

 

3 580 238 879,1

 

Handicap et dépendance

 

3 580 238 879,1

 

3 580 238 879,1

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

3 580 238 879,1

3 580 238 879,1

3 580 238 879,1

3 580 238 879,1

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Mme Annie Le Houerou. Cet amendement est soutenu par la Fédération des acteurs de la solidarité, qui représente les associations en première ligne pour accompagner nos jeunes.

Quelque 45 % des personnes pauvres ont moins de 30 ans et je rappelais tout à l'heure que 18 % des étudiants ont aujourd'hui recours à l'aide alimentaire.

Si la majorité civile est fixée à 18 ans depuis 1974, la majorité sociale est, quant à elle, restée bloquée à 25 ans. Ce n'est qu'à cet âge que les jeunes peuvent bénéficier du RSA, à l'exception des jeunes ayant travaillé pendant deux ans lors des trois dernières années – cela concerne 900 foyers – ou des jeunes parents disposant de faibles revenus, ce qui représente 53 000 foyers, c'est-à-dire très peu.

Dans la tranche des 18-29 ans, on trouve surtout des jeunes qui ont des difficultés d'insertion sur le marché du travail. Ils sont souvent issus de parents de milieu modeste, tant notre système d'éducation est marqué par les inégalités sociales. Par conséquent, un RSA serait bienvenu pour cette population.

Tel est l'objet de notre amendement.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Cet amendement vise à ouvrir le bénéfice du RSA aux jeunes de 18 à 25 ans, pour un coût de 3,5 milliards d'euros.

Sur le principe, il paraît certes étrange que les jeunes de 18 à 25 ans soient exclus du RSA. Toutefois, la commission invite à considérer de manière réaliste le coût de cette mesure, qui serait prohibitif, particulièrement pour les départements souffrant déjà de grandes difficultés.

Avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Tout d'abord, l'enjeu financier s'élève à plus de 3 milliards d'euros. Cela est en contradiction avec ce que nous avons pu dire sur la maîtrise de nos comptes sociaux.

Ensuite, il existe d'autres dispositifs. Les jeunes bénéficient de mécanismes de prise en charge, comme les missions locales ou les contrats d'engagement jeune (CEJ), dont l'objectif premier est de leur permettre d'entrer dans la vie active.

Notre philosophie, plutôt que de favoriser le recours systématique au RSA, est de développer des politiques spécifiques pour les jeunes et qui fonctionnent. Plus d'un million de jeunes passe dans les missions locales tous les ans. (Mmes Annie Le Houerou et Silvana Silvani protestent.)

Pour ces raisons, j'émettrai un avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1183.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1184, présenté par Mmes Le Houerou et Canalès, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

126 700 000

 

126 700 000

 

Handicap et dépendance

 

126 700 000

 

126 700 000

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

126 700 000

126 700 000

126 700 000

126 700 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Corinne Féret.

Mme Corinne Féret. Par cet amendement, nous proposons de garantir la revalorisation automatique des principales prestations sociales en fonction de l'inflation, et cela pour protéger les ménages modestes. Pour ce faire, nous proposons d'allouer une enveloppe supplémentaire de 126,7 millions d'euros.

Aujourd'hui, les prestations sociales constituent un filet de sécurité indispensable pour les 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Le gel ou le décalage de leur revalorisation reviendrait, finalement, à une baisse de pouvoir d'achat. Un tel choix serait injuste socialement et contre-productif économiquement.

Mais il est vrai, chers collègues de droite, que vous avez voté le gel de ces prestations sociales dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale…

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Permettez-moi, à titre exceptionnel, de prendre quelques instants pour exposer la position de la commission, ce qui me permettra d'expliciter ce que j'ai dit lors de mon propos liminaire.

Premièrement, nous ne disposons plus, dans cette mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », du programme support des ministères sociaux pour gager, de façon crédible, les amendements de transfert de crédits.

Deuxièmement, comme je l'ai aussi rappelé, plus des trois quarts des dépenses de cette mission sont en quelque sorte consommés par avance, puisqu'il s'agit de dépenses de guichet, le dernier quart correspondant au soutien à des politiques publiques d'importance.

Troisièmement, pour que le dispositif de ces amendements reste crédible, la seule solution serait que le Gouvernement lève le gage, une décision qui aggraverait le déficit, ce dont nous ne voulons pas.

Au vu de ces trois éléments, et quelle que soit la qualité des propositions qui sont ou seront faites, ou quel que soit l'intérêt que l'on pourrait prêter aux causes défendues par les uns et les autres, la commission des finances sera amenée à émettre des avis défavorables.

Dans le cas d'espèce, comme je le ferai ultérieurement pour d'autres amendements de même nature, je suis défavorable à cet amendement.

Mme Pascale Gruny. Très bien !

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Je partage les arguments que vient d'exposer M. le rapporteur spécial. J'ajoute que, au fond, chaque budget doit comporter les seules mesures qui doivent y figurer.

En l'occurrence, et sans prétendre être un expert en la matière, il me semble que le niveau des prestations sociales relève du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Or vous devez savoir que cette question est largement débattue, en ce moment même, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, comme cela a été le cas au Sénat voilà quelques semaines.

Dernière remarque, on friserait, avec cet amendement, les 130 millions d'euros de dépenses supplémentaires.

Avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1184.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1111, présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

1

 

1

Handicap et dépendance

 

1

 

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

TOTAL

1

1

1

1

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. Le projet de loi de finances prévoit la non-revalorisation de la prime d'activité et son recentrage sur les travailleurs les plus modestes, que j'appellerais plus volontiers « les plus pauvres ». Il s'agit d'exclure certains ménages qui ont bénéficié de la prime d'activité du fait des revalorisations du Smic ces trois dernières années, c'est-à-dire des ménages qui ont été rattrapés par l'inflation, leurs revenus n'ayant pas suivi l'évolution des prix, ce qui leur a fait perdre du pouvoir d'achat.

La prime d'activité a été créée parce que le travail ne protégeait plus de la pauvreté. En France, monsieur le ministre, la baisse du chômage ne s'accompagne plus d'une réduction de la pauvreté. Les règles de calcul de la prime d'activité intègrent les variations des revenus des bénéficiaires, du fait de contrats de travail de plus en plus flexibles et de la déflation salariale qui caractérise la France.

Le gel de la prime d'activité et du RSA recentralisé tend à faire porter l'effort budgétaire sur les populations et les territoires les plus défavorisés, ce qui amplifie les inégalités territoriales et sociales, alors que le taux de pauvreté est au plus haut depuis trente ans.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. La commission considère que cet amendement est un amendement d'appel, pour les raisons évoquées par mon collègue rapporteur spécial Arnaud Bazin. En effet, ce dispositif traduit une opposition au gel de l'ensemble des prestations sociales.

La commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, elle y sera défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Je voudrais apporter quelques éclaircissements.

Les dépenses au titre de la prime d'activité ont connu une dynamique très importante ces dernières années : celles-ci s'élevaient à un peu plus de 5 milliards d'euros en 2018 ; elles représentent plus de 10 milliards d'euros en 2025. Une telle évolution est évidemment un élément important à prendre en compte, dès lors que, chacun le sait, notre objectif demeure la maîtrise de nos finances publiques.

Pour garantir la soutenabilité de cette allocation, le Gouvernement a logiquement choisi d'intervenir en la recentrant sur les travailleurs les plus modestes.

C'est la raison pour laquelle je suis défavorable à l'amendement.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. La prime d'activité sert à lutter contre la pauvreté des travailleurs. Si vous voulez stopper la hausse des dépenses liées à la prime d'activité, il vous suffit de résoudre le problème de la pauvreté des travailleurs.

Mme Silvana Silvani. Exactement !

M. Guy Benarroche. Très bien !

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1111.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1306, présenté par Mmes Silvani, Apourceau-Poly, Brulin et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

 

 

 

Handicap et dépendance

 

2 400 000 000

 

2 400 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

2 400 000 000

 

2 400 000 000

 

TOTAL

2 400 000 000

2 400 000 000

2 400 000 000

2 400 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Silvana Silvani.

Mme Silvana Silvani. Comme tout le monde l'a reconnu, les crédits destinés à soutenir la lutte contre les violences faites aux femmes sont globalement insuffisants, même s'il faut admettre qu'ils augmentent régulièrement.

Il faut également constater l'importance du travail réalisé, en particulier par les associations, qui, au passage – je me permets de le rappeler –, ont été bien malmenées jeudi dernier dans cet hémicycle. Allez chercher de la cohérence dans tout cela !

Et pourtant, les féminicides ne diminuent pas et nous manquons toujours de moyens pour faciliter le dépôt des plaintes, leur traitement et, surtout, pour encourager les sanctions à l'égard des agresseurs.

Alors, certes, vous allez me répondre que ce n'est pas dans le cadre de cette mission qu'il faudrait réclamer une hausse de crédits. Mais il me semble tout de même qu'il faudrait davantage de cohérence dans la mise en œuvre de cette politique en particulier.

M. le président. L'amendement n° II-1410 rectifié, présenté par Mmes Linkenheld et Canalès, MM. Ros, Uzenat, Temal et Gillé, Mmes S. Robert et Poumirol, MM. Tissot et Omar Oili, Mme Brossel, MM. Redon-Sarrazy et Mérillou, Mmes Rossignol, Conway-Mouret, Matray et Bélim et M. Roiron, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

100 000 000

 

100 000 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

100 000 000

 

100 000 000

 

TOTAL

100 000 000

100 000 000

100 000 000

100 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Simon Uzenat.

M. Simon Uzenat. Nous abordons un sujet de fond, déjà évoqué hier à l'occasion de l'examen des crédits consacrés à l'hébergement d'urgence au sein de la mission « Cohésion des territoires ».

Les associations féministes et médico-sociales jouent un rôle clé. Nous nous inscrivons, avec cet amendement, dans la perspective d'une loi intégralement consacrée à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Les résultats sont sans appel : ces associations font face à un sous-financement chronique ; 71 % d'entre elles font le constat d'une situation financière dégradée ; 30 % ont dû fermer des permanences, en particulier en zone rurale.

Une telle situation met des vies en danger ; vous le savez, nous le savons, monsieur le ministre. Il est temps de réagir : de simples paroles ou de simples promesses n'y suffisent plus ; il faut des actions concrètes.

Cet amendement est donc un amendement d'appel, qui s'inscrit dans le prolongement des positions adoptées par les différents groupes de la gauche sénatoriale. Nous souhaitons envoyer un signal clair : les associations ont plus que jamais besoin de notre soutien face aux promesses non tenues et aux engagements financiers qui ne se sont pas concrétisés.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Nous comprenons l'intention des auteurs de ces amendements et nous constatons, tout comme eux, que le document de politique transversale relatif aux politiques en matière d'égalité entre les femmes et les hommes, qui évalue à 5,8 milliards d'euros l'ensemble des dépenses consacrées à ce volet de l'action publique, surestime très largement le volume des crédits réellement consommés. Cela fait d'ailleurs plusieurs années que nous le dénonçons.

Nous plaidons pour une sincérisation de ce document budgétaire, qui permettra d'avoir une vision précise des moyens consacrés à l'égalité et à la prévention des violences faites aux femmes.

Avis défavorable sur les deux amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. L'amendement n° II-1306 vise à augmenter de plus de 2 milliards d'euros les dépenses consacrées aux politiques en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes. Le dispositif de l'amendement n° II-1410 rectifié est plus raisonnable, puisqu'il a pour objet une hausse de 100 millions d'euros des crédits.

Il n'en reste pas moins que, si certains points méritent peut-être d'être améliorés dans le document de politique transversale, un peu plus de 4,5 milliards d'euros ont été consommés sur les crédits engagés au titre du projet de loi de finances pour 2025, en faveur à la fois de la lutte contre les violences et de l'ensemble des politiques d'égalité, ce qui comprend évidemment le logement, l'hébergement d'urgence ou la santé des femmes. Cette enveloppe budgétaire n'a cessé de croître année après année.

Singulièrement, les crédits du programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes » ont plus que triplé dans les cinq dernières années. Quant à la prime Ségur – j'imagine que l'on en reparlera dans quelques instants –, elle a bien fait l'objet d'une compensation, et il est bien prévu qu'elle soit encore compensée l'an prochain, ce qui est, à mon avis, essentiel pour permettre à nos associations de poursuivre leur travail.

Pour toutes ces raisons, je demande le retrait de ces deux amendements ; à défaut, j'émettrai un avis défavorable.

M. le président. La parole est à M. Marc Laménie, pour explication de vote.

M. Marc Laménie. Ces deux amendements sont intéressants. Cependant, Mme la ministre Aurore Bergé a rappelé que les crédits du programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes » ont progressé, enregistrant une hausse de 95 millions d'euros. Par ailleurs, lors de la récente réunion de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances de fin de gestion pour 2025, une nouvelle augmentation a été convenue.

Même si je tiens à rendre un hommage collectif – je parle sous l'autorité de la présidente de la délégation sénatoriale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, Dominique Vérien – à toutes ces associations, qui manquent cruellement de moyens, et aux centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) notamment, ainsi qu'à leurs bénévoles, il faut reconnaître qu'il y a des avancées, comme le montre le document interministériel dont il a été question.

Dans cette affaire, j'ai évidemment tendance à faire confiance aux rapporteurs spéciaux et à Mme la ministre.

M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour explication de vote.

M. Simon Uzenat. Madame la ministre, nous vous avons écoutée, mais je suis persuadé que, si les bénévoles des associations et les femmes victimes de violences qui ne peuvent pas être accompagnées comme elles le mériteraient vous entendaient, elles vous diraient que vous ne vivez manifestement pas dans le même monde qu'eux.

Nous savons bien les uns et les autres qu'il existe des problèmes de financement. Il ne s'agit pas de refaire le débat maintenant, mais vous pouviez nous aider, mes chers collègues, à aller chercher d'autres ressources, dans un souci de justice fiscale et sociale, pour accompagner ces politiques.

Toujours est-il que, dans de nombreux territoires et, en particulier, dans les territoires ruraux, les associations ne peuvent pas intervenir comme elles le souhaiteraient. Les bénévoles se sentent abandonnés par la puissance publique.

Sans vouloir revenir sur tous les problèmes de sous-financement chronique – ce n'est pas une affaire nouvelle –, il conviendrait à tout le moins de reconnaître cette réalité. Ce serait une première marque de respect pour ces femmes victimes de violences dans le contexte terrible qu'elles affrontent.

M. le président. La parole est à Mme Silvana Silvani, pour explication de vote.

Mme Silvana Silvani. Je suis reconnaissante aux uns et aux autres de saluer le travail fait par les associations. Celles-ci sont en difficulté ; elles le seront encore plus l'année prochaine, compte tenu de ce qui a été voté hier et avant-hier.

Cette année, il a fallu attendre près de six mois pour que les fonds alloués arrivent effectivement dans certaines structures, ce qui signifie qu'un certain nombre d'entre elles, qui font parfaitement bien leur travail, ont dû réduire leur activité, une situation qui risque de se pérenniser au vu des perspectives financières.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1306.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1410 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1180, présenté par Mmes Le Houerou et Canalès, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Fonds de prise en charge des psycho-traumatismes causés aux enfants suite à des violences sexuelles et à des violences intrafamiliales

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

 

 

 

Handicap et dépendance

 

100 000 000

 

100 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

 

 

Fonds de prise en charge des psycho-traumatismes causés aux enfants suite à des violences sexuelles et à des violences intrafamiliales

100 000 000

 

100 000 000

 

TOTAL

100 000 000

100 000 000

100 000 000

100 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Mme Annie Le Houerou. Il s'agit, avec cet amendement, de créer un fonds pour les enfants victimes de violences sexuelles. Vous savez que, chaque année, en France, au moins 160 000 enfants sont victimes de ces violences.

Pour les victimes, les séquelles sont diverses, mais toujours sévères et durables. La majorité d'entre elles souffrent de troubles psychotraumatiques : anxiété, syndromes dissociatifs, dépression, troubles de la personnalité.

Sur le plan physique, les conséquences sont également importantes : maladies chroniques, maladies cardiovasculaires.

Ces personnes sont aussi susceptibles de développer des addictions, que ce soit à la cigarette, à l'alcool ou à la drogue. Ils voient ainsi leur vie familiale, sentimentale, sexuelle et professionnelle profondément affectée.

Les enfants en situation de handicap ont, eux, trois fois plus de risques d'être victimes de violences sexuelles.

Face à ce phénomène qui brise des vies, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a identifié quatre axes d'action : le repérage ; le traitement judiciaire ; la réparation par le soin et l'indemnisation ; et la prévention.

Je pense que ce fonds permettrait de répondre aux préoccupations exprimées par la Ciivise.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Ce sujet doit être traité par les départements, au plus proche du terrain, et par la sécurité sociale dans le cadre des débats sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. D'abord, sur le fond, aucune violence ne doit évidemment être tolérée envers nos enfants.

Les enfants en situation de handicap, comme vous l'avez rappelé, sont particulièrement vulnérables. À cet égard, nous sommes mobilisés dans le cadre de la stratégie de lutte contre les maltraitances. J'ai annoncé récemment que des moyens seront déployés notamment pour la mise en place d'un dispositif de détection des professionnels travaillant avec des enfants en situation de handicap condamnés pour ce type d'atteintes, à l'image de ce qui se fait déjà dans le champ de la protection de l'enfance.

Sur le fond, le Gouvernement est donc pleinement mobilisé, madame la sénatrice.

Cela étant, j'émettrai un avis défavorable sur votre amendement, non pas parce que nous nous opposons à l'objectif que vous visez, mais parce que nous relevons ce défi par la mobilisation d'autres leviers et la mise en place d'autres politiques, qui sont déjà à l'œuvre.

Ainsi, un parcours de soins pour les enfants victimes de violences a été mis en place en 2021, avec la création des unités d'accueil pédiatriques des enfants en danger (Uaped). L'objectif est de disposer, à terme, d'une Uaped par juridiction. Ce dispositif est aujourd'hui en cours de déploiement.

En 2017, nous avons également lancé les centres régionaux du psychotraumatisme. Là encore, le Gouvernement a accru progressivement les moyens de ces centres via des crédits supplémentaires.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1180.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de huit amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1303, présenté par Mmes Silvani, Apourceau-Poly, Brulin et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

 

 

 

Handicap et dépendance

 

17 000 000

 

17 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

17 000 000

 

17 000 000

 

TOTAL

17 000 000

17 000 000

17 000 000

17 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Mme Cathy Apourceau-Poly. Avec cet amendement, nous proposons d'augmenter les crédits consacrés aux centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) et aux lieux d'écoute, d'accueil et d'orientation (LEAO), qui accueillent chaque année, nous le savons, des milliers de femmes, souvent en situation d'urgence et de précarité.

Les fédérations nationales des CIDFF et la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF) nous ont alertés de la situation que ces centres et lieux traversaient. Elles évaluent à environ 5 millions d'euros le budget nécessaire pour créer un poste à temps plein supplémentaire par département.

Dans le cas des CIDFF, il s'agirait du recrutement d'un juriste formé à l'accompagnement des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Pour la FNSF, il s'agirait de renforcer les équipes des structures d'écoute et d'accueil, afin de faire face à la hausse du nombre de signalements et d'assurer une prise en charge de qualité, sans délai d'attente.

Au total, nous souhaiterions une hausse des crédits de 17 millions d'euros.

M. le président. Les trois amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° II-825 rectifié est présenté par Mme Pantel, M. Bilhac, Mme Briante Guillemont, M. Cabanel, Mme M. Carrère, MM. Daubet, Fialaire, Gold et Grosvalet, Mmes Guillotin et Jouve et MM. Laouedj, Masset et Roux.

L'amendement n° II-1098 rectifié est présenté par Mme Antoine, MM. Pillefer et J.M. Arnaud, Mme Billon, MM. Chasseing et S. Demilly, Mme Gacquerre, MM. Hingray et Menonville et Mmes O. Richard et Romagny.

L'amendement n° II-1230 rectifié bis est présenté par Mme Vérien, M. Dhersin et Mmes Sollogoub, Bourguignon, Saint-Pé et Housseau.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

7 000 000

 

7 000 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

7 000 000

 

7 000 000

 

TOTAL

7 000 000

7 000 000

7 000 000

7 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Michel Masset, pour présenter l'amendement n° II-825 rectifié.

M. Michel Masset. Il s'agit d'un amendement proposé par ma collègue Guylène Pantel.

Si le projet annuel de performances précise que la compensation de la prime Ségur demeure une priorité pour le Gouvernement, le budget du programme 137, tel qu'il figure dans le présent projet de loi de finances, ne semble pas traduire cette volonté.

Alors que les associations d'accompagnement des femmes victimes de violences sont affaiblies par un contexte financier particulièrement critique, le financement de cette prime engendre un surcoût de plusieurs millions d'euros.

C'est pourquoi cet amendement vise explicitement à maintenir pour 2026 la compensation de la prime Ségur pour les salariés du secteur sanitaire, social et médico-social, et ce pour un coût estimé à 7 millions d'euros.

M. le président. La parole est à Mme Jocelyne Antoine, pour présenter l'amendement n° II-1098 rectifié.

Mme Jocelyne Antoine. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. La parole est à Mme Dominique Vérien, pour présenter l'amendement n° II-1230 rectifié bis.

Mme Dominique Vérien. Madame la ministre, l'année dernière, nous avions voté une mesure, que vous aviez soutenue, prévoyant une compensation financière, à hauteur de 7 millions d'euros, de la prime Ségur. Nous vous en remercions, mais, malheureusement, même si vous vous êtes vraiment battue pour l'obtenir, cette mesure est arrivée très tardivement et la situation est devenue très compliquée pour les associations.

L'idée est d'anticiper davantage et de prévoir explicitement la compensation de la prime Ségur pour l'année prochaine.

Je précise que mon amendement n° II-1282 rectifié, qui a été placé, je ne sais pourquoi, beaucoup plus loin dans la liasse, est un amendement de repli. Il tend à prévoir une compensation de la prime à hauteur de 5 millions d'euros, puisqu'il semblerait qu'une partie de cette compensation soit tout de même prise en compte dans ce budget. D'après les investigations que nous avons pu mener au sein de la délégation aux droits des femmes, il manquerait ainsi encore 5 millions d'euros.

M. le président. L'amendement n° II-1119 rectifié, présenté par Mme Poncet Monge, M. Gontard, Mme Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus et Fernique, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

 

 

 

Handicap et dépendance

 

7 000 000

 

7 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

7 000 000

 

7 000 000

 

TOTAL

7 000 000

7 000 000

7 000 000

7 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. L'an dernier, grâce à la mobilisation transpartisane du Sénat et au soutien du Gouvernement, nous avons obtenu 7 millions d'euros pour compenser la prime Ségur en 2025.

Dans le projet de loi de finances pour 2026, rien n'est indiqué. Alors que le ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations poursuit son combat en faveur des associations de lutte contre les violences et la prostitution, en mettant en œuvre les revalorisations salariales du Ségur de la santé, cette enveloppe de 7 millions d'euros ne figure nulle part.

Je rappelle qu'en 2024 la prime Ségur n'a pas été totalement compensée, puisqu'un montant de 2 millions d'euros est resté à la charge de ces associations. Il faut donc pérenniser ce financement de 7 millions d'euros à des associations qui ont vu leur trésorerie diminuer drastiquement.

Je précise que cet amendement a été élaboré avec l'aide de la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles.

M. le président. Les trois amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° II-741 rectifié est présenté par Mme Guillotin, M. Bilhac, Mme Briante Guillemont, M. Cabanel, Mmes M. Carrère et N. Delattre, MM. Fialaire, Gold et Grosvalet, Mme Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux.

L'amendement n° II-1142 rectifié est présenté par Mme Poncet Monge, M. Gontard, Mme Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus et Fernique, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel.

L'amendement n° II-1229 rectifié est présenté par Mme Vérien, M. Dhersin, Mmes Sollogoub, O. Richard et Bourguignon, MM. S. Demilly et J.M. Arnaud, Mme Saint-Pé, M. Pillefer et Mmes Gacquerre, Housseau et Romagny.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

5 000 000

 

5 000 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

5 000 000

 

5 000 000

 

TOTAL

5 000 000

5 000 000

5 000 000

5 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Véronique Guillotin, pour présenter l'amendement n° II-741 rectifié.

Mme Véronique Guillotin. Avec cet amendement, nous proposons d'octroyer 5 millions d'euros pour financer un poste de juriste supplémentaire dans chaque département, et ce, bien sûr, pour renforcer l'accompagnement des victimes de violences sexuelles.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l'amendement n° II-1142 rectifié.

Mme Raymonde Poncet Monge. Depuis 2017, la lutte contre les violences constitue une grande cause nationale. Rouage essentiel de la mise en œuvre de ces politiques publiques de lutte contre les violences, les associations d'aide aux victimes spécialisées sont en première ligne pour faire de la prévention, accompagner les victimes et leur permettre notamment d'accéder à la justice.

Force est de constater que les demandes des femmes victimes de violences auprès des associations spécialisées explosent. En 2025, les centres d'information sur les droits des femmes et des familles ont accompagné 25 % de femmes victimes de violences sexistes et sexuelles de plus que l'année précédente. Or leur fédération nationale observe, en 2025, une baisse de 1,8 million d'euros de la subvention.

Le programme 137, lui, enregistre une augmentation de près de 4 millions d'euros destinés aux accueils de jour et aux lieux d'écoute, d'accueil et d'orientation, mais ces dispositifs ne permettent d'accompagner que les femmes victimes de violences conjugales, et non les victimes de violences hors couple, qui restent dans l'angle mort des politiques publiques de lutte contre les violences.

M. le président. La parole est à Mme Dominique Vérien, pour présenter l'amendement n° II-1229 rectifié.

Mme Dominique Vérien. Cet amendement vise à soutenir les associations accueillant des femmes victimes de violences. On s'aperçoit qu'aujourd'hui l'État a tendance à se décharger de plus en plus sur les associations pour que ces dernières jouent son rôle en matière de lutte contre les violences. Mais encore faut-il leur donner les moyens de le faire.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Nous demandons le retrait de l'amendement n° II-1303, pour les raisons budgétaires que j'ai déjà évoquées à plusieurs reprises. Il nous semble de surcroît qu'il vaudrait mieux renforcer les structures et les emplois existants dont nous savons qu'ils sont, hélas ! bien précaires, avant de songer à financer des emplois ou des structures supplémentaires. À défaut, nous émettrons un avis défavorable.

Nous demandons l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques nos II-825 rectifié, II-1098 rectifié et II-1230 rectifié bis, qui visent à octroyer 7 millions d'euros pour financer la prime Ségur dans les CIDFF. En effet, dans le cadre de nos travaux, nous n'avons pas pu retracer exactement le « rebasage » de cette prime dans l'actuel budget.

Nous demandons également l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° II-1119 rectifié, parce qu'il est sensiblement identique aux précédents : il ne tend pas à ponctionner les crédits dans le même programme, mais il s'agit tout de même de financer les 7 millions d'euros de la prime Ségur pour les CIDFF.

Enfin, nous demandons le retrait des amendements identiques nos II-741 rectifié, II-1142 rectifié et II-1229 rectifié, en raison du contexte budgétaire, et parce que nous souhaitons que la priorité soit donnée au renforcement des structures et des emplois existants. À défaut, nous y serons défavorables.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Oui, en effet, si le Sénat n'avait pas voté ces 7 millions d'euros supplémentaires l'an dernier pour compenser la prime Ségur, la situation aurait sans doute été beaucoup plus compliquée pour les associations. Ce compromis parlementaire a été absolument déterminant pour maintenir le soutien qui leur est fourni.

L'État n'avait pas l'obligation de compenser les mesures du Ségur, mais nous avons choisi ensemble, ici, au Sénat, de le faire. (Mme Dominique Vérien acquiesce.) Je précise que, contrairement à ce que j'ai entendu, le versement aux associations a été décalé, non pas de six mois, mais de deux à trois mois, tout simplement parce que le budget 2025 n'a pas été adopté dans les délais habituels.

Dès lors que le projet de loi de finances a été adopté deux à trois mois après le moment où il est habituellement voté, cela a forcément eu des incidences sur l'action des administrations. Je le rappelle, aucune administration ne peut décaisser un euro d'argent public tant que la loi de finances n'a pas été votée. C'est une règle certes basique, mais que nous devons toutes et tous respecter. Nous espérons que cette année nous pourrons voter un budget dans des délais raisonnables, ce qui nous permettra de garantir aux associations qu'elles seront correctement soutenues.

Monsieur le rapporteur spécial, vous m'avez interrogée sur les actions auxquelles ces 7 millions d'euros sont rattachés. En réalité, il n'y a pas de ligne budgétaire spécifiquement consacrée au Ségur de la santé, mais je peux vous assurer que ces 7 millions d'euros ont bien été « rebasés » dans le projet de loi de finances initiale pour 2026, et ce dans l'action n° 24 « Accès aux droits et égalité professionnelle » et l'action n° 25 « Prévention et lutte contre les violences et la prostitution », ce qui nous permet d'aider financièrement les associations, en matière tant d'accès aux droits que d'accompagnement des femmes victimes de violences.

Vous le voyez, nous prenons bel et bien en compte ces éléments de rémunération du Ségur de la santé parmi les subventions à octroyer pour 2026. L'idée est de maintenir le même niveau d'engagement que celui qui a été le nôtre en 2025.

Pour ces raisons, je demande le retrait de ces huit amendements en discussion commune ; à défaut, j'y serai défavorable.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.

Mme Corinne Féret. Tous ces amendements ont pour objet de demander des moyens supplémentaires pour les associations qui accueillent et accompagnent les femmes victimes de violences. Je veux citer particulièrement les CIDFF, qui font un travail exceptionnel dans chacun de nos départements et chacune de nos régions.

Malheureusement, le nombre de demandes s'accroît très rapidement. C'est pourquoi nous avons déposé ces amendements, madame la ministre. Croyez bien que, sur le terrain, les difficultés rencontrées par les associations sont nombreuses. Nous avons d'ailleurs été toutes et tous interpellés par ces dernières. Alors, entendez-les et répondez à leurs besoins !

M. le président. La parole est à Mme Dominique Vérien, pour explication de vote.

Mme Dominique Vérien. Je suis un peu embêtée.

D'un côté, j'entends bien vos explications, madame la ministre. En effet, la compensation de la prime Ségur a bel et bien été décidée, ce qui plaide pour que je retire mon amendement n° II-1230 rectifié bis.

Mais, de l'autre, on s'aperçoit que de nombreuses missions qui n'incombent pas à ces associations leur ont été assignées en plus. Aussi, je ne retirerai pas mon amendement n° II-1229 rectifié.

M. le président. L'amendement n° II-1230 rectifié bis est retiré.

La parole est à Mme Jocelyne Antoine, pour explication de vote.

Mme Jocelyne Antoine. Je maintiens mon amendement n° II-1098 rectifié. Ce n'est pas parce que je n'ai pas confiance en vous, madame la ministre, mais, chez les paysans de chez nous, on dit toujours que « ce qui est à la maison est à la maison ». Bref, quand c'est écrit, c'est bien aussi ! (Sourires.)

M. le président. La parole est à M. Marc Laménie, pour explication de vote.

M. Marc Laménie. Permettez-moi d'insister à mon tour sur la nécessité d'octroyer des moyens aux associations. Prenons l'exemple du CIDFF du département des Ardennes : c'est une structure de taille très modeste, qui ne compte que quelques salariés, ainsi que des bénévoles. D'autres associations relaient également cette action, mais on sait que la tâche est immense, puisque – vous en avez parlé tout à l'heure, madame la ministre – le nombre des féminicides demeure très élevé.

Il y a également de nombreux problèmes d'ordre juridique à régler. Or les moyens sont limités. Nous avons examiné ce matin les crédits de la mission « Administration générale et territoriale de l'État » : sachez que, dans les Ardennes, la déléguée aux droits des femmes est toute seule.

La lutte contre les violences faites aux femmes se fonde sur un principe simple, celui de la solidarité : mes chers collègues, il faut vraiment aider ces associations !

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Je maintiens également mon amendement. Les 7 millions d'euros de compensation de la prime Ségur sont le fruit de l'accord du Gouvernement, mais aussi de la mobilisation des élus. Alors qu'un crédit de 7 millions d'euros avait été ouvert, vous nous dites maintenant que cette somme est rebasée.

Nous sommes en décembre, les centres d'information sur les droits des femmes et les familles ont dû recevoir leur dotation pour l'année prochaine, et il semble que ces 7 millions d'euros n'y figurent pas. Je veux bien entendre que les budgets sont fongibles, mais il aurait été préférable de faire figurer dans le budget des structures une ligne sur la compensation du Ségur.

Cela a été fait pour d'autres secteurs concernés comme les services de soins infirmiers à domicile (Ssiad).

M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, pour explication de vote.

Mme Cathy Apourceau-Poly. Je maintiens l'amendement n° II-1303.

Finalement, vous êtes en train de nous dire, madame la ministre, que les difficultés de ces associations sont forcément liées au fait que, le budget pour 2025 n'ayant pas été voté dans les délais habituels, elles n'ont pas reçu leurs subventions en temps et en heure. Je tiens quand même à vous rappeler que les subventions ont diminué de 15 % entre 2024 et 2025, ce qui a contribué à fragiliser ces associations.

M. le président. Avant de mettre aux voix ces amendements, je précise, madame Vérien, que votre amendement n° II-1282 rectifié, ainsi que les deux amendements qui lui sont identiques, tendant à allouer 5 millions d'euros de crédits supplémentaires, seront bien examinés ultérieurement.

Je mets aux voix l'amendement n° II-1303.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-825 rectifié et II-1098 rectifié.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1119.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-741 rectifié, II-1142 rectifié et II-1229 rectifié.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. Je suis saisi de cinq amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les trois premiers sont identiques.

L'amendement n° II-1096 rectifié est présenté par M. Bilhac, Mme Briante Guillemont, M. Cabanel, Mme M. Carrère, MM. Fialaire, Gold et Grosvalet, Mmes Guillotin et Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux.

L'amendement n° II-1159 est présenté par M. Benarroche, Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel.

L'amendement n° II-1196 rectifié est présenté par Mme Linkenheld, MM. Uzenat, Temal et Gillé, Mme Poumirol, MM. Tissot et Omar Oili, Mme Brossel, MM. Redon-Sarrazy et Mérillou, Mmes Rossignol, Conway-Mouret, Matray et Bélim et M. Roiron.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

 

 

 

Handicap et dépendance

 

3 500 000

 

3 500 000

Égalité entre les femmes et les hommes

3 500 000

 

3 500 000

 

TOTAL

3 500 000

3 500 000

3 500 000

3 500 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Christian Bilhac, pour présenter l'amendement n° II-1096 rectifié.

M. Christian Bilhac. Cet amendement vise à renforcer les moyens des centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales (CPCA), dont le rôle est déterminant pour prévenir les récidives et mieux protéger les victimes.

Créés à la suite du Grenelle des violences conjugales, ces centres font face à une activité en forte hausse : le nombre de personnes orientées depuis 2022 a augmenté de 43 % ; et plus de 66 000 personnes ont été accompagnées depuis 2021.

Alors même qu'ils ont démontré leur efficacité, leur pérennité est menacée. En effet, l'expérimentation touche à sa fin et les conventions triennales qui les soutenaient ont expiré en décembre 2023. La coordination nationale comme les gestionnaires alertent sur l'urgence d'un financement pérenne, d'un renforcement des effectifs et d'une structuration homogène de l'offre sur tout le territoire.

M. le président. La parole est à M. Guy Benarroche, pour présenter l'amendement n° II-1159.

M. Guy Benarroche. Cet amendement est identique au précédent et a donc pour objet de doter les centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales de véritables moyens.

J'ajoute que j'ai souvent eu l'occasion de rencontrer, dans mon parcours de parlementaire, des acteurs engagés dans la lutte contre les violences intrafamiliales, qu'il s'agisse d'associations, de travailleurs sociaux, de policiers ou de magistrats. Tous m'ont tenu le même discours : si nous voulons empêcher la récidive et garantir la sécurité des victimes, nous devons absolument professionnaliser, structurer et pérenniser le suivi des auteurs.

Or c'est précisément le rôle des CPCA. Nous voyons d'ailleurs que leur activité a augmenté et que ces centres accompagnent et orientent de plus en plus de personnes. Pour maintenir une prise en charge homogène sur tout le territoire, il est nécessaire de leur accorder un soutien budgétaire.

Tous les acteurs de terrain nous alertent sur le sujet. Il faut répondre à leur demande !

M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour présenter l'amendement n° II-1196 rectifié.

M. Simon Uzenat. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° II-1376 rectifié, présenté par Mmes Rossignol, Linkenheld, Bélim et Bonnefoy, M. Bourgi, Mmes Briquet, Brossel, Canalès, Conconne et Conway-Mouret, M. Cozic, Mmes Daniel, de La Gontrie et Féret, M. Gillé, Mmes Le Houerou et Lubin, M. Marie, Mme Matray, M. Mérillou, Mme Monier, M. Omar Oili, Mme Poumirol et MM. Roiron, Ros, Tissot, Uzenat et M. Weber, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

1 000 000

 

1 000 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

1 000 000

 

1 000 000

 

TOTAL

1 000 000

1 000 000

1 000 000

1 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Mme Annie Le Houerou. Il s'agit d'un amendement de repli par rapport aux amendements précédents, visant à maintenir le niveau de financement des centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales.

À cet effet, nous proposons d'augmenter de 1 million d'euros les crédits alloués aux CPCA, afin de maintenir leur budget au niveau de l'année 2025.

Par ailleurs, si ces crédits sont imputés sur le programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes », nous estimons qu'il serait plus opportun de les faire figurer dans le budget du ministère de la justice.

M. le président. L'amendement n° II-1162, présenté par M. Benarroche, Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

 

 

 

Handicap et dépendance

 

750 000

 

750 000

Égalité entre les femmes et les hommes

750 000

 

750 000

 

TOTAL

750 000

750 000

750 000

750 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Guy Benarroche.

M. Guy Benarroche. Cet amendement vise à compenser les financements que les centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales n'ont pas perçus au titre du Ségur de 2024, alors même que les revalorisations salariales leur sont déjà applicables.

L'arrêté du 25 juin 2024 a étendu la prime Ségur à tous les professionnels du secteur social et médico-social à but non lucratif. Il s'agit d'une avancée indispensable pour l'attractivité des métiers, mais elle doit être financée.

Or plusieurs financeurs ont indiqué ne pas disposer des crédits nécessaires, laissant les CPCA assumer seuls un surcoût qu'ils ne peuvent absorber. La coordination nationale des CPCA alerte sur un risque réel de fragilisation économique, alors que ces centres jouent un rôle majeur dans la prévention des violences et la protection des victimes.

Cet amendement tend donc à ouvrir 750 000 euros de crédits pour compenser ces revalorisations, ce qui correspond aux 142 ETP concernés.

Nous prélevons ces crédits sur un autre programme de manière strictement technique pour respecter l'article 40 de la Constitution, mais nous appelons naturellement le Gouvernement à lever le gage pour garantir la continuité de ces dispositifs essentiels dans le cadre de la lutte contre les violences conjugales.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Ces amendements tendent à augmenter les crédits alloués aux CPCA respectivement de 3,5 millions d'euros, de 1 million d'euros et de 750 000 euros.

Au-delà de la situation budgétaire, je crois que les associations de lutte contre les violences ne comprendraient pas que nous augmentions les crédits des CPCA et que nous estimions avoir déjà augmenté les crédits consacrés à l'égalité femmes-hommes.

La commission émet un avis défavorable sur ces amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Je constate que des inquiétudes sont nées au sujet des CPCA et je crois que le sens de l'amendement de repli n° II-1376 rectifié, cosigné notamment par Laurence Rossignol et tendant à allouer 1 million d'euros de crédits, était de les souligner.

Comme vous le savez, nous avons réussi à dégager 5 millions d'euros supplémentaires en fin de gestion pour 2025, dont nous avons décidé qu'une part serait immédiatement allouée aux CPCA. Nous sommes parvenus à en déployer une partie avant la fin de l'exécution du budget pour 2025. Cela nous permettra de maintenir le même niveau d'engagement en 2026 qu'en 2025, pour garantir la continuité des CPCA.

Ces centres ont démontré leur utilité, 66 000 auteurs de violences y ayant été accompagnés. Si nous voulons lutter contre le risque de récidive, il faut évidemment continuer de garantir le financement des CPCA.

Par ailleurs, j'entends les remarques sur le fait que ces crédits pourraient figurer dans un autre programme que le programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes ». Je suis ouverte pour discuter d'une refonte en ce sens, sachant que nous avons demandé une évaluation très précise sur le fonctionnement des CPCA.

Il s'agit d'un exercice interministériel, qui devrait aboutir au plus tard au premier semestre 2026. Nous verrons alors s'il est opportun de revoir les modalités de leur organisation, voire de leur financement.

En tout état de cause, nous garantirons la continuité de leurs actions, qui nous semblent essentielles.

Le Gouvernement demande le retrait de ces amendements ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Le Ségur puis son extension en plusieurs étapes ont d'abord été accueillis par ces structures comme une bonne nouvelle. Mais paradoxalement, les dispositions du Ségur, que le droit du travail exige d'appliquer, sont depuis devenues un facteur de fragilité. Leurs représentants le disent eux-mêmes.

Comme des trous dans la raquette demeurent, certaines structures ne sont toujours pas concernées par le Ségur. Or j'en connais qui renoncent désormais à le demander.

Pour que le Ségur reste une bonne nouvelle, il nous faut compenser son coût depuis 2024.

M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour explication de vote.

M. Simon Uzenat. Madame la ministre, j'ai bien entendu vos propos, mais permettez-moi de citer un exemple.

Le centre de prise en charge des auteurs de violences de la région Centre-Val de Loire, situé à Tours, a reçu au mois de septembre un courrier lui annonçant que sa subvention pour l'année en cours, c'est-à-dire l'année 2025, était divisée par deux.

Je note les engagements que vous venez de prendre. Nous devons, les uns et les autres, leur donner une visibilité et veiller à ce qu'ils soient respectés. Comment pouvons-nous bâtir une politique sur le temps long à coups de mesures aussi changeantes ? Un coup nous disons « oui », un coup nous disons « non », un coup nous disons « divisé par deux »… Les bénévoles ne s'y retrouvent pas !

Madame la ministre, nous comptons sur vous.

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-1096 rectifié, II-1159 et II-1196 rectifié.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1376 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1162.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1270 rectifié, présenté par Mmes O. Richard et Antoine, M. J.M. Arnaud et Mmes Billon et Vérien, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

150 000

 

150 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

150 000

 

150 000

 

TOTAL

150 000

150 000

150 000

150 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Olivia Richard.

Mme Olivia Richard. Cet amendement a été adopté en commission à l'Assemblée nationale et je l'ai repris avec enthousiasme, car il vise à financer une campagne de sensibilisation aux cyberviolences et à la propagation de discours de haine en ligne. Nous devons absolument lutter contre ces phénomènes de toutes nos forces.

Cet amendement est peu coûteux – 150 000 euros – et les crédits qu'il tend à allouer nous donneraient les moyens de nous adresser aux publics vulnérables, notamment les jeunes, là où ils se trouvent. Selon une enquête qui vient de paraître, un jeune, après seulement vingt minutes passées sur les réseaux sociaux, est exposé à des contenus masculinistes. Nous savons quelles dérives cela peut engendrer.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Nous avons accueilli favorablement la volonté du Gouvernement de diminuer ses dépenses de communication.

En outre, de manière générale, la commission des finances doute de l'efficacité de telles campagnes.

La commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Madame la sénatrice, permettez-moi de saluer votre engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes, singulièrement aux femmes victimes de violences à l'étranger.

Comme vient de le rappeler le rapporteur spécial, le Gouvernement a engagé une refonte globale de toute sa stratégie de communication.

Dans la foulée du rapport remis par Véronique Guillotin et Sandrine Josso, j'ai fait de la lutte contre la soumission chimique une priorité. Le Gouvernement s'est engagé à organiser une campagne nationale de mobilisation et de sensibilisation sur cette question. Ma priorité sera de tenir cet engagement.

Par ailleurs, le programme 137 peut être mobilisé pour financer des campagnes de communication. Compte tenu du coût que vous évaluez, la campagne que vous proposez pourrait être financée dans ce cadre.

En outre, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) vient de redéployer son observatoire contre la haine en ligne, au sein duquel siège notre administration, de même que l'association Point de Contact, qui lutte contre les violences faites aux femmes. Peut-être pouvons-nous travailler sur cette question dans ce cadre.

Le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. Madame Richard, l'amendement n° II-1270 rectifié est-il maintenu ?

Mme Olivia Richard. Je tiens tout d'abord à vous remercier, madame la ministre, de l'engagement fort que l'on vous connaît et de la pugnacité qui ne vous fait jamais défaut.

Alors que la délégation sénatoriale aux droits des femmes vient de lancer une mission d'information sur la montée en puissance des réseaux et mouvements masculinistes, j'alerte sur l'impérieuse nécessité de s'intéresser à ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux.

Compte tenu du temps que passent nos jeunes devant des écrans, il va bien falloir que nous nous demandions à quels contenus ils sont exposés.

Toutefois, j'ai conscience du travail de l'Arcom et je visiterai prochainement les locaux de l'association Point de Contact avec la présidente de la délégation aux droits des femmes, Dominique Vérien. Nous sommes tout à fait d'accord et nous allons dans la même direction.

Je retire cet amendement.

M. le président. L'amendement n° II-1270 rectifié est retiré.

L'amendement n° II-1163 rectifié, présenté par Mme Guillotin, M. Bilhac, Mme Briante Guillemont, M. Cabanel, Mmes M. Carrère et N. Delattre, MM. Fialaire, Gold et Grosvalet, Mme Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

7 000 000

 

7 000 000

 

Handicap et dépendance

 

7 000 000 

 

7 000 000 

Égalité entre les femmes et les hommes

 

 

TOTAL

7 000 000

7 000 000

7 000 000

7 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Véronique Guillotin.

Mme Véronique Guillotin. Je fais un petit pas de côté pour aborder la question de la santé mentale périnatale.

Cet amendement vise à renforcer la prévention de la dépression post-partum. Nous savons que la première cause de décès des femmes dans la première année qui suit leur accouchement est le suicide.

Annick Jacquemet et moi-même avons commis un rapport d'information sur la santé périnatale, dans lequel nous formulons de nombreuses propositions. L'une d'entre elles est d'instaurer le remboursement non plus à 70 %, mais à 100 % de l'entretien postnatal, car c'est au cours de cet examen capital que peuvent être repérés les signes de dépression post-partum.

Ces dépressions pouvant aboutir à des suicides, ce qui n'est plus acceptable à l'heure actuelle, cet amendement vise à concrétiser cette disposition.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. La commission considère que cette disposition relève davantage des départements que de l'État, et davantage du PLFSS que du PLF.

Avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Même avis.

M. le président. La parole est à Mme Véronique Guillotin, pour explication de vote.

Mme Véronique Guillotin. L'objet de cet amendement était de lancer un appel à destination de la ministre de la santé – elle n'est pas là, mais je compte sur les ministres présents pour relayer cet appel –, pour lui signaler qu'un rapport d'information sur la santé périnatale a mis au jour des indicateurs catastrophiques en France et qu'il serait vraiment urgent de s'en saisir.

Je le retire donc.

M. le président. L'amendement n° II-1163 rectifié est retiré.

L'amendement n° II-771 rectifié, présenté par Mme Schillinger, MM. Buis et Rambaud, Mmes Cazebonne et Nadille et MM. Lévrier, Mohamed Soilihi, Rohfritsch et Iacovelli, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

500 000

 

500 000

 

Handicap et dépendance

 

1 000 000

 

1 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

500 000

 

500 000

 

TOTAL

1 000 000

1 000 000

1 000 000

1 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Xavier Iacovelli.

M. Xavier Iacovelli. La précarité menstruelle demeure une réalité massive et trop souvent négligée. Faute de moyens, des milliers de femmes et de jeunes filles n'ont toujours pas un accès régulier à des protections adaptées.

Les conséquences sont concrètes : atteintes à la santé, à la dignité et, pour certaines adolescentes, absences répétées à l'école, faute de protections disponibles.

Dans un rapport commis en 2019 et intitulé Précarité menstruelle, changeons les règles, ma collègue Patricia Schillinger a ouvert la voie en documentant cette question invisibilisée et en formulant des recommandations claires. Depuis, des dispositifs ont été engagés, mais ils demeurent insuffisants au regard des besoins.

Aussi, Patricia Schillinger souhaite poursuivre et amplifier ce travail en y apportant un soutien supplémentaire. À cet effet, cet amendement vise à organiser des transferts de crédits afin de renforcer trois priorités : les expérimentations en milieu scolaire, où se jouent l'accès à l'éducation et la lutte contre l'autocensure liée aux règles ; les actions de santé et d'éducation menstruelle, indispensables pour briser les tabous ; et le soutien aux associations qui distribuent gratuitement des protections, y compris réutilisables, aux femmes précaires.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Ce PLF prévoit 10 millions d'euros supplémentaires en faveur de l'aide alimentaire déconcentrée, ce qui permettra aux associations locales de remplir leur mission de lutte contre toutes les précarités.

La commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. La cause est juste et les chiffres, impressionnants : 4 millions de femmes de 18 à 50 ans et 44 % des 18-24 ans sont touchées par la précarité menstruelle. Le rapport de Mme Schillinger est en effet important.

Le ministère du travail et des solidarités – il s'agit en l'occurrence du volet solidarités – conduit une politique structurée de lutte contre la précarité menstruelle, issue d'une expérimentation nationale réussie. Elle repose sur un document-cadre : le pacte des solidarités 2023-2027.

En outre, un plan interministériel pour l'égalité entre les femmes et les hommes est piloté par Aurore Bergé.

Les moyens consacrés à la lutte contre la précarité menstruelle ont été renforcés au bénéfice des associations. Nous sommes en effet tout à fait conscients que celles-ci jouent un rôle crucial dans ce combat. Et ces investissements nous ont permis d'obtenir des résultats concrets : en 2024, 25 millions de protections ont été distribuées via 900 structures relais, sur tout le territoire.

Le ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les discriminations finance, comme vous en avez exprimé le souhait, des expérimentations dans les établissements scolaires, notamment l'installation de distributeurs de protections gratuites et la tenue de cours d'éducation menstruelle, à hauteur de plus de 300 000 euros par an.

Par ailleurs, pour 2026, les crédits du programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes », que nous examinons aujourd'hui, sont maintenus au niveau de 2025. Compte tenu de la contrainte budgétaire, il s'agit d'un gage de volontarisme de la part du Gouvernement, afin de garantir la continuité et la stabilité de cette politique publique.

Dans ces conditions, monsieur le sénateur, nous avons le sentiment que cet amendement est satisfait.

Le Gouvernement en demande donc le retrait ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. Monsieur Iacovelli, l'amendement n° II-771 rectifié est-il maintenu ?

M. Xavier Iacovelli. Non, je le retire, monsieur le président.

Toutefois, je crois que vous commettez une erreur d'appréciation, monsieur le rapporteur spécial. Il ne me semble pas que le programme de précarité alimentaire comprenne la précarité menstruelle. Ce sont des sujets distincts.

M. le président. L'amendement n° II-771 rectifié est retiré.

La parole est à M. le rapporteur spécial.

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Monsieur Iacovelli, les associations d'aide alimentaire distribuent aussi régulièrement des produits sanitaires.

M. Xavier Iacovelli. Ce n'est tout de même pas le même budget !

M. le président. Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les trois premiers sont identiques.

L'amendement n° II-1257 rectifié bis est présenté par MM. Iacovelli et Lévrier, Mme Nadille, MM. Théophile, Buis et Buval, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Kulimoetoke, Lemoyne, Mohamed Soilihi, Patient et Patriat, Mme Phinera-Horth, MM. Rambaud et Rohfritsch, Mme Schillinger et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° II-1258 est présenté par Mmes Rossignol, Monier, Le Houerou et Canalès, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Lubin et Poumirol, M. Bourgi, Mme Brossel, MM. Ziane, Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

L'amendement n° II-1281 rectifié est présenté par Mme Vérien, M. Dhersin, Mmes Sollogoub et O. Richard, MM. S. Demilly et J.M. Arnaud, Mmes Billon et Gacquerre, M. Courtial et Mmes Housseau et Romagny.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

5 000 000

 

5 000 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

5 000 000

 

5 000 000

 

TOTAL

5 000 000

5 000 000

5 000 000

5 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Xavier Iacovelli, pour présenter l'amendement n° II-1257 rectifié bis.

M. Xavier Iacovelli. Cet amendement vise à augmenter de 5 millions d'euros en autorisations d'engagement et en crédits de paiement le programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes » pour développer des actions d'aller-vers en direction des femmes les plus isolées géographiquement.

En effet, les femmes qui vivent dans des territoires très ruraux ou dans les outre-mer rencontrent des difficultés spécifiques d'accès à leurs droits, en raison d'une offre de services publics inégale et des freins de mobilité.

Ces femmes sont parfois isolées ou confrontées à un moindre anonymat, ce qui, dans une situation de violences, peut faire obstacle à la libération de la parole et favoriser un contrôle renforcé de la part des auteurs.

Depuis 2020, à la suite des confinements, qui ont rendu nécessaire d'innover pour accompagner les femmes victimes de violences, des dispositifs d'aller-vers se sont développés en complément des services existants.

Nous proposons des crédits supplémentaires en faveur de ces dispositifs.

M. le président. La parole est à Mme Annie Le Houerou, pour présenter l'amendement n° II-1258.

Mme Annie Le Houerou. J'ajoute que ce sont les associations qui déploient des solutions innovantes d'aller-vers à destination des femmes qui ont besoin de ces crédits, dans la ruralité ou dans les outre-mer.

Nous proposons donc nous aussi d'abonder de 5 millions d'euros le programme 137, notamment pour donner davantage de moyens aux centres d'information sur les droits des femmes et des familles, que nous avons évoqués tout à l'heure et qui en ont bien besoin pour assumer pleinement leurs missions.

M. le président. La parole est à Mme Dominique Vérien, pour présenter l'amendement n° II-1281 rectifié.

Mme Dominique Vérien. Je salue à mon tour le travail des associations. De nombreuses actions ont été déployées pendant la crise covid. Je pense notamment à la tenue de permanences dans les supermarchés, dont nous avons constaté que c'était une bonne façon d'aller vers ces femmes qui, en particulier dans la ruralité, n'ont pas d'association en bas de chez elles.

Je salue également le dispositif des élus ruraux relais de l'égalité, lancé par l'Association des maires ruraux de France (AMRF), plus précisément par la présidente de l'antenne locale de l'association dans l'Yonne, Dominique Chappuit. Je sais qu'une convention a été signée officiellement.

Soutenons ces initiatives : mettons-y 5 millions d'euros !

M. le président. L'amendement n° II-1152 rectifié, présenté par Mme Antoine, M. J.M. Arnaud, Mme Billon, M. S. Demilly, Mme Gacquerre, MM. Hingray et Menonville et Mmes O. Richard et Romagny, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

3 000 000 

 

3 000 000 

Handicap et dépendance

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

 3 000 000

 3 000 000 

TOTAL

3 000 000

3 000 000

3 000 000

3 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Jocelyne Antoine.

Mme Jocelyne Antoine. Je le retire, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° II-1152 rectifié est retiré.

Quel est l'avis de la commission sur les trois amendements identiques ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. La commission sollicite l'avis du Gouvernement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Les dispositifs d'aller-vers ont fait leurs preuves. Vous connaissez l'attachement du Premier ministre aux questions relatives aux territoires ultramarins. Or nous savons que les situations de violences y sont encore plus nombreuses et nécessitent sans doute un renforcement de nos actions.

Le Gouvernement s'en remet donc à la sagesse du Sénat sur ces amendements identiques, et notamment à celle de Dominique Vérien, de Xavier Iacovelli et du groupe socialiste.

M. le président. La parole est à Mme Véronique Guillotin, pour explication de vote.

Mme Véronique Guillotin. Les membres du RDSE voteront largement et avec beaucoup d'enthousiasme en faveur de ces amendements identiques.

M. le président. Madame la ministre déléguée, acceptez-vous de lever le gage ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Le gage est levé, monsieur le président. (Applaudissements sur les travées des groupes UC et RDSE. – M. Xavier Iacovelli applaudit également.)

M. le président. Il s'agit donc des amendements identiques nos II-1257 rectifié ter, II-1258 rectifié et II-1281 rectifié bis.

Je les mets aux voix.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. L'amendement n° II-1233 rectifié, présenté par Mme Vérien, M. Dhersin, Mmes Sollogoub et O. Richard, MM. S. Demilly et J.M. Arnaud et Mmes Billon, Housseau et Romagny, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

4 000 000

 

4 000 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

4 000 000

 

4 000 000

 

TOTAL

4 000 000

4 000 000

4 000 000

4 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Dominique Vérien.

Mme Dominique Vérien. Tous nos rapports le prouvent, l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est absolument essentielle. Il s'agit de la meilleure façon de protéger les enfants, en éduquant les futurs adultes à s'engager dans des relations respectueuses.

Pour que cet enseignement soit efficace, il faut qu'il soit dispensé à l'école. Surtout, il faut déjouer certaines stratégies d'évitement et les fausses informations.

À cet effet, nous préconisons que le ministère organise une campagne d'information nationale, dont nous estimons le coût à 4 millions d'euros. Or le budget communication du ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations ne s'élève qu'à 800 000 euros.

Il nous semble donc indispensable de voter cet amendement pour communiquer, enfin, sur l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Si nous adoptions cet amendement, nous doublerions les crédits du programme par rapport à 2022. Je ne reviendrai pas sur les arguments que j'ai avancés précédemment, mais cela ne nous paraît pas raisonnable.

La commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Même avis.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1233 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1260, présenté par Mmes Rossignol, Le Houerou, Canalès et Monier, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Lubin et Poumirol, M. Bourgi, Mme Brossel, MM. Ziane, Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

2 568 648

 

2 568 648

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

2 568 648

 

2 568 648

 

TOTAL

2 568 648

2 568 648

2 568 648

2 568 648

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Corinne Féret.

Mme Corinne Féret. Cet amendement vise à augmenter de 2,5 millions d'euros les crédits alloués aux politiques d'accès aux droits et d'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.

De nombreux dispositifs essentiels sont en jeu : l'accès aux droits, l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, ou encore l'insertion sociale et professionnelle des femmes.

Alors que l'égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles sont présentées comme des politiques publiques prioritaires, il n'est pas acceptable que les dispositifs d'accès aux droits et d'égalité professionnelle voient leur financement diminuer de près de 10 % par rapport aux années précédentes.

Cet amendement vise ainsi à rétablir le niveau de financement qui était alloué à ces dispositifs en 2025.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Pour les mêmes raisons que celles qu'a invoquées Arnaud Bazin précédemment, la commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Des missions ponctuelles devront peut-être être questionnées, mais les crédits des missions socle sur la question de l'accès aux droits sont bien préservés pour 2026, comme cela avait été le cas en 2025.

Le Gouvernement demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1260.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° II-971 rectifié est présenté par Mme Guillotin, M. Bilhac, Mme Briante Guillemont, M. Cabanel, Mmes M. Carrère et N. Delattre, MM. Fialaire, Gold et Grosvalet, Mme Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux.

L'amendement n° II-1124 est présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

 

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

 

700 000

 

700 000

Handicap et dépendance

 

 

 

 

Égalité entre les femmes et les hommes

700 000

 

700 000

 

TOTAL

700 000

700 000

700 000

700 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Véronique Guillotin, pour présenter l'amendement n° II-971 rectifié.

Mme Véronique Guillotin. Cet amendement vise à rétablir au niveau de 2025 les crédits alloués au programme 137 « Égalité entre les femmes et les hommes », pour deux raisons.

Tout d'abord, il est nécessaire d'appuyer le programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle.

Ensuite, l'introduction du consentement dans la définition pénale du viol exige une ample information du public pour changer les comportements et renforcer la culture du consentement.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l'amendement n° II-1124.

Mme Raymonde Poncet Monge. Le déploiement du programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle et la nécessité de conduire une campagne nationale d'information et de sensibilisation au sujet de l'introduction du consentement dans la définition pénale du viol exigent des moyens.

En effet, les besoins d'information des jeunes sont massifs : l'enquête parue en mars 2025 d'OpinionWay pour Sidaction sur le thème « Les idées reçues des jeunes sur le sida » alerte sur un haut niveau d'idées reçues et fausses. Il convient de les combattre par des missions d'information.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Je me suis précédemment exprimé contre les nouvelles dépenses de communication.

La commission demande le retrait de cet amendement ; à défaut, l'avis sera défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Même avis.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Ce ne sont pas des mesures nouvelles. Il s'agit de rétablir des crédits qui ont été divisés par deux.

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-971 rectifié et II-1124.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à dix-sept heures trente,

est reprise à dix-sept heures quarante.)

M. le président. La séance est reprise.

L'amendement n° II-1271 rectifié, présenté par Mmes O. Richard et Antoine, M. J.M. Arnaud et Mmes Billon et Vérien, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

190 000

190 000

Handicap et dépendance

Égalité entre les femmes et les hommes

190 000

190 000

TOTAL

190 000

190 000

190 000

190 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Olivia Richard.

Mme Olivia Richard. Cet amendement vise à alerter sur les difficultés financières rencontrées par le numéro vert national Sexualités, Contraception, IVG, qui est géré par le Planning familial.

Au moment où toutes les armes dont nous disposons pour lutter contre la désinformation doivent être utilisées, cet amendement est à la fois très important et peu coûteux : 190 000 euros. À votre bon cœur, mes chers collègues ! (Sourires.)

J'ajoute qu'il y a une petite dimension égoïste dans ma démarche. En effet, le Planning familial a développé un tchat à destination des Françaises établies à l'étranger, qui, dans certains pays, sont fortement isolées et ont besoin de pouvoir accéder à de l'information fiable.

C'est pourquoi je vous remercie de bien vouloir voter cet amendement avec enthousiasme ! (Sourires.)

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. La commission, à laquelle il ne paraît pas conforme au principe de séparation des rôles entre le Gouvernement et le Parlement que le pouvoir législatif décide de subventions individuelles, demande le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Je sais l'enthousiasme que la sénatrice Olivia Richard peut parfois, et même souvent, susciter, même si je souhaite en l'occurrence le retrait de son amendement.

Nous continuerons à soutenir massivement le Planning familial, dans le cadre de conventions qui, vous le savez, sont pluriannuelles. Il n'y a aucune ambiguïté quant au maintien des moyens alloués à cette organisation.

Par ailleurs, madame la sénatrice, puisque vous évoquez les Françaises établies hors de France, je vous renvoie à la convention que nous avons signée – vous étiez d'ailleurs présente – avec The Sorority Foundation à propos de la plateforme Save You. C'est d'ailleurs la première fois que nous soutenons cette association, qui est, à nos yeux, essentielle.

Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement. À défaut, son avis serait défavorable.

M. le président. Madame Richard, l'amendement n° II-1271 rectifié est-il maintenu ?

Mme Olivia Richard. Non, je le retire, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° II-1271 rectifié est retiré.

L'amendement n° II-1185 rectifié, présenté par Mmes Canalès et Le Houerou, MM. Bourgi et Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol, Rossignol, Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

800 000 000

800 000 000

Handicap et dépendance

800 000 000

800 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

800 000 000

800 000 000

800 000 000

800 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Mme Annie Le Houerou. Cet amendement vise à abonder de 800 millions d'euros les crédits de l'action n° 17 du programme 304, afin de permettre la mise en œuvre immédiate d'un fonds national pluriannuel pour la protection de l'enfance.

Je ne reviens pas sur la situation catastrophique des services concernés.

La mise en place d'un tel fonds répond directement à une recommandation de la commission d'enquête sur les manquements des politiques publiques de protection de l'enfance. Il y a aujourd'hui un désengagement historique de l'État et un déséquilibre structurel du financement. Les départements assument seuls une charge croissante, sans moyens suffisants.

L'adoption de deux amendements déposés sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale aurait permis d'assurer le financement de cette enveloppe. L'un tendait à la mise en place d'un prélèvement équivalent à 0,03 point de CSG, soit 500 millions d'euros, au profit des départements, quand l'autre avait pour objet l'instauration d'un prélèvement complémentaire de 300 millions d'euros sur l'excédent de la branche famille.

Avec l'amendement n° II-1185 rectifié, nous vous proposons une mesure de justice, d'urgence et de responsabilité face à la situation de la protection de l'enfance dans notre pays.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Je le rappelle, notre assemblée a doublé, en le portant à 600 millions d'euros, le fonds de sauvegarde des départements.

Aussi, et pour toutes les raisons que j'ai déjà indiquées, j'émets un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Madame la sénatrice, le Gouvernement partage votre constat. Nous ne pouvons pas laisser la protection de l'enfance dans l'état où elle se trouve actuellement. Il faut agir, et vite, dès maintenant.

Dans cette perspective, le projet de loi qui sera défendu conjointement par Gérald Darmanin, garde des sceaux, et Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées permettra de réorganiser le fonctionnement de la protection de l'enfance et de mieux définir les moyens à mobiliser.

Je souligne également qu'un certain nombre d'outils disponibles ne sont pas forcément pleinement utilisés. Notre priorité à ce stade réside donc davantage dans la recherche d'une plus grande efficience et dans la mise en œuvre des mesures de refondation prônées par mes collègues ministres que dans la création d'un nouveau fonds.

Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1185 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1305, présenté par Mmes Silvani, Apourceau-Poly, Brulin et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

800 000 000

800 000 000

Handicap et dépendance

800 000 000

800 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

800 000 000

800 000 000

800 000 000

800 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Marianne Margaté.

Mme Marianne Margaté. La loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants, dite loi Taquet, est une avancée pour les jeunes majeurs protégés par l'aide sociale à l'enfance (ASE), puisqu'elle rend juridiquement obligatoire leur accompagnement jusqu'à l'âge de 21 ans.

Cependant, le réseau Cause Majeur ! a démontré que, trois ans après son entrée en vigueur, cette loi n'est toujours pas appliquée dans de nombreux départements. De nombreux jeunes majeurs de la protection de l'enfance subissent des ruptures sèches, aggravant leur précarité financière et émotionnelle.

L'Insee a d'ailleurs révélé qu'un quart des sans-abri nés en France ont été pris en charge par l'ASE au cours de leur minorité. En moyenne, les jeunes majeurs sont accompagnés jusqu'à l'âge de 19 ans et 9 mois, au lieu de 21 ans, en raison du manque de financements.

En effet, dans ses trois derniers projets de loi de finances, l'État n'a octroyé aux départements que 50 millions d'euros supplémentaires pour mettre en œuvre cette obligation. Cette somme est très insuffisante. Nous proposons donc, par cet amendement, d'augmenter l'enveloppe de 80 millions d'euros.

M. le président. L'amendement n° II-1182 rectifié, présenté par Mmes Canalès et Le Houerou, MM. Bourgi et Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol, Rossignol, Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

800 000 000

800 000 000

Handicap et dépendance

800 000 000

800 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

800 000 000

800 000 000

800 000 000

800 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Mme Annie Le Houerou. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Certes, les dépenses de l'aide sociale à l'enfance départementale sont très importantes, et leur progression est rapide – de 6,6 % entre 2024 et 2025 selon la Cour des comptes.

Néanmoins, je laisse à Mme la ministre le soin de décrire l'ensemble – non négligeable, semble-t-il –, des dispositifs de soutien de l'État aux départements dans le champ de la protection de l'enfance.

La commission émet donc un avis défavorable sur ces deux amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. L'avis du Gouvernement sera également défavorable, pour les raisons que j'ai déjà exposées lors de l'examen de précédents amendements.

Conformément à ses obligations constitutionnelles, l'État apporte depuis 2022 une compensation aux compétences supplémentaires dévolues aux départements en matière d'accompagnement des jeunes majeurs, à hauteur de 50 millions d'euros par an.

Une mission conduite par l'inspection générale des affaires sociales (Igas) a mis en évidence qu'un certain nombre d'instruments créés par des textes récents étaient, là aussi, très peu utilisés. Notre priorité est donc de faire en sorte qu'ils le soient davantage. Nous nous mobiliserons également fortement dans le cadre du projet de loi sur la protection de l'enfance, qui va arriver prochainement.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1305.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1182 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1147, présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

40 000 000

40 000 000

Handicap et dépendance

40 000 000

40 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

40 000 000

40 000 000

40 000 000

40 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. De nombreux acteurs dénoncent la saturation et la maltraitance institutionnelle de certains foyers collectifs de la protection de l'enfance.

Face à ce constat partagé, un mouvement d'innovation s'amorce autour de ces structures de petite capacité que sont les maisons d'enfants à caractère social, dites micro-Mecs. Celles-ci, qui sont expérimentées dans plusieurs départements, accueillent de quatre à six enfants dans un cadre plus proche du foyer familial, avec une équipe éducative resserrée et stable permettant la continuité du lien éducatif. Les évaluations menées à cet égard mettent en évidence leur effet positif.

Le présent amendement vise donc à créer un fonds national d'expérimentation pour le développement des micro-Mecs. Cela permettra de cofinancer avec les départements et les associations gestionnaires la création d'environ une centaine de structures nouvelles, d'appuyer la formation spécifique des équipes éducatives et de financer une évaluation indépendante. Le petit format de telles structures facilite une meilleure articulation avec les services de santé, de scolarité et d'insertion.

Le dispositif que nous proposons s'inscrit dans le prolongement des orientations du rapport Taquet en faveur de l'ouverture de lieux de vie à dimension humaine, où l'enfant est un sujet, et non un dossier.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1147.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-376 rectifié bis, présenté par MM. Théophile, Buis, Rambaud et Buval, Mme Phinera-Horth, M. Iacovelli, Mme Nadille, M. Mohamed Soilihi, Mme Schillinger et M. Rohfritsch, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

2 000 000

2 000 000

Handicap et dépendance

2 000 000

2 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

2 000 000

2 000 000

2 000 000

2 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Teva Rohfritsch.

M. Teva Rohfritsch. Cet amendement, déposé sur l'initiative de notre collègue Théophile, vise à renforcer les moyens consacrés à l'accompagnement social des jeunes, dont la situation s'est fortement dégradée.

Selon Santé publique France, les symptômes anxiodépressifs chez les 17 ans ont plus que doublé depuis 2017. Les 18-24 ans connaissent un niveau de détresse inédit. Les agences régionales de santé (ARS) constatent aussi une hausse durable des passages aux urgences pour des idées suicidaires.

Face à cela, les maisons de solidarité, les associations socioéducatives et les maisons des adolescents sont en première ligne.

Dans les outre-mer, la situation est encore plus préoccupante. Les niveaux de détresse psychique sont supérieurs de dix points à vingt points à ceux de l'Hexagone.

Cet amendement, certes bien modeste au regard de l'ampleur de la crise, vise à soutenir les acteurs qui sont en première ligne. Je demande donc au Gouvernement de lever le gage.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Le financement des maisons des adolescents relevant de l'ARS et des collectivités territoriales, une telle mesure aurait plutôt sa place dans une loi de financement de la sécurité sociale ou de la mission « Relations avec les collectivités territoriales ».

La commission sollicite donc le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Les enjeux qui viennent d'être abordés sont évidemment majeurs.

Je le rappelle, nous menons déjà des politiques, financées notamment dans le cadre des lois de financement de la sécurité sociale, de prévention et d'accompagnement des enfants, des adolescents et des jeunes majeurs.

Je partage l'avis de M. le rapporteur : un document de politique transversale constitué en 2025 a établi que près de 120 milliards d'euros étaient mobilisés dans le cadre de ces politiques publiques. Je ne suis pas favorable à la mise en place d'un dispositif supplémentaire.

C'est pourquoi j'émets un avis défavorable sur cet amendement.

M. Teva Rohfritsch. Je retire l'amendement, monsieur le président !

M. le président. L'amendement n° II-376 rectifié bis est retiré.

L'amendement n° II-1190, présenté par Mmes Féret, Le Houerou et Canalès, M. Kanner, Mme Conconne, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

150 000 000

150 000 000

Handicap et dépendance

150 000 000

150 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

150 000 000

150 000 000

150 000 000

150 000 000

SOLDE

0

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La parole est à Mme Corinne Féret.

Mme Corinne Féret. La loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées avait suscité un immense espoir, celui d'une compensation réelle des conséquences du handicap et d'un accès renforcé à l'emploi.

Vingt ans plus tard, le bilan que nous dressons avec mes collègues Marie-Pierre Richer et Chantal Deseyne dans le rapport que nous avons remis est en demi-teinte. Les objectifs de 2005 n'ont pas été pleinement atteints, et il reste beaucoup à faire pour améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap.

L'un des angles morts les plus frappants est la barrière d'âge des 60 ans, qui est véritable anomalie de notre système : avant cet âge, la personne est considérée comme handicapée ; après, elle devient « dépendante ». Et ce changement de régime, incompris et injuste, conduit à une prise en charge moins favorable via l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). La prestation de compensation du handicap (PCH), qui est plus complète et individualisée, devrait être accessible à tous, quel que soit l'âge de survenue du handicap.

Pourtant, la loi de 2005 prévoyait explicitement la suppression de cette barrière d'âge au plus tard en 2010. Vingt ans après, l'entrée en vigueur de cette mesure est toujours reportée.

Notre société doit aller vers un système continu, cohérent et universel, qui répond aux besoins de la naissance à la fin de vie. Cela impose donc la levée de la barrière d'âge.

Tel est le sens de notre amendement.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Le coût de cet amendement, soit 150 millions d'euros, paraît très élevé ; je vous renvoie aux arguments que j'ai déjà développés précédemment, ma chère collègue.

Au demeurant, comme l'État ne finance pas la PCH, une telle mesure relève plus d'un projet de loi de financement de la sécurité sociale.

La commission émet donc un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Je souhaite insister sur deux éléments.

Premièrement, ce qui doit nous mobiliser pleinement, plus que les questions de compensation ou de barrière d'âge, c'est l'objectif de l'accessibilité universelle : construire une société qui soit totalement inclusive et dans laquelle il n'y ait pas besoin de compensation, chacun, quel que soit son handicap, pouvant vivre sa citoyenneté pleine et entière.

Deuxièmement, conformément à la volonté du Parlement et, plus particulièrement, de la Haute Assemblée, le texte adopté sur l'initiative de l'ancien sénateur Gilbert Bouchet va être promulgué, ce qui aura pour conséquence une levée partielle de la barrière d'âge, en l'occurrence au profit des personnes atteintes de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Les décrets paraîtront bientôt. Je connais l'attachement du président Larcher à ce dossier.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.

Mme Corinne Féret. Monsieur le rapporteur spécial, ce que vous dites sur la PCH est juste, mais je me dois de vous signaler que j'avais déposé un amendement en la matière sur le PLFSS et qu'il a été « retoqué » au titre de l'article 40 de la Constitution. En tout état de cause, notre proposition s'inscrit pleinement dans l'esprit universel de la cinquième branche. C'est la raison pour laquelle nous l'avons formulée.

En outre, madame la ministre, puisque vous avez fait référence à la loi adoptée sur l'initiative de notre ancien collègue sénateur Bouchet, je vous rappelle que nous attendons toujours les décrets d'application. J'y insiste, ce texte voté par tous doit pouvoir entrer en vigueur.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1190.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1302, présenté par Mmes Silvani, Apourceau-Poly, Brulin et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

122 400 000

122 400 000

Handicap et dépendance

122 400 000

122 400 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

122 400 000

122 400 000

122 400 000

122 400 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Silvana Silvani.

Mme Silvana Silvani. Voilà quinze jours, lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026, le Sénat a adopté un amendement tendant à exclure l'allocation aux adultes handicapés (AAH) des minima sociaux concernés par l'année blanche.

Par cohérence, mes chers collègues, nous vous invitons à soutenir cet amendement, qui tend à relever de 122,4 millions d'euros les crédits de l'action n° 12 du programme 157, « Handicap et dépendance ».

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Nous considérons qu'un amendement gouvernemental serait un meilleur véhicule en faveur d'une telle disposition.

La commission sollicite donc le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Le Premier ministre a pris un engagement en ce sens dans le cadre des débats sur la loi de financement de la sécurité sociale. Le Gouvernement déposera donc un amendement visant à tirer les conséquences de l'adoption du PLFSS… lorsque celui aura été adopté.

Mme Silvana Silvani. Je retire l'amendement, monsieur le président !

M. le président. L'amendement n° II-1302 est retiré.

L'amendement n° II-1188, présenté par Mme Féret, M. Uzenat, Mmes Le Houerou et Canalès, M. Kanner, Mme Conconne, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

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+

-

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Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

13 000 000

13 000 000

Handicap et dépendance

13 000 000

13 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

13 000 000

13 000 000

13 000 000

13 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Mme Annie Le Houerou. Cet amendement vise à rétablir une mesure qui avait été adoptée dans le PLF pour 2024 et qui visait à faciliter le cumul de l'allocation aux adultes handicapés et d'une activité professionnelle, notamment pour les personnes pouvant reprendre un emploi en milieu ordinaire et au-delà du mi-temps.

Je rappelle qu'une enveloppe budgétaire de 13 millions d'euros avait été prévue ; nous demandons son rétablissement. Elle garantissait le maintien pendant deux ans de la restriction substantielle et durable d'accès à l'emploi (RSDAE) lors du renouvellement des droits pour les bénéficiaires de l'AAH2 en activité.

Cette mesure simple, concrète et parfaitement ciblée permettait de sécuriser le parcours des personnes handicapées, en évitant que la reprise d'activité ne les pénalise. Il est donc indispensable de la rétablir, sachant qu'elle a été supprimée au printemps dernier.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Nous comprenons l'intention des auteurs de cet amendement, mais l'AAH constitue déjà la dépense la plus dynamique de la mission. En effet, depuis 2019, ses charges ont augmenté en moyenne de 5,3 % par an, en particulier du fait de la hausse du nombre d'allocataires de l'AAH2.

Nous avons également acté plusieurs progrès pour les bénéficiaires ces dernières années. Je pense notamment à la déconjugalisation.

Enfin, comme cela a été dit précédemment, le Sénat s'est opposé au gel de l'AAH en 2026 ; nous avons entendu la réponse de la ministre à l'instant.

Vous le voyez, beaucoup a déjà été fait. Compte tenu des contraintes budgétaires, la commission sollicite le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Nous touchons là un problème de fond, celui de la structuration des revenus des personnes qui travaillent tout en percevant l'AAH.

À force de dérogations, le système qui a été bâti n'encourage pas le travail par un gain important de revenus en cas de reprise d'activité. Nous aurons le même débat tout à l'heure à propos du cumul de l'AAH et de la prime d'activité.

Aujourd'hui, l'AAH est bien conçue comme un revenu pour les personnes qui sont empêchées de travailler du fait de leur handicap. C'est le sens des limites horaires qui ont été fixées : une personne qui peut les dépasser n'est pas considérée comme très lourdement empêchée de travailler du fait son handicap.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement, tout en souhaitant que nous puissions continuer de travailler sur le sujet, afin de revoir l'articulation entre les différents revenus pour valoriser davantage le travail sans fragiliser financièrement les personnes en situation de handicap.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1188.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1189, présenté par Mmes Féret, Le Houerou et Canalès, M. Kanner, Mme Conconne, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

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Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

Handicap et dépendance

10 000 000

10 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

10 000 000

10 000 000

TOTAL

10 000 000

10 000 000

10 000 000

10 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Corinne Féret.

Mme Corinne Féret. Nous refusons la suppression de l'octroi de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) aux personnes détenues. En effet, cette mesure, prévue dans le présent projet de loi de finances, est injuste, disproportionnée et contraire aux principes fondamentaux de notre République.

Rappelons la réalité : lorsqu'une personne bénéficiaire de l'AAH est détenue, ses droits sont réduits à hauteur de 30 % chaque mois. De plus, comme elle est en situation de handicap, elle ne peut pas exercer un travail rémunéré en détention. En la privant de l'AAH, on la laisserait donc sans aucun revenu, sans aucun filet de sécurité financier minimal, dans un contexte où elle est déjà extrêmement vulnérable.

Supprimer le bénéfice de l'AAH en prison constituerait une rupture d'égalité manifeste et violerait nos engagements internationaux.

Mes chers collègues, la privation de liberté ne doit pas devenir une privation de droits fondamentaux !

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. La commission demande le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. L'AAH vise à aider l'allocataire à subvenir à ses besoins, et non à compenser le handicap.

Lorsqu'une personne est déjà pleinement prise en charge par la collectivité et qu'elle n'a pas à supporter de frais d'hébergement ou d'entretien, il n'y a pas de raison que la société lui octroie, au titre de la solidarité, un revenu.

Par conséquent, j'émets un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.

Mme Corinne Féret. J'entends vos arguments, mais ils sont contestables.

Vous dites que l'AAH est un revenu et qu'il n'y a pas lieu que la solidarité nationale intervienne pour soutenir financièrement une personne en situation de handicap incarcérée. Mais ces personnes ne peuvent pas exercer un emploi en prison, à la différence des autres détenus ! Je rappelle en outre que le montant de l'AAH en prison est plafonné à 30 % du taux plein. Cela signifie que ces personnes perçoivent, dans ce cas, 300 euros ou 400 euros, au maximum.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires (GEST) soutient cet amendement.

Il convient de replacer cette question dans le contexte plus général des conditions de détention des personnes handicapées, lesquelles sont souvent indignes, comme j'ai pu le constater.

L'Observatoire international des prisons dénonce l'absence d'aménagements suffisants pour accueillir les personnes en situation de handicap incarcérées. Il a documenté de nombreux cas d'atteinte aux droits de ces personnes. Tout cela les empêche, notamment, d'exercer un emploi en prison, le cas échéant.

De plus, supprimer l'AAH en prison irait à l'encontre des engagements internationaux de la France. Ces derniers obligent en effet les États parties à garantir aux personnes handicapées un niveau de vie adéquat pour elles-mêmes et pour leurs familles.

Selon vous, madame la ministre, l'AAH est un simple revenu, qui n'a pas vocation à compenser le handicap. Non ! Cette allocation est attribuée aussi en raison de l'existence d'un handicap reconnu. Or celui-ci persiste pendant la détention.

Supprimer totalement cette allocation en prison, alors que son montant est déjà réduit dans ce cas, reviendrait en quelque sorte à invisibiliser le handicap. L'AAH permet aussi aux personnes détenues de respecter certaines obligations extérieures à la prison et de préparer leur sortie. Sa suppression compromettrait la réinsertion des personnes concernées.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1189.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-261 rectifié, présenté par MM. J.B. Blanc et J.M. Boyer, Mme V. Boyer, MM. Bonhomme, Cambon et Margueritte, Mme Lassarade, M. Frassa, Mme Muller-Bronn, MM. Bruyen, H. Leroy et Sol, Mmes Di Folco et Noël, M. Anglars, Mme P. Martin, M. Gremillet, Mme Canayer, MM. Klinger, Genet, Paul et Delia, Mme Bellurot et M. Houpert, est ainsi libellé :

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Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

Handicap et dépendance

15 000 000

15 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

15 000 000

15 000 000

TOTAL

15 000 000

15 000 000

15 000 000

15 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Jean-Baptiste Blanc.

M. Jean-Baptiste Blanc. La prestation de compensation du handicap (PCH) comporte aujourd'hui une incohérence profonde, que les familles dénoncent depuis des années.

En effet, si les auxiliaires de vie peuvent accompagner les personnes en situation de handicap pour les actes essentiels du quotidien – la toilette, l'habillage, les repas, les déplacements –, ils ne peuvent pas le faire pour le ménage, l'entretien du logement ou les courses.

Pourtant, ces actes sont indispensables à la vie quotidienne et ils pourraient être réalisés par les mêmes professionnels, car ces derniers sont déjà autorisés, par ailleurs, à les effectuer pour aider les personnes âgées qui perçoivent l'allocation personnalisée d'autonomie (APA). Voilà une situation injuste et discriminatoire.

Cet amendement tend à aligner la PCH aide humaine sur l'APA, pour permettre un accompagnement global du bénéficiaire par un seul professionnel.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. La PCH relève non pas de la compétence de l'État, mais de celle des départements. Je rappelle, par ailleurs, que le Sénat a doublé le montant du fonds de sauvegarde des départements, à 600 millions d'euros.

Je demande donc le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-261 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1194, présenté par Mmes Féret et Le Houerou, MM. Uzenat et Redon-Sarrazy, Mme Canalès, M. Kanner, Mme Conconne, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, M. Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

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Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

57 000 000

57 000 000

Handicap et dépendance

57 000 000

57 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

57 000 000

57 000 000

57 000 000

57 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Simon Uzenat.

M. Simon Uzenat. Cet amendement, déposé sur l'initiative de Corinne Féret, vise un double objectif pour renforcer l'inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap.

Il s'agit tout d'abord de reconduire, pour 2026, les crédits du Fonds d'accompagnement de la transformation des établissements et services d'accompagnement par le travail (Fatésat), à hauteur de 16 millions d'euros.

L'inspection générale des affaires sociales (Igas) a objectivé la situation de façon très claire : plus de la moitié des établissements et services d'accompagnement par le travail (Ésat) sont aujourd'hui déficitaires, alors qu'ils ont fait la preuve de leur efficacité sur tous les territoires. Ils ont besoin, plus que jamais, d'une visibilité pluriannuelle. Les chiffres le montrent : si 488 projets ont été financés en 2022, pour un montant de 21 millions d'euros, plus de 300 projets recevables n'ont pas pu être financés faute de crédits suffisants. La dynamique est très favorable, on le constate partout. Il faut donc l'accompagner.

Ensuite, cet amendement vise à rehausser le montant de la dotation destinée à financer les aides au poste, afin de revenir montant qui avait été voté dans la loi de finances pour 2025, soit 41 millions d'euros.

J'y insiste, le soutien aux Ésat est un soutien à l'activité économique qui favorise l'inclusion et qui permet, sur tous les territoires, de dynamiser l'économie locale.

M. le président. L'amendement n° II-1177, présenté par M. Benarroche, Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

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+

-

+

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Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

16 000 000

16 000 000

Handicap et dépendance

16 000 000

16 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

16 000 000

16 000 000

16 000 000

16 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Guy Benarroche.

M. Guy Benarroche. Cet amendement vient d'être excellemment défendu, monsieur le président.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Nous considérons que le Sénat a déjà adopté de nombreuses mesures en faveur des Ésat l'année dernière, notamment en votant en faveur d'un réabondement exceptionnel du Fatésat et de la prise en charge par l'État de la moitié de la part employeur de la complémentaire santé pour les travailleurs des Ésat.

De plus, nous proposons de supprimer l'article 79, qui comporte une mesure susceptible de pénaliser les travailleurs handicapés.

La commission émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° II-1194 et une demande de retrait pour l'amendement n° II-1177.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Le Gouvernement soutient les Ésat, puisqu'il prévoit dans ce projet de loi de finances de maintenir leur dotation au même niveau que l'année dernière. De même, le Fatésat, qui été mis en place en 2022, a été réabondé l'an dernier, ce qui a bénéficié aux Ésat.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur ces amendements.

M. le président. La parole est à M. Guy Benarroche, pour explication de vote.

M. Guy Benarroche. Je ne comprends pas bien votre argument, madame la ministre : ce n'est pas parce que le Fatésat a été créé en 2022 et réabondé en 2025, qu'il ne sera pas nécessaire de le réabonder de nouveau à l'avenir !

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Je n'ai pas dit qu'il n'y a plus de besoins. J'ai simplement indiqué que nous leur avions déjà apporté des réponses et que nous ne pouvons pas en apporter une nouvelle cette année.

Mme Corinne Féret. Vous nous direz la même chose l'année prochaine !

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1194.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1177.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1120, présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

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(En euros)

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+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

41 600 000

41 600 000

Handicap et dépendance

41 600 000

41 600 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

41 600 000

41 600 000

41 600 000

41 600 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. Cet amendement, soutenu par APF France handicap, a été déposé par la rapporteure à l'Assemblée nationale et adopté en commission.

Le projet de loi de finances prévoit une baisse de 2,6 % des crédits alloués à la garantie de rémunération des travailleurs handicapés dans les Ésat.

Cet amendement vise à abonder ces crédits de 41,6 millions d'euros, afin de reconduire l'an prochain le montant qui figurait dans la loi de finances initiale pour 2025.

Depuis 2021, le Gouvernement a engagé un plan de transformation des Ésat, afin de rapprocher le milieu protégé de travail du milieu ordinaire. Cela a permis d'élargir les droits des travailleurs handicapés, tout en maintenant l'AAH.

Ces évolutions sont positives, mais les moyens budgétaires se révèlent insuffisants pour financer les nouvelles obligations imposées aux établissements, telles que la mise en place d'une complémentaire santé obligatoire.

L'inspection générale des finances (IGF) et l'Igas estimaient, dans un rapport paru en février 2024, que la part des Ésat en déficit passerait de 29 %, avant la réforme, à 42 % ensuite en l'absence de compensation de l'État.

À ces difficultés s'ajoutent les retards récurrents de versement de l'aide au poste par l'Agence de services et de paiement (ASP). Dans ce contexte, la réduction des crédits de l'État serait en contradiction avec les objectifs affichés.

M. le président. L'amendement n° II-487 rectifié bis n'est pas soutenu.

Les deux amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° II-787 rectifié est présenté par Mme Antoine, MM. Pillefer et J.M. Arnaud, Mmes Billon et Bourguignon, MM. Cambier, S. Demilly et Hingray, Mmes Housseau et Joseph, M. Menonville et Mmes O. Richard, Romagny et Saint-Pé.

L'amendement n° II-1116 rectifié est présenté par MM. Bilhac et Cabanel, Mme M. Carrère, MM. Daubet, Fialaire, Gold et Grosvalet, Mmes Guillotin et Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

41 000 000

41 000 000

Handicap et dépendance

41 000 000

41 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

41 000 000

41 000 000

41 000 000

41 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Jocelyne Antoine, pour présenter l'amendement n° II-787 rectifié.

Mme Jocelyne Antoine. Cet amendement vise à majorer les crédits du programme 157, « Handicap et dépendance », afin d'augmenter la dotation consacrée au financement des aides au poste versées au titre de la garantie de rémunération des travailleurs handicapés dans les Ésat.

Les crédits alloués aux Ésat ont diminué de manière continue depuis deux ans, ce qui représente une baisse totale de 56 millions d'euros entre 2024 et 2026. Pour preuve, les crédits de la dotation visée s'élèvent à 1,558 milliard d'euros dans le projet de loi de finances 2026, alors qu'ils se montaient à 1,614 milliard en 2024.

Or aucune considération d'ordre budgétaire ou programmatique ne permet d'étayer cette contradiction, alors que les besoins d'accompagnement augmentent et que le nombre de places en Ésat demeure gelé depuis le moratoire instauré par l'État en 2013.

M. le président. La parole est à M. Christian Bilhac, pour présenter l'amendement n° II-1116 rectifié.

M. Christian Bilhac. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Je ne reviens pas sur les conséquences budgétaires qu'aurait l'adoption de ces amendements – nous en avons parlé à plusieurs reprises. Je ne rappellerai pas non plus les nombreuses mesures que nous avons adoptées l'année dernière en faveur des Ésat, puisque mon collègue vient de le faire.

La commission émet un avis défavorable sur ces amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Je rappelle tout d'abord que, en contrepartie de la mise en œuvre, désormais obligatoire, d'une complémentaire santé, l'État verse une compensation partielle, pour un montant de près de 17 millions d'euros en 2025.

Par ailleurs, je souhaite vous rassurer, mesdames, messieurs les sénateurs : la baisse affichée de la dotation destinée à financer les aides au poste dans les Ésat est compensée par un prélèvement sur la trésorerie de l'Agence de services et de paiement, de sorte que cette mesure sera – je le dis très solennellement ici – sans impact sur le niveau de financement de l'aide au poste versée par l'État aux Ésat.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur ces amendements.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1120.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-787 rectifié et II-1116 rectifié.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. L'amendement n° II-1192, présenté par Mmes Féret, Le Houerou et Canalès, M. Kanner, Mme Conconne, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

2 000 000

2 000 000

Handicap et dépendance

2 000 000

2 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

2 000 000

2 000 000

2 000 000

2 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Corinne Féret.

Mme Corinne Féret. Cet amendement vise à créer, enfin, un simulateur de ressources dédié aux travailleurs en Ésat. En effet, un tel outil est indispensable pour garantir la transparence, la confiance et l'effectivité du droit à l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap.

En dépit des avancées de la loi du 21 février 2022, relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l'action publique locale (3DS), et du décret du 22 décembre de 2022, relatif au calcul de l'allocation aux adultes handicapés en cas d'activité simultanée et à temps partiel en milieu ordinaire et dans un établissement et service d'aide par le travail, qui permettent de cumuler une activité en milieu ordinaire et en Ésat, cette faculté reste très rarement utilisée, car les personnes concernées n'ont aucune visibilité sur l'impact d'un cumul d'emplois sur leurs ressources, en particulier sur le montant de l'AAH.

La création d'un simulateur de calcul de l'AAH a été annoncée à plusieurs reprises, mais elle est aujourd'hui repoussée à 2026 ou à 2027.

Par cet amendement, nous demandons donc la mise en place d'un simulateur de ressources complet et adapté aux réalités des travailleurs en Ésat.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Un simulateur de calcul a déjà été déployé, mais Mme la ministre nous en dira certainement plus sur ce point.

Je demande donc le retrait de cet amendement, qui est satisfait.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. N'allez pas croire que le Gouvernement n'est pas favorable à la création d'un tel stimulateur. Bien au contraire, nous souhaiterions ardemment disposer d'un tel outil, qui permettrait aux travailleurs en Ésat de se projeter et de mesurer les conséquences sur leurs revenus globaux.

Le problème est que les travaux visant à le mettre en œuvre ont été arrêtés. J'ai donc décidé de reprendre le dossier en main, pour remettre l'ouvrage sur le métier et faire en sorte que ce simulateur puisse être développé en 2026. Le Gouvernement a bien l'intention de se doter d'un tel outil.

Cet amendement est donc satisfait : j'en demande le retrait.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1192.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-256 rectifié, présenté par MM. J.B. Blanc, J.-M. Boyer et Bonhomme, Mme V. Boyer, MM. Cambon et Margueritte, Mme Lassarade, M. Frassa, Mme Muller-Bronn, MM. Bruyen, H. Leroy et Sol, Mmes Di Folco et Noël, M. Anglars, Mme P. Martin, M. Gremillet, Mme Canayer, MM. Klinger, Genet, Paul et Delia, Mme Bellurot et M. Houpert, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

Handicap et dépendance

20 000 000

20 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

20 000 000

20 000 000

TOTAL

20 000 000

20 000 000

20 000 000

20 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Jean-Baptiste Blanc.

M. Jean-Baptiste Blanc. Nous voulons, par cet amendement, relayer des propositions qui nous ont été adressées à l'occasion du DuoDay au Sénat. Nos invités doivent savoir que les demandes qu'ils ont formulées dans le cadre de ces travaux ont eu une suite.

Par ailleurs, cet amendement vise aussi à répondre à une urgence qui a été exposée tout à l'heure : il s'agit de remédier à l'insuffisance grave de formation des auxiliaires de vie qui interviennent auprès des personnes en situation de handicap.

Nous proposons donc d'augmenter les crédits du programme « Handicap et dépendance », afin de mettre en place, notamment, une formation obligatoire et une professionnalisation continue.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Pour les raisons budgétaires déjà évoquées, j'exprime, à regret, un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. J'émets un avis défavorable, car ces fonds relèvent des opérateurs de compétences (OPCO).

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-256 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1151, présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

2 000 000

2 000 000

Handicap et dépendance

2 000 000

2 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

2 000 000

2 000 000

2 000 000

2 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. Cet amendement vise à créer un fonds de soutien à la participation des personnes handicapées à la vie politique.

Un tel fonds permettrait de concrétiser le droit à la participation politique des personnes handicapées, grâce à une prise en charge par l'État des dépenses de compensation du handicap engagées, aussi bien lors d'une campagne électorale que dans le cadre de l'exercice du mandat.

Selon l'association Handéo, la représentation politique des personnes handicapées reste très faible : moins de 1 % des personnes élues vivent avec un handicap, alors que 12 millions de Français sont dans cette situation. C'est un constat.

En dépit des droit reconnus par la convention de l'ONU relative aux droits des personnes handicapées, l'inaccessibilité de nombreux lieux de décision, le manque de moyens financiers, ainsi que les stéréotypes, limitent la pleine inclusion des personnes handicapées.

L'association Handéo évalue les besoins actuels des élus municipaux en situation de handicap à environ 2 millions d'euros.

C'est pourquoi le fonds que nous proposons de créer serait abondé à hauteur de 2 millions d'euros.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. La représentation démocratique implique le droit d'être représenté et d'être élu. À cet égard, la situation des personnes en situation de handicap ne peut évidemment que nous interpeller, et nous ne pouvons qu'être favorables, dans cet hémicycle, à une amélioration de la représentation démocratique.

Pour autant, il existe déjà une prestation de compensation du handicap, comme l'indique d'ailleurs l'objet de l'amendement, qui permet de prendre en charge une partie des besoins.

Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Même avis.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Si je vous entends bien, cela signifie que la PCH, qui sert à couvrir les besoins de la vie courante, de la vie familiale et du quotidien des personnes concernées, devrait aussi financer le surplus de dépenses liés à l'exercice d'un mandat électoral, tels que des déplacements par exemple !

Néanmoins, ce n'est pas le rôle de la PCH, qui est destinée à aider les personnes en situation de handicap à assumer leurs besoins courants.

Le fonds, dont nous demandons la création, comme celle-ci a d'ailleurs été demandée à l'Assemblée nationale, vise à couvrir les frais liés à une campagne électorale ou à l'exercice du mandat.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1151.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1308, présenté par Mmes Gréaume, Silvani, Apourceau-Poly, Brulin et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

2 000 000

2 000 000

Handicap et dépendance

2 000 000

2 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

2 000 000

2 000 000

2 000 000

2 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Silvana Silvani

Mme Silvana Silvani. Cet amendement de Michelle Gréaume vise à soutenir l'accueil familial, qui est confronté à une crise de recrutement et à un effondrement de son attractivité.

Le nombre d'accueillants familiaux est en diminution constante : selon les données disponibles, 48 % d'entre eux ont 60 ans ou plus, ce qui témoigne d'un vieillissement préoccupant de cette population, faute d'un renouvellement suffisant.

Cette situation s'explique par plusieurs facteurs bien identifiés : un statut complexe et insuffisamment lisible, un cadre réglementaire obsolète, une rémunération particulièrement faible, pour un engagement vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept.

Il en résulte une précarisation généralisée d'une activité qui est pourtant essentielle à la prise en charge de personnes vulnérables dans des conditions dignes et personnalisées.

Le présent amendement vise donc à augmenter le budget concerné de 2 millions d'euros, pour revaloriser cette activité.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. La compétence en matière d'accueil familial relève des départements, et le Sénat a le souci de respecter les compétences des collectivités territoriales.

J'ajoute que l'aspect financier, relatif à la rémunération, ne constitue que l'un des aspects du problème, comme vous l'avez vous-même souligné, ma chère collègue. Il est extrêmement compliqué de développer l'accueil familial, même si cela serait une excellente chose.

Dans ces conditions, la commission demande le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Même avis.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1308.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1187, présenté par Mmes Canalès et Le Houerou, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

40 000 000

40 000 000

Handicap et dépendance

40 000 000

40 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

40 000 000

40 000 000

40 000 000

40 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Mme Annie Le Houerou. Cet amendement vise à augmenter de 40 millions d'euros les crédits de l'action n° 14, « Aide alimentaire », du programme 304, « Inclusion sociale et protection des personnes ».

Le recours aux banques alimentaires a triplé en dix ans. Les épiceries sociales constatent également une hausse, voire une explosion, de leur fréquentation. Les salariés représentent désormais 23 % des personnes qui frappent à la porte de ces centres d'aide alimentaire ou de ces associations, et les retraités, 13,5 %.

C'est l'illustration que la précarité s'étend aujourd'hui bien au-delà des publics traditionnellement concernés. C'est la preuve, aussi, que le gel des minima sociaux et des retraites était, pour le moins, malvenu !

Les dispositions de cet amendement résultent d'une demande de l'ensemble des réseaux nationaux d'aide – la Fédération des acteurs de la solidarité, l'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss), les banques alimentaires, etc. –, qui souhaitent alerter sur leur situation.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Ces dernières années, nous avons voté des crédits d'urgence en faveur de l'aide alimentaire, afin de combler l'insuffisance des crédits ouverts en début d'année. Depuis lors, ces crédits se sont taris.

Toutefois, les crédits consacrés à l'aide alimentaire ont augmenté depuis l'extinction des crédits d'urgence. En 2024, l'enveloppe budgétaire du programme Mieux manger pour tous s'est accrue de 10 millions d'euros. De même, cette année, les crédits consacrés à l'aide alimentaire déconcentrée ont progressé de 10 millions d'euros.

La commission demande donc le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Je rejoins les propos de M. le rapporteur.

Il convient peut-être de rappeler les chiffres, car l'effort de l'État doit être souligné. Certes, les structures d'aide alimentaire font face à des besoins importants – nous en sommes conscients. Mais, en 2025, les services déconcentrés ont bénéficié, dès le mois d'avril, d'une première vague de délégations de crédits, à hauteur de 54 millions d'euros, soit 10 millions d'euros de plus qu'en 2024.

Ce montant comprenait 39 millions d'euros destinés au programme Mieux manger pour tous – très concrètement, ces sommes ont permis d'acheter des produits frais, des légumes et des fruits pour les personnes les plus vulnérables.

Pour répondre aux difficultés exprimées, le Gouvernement s'est engagé, en juillet 2025, à abonder de 10 millions d'euros supplémentaires les crédits de la lutte contre la précarité alimentaire.

Les territoires ont reçu ces crédits complémentaires en septembre, ce qui leur permettra de répondre, en cette fin d'année, aux problèmes des associations les plus en difficulté.

Nous sommes conscients que l'enveloppe ne permet sans doute pas de couvrir tous les besoins exprimés. Mais elle répond au moins aux situations d'urgence, notamment celles qui risquent d'aboutir à la fermeture des associations concernées.

En 2026, comme cela a été rappelé, le Gouvernement a augmenté le budget de l'aide alimentaire et celui des territoires de 10 millions d'euros par rapport à la loi de finances pour 2025. Dans le contexte de tensions budgétaires que nous connaissons, nous estimons que cet effort est le plus important que nous puissions déployer.

Par conséquent, je ne puis qu'émettre un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.

Mme Corinne Féret. Le week-end dernier, les banques alimentaires ont organisé leur collecte annuelle dans tous les départements, dans les lieux et les magasins où nous sommes habitués à faire nos courses, afin que chacun puisse contribuer à la collecte de ces denrées.

Vous nous dites, monsieur le ministre, que des efforts ont été réalisés, mais force est de constater que, malheureusement – et nous le regrettons –, ils sont insuffisants.

La banque alimentaire du Calvados, en particulier, nous indique que le montant des aides qu'elle a perçues l'an passé, ou même au titre de l'année 2025, ne suffit pas pour accompagner toutes ces personnes, qui sont de plus en plus nombreuses et dont le profil évolue.

Son président nous indiquait ainsi que 50 % des bénéficiaires de l'aide alimentaire avaient moins de 30 ans et que, parmi eux, 70 % étaient des femmes seules avec enfants. Cela signifie que la précarité et la pauvreté ne cessent de croître et qu'il est essentiel, indispensable, d'aider ces structures de collecte de produits alimentaire à faire face aux besoins.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1187.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1117, présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

10 000 000

10 000 000

Handicap et dépendance

10 000 000

10 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

10 000 000

10 000 000

10 000 000

10 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. Le programme Mieux manger pour tous s'appuie sur les associations et les banques alimentaires. Il permet aux associations de venir en aide à 4 millions de personnes. Il se traduit par de nombreuses actions, que je ne développerai pas, puisque M. le rapporteur en a déjà parlé.

Les crédits de ce programme étaient censés augmenter de 10 millions d'euros par an, pour atteindre 100 millions d'euros en 2027. Or le projet de loi de finances initial pour 2026 prévoyait une stabilisation de ses crédits, à hauteur de 80 millions d'euros, au lieu des 90 millions prévus.

Nous sommes favorables à la poursuite de la trajectoire initiale d'augmentation des crédits de ce programme, dans un contexte où les besoins explosent, les dons de produits diminuent, la demande sociale s'accroît et les prix restent durablement élevés.

Nous proposons donc d'affecter 10 millions d'euros supplémentaires au volet national du programme, qui finance directement les approvisionnements. Ainsi, le volet national du programme bénéficierait de 50 millions d'euros, tandis que le volet local serait doté de 40 millions d'euros.

Cet amendement a été préparé en lien avec l'Association nationale de développement des épiceries solidaires (Andes).

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Je regrette également que les crédits du programme Mieux manger pour tous ne connaissent aucune augmentation. Ce programme, en effet, a largement fait ses preuves. Il est très apprécié par les associations et ceux qui en bénéficient.

Il convient néanmoins de rappeler que ses crédits ont augmenté de 10 millions d'euros en 2024. Ils s'élèvent désormais à 80 millions d'euros, contre 60 millions à l'origine, tandis que 10 millions d'euros supplémentaires sont prévus cette année au titre des politiques déconcentrées : voilà qui complétera utilement le système d'aide alimentaire.

Par ailleurs, nous avons noté avec satisfaction, même si cela a pris bien des années, que l'efficacité des commandes de FranceAgriMer, dans le cadre du Fonds social européen plus (FSE+), a fortement augmenté. Nous devons aussi nous réjouir du doublement du plafond du dispositif issu de l'amendement Coluche, ce qui devrait permettre à la générosité publique de se manifester.

Dans le contexte budgétaire, marqué par les difficultés que nous connaissons tous, la commission demande donc le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Le programme Mieux manger pour tous fonctionne, en effet. Il ne s'agit pas d'un vieux programme, puisqu'il date de 2023. À l'origine, il était doté de 60 millions d'euros, mais auparavant, en 2022, il n'y avait rien ! Ses crédits s'élèvent aujourd'hui à 80 millions d'euros.

Ce programme, qui fonctionne, j'y insiste, présente un aspect quantitatif et un aspect qualitatif.

Je souhaite vous donner quelques éléments.

Il faut souligner que l'argent est bien utilisé. Ce programme a permis de distribuer 21 000 tonnes de produits alimentaires, ce qui est très impressionnant. Ceux-ci sont constitués à 77 % de fruits et légumes, ce qui favorise une alimentation saine – c'est l'objectif ! En outre, 19 % des produits bénéficient d'un label, 30 % sont bio et 42 % proviennent d'achats de proximité.

On constate que ce programme est fidèle à son objectif et permet à des personnes de mieux manger, tout simplement.

Malheureusement, le contexte budgétaire est ce qu'il est. Pouvons-nous faire plus ? Non, si l'on se réfère à l'état de nos finances. Nous conservons ce programme, en maintenant une enveloppe de 80 millions d'euros : nous ne pouvons pas nous permettre d'ajouter 10 millions de plus.

Même si mon état d'esprit est identique à celui de M. le rapporteur, j'émets donc un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Vous nous parlez évolution des budgets, mais pour ma part, je pense plutôt évolution du taux de pauvreté ! Or ce dernier a explosé : il n'a jamais été aussi élevé depuis trente ans.

Ne vous étonnez donc pas, compte tenu de la précarisation du monde du travail et de l'augmentation de la pauvreté, que des gens soient de plus en plus nombreux à aller dans les banques alimentaires ou les épiceries sociales. Soyons bien conscients qu'ils y vont pour manger à leur faim et que parfois c'est leur seul repas de la journée !

C'est un peu le même débat que tout à l'heure à propos des travailleurs pauvres : il vaut mieux résoudre le problème à la source, plutôt que de vouloir réduire les droits des gens.

Si nous luttons efficacement contre la pauvreté et la précarisation, alors le nombre de personnes qui se rendent dans ces structures diminuera.

M. le président. La parole est à Mme Silvana Silvani, pour explication de vote.

Mme Silvana Silvani. À ce stade de nos débats, je me permettrai une remarque générale. Nous sentons tous la pression des contraintes financières, mais de mon point de vue, elles sont le fruit d'une gestion complètement inconséquente.

Action après action, politique publique après politique publique, nous partageons le regret de ne quasiment plus rien pouvoir faire, même si nous sommes tous convaincus du bien-fondé des actions que nous défendons. J'avais besoin de le dire ! (Très bien ! sur des travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Grand, pour explication de vote.

M. Jean-Pierre Grand. Finalement, les élus, nous y compris, sont des observateurs. À toutes celles et tous ceux qui rappellent les difficultés sociales que traverse aujourd'hui notre pays – nous en avons connu d'autres –, je rappelle tout de même que, lorsque l'on se rend dans les banques alimentaires, dans les organisations sociales, on voit très peu de militants politiques de gauche. (Protestations sur des travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.)

Mme Annie Le Houerou. Parlez pour vous !

Mme Monique Lubin. N'importe quoi !

M. Jean-Pierre Grand. Je le dis parce que je suis un vieux militant de la cause alimentaire.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1117.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1114, présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

2 000 000

2 000 000

Handicap et dépendance

2 000 000

2 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

2 000 000

2 000 000

2 000 000

2 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. Créé en 2014, le crédit national des épiceries solidaires (Cnes) pallie les financements européens, car ces derniers excluent les épiceries sociales et solidaires du fait de l'obligation de gratuité des denrées. Ce crédit permet aux épiceries d'acheter des denrées et de mieux répondre aux recommandations du plan national nutrition santé.

Ces épiceries font face à de nombreux défis, dont l'inflation sur les produits alimentaires, et leur équilibre est fragile, alors que leur utilité sociale est avérée. Nombre d'épiceries du réseau de l'Union nationale des groupements des épiceries sociales et solidaires (Ugess) connaissent un déficit budgétaire.

La précarité alimentaire s'étend ; elle ne touche plus uniquement une partie des classes populaires, elle concerne aussi la classe moyenne inférieure et de plus en plus de travailleurs, car l'emploi ne protège plus de la pauvreté.

Dans un contexte d'augmentation des besoins, ces épiceries doivent prendre des mesures difficiles, comme la réduction du panier ou, quelquefois, la création d'une liste d'attente.

Avec cet amendement, travaillé avec l'association nationale des épiceries solidaires (Andes), nous proposons une hausse du crédit national. Son adoption permettrait une remise à niveau de cette subvention.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. L'enveloppe consacrée au Cnes, qui avait stagné pendant de nombreuses années, a augmenté de nouveau, puisque nous avons voté ici même une augmentation de 2 millions d'euros deux années de suite, en PLF pour 2024 et en PLF pour 2025, soit 4 millions d'euros au total.

C'était le début d'un rattrapage, et la commission considère qu'il est possible de ralentir cette progression en 2026.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Je souhaite rappeler quelques chiffres, qui donnent l'ampleur de l'effort consenti pour les jeunes : 120 milliards d'euros sont mobilisés dans divers champs des politiques publiques, que ce soit pour la santé, l'éducation ou l'insertion. Nous ne le regrettons pas, tant la jeunesse est bien sûr un sujet primordial pour notre pays. Elle est notre avenir, et il est nécessaire de nous en occuper.

Mme Silvana Silvani. On ne le voit pas vraiment…

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. S'agissant de l'insertion vers l'emploi, une question bien évidemment décisive pour les jeunes, l'État poursuit le déploiement du contrat d'engagement jeune pour ceux qui sont en rupture ou en grande difficulté, notre objectif étant d'accompagner 50 000 jeunes d'ici à 2027.

Les efforts sont donc réels, et nous les concentrons sur l'insertion des jeunes.

Je rappelle aussi que, outre les actions menées dans le cadre de ce programme 304, les agences régionales de santé mettent en place des mesures qui relèvent du projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Nous estimons que les actions déployées s'inscrivent dans les objectifs des auteurs de cet amendement. Il me semble donc logique d'en demander le retrait. À défaut, j'y serais défavorable.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.

Mme Corinne Féret. Je souhaitais intervenir après les propos de notre collègue Jean-Pierre Grand. Je le dis avec beaucoup de gravité : je considère que nous n'avons de leçon à recevoir de quiconque.

M. Jean-Pierre Grand. C'était un témoignage !

Mme Corinne Féret. Et je peux témoigner de l'inverse !

Je vous ai parlé de la banque alimentaire : chaque année, chez moi, elle organise deux collectes. Je ne mets ni mon écharpe tricolore ni mon logo du Parti socialiste quand je vais, comme tous les Français, acheter des produits au supermarché, pour les laisser ensuite – je ne doute pas que vous en faites autant. Ne dites donc pas qu'on ne voit jamais personne de gauche. Ce n'est pas vrai !

Il y a eu la journée portes ouvertes des banques alimentaires, à laquelle j'ai été conviée. J'y suis allée, comme chacun d'entre vous peut le faire. Ne nous donnez pas de leçons ! Je vous remercie donc de nous respecter, ainsi que nos engagements : nous, nous proposons des choses très concrètes, par exemple des crédits spécifiques pour l'aide alimentaire.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1114.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1197, présenté par M. Mellouli, Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, M. Jadot, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

11 700 000

11 700 000

Handicap et dépendance

11 700 000

11 700 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

11 700 000

11 700 000

11 700 000

11 700 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Guy Benarroche.

M. Guy Benarroche. En Guyane, encore trop d'enfants vont à l'école le ventre vide. Pour près de 90 000 élèves scolarisés dans l'académie, dont 89 % dans l'éducation prioritaire, la sous-alimentation constitue un obstacle à l'apprentissage.

Cette situation, aggravée par le coût élevé de la vie, les difficultés de transport et la faiblesse de la production locale, a des conséquences directes sur la santé des enfants, leur développement et leur scolarité. Les études montrent un taux de maigreur inquiétant et une progression de l'illettrisme. La fatigue et les carences nutritionnelles contribuent à l'abandon de l'école après le CM2 et ralentissent le parcours scolaire.

Cet amendement vise à revaloriser le forfait étatique pour les petits-déjeuners en Guyane et de le déployer massivement pour toucher un tiers des effectifs scolaires.

Avec 11,7 millions d'euros transférés du programme « Handicap et dépendance » vers le programme « Inclusion sociale et protection des personnes », nous pouvons assurer à davantage d'enfants un début de journée plus propice à l'apprentissage.

Nous demandons au Gouvernement de lever le gage et d'assumer pleinement sa responsabilité envers les enfants de Guyane.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Nous pouvons bien sûr regretter le recentrage du dispositif des petits-déjeuners gratuits sur le réseau d'éducation prioritaire et les quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais celui-ci apparaît pertinent, hélas, du point de vue des finances publiques.

Par ailleurs, 18 millions d'euros y sont actuellement consacrés ; y ajouter 11,7 millions pour un seul département nous paraît quelque peu disproportionné.

C'est pourquoi la commission demande le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Je comprends votre point de vue centré sur la Guyane, et chacun connaît bien l'intérêt de ce dispositif qui, de manière générale, répond à des enjeux de santé publique, d'égalité des chances à l'école et de lutte contre la pauvreté.

En 2025, nous avons déjà choisi de recentrer ce dispositif sur les élèves en ayant le plus besoin, notamment en outre-mer. Les ratios sont d'ailleurs clairs : cette mesure de recentrage est tout particulièrement utile à la Guyane, puisque 6,6 % des bénéficiaires des petits-déjeuners sont guyanais, alors que les élèves de ce département ne représentent que 0,8 % des élèves du premier degré. Une attention particulière est donc bien portée à ce territoire.

Pour ces raisons, je suis défavorable à cet amendement.

M. le président. Monsieur Benarroche, l'amendement n° II-1197 est-il maintenu ?

M. Guy Benarroche. Oui, monsieur le président, parce que je le soutiens et parce qu'il s'agit d'un amendement de mon collègue Akli Mellouli.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1197.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1186, présenté par Mmes Canalès, Conconne, Brossel, S. Robert et Le Houerou, M. Kanner, Mme Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mme Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

9 500 000

9 500 000

Handicap et dépendance

9 500 000

9 500 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

9 500 000

9 500 000

9 500 000

9 500 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Simon Uzenat.

M. Simon Uzenat. La tarification sociale est un élément clé pour rendre la restauration scolaire accessible à toutes les familles, lutter contre la précarité alimentaire et les inégalités, œuvrer en faveur de la réussite éducative et agir en faveur du « bien-manger », conformément aux objectifs de la loi Égalim.

Dans ce cadre, le dispositif « Ma cantine à 1 euro » a clairement fait ses preuves : lancé en 2019, il a permis de servir un peu plus de 9,5 millions de repas en 2023 et 12 millions en 2024.

Les communes font régulièrement des demandes pour en bénéficier, mais, depuis le 26 juillet dernier, celles qui perçoivent la dotation de solidarité rurale (DSR) dite péréquation et qui comptent moins de 10 000 habitants n'y sont plus éligibles.

Nous appelons à un renforcement des moyens financiers de ce dispositif à hauteur de 9,5 millions d'euros, soit une hausse de 25 %, le même pourcentage qu'en 2023 et 2024. Il s'agit de permettre à toutes les familles, notamment les plus modestes, de se nourrir correctement dans tous les territoires, en particulier les territoires ruraux.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Le dispositif des cantines à 1 euro a été recentré sur les territoires où il avait le plus fort impact, c'est-à-dire le réseau d'éducation prioritaire et les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Nous pouvons regretter effectivement ce recentrage.

La commission ajoute que, malgré cela, les crédits proposés pour 2026 sont supérieurs de 7 % au niveau budgété en loi de finances pour 2025, et ce malgré les contraintes budgétaires.

C'est pourquoi la commission demande le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Même avis, monsieur le président.

M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour explication de vote.

M. Simon Uzenat. Le Gouvernement est lapidaire…

L'Association des maires de France a reçu un courrier le 10 juillet pour annoncer qu'à partir du 26 du même mois les candidatures ne seraient plus recevables. Monsieur le ministre, ce n'est pas comme cela qu'il faut considérer les élus. On ne peut pas travailler de cette façon !

Ce dispositif a fait ses preuves, et il est plus utile que jamais pour les familles qui attendent et pour ces enfants – pour eux, c'est souvent le seul repas équilibré de la journée. Il est également utile pour les communes qui souhaitent être accompagnées, elles qui font le travail, contrairement à l'État, pour que la loi Égalim soit respectée.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1186.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1153, présenté par M. Benarroche, Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

5 000 000

5 000 000

Handicap et dépendance

Égalité entre les femmes et les hommes

5 000 000

5 000 000

TOTAL

5 000 000

5 000 000

5 000 000

5 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Guy Benarroche.

M. Guy Benarroche. Cette disposition, rédigée en collaboration avec l'Unicef, porte sur le même sujet. Notre collègue Simon Uzenat a parfaitement expliqué tous les avantages d'une alimentation saine, équilibrée et de qualité à la cantine.

La stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté avait instauré un dispositif de cantine à 1 euro permettant un accompagnement des communes les plus modestes. Le besoin était là, le succès était au rendez-vous : 9,6 millions de repas à tarifs sociaux en 2023 et 12 millions en 2024.

Le budget actuel et le projet annuel de performances du programme 304 pour l'année 2026 prévoient malheureusement une restriction, faute de crédits, de l'accès à ce dispositif pour les nouvelles communes qui souhaiteraient s'engager dans cette démarche vertueuse et utile.

Le présent amendement vise donc à abonder les crédits du programme « Inclusion sociale et protection des personnes », afin de pérenniser une politique publique qui fonctionne et dont le besoin, avec l'insécurité alimentaire grandissante, reste plus présent que jamais. Le prélèvement sur un autre programme ne répond qu'aux règles de recevabilité et n'est pas de notre volonté ; nous appelons le Gouvernement à lever le gage.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. À titre personnel, que je m'interroge sur l'équité de ce genre de subvention. En effet, des communes pratiquent, depuis parfois très longtemps, la tarification sociale sans jamais avoir reçu un euro pour le faire.

Par conséquent, on ne leur donnera rien à elles, qui sont exemplaires, et on en aiderait quelques-unes – pas beaucoup au demeurant, car 5 millions d'euros, cela ne va pas très loin. J'avoue que je ne comprends pas bien l'équité du montage.

Mme Pascale Gruny. C'est souvent comme ça !

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. La commission demande le retrait de cet amendement pour les mêmes raisons que précédemment.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Les dispositions de cet amendement vont effectivement dans le même sens que celles du précédent. Je vais donner quelques arguments qui vaudront donc également pour l'amendement de M. Uzenat.

Le dispositif dont nous parlons existe depuis 2019. Les communes ont eu le temps de faire leur demande. Aujourd'hui, l'État décide de fermer le guichet et de stabiliser les crédits qui y sont consacrés. La raison de cette décision est budgétaire.

Et c'est au nom de cette rigueur budgétaire, par ailleurs nécessaire, que je suis amené à émettre un avis défavorable sur cet amendement.

Mme Silvana Silvani. Ce n'est pas bien !

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1153.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1301, présenté par Mmes Silvani, Apourceau-Poly, Brulin et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

3 000 000

3 000 000

Handicap et dépendance

3 000 000

3 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

3 000 000

3 000 000

3 000 000

3 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly.

Mme Cathy Apourceau-Poly. La distribution de petits-déjeuners gratuits à l'école est l'une des mesures principales de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté.

Le Gouvernement a néanmoins décidé de recentrer ce dispositif, et de nombreux maires nous interpellent à ce sujet, notamment dans mon département, le Pas-de-Calais.

Pour vous donner un exemple, le maire de la commune d'Hersin-Coupigny, qui compte 6 000 habitants, nous a informés que l'État allait supprimer la subvention participant au financement des petits-déjeuners dans les écoles de sa commune. Cela représente 20 000 euros de subvention en moins, sur une dépense de 24 000 euros pour cette collectivité.

Vous voyez l'effet immédiat pour les collectivités, qui vont devoir choisir entre maintenir ce financement au détriment d'une autre politique ou supprimer les petits-déjeuners dans les écoles.

Et cela alors que, je le répète, les cotisations des collectivités à la CNRAC, la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales, sont amenées à augmenter de trois points sur quatre ans.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Comme pour l'amendement n° II-1197 présenté par Guy Benarroche tout à l'heure, la commission demande le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Dans un contexte de tension budgétaire, nous sommes dans une logique de recentrage vers les territoires les plus défavorisés. Nous avons choisi l'outre-mer – nous en avons parlé tout à l'heure en évoquant la Guyane – et les écoles situées dans le réseau d'éducation prioritaire.

Dans ces conditions, je suis défavorable à cet amendement.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1301.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de quatre amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1179, présenté par Mme Le Houerou, M. Uzenat, Mme Canalès, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

53 000 000

53 000 000

Handicap et dépendance

53 000 000

53 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

53 000 000

53 000 000

53 000 000

53 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Annie Le Houerou.

Mme Annie Le Houerou. Nous entamons l'examen d'une série d'amendements qui visent l'absence de compensation des revalorisations décidées dans le cadre du Ségur de la santé.

Un accord du 4 juin 2024 de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale à but non lucratif a prévu l'application de ces revalorisations tout à fait justifiées. C'était là une avancée nécessaire pour tous les travailleurs sociaux. Je regrette l'attitude du Gouvernement, qui a procédé par petites touches : depuis 2020, nous avons chaque année des « oubliés du Ségur »…

Pour ma part, je souhaite soulever la situation des instituts régionaux du travail social et des instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), qui sont éligibles à la prime Ségur, mais qui n'ont pas été compensés.

Vous allez me dire, madame la ministre, que ces financements sont à la charge des régions. Toutefois, aucune délégation de crédit n'a été faite, que ce soit aux régions ou aux départements, pour prendre en charge ces compensations. Les associations se trouvent par conséquent en très grande difficulté pour assurer les formations.

M. le président. L'amendement n° II-797 rectifié, présenté par Mme Antoine, M. J.M. Arnaud, Mme Billon, M. S. Demilly, Mme Gacquerre, MM. Hingray, Menonville et Pillefer et Mmes O. Richard, Romagny et Saint-Pé, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

32 000 000

32 000 000

Handicap et dépendance

32 000 000

32 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

32 000 000

32 000 000

32 000 000

32 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Jocelyne Antoine.

Mme Jocelyne Antoine. Il s'agit du même problème, mais pour les associations tutélaires.

M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° II-1070 rectifié ter est présenté par MM. Levi, Kern, Hingray, Dhersin et Laugier, Mme V. Boyer, M. Chasseing, Mme Billon, M. Bonhomme, Mme Bourguignon, M. Duffourg, Mme Housseau, M. J.M. Arnaud, Mmes Romagny et Muller-Bronn, M. Pillefer et Mmes Gacquerre, Antoine et Herzog.

L'amendement n° II-1193 est présenté par Mmes Canalès et Le Houerou, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

32 000 000

32 000 000

Handicap et dépendance

32 000 000

32 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

32 000 000

32 000 000

32 000 000

32 000 000

SOLDE

0

La parole est à M. Bernard Pillefer, pour présenter l'amendement n° II-1070 rectifié ter.

M. Bernard Pillefer. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. La parole est à Mme Annie Le Houerou, pour présenter l'amendement n° II-1193.

Mme Annie Le Houerou. Il s'agit cette fois de la non-compensation de la prime Ségur dans les services mandataires associatifs chargés de la protection juridique des majeurs.

Ces associations sonnent également l'alerte. Elles sont en très grande difficulté. Pourtant, elles jouent un rôle absolument incontournable pour accompagner les majeurs protégés dans leur vie quotidienne.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Compte tenu de la situation budgétaire, la commission est défavorable à l'ensemble de ces amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. S'agissant du « Ségur pour tous » pour les instituts de formation en travail social, il s'agit d'une extension qui ne peut être opposée aux régions. Des discussions se poursuivent, mais il n'y a pas d'obligation de financement de ce Ségur.

En revanche, s'agissant des services de protection juridique des majeurs, il y a bien eu des délégations de crédit en 2025 pour permettre cette compensation. Pour 2026, la compensation de la prime Ségur est bien budgétée en loi de finances.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1179.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-797 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-1070 rectifié ter et II-1193.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. Je suis saisi de trois amendements identiques.

L'amendement n° II-1256 rectifié bis est présenté par MM. Iacovelli et Lévrier, Mme Nadille, MM. Théophile, Buis et Buval, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Kulimoetoke, Lemoyne, Mohamed Soilihi, Patient et Patriat, Mme Phinera-Horth, MM. Rambaud et Rohfritsch, Mme Schillinger et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° II-1259 est présenté par Mmes Rossignol, Le Houerou, Canalès et Monier, M. Kanner, Mmes Conconne et Féret, MM. Fichet et Jomier, Mmes Lubin et Poumirol, M. Bourgi, Mme Brossel, MM. Ziane, Redon-Sarrazy, Uzenat, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

L'amendement n° II-1282 rectifié est présenté par Mme Vérien, M. Dhersin, Mmes Sollogoub, O. Richard et Bourguignon, MM. S. Demilly et J.M. Arnaud et Mmes Saint-Pé, Billon, Gacquerre, Housseau et Romagny.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

5 000 000

5 000 000

Handicap et dépendance

Égalité entre les femmes et les hommes

5 000 000

5 000 000

TOTAL

5 000 000

5 000 000

5 000 000

5 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Teva Rohfritsch, pour présenter l'amendement n° II-1256 rectifié bis.

M. Teva Rohfritsch. Depuis 2024, tous les salariés de la branche des activités sanitaires, sociales et médico-sociales privées à but non lucratif sont concernés par le complément de rémunération de la prime Ségur.

L'extension du bénéfice de cette revalorisation salariale à l'ensemble des salariés du secteur a répondu à une demande des associations pour les « oubliés du Ségur », dans un domaine où les salariés, en grande majorité des femmes, exercent des métiers difficiles.

En conséquence, les crédits du programme 137 ont été abondés de 7 millions d'euros en loi de finances pour 2025, afin de compenser l'extension de la prime Ségur par l'État pour les salariés des associations spécialisées dans l'accompagnement des femmes victimes de violences.

Cet amendement vise à les abonder de nouveau de 5 millions d'euros.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour présenter l'amendement n° II-1259.

Mme Corinne Féret. Cet amendement, proposé par Laurence Rossignol, vise à poursuivre en 2026 le soutien de l'État envers les associations d'accompagnement des femmes victimes de violences, afin de compenser le coût de l'extension de la prime Ségur aux salariés des secteurs sociaux et médico-sociaux privés.

Ces associations, parmi lesquelles les centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) – nous avons parlé longuement et à plusieurs reprises de ces structures –, ont rencontré des difficultés financières accrues depuis l'extension de la prime Ségur.

Certaines ont été contraintes de licencier une partie de leurs salariés, voire de mettre fin à certains dispositifs d'accompagnement des victimes de violences. Les 5 millions d'euros inscrits dans le présent amendement sont la somme minimale qui permettra aux associations concernées de maintenir leurs activités essentielles en 2026.

M. le président. La parole est à Mme Dominique Vérien, pour présenter l'amendement n° II-1282 rectifié.

Mme Dominique Vérien. Ces associations accomplissent le travail de l'État sur le terrain et elles ont réellement besoin d'obtenir cette compensation, car nous avons constaté des suppressions de postes.

Par conséquent, je plaide pour que, cette fois, nous puissions voter cet amendement de repli à 5 millions d'euros.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. C'est une demande de retrait.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Comme je l'ai expliqué précédemment, nous garantirons bien en 2026 le maintien de la compensation de la prime Ségur pour les associations de lutte contre les violences faites aux femmes.

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Mme Nathalie Goulet. Madame la ministre, une grande confiance n'excluant pas une petite méfiance, nous allons soutenir Mme Vérien et voter ces amendements.

M. le président. La parole est à M. Michel Masset, pour explication de vote.

M. Michel Masset. Nous ferons de même. Nous avions proposé 7 millions d'euros ; nous voterons pour 5 millions d'euros !

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-1256 rectifié bis, II-1259 et II-1282 rectifié.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. Je suis saisi de cinq amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les trois premiers sont identiques.

L'amendement n° II-1056 rectifié est présenté par Mmes Housseau, Vérien et Doineau, M. Folliot, Mme Antoine, M. Levi, Mmes Saint-Pé, Gacquerre et Sollogoub et MM. Kern et Capo-Canellas.

L'amendement n° II-1307 est présenté par Mmes Silvani, Apourceau-Poly, Brulin, Gréaume et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky.

L'amendement n° II-1401 rectifié bis est présenté par MM. Uzenat, Temal, Bourgi et Michau, Mmes Canalès et Poumirol, MM. Pla, Gillé, Tissot et Redon-Sarrazy, Mmes Artigalas et Bélim, M. Mérillou, Mme Conconne et MM. Chaillou et Cozic.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

30 100 000

30 100 000

Handicap et dépendance

Égalité entre les femmes et les hommes

30 100 000

30 100 000

TOTAL

30 100 000

30 100 000

30 100 000

30 100 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Dominique Vérien, pour présenter l'amendement n° II-1056 rectifié.

Mme Dominique Vérien. Cet amendement a pour objet la protection juridique des majeurs, plus particulièrement les mandataires judiciaires à la protection des majeurs exerçant à titre individuel.

Leur rémunération n'a pas évolué depuis 2014. L'État avait alors fixé le coût de référence à 142,95 euros par mesure de protection et par mois, alors qu'il était auparavant indexé sur le Smic. Si nous devions reprendre cette indexation, nous aurions aujourd'hui un écart de 24,65 %. Le coût de cette revalorisation serait de 30 millions d'euros, ce qui correspond au montant inscrit dans cet amendement de Mme Housseau.

Toutefois, estimant que cette demande aurait probablement peu de succès étant donné le contexte budgétaire, Mme Housseau a déposé un autre amendement, qui sera examiné ensuite, l'amendement n° II-1055 rectifié. Il tend à fixer une revalorisation d'un montant de 150 euros par dossier et par mois, de telle sorte qu'une petite indexation puisse être prise en compte pour ces mandataires judiciaires qui font un travail formidable. Si nous ne voulons pas les perdre, nous devons les payer mieux.

M. le président. La parole est à Mme Silvana Silvani, pour présenter l'amendement n° II-1307.

Mme Silvana Silvani. Je ne reviendrai pas sur les explications qui ont été données. J'ajouterai simplement que ces mandataires judiciaires exercent une mission à la fois de confiance, d'expertise juridique, de suivi patrimonial et de lutte contre les maltraitances. Or, et c'est important, leur rémunération n'a pas été réévaluée depuis plus de dix ans !

M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour présenter l'amendement n° II-1401 rectifié bis.

M. Simon Uzenat. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. Les deux amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° II-1055 rectifié est présenté par Mmes Housseau, Vérien et Doineau, M. Folliot, Mme Antoine, M. Levi, Mmes Saint-Pé, Gacquerre et Sollogoub, M. Kern, Mme Bourguignon et M. Capo-Canellas.

L'amendement n° II-1403 rectifié bis est présenté par MM. Uzenat, Temal, Bourgi et Michau, Mmes Canalès et Poumirol, MM. Pla, Gillé, Tissot et Redon-Sarrazy, Mmes Artigalas et Bélim, M. Mérillou, Mme Conconne et MM. Chaillou et Cozic.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

6 020 000

6 020 000

Handicap et dépendance

Égalité entre les femmes et les hommes

6 020 000

6 020 000

TOTAL

6 020 000

6 020 000

6 020 000

6 020 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mm Dominique Vérien, pour présenter L'amendement n° II-1055 rectifié.

Mme Dominique Vérien. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour présenter l'amendement n° II-1403 rectifié bis.

M. Simon Uzenat. Il est également défendu.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. La question du financement des mandataires de la protection juridique des majeurs se pose avec acuité, notamment du fait que la population vieillit et que la conscience des difficultés psychiatriques grandit.

C'est un sujet qui nous intéresse particulièrement et auquel Pierre Barros et moi-même allons consacrer du temps, puisque notre prochain rapport de contrôle devrait avoir cette question pour thème.

Toutefois, il n'y a pas seulement les mandataires de la protection juridique ; il y a aussi les associations qui exercent cette mission. Tant que nous n'avons pas pu nous pencher précisément sur la situation des uns et des autres, associations et mandataires à titre individuel, nous demandons, au bénéfice d'une discussion approfondie l'an prochain, le retrait de l'ensemble de ces amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. S'agissant des mandataires individuels, qui sont des professionnels libéraux, l'État participe en partie au financement, l'autre partie restant à la charge de la personne en fonction de ses ressources.

S'agissant des services, le projet de loi de finances prévoit une progression des crédits, à partager entre différentes structures. Nous avons également lancé une mission, que j'évoquais tout à l'heure, pour leur permettre de mieux optimiser leurs charges de fonctionnement.

M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour explication de vote.

M. Simon Uzenat. J'entends bien les propos de M. le rapporteur, mais cette rémunération n'a pas bougé depuis dix ans. Nous n'avons pas besoin de rapports ou d'enquêtes pour nous accorder sur ce constat !

L'amendement n° II-1403 rectifié bis, comme l'amendement n° II-1055 rectifié, vise une hausse très modérée de 5 %, qui est bien loin de prendre en compte ce que les intéressés auraient dû percevoir si cette rémunération avait continué à être indexée sur le Smic.

Ne nous voilons pas la face. Envoyons un premier signal avant de faire le travail que vous avez proposé. Nous y sommes favorables, mais, en tout état de cause, les intéressés ne se nourrissent pas d'études. Je remercie mes collègues de bien vouloir apporter leur soutien à ces amendements raisonnables.

En gage de bonne volonté, monsieur le président, je retire l'amendement n° II-1401 rectifié bis, mais je souhaite maintenir l'amendement n° II-1403 rectifié bis.

M. le président. L'amendement n° II-1401 rectifié bis est retiré.

La parole est à Mme Dominique Vérien, pour explication de vote.

Mme Dominique Vérien. De la même façon, je retire l'amendement n° II-1056 rectifié, mais je maintiens l'amendement n° II-1055 rectifié, monsieur le président, parce que les mandataires judiciaires ont vraiment besoin d'aide.

M. le président. L'amendement n° II-1056 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l'amendement n° II-1307.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-1055 rectifié et II-1403 rectifié bis.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° II-1041 rectifié bis est présenté par MM. Gold et Bilhac, Mme Briante Guillemont, M. Cabanel, Mme M. Carrère, M. Daubet, Mme N. Delattre, MM. Fialaire et Grosvalet, Mmes Guillotin et Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux.

L'amendement n° II-1071 rectifié ter est présenté par MM. Levi, Kern, Hingray, Dhersin et Laugier, Mme V. Boyer, M. Chasseing, Mme Billon, M. Bonhomme, Mme Bourguignon, M. Duffourg, Mme Housseau, M. J.M. Arnaud, Mme Romagny, M. Pillefer et Mmes Gacquerre, Antoine et Herzog.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

3 400 000

3 400 000

Handicap et dépendance

3 400 000

3 400 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

3 400 000

3 400 000

3 400 000

3 400 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Michel Masset, pour présenter l'amendement n° II-1041 rectifié bis.

M. Michel Masset. Cet amendement a été préparé par mon collègue Éric Gold.

Les crédits pour les services mandataires à la protection juridique des majeurs vont reculer de 3,4 millions d'euros. Cette baisse ne couvre pas l'augmentation des mesures qu'ils sont amenés à prendre ni le coût de l'inflation.

Nous proposons donc de maintenir les crédits à hauteur de ceux de 2025, pour garantir la continuité et la qualité des services.

M. le président. La parole est à M. Bernard Pillefer, pour présenter l'amendement n° II-1071 rectifié ter.

M. Bernard Pillefer. Cet amendement de notre collègue Levi a été très bien défendu.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Comme l'a déclaré précédemment Arnaud Bazin, nous allons travailler sur ce sujet ces prochains mois.

La commission demande le retrait de ces deux amendements identiques.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-1041 rectifié bis et II-1071 rectifié ter.

(Les amendements ne sont pas adoptés.)

M. le président. L'amendement n° II-1176, présenté par M. Benarroche, Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

7 000 000

7 000 000

Handicap et dépendance

7 000 000

7 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

7 000 000

7 000 000

7 000 000

7 000 000

SOLDE

0

0

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge.

Mme Raymonde Poncet Monge. Il s'agit d'un amendement de notre collègue Guy Benarroche, qui vise à améliorer la prise en charge de la santé mentale dans la protection juridique des majeurs en créant un poste de médecin psychiatre au sein des services titulaires.

Sur le terrain, tous les acteurs le disent, une grande partie des personnes protégées – j'ai entendu le chiffre de 40 % – souffrent de troubles psychiques ou psychiatriques, mais les équipes tutélaires n'ont presque jamais accès à une expertise médicale régulière, en raison de la pénurie de psychiatres, notamment dans les déserts médicaux, ou de l'absence de relais adaptés.

Pourtant, là où l'intervention d'un psychiatre a été expérimentée, les résultats sont probants : meilleur suivi des personnes, compréhension des situations, prévention des crises, appui aux mandataires.

Si nous voulons une protection juridique efficace et digne, nous devons l'adosser à une expertise de santé mentale.

Dans cet amendement, il est proposé de financer cette présence indispensable par le programme 304 « Inclusion sociale et protection des personnes ». Nous demandons naturellement au Gouvernement de compenser cette dépense en levant le gage.

C'est une mesure utile, cohérente avec la grande cause nationale 2025 consacrée à la santé mentale et indispensable pour protéger les personnes les plus vulnérables. Je vous invite donc, mes chers collègues, à soutenir cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Je vous renvoie à l'argumentation que j'ai précédemment développée sur l'accroissement des moyens dédiés aux mandataires judiciaires à la protection des majeurs.

J'ajoute que, même si cet amendement était voté et que les crédits étaient là, je doute de l'effectivité de cette disposition sur le terrain, compte tenu du manque de psychiatres dans notre pays.

La commission émet donc un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Comme l'a souligné M. le rapporteur, le vote de l'amendement ne suffirait pas à régler le problème de l'accès aux médecins psychiatres. À cet égard, je mise plus sur le déploiement de nos politiques visant à former davantage de médecins et de professionnels de santé de proximité dans les territoires.

Nous souhaitons, d'un côté, augmenter l'offre de soins psychiatriques à l'échelle d'un territoire et, de l'autre, améliorer les dispositifs de formation, ce qui est d'ailleurs en cours.

La formation des mandataires judiciaires dans ce champ est ainsi renforcée pour qu'ils puissent mieux accueillir les personnes concernées par des troubles psychiques et s'appuyer ensuite sur les dispositifs d'appui à la coordination (DAC) pour les parcours de santé complexes, ainsi que sur l'offre de soins existante sur un territoire.

Mon avis est donc défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1176.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-488 rectifié n'est pas soutenu.

Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-401, présenté par M. Rohfritsch, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

1 000 000

1 000 000

Handicap et dépendance

1 000 000

1 000 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

1 000 000

1 000 000

1 000 000

1 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Teva Rohfritsch.

M. Teva Rohfritsch. Il s'agit ici d'une somme modeste pour un geste fort face à une urgence avérée. En effet, la fracture sociale touche aussi la Polynésie française, qui connaît depuis plusieurs années une augmentation préoccupante du nombre de familles, et surtout d'enfants, contraintes de vivre dans les rues de Papeete.

L'absence de solution d'hébergement adapté entraîne une exposition directe des mineurs à des situations d'insalubrité, d'insécurité, de malnutrition, de rupture scolaire, ainsi qu'à des risques majeurs en matière de santé physique et psychique.

Cette situation constitue une véritable urgence sanitaire et sociale qui, bien entendu, relève du statut d'autonomie de la Polynésie française, madame la ministre. Mais il s'agit aussi, à mes yeux, d'une urgence constitutionnelle, puisque nous touchons à la protection de l'enfance.

Cette somme relativement modique permettrait d'ouvrir un chemin pour traiter l'urgence et prévenir les risques sanitaires graves en garantissant à chaque enfant sans abri de Polynésie française une protection immédiate et effective.

M. le président. L'amendement n° II-397, présenté par M. Rohfritsch, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

500 000

500 000

Handicap et dépendance

500 000

500 000

Égalité entre les femmes et les hommes

TOTAL

500 000

500 000

500 000

500 000

SOLDE

0

0

La parole est à M. Teva Rohfritsch.

M. Teva Rohfritsch. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Il revient aux autorités de la collectivité de financer la protection de l'enfance, les compétences de l'État étant très limitées en Polynésie française par la loi organique de 2004.

La commission demande donc le retrait de ces amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. Même avis.

M. le président. La parole est à M. Teva Rohfritsch, pour explication de vote.

M. Teva Rohfritsch. Je m'attendais à ce que l'on m'oppose le statut et la loi organique. C'est souvent le cas dans cette assemblée. Cependant, je faisais référence à notre Constitution : la protection de l'enfance figure dans le bloc de constitutionnalité.

J'irai même au-delà : la loi organique n'empêche pas l'État de conclure une convention sur la santé et la solidarité avec le gouvernement de la Polynésie française. Celle-ci est d'ailleurs en cours de négociation et elle doit entrer en vigueur en 2026.

Je souhaite attirer l'attention du Gouvernement sur la nécessité, au nom de la Constitution et de la protection de nos enfants, d'y insérer absolument cette clause de protection de l'enfance.

J'y insiste, il y a des enfants qui dorment dans la rue à Papeete !

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-401.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-397.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1154, présenté par M. Benarroche, Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Lutte contre la traite des êtres humains

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

 

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

200 000

200 000

Handicap et dépendance

Égalité entre les femmes et les hommes

Lutte contre la traite des êtres humains

200 000

200 000

TOTAL

200 000

200 000

200 000

200 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Mathilde Ollivier.

Mme Mathilde Ollivier. Cet amendement de notre collègue Guy Benarroche vise à donner de vrais moyens à la mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof). Des forces de l'ordre aux associations, en passant par les magistrats, ils sont unanimes : le repérage, la prise en charge et le suivi de ces victimes présentent de trop grandes lacunes.

La Miprof existe, mais son autonomie budgétaire bien trop limitée ne permet pas à notre pays de répondre à ses obligations en matière de protection des mineurs victimes de la traite, par exemple. Je vous invite tous, mes chers collègues, madame la ministre, à prendre connaissance de l'excellent rapport de l'Unicef publié l'été dernier sur le sujet des mineurs victimes d'exploitation criminelle.

Par le présent amendement, nous souhaitons créer une ligne budgétaire autonome de 200 000 euros pour la lutte contre la traite des êtres humains, comme c'était prévu dans le plan national de lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains 2024-2027.

Il est temps de donner à la Miprof des moyens autonomes pour la mise en œuvre effective de ses missions.

M. le président. L'amendement n° II-1155, présenté par M. Benarroche, Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Inclusion sociale et protection des personnes

dont titre 2

200 000

200 000

Handicap et dépendance

Égalité entre les femmes et les hommes

200 000

200 000

TOTAL

200 000

200 000

200 000

200 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Ghislaine Senée.

Mme Ghislaine Senée. Par cet amendement de repli, Guy Benarroche vise à insister sur le besoin réel et important de crédits pour la mise en œuvre du mécanisme national d'identification, d'orientation et de protection des victimes de la traite.

Il s'agit pour notre pays d'une obligation, qui est prévue par deux directives européennes de 2021 et 2024 et que nous avons intégrée dans le plan national de lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains 2024-2027. C'est aussi et surtout un outil qui fonctionne, comme le montre l'expérience anglaise.

Il ne s'agit que de 200 000 euros. La Miprof a déjà commencé le travail et a identifié les critères et la faisabilité d'un tel outil avec la direction interministérielle du numérique (Dinum) et les services numériques des ministères sociaux.

Inutile de rappeler ici l'horreur subie par les victimes de traite, mais les chiffres sont tout de même terrifiants. Les associations spécialisées ont recensé près de 7 000 victimes, dont 14 % étaient mineures. Plus de la moitié des majeurs avaient déjà commencé à être exploités lorsqu'ils étaient mineurs. Sur la période 2024-2025, quelque 38 % des victimes mineures de traite des êtres humains avaient moins de 14 ans.

C'est une nécessité de mieux repérer les victimes, de mieux les accompagner en dehors même d'un parcours judiciaire et de leur offrir une protection, ainsi qu'une assistance adaptée.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Je demande de retrait de ces deux amendements.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Même avis.

M. le président. La parole est à Mme Annie Le Houerou, pour explication de vote.

Mme Annie Le Houerou. Je profite de l'occasion pour demander à Mme la ministre où en est la mesure de revalorisation de l'aide financière à l'insertion sociale et professionnelle (Afis), l'allocation de sortie des parcours de prostitution, que nous avions votée l'an passé.

L'objectif était de l'aligner sur le revenu de solidarité active (RSA), mais il me semble que les décrets ne sont pas parus.

M. le président. La parole est à Mme Olivia Richard, pour explication de vote.

Mme Olivia Richard. Je voterai ces amendements, car l'identification des victimes de traite est fondamentale. Lorsque l'on entend le mot « traite » ressortent des idées préconçues, qui ne permettent pas de lutter efficacement contre un phénomène qui prend de l'ampleur.

La traite, c'est l'exploitation d'autrui, soit à des fins sexuelles, soit pour travailler. Nous avons tous lu des articles alarmants concernant l'exploitation sexuelle des mineurs. Il ne faut pas parler de prostitution, car il n'y a pas de libre arbitre en l'occurrence.

Il nous faut impérativement des outils pour mesurer ce phénomène, afin de pouvoir le combattre.

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Mme Nathalie Goulet. Le ministre de l'intérieur et le ministre des comptes publics, avec Tracfin, se sont entendus, le 7 février dernier, précisément pour lutter contre ces filières en y consacrant des moyens.

Par conséquent, je ne soutiendrai pas cet amendement.

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Madame Le Houerou, je vous informe que le décret en question est paru le 1er décembre dernier. La revalorisation qui avait été votée est désormais pleinement applicable. Bien évidemment, elle se répétera année après année.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1154.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1155.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », figurant à l'état B.

Je n'ai été saisi d'aucune demande d'explication de vote avant l'expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits, modifiés.

(Les crédits sont adoptés.)

M. le président. Nous allons procéder à l'examen des amendements portant sur les objectifs et indicateurs de performance de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », figurant à l'état G.

ÉTAT G

1443

Solidarité, insertion et égalité des chances

1444

Accompagner le retour vers l'emploi pour développer la part du revenu du travail dans les ressources des allocataires de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) (157)

1445

Part des allocataires de l'AAH percevant une rémunération d'activité (157)

1446

Garantir aux adultes vulnérables une protection juridique adaptée à leurs besoins (304)

1447

Coût moyen des mesures de protection exercées par les services tutélaires (304)

1448

Inciter à l'activité et au maintien dans l'emploi (304)

1449

Part des foyers allocataires du RSA en reprise d'activité qui accèdent à la prime d'activité et se maintiennent dans l'emploi (304)

1450

137 - Égalité entre les femmes et les hommes

1451

Aider à la sortie de la prostitution et lutter contre son développement

1452

Déploiement des parcours de sortie de prostitution (PSP)

1453

Améliorer la qualité de service en matière d'aide aux personnes victimes de violence

1454

Accompagnement offert par les centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF)

1455

Taux d'appels traités par la permanence téléphonique nationale de référence

1456

Mesurer l'engagement financier du ministère de l'Égalité en faveur de l'égalité professionnelle et l'insertion économique et l'effet levier des crédits du programme 137 sur cette politique

1457

Part des crédits du programme 137 dédiée aux projets en faveur de l'égalité professionnelle

1458

157 - Handicap et dépendance

1459

Accompagner le retour vers l'emploi pour développer la part du revenu du travail dans les ressources des allocataires de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) [Stratégique]

1460

Part des allocataires de l'AAH percevant une rémunération d'activité [Stratégique]

1461

Accroître l'effectivité et la qualité des décisions prises au sein des MDPH

1462

Qualité des décisions de la commission des droits et de l'autonomie (CDAPH) des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) dans le cadre d'un renouvellement

1463

Qualité des décisions de la commission des droits et de l'autonomie (CDAPH) des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) dans le cadre d'une première demande

1464

Développer l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés

1465

Qualité de l'accueil, de la formation et de l'accompagnement en ESAT

1466

304 - Inclusion sociale et protection des personnes

1467

Améliorer le repérage des enfants en danger ou en risque de danger

1468

Taux d'appels traités par le Service national téléphonique de l'enfance en danger (SNATED)

1469

Garantir aux adultes vulnérables une protection juridique adaptée à leurs besoins [Stratégique]

1470

Coût moyen des mesures de protection exercées par les services tutélaires [Stratégique]

1471

Garantir l'égal accès des enfants à la cantine de l'école

1472

Nombre d'élèves bénéficiant de repas à la cantine à un tarif inférieur ou égal à 1 €

1473

Inciter à l'activité et au maintien dans l'emploi [Stratégique]

1474

Part des foyers allocataires du RSA en reprise d'activité qui accèdent à la prime d'activité et se maintiennent dans l'emploi [Stratégique]

1475

Part des foyers bénéficiaires de la prime d'activité percevant un montant de prime bonifié

1476

Taux de sortie de la prime d'activité pour dépassement de ressources

M. le président. L'amendement n° II-1277 rectifié, présenté par Mmes O. Richard et Antoine, M. J.M. Arnaud et Mmes Billon et Vérien, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 1452

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

Taux de demandes de parcours de sortie de prostitution validées par les commissions départementales dans l'année

La parole est à Mme Olivia Richard.

Mme Olivia Richard. Madame la ministre, vous avez lancé la stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel en mai 2024.

Le présent amendement vise à créer un nouvel indicateur portant sur le nombre de demandes de parcours de sortie de la prostitution (PSP) validées par les commissions départementales dans l'année. Pour l'instant, l'indicateur 3.1 précise le nombre des PSP en cours, à savoir 845, mais ne donne pas d'informations sur le nombre des PSP demandés.

Or, selon les associations de terrain, 40 000 personnes, dont 30 % de mineurs, pourraient être concernées. Il est donc indispensable de pouvoir mesurer les besoins pour ajuster le dispositif.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. En cohérence avec les conclusions de notre dernier rapport de contrôle, réalisé avec Arnaud Bazin, nous sommes favorables à la création d'un tel indicateur.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Madame la sénatrice, votre demande est satisfaite.

Chaque année, nous donnons consigne aux réseaux de se concentrer sur les droits des femmes et aux commissions départementales de mesurer le nombre de personnes qui ont pu entrer dans les parcours de sortie de la prostitution (PSP), département par département. En 2024, par exemple, nous savons que nous avons eu un taux de refus de 18 %.

Ces données sont d'ores et déjà disponibles. Nous pouvons nous engager, évidemment, à les faire mieux connaître des parlementaires si tel n'est pas encore le cas.

Par ailleurs, je réunirai en avril prochain le comité de suivi de la stratégie de lutte contre le système prostitutionnel, qui marquera aussi les dix ans de l'entrée en vigueur de la loi, dite Rossignol, visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées.

Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement.

M. le président. La parole est à M. le rapporteur spécial.

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. J'entends bien ce que dit Mme la ministre, mais, puisque les données existent, je ne vois pas de difficultés au vote de cet amendement, afin d'inscrire en dur dans la loi le principe de leur communication.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1277 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1231, présenté par Mme Vérien, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 1455

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

Taux d'appels traités par la permanence téléphonique de référence pour les victimes de violences sexuelles

La parole est à Mme Dominique Vérien.

Mme Dominique Vérien. Il s'agit, par cet amendement, de mesurer le taux d'appels traités par la permanence téléphonique de référence pour les victimes de violences sexuelles. En effet, mieux l'on mesure, mieux l'on sait ce que l'on finance et s'il faut ou non continuer à le faire.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Nous partageons l'intention de notre collègue, qui nous paraît louable.

Cependant, cet indicateur pourrait avoir des effets pervers. Nous avons identifié ce risque dans notre rapport, au sujet du financement des associations. En effet, la démarche d'aller vers une structure d'accompagnement est une décision de la femme, et non de la plateforme.

Or quand le nombre d'appels augmente, le taux d'appels traités tend à diminuer à moyens constants. C'est non pas la performance de l'association qui a diminué, mais sa charge de travail qui a augmenté. Mes chers collègues, vous connaissez comme nous la fragilité de ces structures. Nous vous incitons donc à la prudence.

La commission demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi elle émettrait un avis défavorable.

Mme Dominique Vérien. Je le retire, monsieur le président !

M. le président. L'amendement n° II-1231 est retiré.

L'amendement n° II-1232 rectifié, présenté par Mme Vérien, M. Dhersin, Mmes Sollogoub, O. Richard et Bourguignon, MM. S. Demilly et J.M. Arnaud, Mmes Guidez et Billon, M. Pillefer et Mmes Gacquerre, Housseau et Romagny, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 1455

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

Nombre de femmes bénéficiaires de l'aide universelle d'urgence pour les victimes de violences conjugales

La parole est à Mme Dominique Vérien.

Mme Dominique Vérien. Il s'agit de mesurer le taux de recours à l'aide universelle d'urgence pour les victimes de violences conjugales.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. En cohérence avec les conclusions de notre dernier rapport de contrôle budgétaire, l'avis est favorable sur la création de cet indicateur, sous réserve que l'amendement soit rectifié pour mesurer le taux de recours à l'aide universelle d'urgence et non le nombre de femmes bénéficiaires.

Mme Dominique Vérien. Je suis d'accord pour le rectifier, monsieur le président.

M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° II-1232 rectifié bis, présenté par Mme Vérien, M. Dhersin, Mmes Sollogoub, O. Richard et Bourguignon, MM. S. Demilly et J.M. Arnaud, Mmes Guidez et Billon, M. Pillefer et Mmes Gacquerre, Housseau et Romagny, et ainsi libellé :

Après l'alinéa 1455

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

Taux de recours à l'aide universelle d'urgence pour les victimes de violences conjugales

Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée. Le nombre est connu : il figure dans les annexes au projet de loi de finances et a été fourni aux parlementaires dans des réponses ministérielles à leurs questions. Précisément, 63 062 aides ont été versées de décembre 2023 à octobre 2025.

Je demande donc le retrait de l'amendement ; à défaut, mon avis serait défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1232 rectifié bis.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. J'appelle en discussion l'article 79, ainsi que les amendements portant articles additionnels après l'article 79, qui sont rattachés pour leur examen aux crédits de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances. »

Solidarité, insertion et égalité des chances

Article 79

L'article L. 842-8 du code de la sécurité sociale est abrogé à compter du 1er avril 2026.

Toutefois, la situation des personnes qui bénéficient, au 31 mars 2026, de l'allocation aux adultes handicapés et de la prime d'activité, demeure régie par les dispositions de cet article jusqu'à l'intervention du réexamen périodique, prévu à l'article L. 843-4 du code de la sécurité sociale, de leur prime d'activité.

M. le président. Je suis saisi de huit amendements identiques.

L'amendement n° II-28 est présenté par MM. Bazin et Barros, au nom de la commission des finances.

L'amendement n° II-233 est présenté par M. Burgoa, au nom de la commission des affaires sociales.

L'amendement n° II-612 rectifié ter est présenté par Mme Demas, M. Delia, Mmes Ventalon et Di Folco, MM. Favreau, Lefèvre, Genet et Bruyen, Mmes Bellamy et Perrot, MM. Dhersin, Levi et Panunzi, Mme Malet, MM. Cambon, E. Blanc, Sido et Saury et Mme Dumont.

L'amendement n° II-760 rectifié est présenté par Mme Antoine, M. J.M. Arnaud, Mmes Billon et Bourguignon, MM. Cambier et S. Demilly, Mme Guidez, MM. Hingray et Menonville et Mmes O. Richard, Romagny et Saint-Pé.

L'amendement n° II-1091 est présenté par Mmes Poncet Monge et Souyris, MM. Benarroche, G. Blanc et Dantec, Mme de Marco, MM. Dossus, Fernique et Gontard, Mme Guhl, MM. Jadot et Mellouli, Mme Ollivier, M. Salmon et Mmes Senée et M. Vogel.

L'amendement n° II-1113 rectifié bis est présenté par MM. Iacovelli et Lévrier, Mme Nadille, MM. Théophile, Buis et Buval, Mmes Cazebonne et Duranton, M. Fouassin, Mme Havet, MM. Kulimoetoke, Lemoyne, Mohamed Soilihi, Patient et Patriat, Mme Phinera-Horth, MM. Rambaud et Rohfritsch, Mme Schillinger et les membres du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants.

L'amendement n° II-1118 rectifié est présenté par M. Bilhac, Mme Briante Guillemont, M. Cabanel, Mme M. Carrère, M. Daubet, Mme N. Delattre, MM. Fialaire, Gold et Grosvalet, Mmes Guillotin et Jouve, MM. Laouedj et Masset, Mme Pantel et M. Roux.

L'amendement n° II-1178 est présenté par Mmes Féret et Le Houerou, M. Uzenat, Mme Canalès, M. Kanner, Mme Conconne, MM. Fichet et Jomier, Mmes Poumirol et Rossignol, M. Bourgi, Mmes Brossel, S. Robert et Monier, MM. Redon-Sarrazy, Pla et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Ces huit amendements sont ainsi libellés :

Supprimer cet article.

M. le président. La parole est à M. le rapporteur spécial, pour présenter l'amendement n° II-28.

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Je souhaite dire quelques mots sur cet amendement qui est d'importance, puisqu'il vise à supprimer l'article 79.

Nous avons tous été interpellés, voire choqués par l'exclusion des travailleurs handicapés, en particulier ceux qui travaillent en établissement et service d'accompagnement par le travail (Ésat), du bénéfice de la prime d'activité.

L'enjeu se monte à 90 millions d'euros sur 9,3 milliards d'euros de crédits pour cette année 2026, en tenant compte des dates de décision. Cela représente un effort de 1 % de la part de l'ensemble des travailleurs qui bénéficient de la prime d'activité, si nous répartissons cet effort de 90 millions sur tout le monde.

Nous avons donc proposé de supprimer l'article 79, sans pour autant augmenter les crédits de la mission, afin d'être cohérents avec tout ce que nous avons dit depuis le début. L'année suivante, cela représenterait un effort de 2 %. On reste donc toujours dans l'épaisseur du trait, à financement constant.

Un tel article nous paraît tout à fait contradictoire avec ce que nous voulons pour les travailleurs handicapés, c'est-à-dire la meilleure insertion possible par le travail.

Par conséquent, la commission des finances a validé, je crois à l'unanimité, cette suppression de l'article 79.

M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° II-233.

M. Laurent Burgoa, rapporteur pour avis. Je précise que la commission des affaires sociales, à l'unanimité également, souhaite aussi la suppression de cet article.

M. le président. La parole est à M. Antoine Lefèvre, pour présenter l'amendement n° II-612 rectifié ter.

M. Antoine Lefèvre. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. La parole est à Mme Jocelyne Antoine, pour présenter l'amendement n° II-760 rectifié.

Mme Jocelyne Antoine. Il est défendu également.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour présenter l'amendement n° II-1091.

Mme Raymonde Poncet Monge. Il est défendu.

M. le président. La parole est à M. Stéphane Fouassin, pour présenter l'amendement n° II-1113 rectifié bis.

M. le président. La parole est à M. Christian Bilhac, pour présenter l'amendement n° II-1118 rectifié.

M. Christian Bilhac. Défendu !

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour présenter l'amendement n° II-1178.

Mme Corinne Féret. Je suis tout à fait satisfaite de voir que la quasi-totalité des groupes, ainsi que les deux commissions concernées, réclament cette suppression. Proposer un tel article, tout de même, il fallait oser !

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Monsieur le président, je sens que ma mission ne va pas être facile… Mais cela arrive : c'est la dure vie de ministre ! (Sourires.)

J'ai bien compris quelle allait être l'issue du vote. Sans débattre plus que cela, nous pourrions objecter qu'il existe une dérogation historique, puisque l'allocation aux adultes handicapés (AAH) est depuis toujours considérée comme un revenu d'activité, contrairement aux autres allocations.

Vous avez dit vous-même que les personnes en situation de handicap aimaient être traitées comme tout le monde, et ce n'est pas ce que vous proposez en l'occurrence. J'ajoute que cela peut même être contre-productif, puisque nous savons que, à partir d'un certain montant, le mécanisme de la prime d'activité joue défavorablement. Visiblement, nous ne vous avons pas convaincus, mais ce n'est pas grave.

Pour ces raisons, mesdames, messieurs les sénateurs, sans illusion sur le résultat, vous comprendrez que je sois amené à émettre un avis défavorable sur l'ensemble de ces amendements identiques.

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Et sans amertume ? (Sourires.)

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Non, sans aucune amertume, monsieur le rapporteur spécial !

M. le président. Vous auriez pu émettre un avis de sagesse… (Nouveaux sourires.)

M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos II-28, II-233, II-612 rectifié ter, II-760 rectifié, II-1091, II-1113 rectifié bis, II-1118 rectifié et II-1178.

(Les amendements sont adoptés.)

M. le président. En conséquence, l'article 79 est supprimé.

Après l'article 79

M. le président. L'amendement n° II-240 rectifié, présenté par M. Henno, Mme Antoine, MM. J.M. Arnaud et Courtial, Mme de La Provôté, M. Dhersin, Mme Jacquemet, M. Menonville et Mmes Patru, Perrot, Romagny, Saint-Pé et Sollogoub, est ainsi libellé :

Après l'article 79

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 262-4 du code de l'action sociale et des familles est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Par dérogation aux règles de calcul et de versement mentionnées au présent article, le bénéfice du revenu de solidarité active est limité à vingt-quatre mois consécutifs pour les personnes ayant le statut d'autoentrepreneur au titre de l'activité pour laquelle elles sollicitent ou perçoivent le revenu de solidarité active. »

La parole est à Mme Anne-Sophie Patru.

Mme Anne-Sophie Patru. Cet amendement de M. Olivier Henno vise à instaurer un délai maximal de vingt-quatre mois pour le versement du RSA aux autoentrepreneurs, une mesure qui a pour objectif de renforcer l'incitation à l'autonomie financière.

Nous estimons que vingt-quatre mois sont suffisants pour juger de la pérennité de l'activité.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Pierre Barros, rapporteur spécial. Le rapport de la Cour des comptes sur le RSA, remis en 2022, notait que la combinaison du RSA et de la prime d'activité constitue un système efficace pour préserver les incitations au travail. Il ne nous semble pas nécessaire de limiter son bénéfice à vingt-quatre mois pour les autoentrepreneurs.

La commission demande donc le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Il est toujours compliqué de mettre en place une règle de non-cumul pour une certaine catégorie et pas pour toutes les autres. Il y a un risque d'inconstitutionnalité évident.

Pour autant, il y a bien un sujet. Mes services ont commencé à y travailler, en collaboration avec les conseils départementaux, qui gèrent le RSA. Nous souhaiterions mettre en place un mécanisme de suivi régulier qui permettrait d'évaluer les situations et de traiter les abus ou de les anticiper. Ce processus de surveillance nous paraît tout aussi efficace ; nous serons plutôt dans ce registre-là.

Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi il émettrait un avis défavorable.

M. le président. La parole est à Mme Frédérique Puissat, pour explication de vote.

Mme Frédérique Puissat. Il s'agit d'une disposition que nous avions déposée, avec mon collègue Olivier Henno, dans le cadre du projet de loi relatif à la lutte contre les fraudes sociales et fiscales.

Par conséquent, je voterai cet amendement.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-240 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 79.

L'amendement n° II-1243 rectifié bis, présenté par MM. Rochette, Malhuret et Chasseing, Mme L. Darcos, M. Verzelen, Mme Bourcier, MM. Grand, Brault, Chatillon, Ravier, Maurey et Menonville et Mmes Romagny et Herzog, est ainsi libellé :

Après l'article 79

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le montant annuel total des prestations perçues par les membres d'un foyer fiscal en application de l'article L. 511-1 du code de la sécurité sociale, à l'exclusion des 5°, 8° et 9° du même article, de l'article L. 523-1 du même code et de l'article L. 262-2 du code de l'action sociale et des familles, ne peut excéder un multiple de 70 % du montant net du salaire minimum de croissance. Le plafonnement peut être ajusté en fonction de la composition du ménage, dans des conditions déterminées par décret.

L'écrêtement du montant total ne porte pas sur la part correspondant aux prestations prévues aux 2° et 3° de l'article L. 511-1 du code de la sécurité sociale.

La parole est à M. Pierre Jean Rochette.

M. Pierre Jean Rochette. Cet amendement bien connu a fait couler beaucoup d'encre. Il vise à plafonner toutes les aides sociales cumulées pouvant être perçues à hauteur de 70 % du Smic.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Il nous semble que ce débat mérite une plus grande place que celle que nous pourrions lui accorder ici ce soir. En effet, il s'agit tout de même d'un sujet de première importance, et nous ne pouvons pas l'envisager de cette manière, au détour d'un amendement, en fin d'examen d'une mission, sans avoir recueilli les nombreux avis nécessaires.

La commission demande donc le retrait de cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Effectivement, le sujet est important et, comme l'a dit M. le rapporteur, nous y travaillons. Vous le savez, nous préparons un projet de loi visant à instituer une allocation de solidarité unique. Le projet est presque prêt, et vous le recevrez bientôt. Nous espérons pouvoir le présenter en conseil des ministres à la fin de l'année ou au tout début de l'année prochaine, pour qu'il arrive ensuite très vite au Sénat pour débuter le processus d'élaboration de la loi.

Oui, c'est un sujet important, qui demande certainement une instruction plus poussée.

Par conséquent, compte tenu des informations que je viens de vous donner, je vous propose de retirer votre amendement ; sinon, je serais obligé de donner un avis défavorable.

M. le président. La parole est à M. Pierre Jean Rochette, pour explication de vote.

M. Pierre Jean Rochette. Je vous propose que nous votions cet amendement, ce qui permettra de faire passer le message. Ensuite, cette disposition vivra sa vie et deviendra peut-être même obsolète.

M. le président. La parole est à Mme Silvana Silvani, pour explication de vote.

Mme Silvana Silvani. Nous avons très bien entendu le message que vous voulez faire passer en parlant d'un plafonnement, mon cher collègue !

Vous laissez ainsi entendre qu'un certain nombre de nos concitoyens vivent très grassement en additionnant les prestations. Nous n'avions pas entendu beaucoup d'horreurs jusque-là, à part des refus d'aménagement.

De plus, compte tenu de la teneur votre intervention générale tout à l'heure, nous avons bien compris que vous ne croyez absolument pas que les décisions prises ici régleront quoi que ce soit sur le plan financier. J'ai donc hâte d'entendre vos propositions l'année prochaine.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Je suis élue de la région Auvergne-Rhône-Alpes, donc je connais cette proposition. Elle ne recoupe pas celle de M. le ministre, qui, pour ce que j'en sais, ne concerne que le RSA, la prime d'activité et l'aide personnalisée au logement (APL). Elle ne concerne ni les allocations familiales ni l'allocation aux adultes handicapés (AAH).

Nous avons bien compris votre obsession à combattre toute forme de solidarité. Malheureusement, vous partez d'un postulat erroné, à savoir que le travail ne paierait pas. (M. Pierre Jean Rochette s'exclame.)

Eh bien si, il vaut toujours mieux travailler que de bénéficier exclusivement de prestations. Je ne dis pas que le travail paie bien, mais il est toujours mieux que de ne pas travailler. Il faudra donc affiner vos arguments, mon cher collègue.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1243 rectifié bis.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1269 rectifié ter, présenté par M. L. Vogel, Mme Ciuntu, M. Grand, Mme Aeschlimann, MM. Chasseing, Wattebled, Laménie, Brault et Menonville, Mme Bourcier et MM. Chevalier, Rochette, Naturel et Lefèvre, est ainsi libellé :

Après l'article 79

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – À la fin de la deuxième phrase de l'article L. 821-6 du code de la sécurité sociale sont ajoutés les mots : « , ou supprimé en cas d'incarcération ».

II. – Le présent article est applicable dans des conditions et à compter d'une date fixées par décret et au plus tard à compter des droits du mois de décembre 2026.

La parole est à M. Marc Laménie.

M. Marc Laménie. Cet amendement de notre collègue Louis Vogel vise à prévoir la suppression totale de l'allocation aux adultes handicapés au-delà d'une certaine durée d'incarcération.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Arnaud Bazin, rapporteur spécial. Nous allons écouter avec beaucoup d'intérêt ce que va nous dire M. le ministre.

Si nous ne votions pas cet amendement, les crédits de la mission augmenteraient, semble-t-il, de 10 millions d'euros. En effet, il semblerait que cette hausse ait été anticipée et que l'adoption de cet amendement ait déjà été prise en compte, si nous avons bien lu les textes budgétaires.

Vous allez donc nous éclairer sur ce point, monsieur le ministre. Considérant cette difficulté, la commission des finances s'en est remise à la sagesse du Sénat sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée. L'adoption de cet amendement permettrait en effet d'augmenter les crédits de la mission. Il tend à soulever une question proche de celle dont nous avons débattu précédemment concernant le maintien de l'aide aux personnes incarcérées.

Cet amendement viserait uniquement les bénéficiaires de l'allocation aux adultes handicapés vivant seules, et non celles qui ont un conjoint ou un enfant à charge. En outre, la mesure ne s'appliquerait qu'au bout de deux mois d'incarcération.

Le sens de cet amendement est évident : la personne incarcérée étant à la charge de l'État pour ses besoins courants d'hébergement ou de nourriture, elle n'a pas besoin que la solidarité nationale finance en plus ses besoins du quotidien.

Le Gouvernement émet donc un avis favorable sur cet amendement de M. Vogel.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. J'aimerais comprendre : avant d'être discuté ici et éventuellement voté, cet amendement a déjà été intégré dans le texte que vous nous présentez, madame la ministre ? Vous n'avez pas osé présenter vous-même cette mesure ? Vous avez demandé à quelqu'un de le faire ?

Il est tout de même incroyable que vous nous disiez que cette disposition est déjà intégrée dans le projet de loi de finances et que nous aurons un problème s'il n'est pas adopté. C'est du chantage ! C'est incroyable ! Je n'ai jamais entendu une chose pareille.

Il est bien dommage que, de la même façon, vous n'ayez pas intégré par anticipation nos amendements à ce texte : nous aurions été obligés de les voter !

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1269, modifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 79.

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures cinq.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à dix-neuf heures trente-cinq,

est reprise à vingt et une heures cinq, sous la présidence de M. Didier Mandelli.)

PRÉSIDENCE DE M. Didier Mandelli

vice-président

M. le président. La séance est reprise.

Travail, emploi et administration des ministères sociaux

M. le président. Le Sénat va examiner les crédits de la mission Travail, emploi et administration des ministères sociaux (et articles 80 et 81).

La parole est à M. le rapporteur spécial.

M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial de la commission des finances. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, c'est la huitième année que je présente ce rapport au nom de la commission des finances.

Cette année, les crédits de la mission demandés pour 2026 s'élèvent à 16,8 milliards d'euros en autorisations d'engagement et à 17,7 milliards d'euros en crédits de paiement.

Par rapport à la loi de finances initiale pour 2025, les crédits connaissent une diminution de 3 milliards d'euros en autorisations d'engagement, soit une baisse de 15,1 %, et de 2,4 milliards d'euros en crédits de paiement, soit une baisse de 11,8 %. Cette mission est donc sans conteste l'une de celles qui contribuent le plus à la réduction des dépenses publiques.

La diminution proposée en 2026 fait d'ailleurs suite à une très forte baisse des crédits de la mission en 2025. En effet, entre le dépôt du projet de loi de finances et l'adoption de la loi de finances initiale pour 2025, le Parlement avait adopté, sur l'initiative du Gouvernement et du Sénat, d'importantes mesures d'économie, dont l'impact cumulé se chiffrait à 1,6 milliard d'euros.

Comme les années précédentes, l'évolution des dépenses de la mission dépend largement de celle des crédits du programme 103, parce qu'il participe pour une grande part au financement de l'apprentissage et en constitue en quelque sorte la politique phare.

La baisse des crédits de ce programme, de 21,1 % en autorisations d'engagement et de 19,4 % en crédits de paiement, explique ainsi largement la baisse globale des crédits de la mission.

Si l'on prend en compte l'ensemble des dépenses en faveur de la formation en alternance, les crédits consacrés à cette politique sur le budget de l'État s'élèvent à environ 4,6 milliards d'euros. Il s'agit d'une baisse très sensible par rapport à 2025, puisque le coût de l'alternance pour la mission était alors de 6,2 milliards d'euros.

Cette baisse est principalement imputable à la diminution des crédits consacrés à l'aide aux employeurs d'apprentis. En effet, pour couvrir les économies prévues sur ce poste de dépenses en 2025, le Gouvernement a revu à la baisse le barème de l'aide à l'embauche : de 6 000 euros pour tous les contrats, elle est passée à 5 000 euros pour les contrats signés par les PME et à 2 000 euros pour les contrats signés par des entreprises de plus de 250 salariés.

Le Gouvernement envisage une diminution du nombre d'entrées en apprentissage. Les prévisions de baisse pour 2026 reposent sur l'hypothèse d'une diminution de 10 % des entrées en apprentissage en 2025.

Pour résumer, la situation requiert aujourd'hui de la stabilité. Il est toutefois à craindre que cette stabilité, que le secteur appelle de ses vœux et que nous estimons souhaitable, n'advienne pas. En effet, les entrées en apprentissage en septembre 2025 seront sans doute plus importantes qu'anticipées par le Gouvernement.

Monsieur le ministre, peut-être pourrez-vous nous donner plus de précisions à cet égard ? Nous ne disposons pas des chiffres de septembre 2025 lorsque nous avons déposé notre rapport. Les économies proposées seraient dans ce cas en partie fictives. Si cette hypothèse se révélait fausse, les crédits de la mission augmenteraient en effet mécaniquement. Il faudrait alors réfléchir à la manière de tenir la copie.

Avant de céder la parole à ma collègue Ghislaine Senée, je souhaite indiquer la position de la commission des finances sur cette mission.

La commission a pris acte de la forte baisse des crédits consacrés aux politiques de l'emploi et de la formation professionnelle. Elle souhaite, en responsabilité, compte tenu des contraintes budgétaires et de la nécessaire baisse des dépenses publiques, accepter ces économies, tout en reconnaissant les points sur lesquels celles-ci paraissent trop importantes.

La commission a donc émis une majorité d'avis défavorables ou de demandes de retrait sur les amendements que nous allons examiner.

En revanche, elle a jugé nécessaire de réduire certaines coupes budgétaires, en particulier sur les entreprises adaptées. Nous avons déposé un amendement, afin de rétablir les crédits de ces structures à leur niveau de 2025.

De même, elle a émis un avis favorable sur des amendements visant à préserver les missions locales et s'en remettra à la sagesse du Sénat sur l'insertion par l'activité économique.

J'en viens aux articles rattachés à la mission.

La commission n'a pas souhaité supprimer l'article 80, qui met fin à l'aide forfaitaire de 500 euros pour le financement du permis de conduire. Il existe en effet d'autres dispositifs, qui ne sont, au demeurant, pas réservés aux apprentis. Compte tenu cependant des nombreux amendements tendant à proposer cette suppression, nous nous en remettrons à la sagesse du Sénat sur ce point.

De même, la commission n'a pas non plus souhaité modifier l'article 81 sur la régulation du compte personnel de formation (CPF). Nous constatons néanmoins, là aussi, que de nombreux collègues souhaitent maintenir l'éligibilité des bilans de compétences au CPF. La commission s'en remettra également à la sagesse du Sénat, à condition que soient adoptées d'autres mesures pour maîtriser le coût du financement des bilans de compétences.

Finalement, la commission des finances propose d'adopter les crédits de la mission. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi qu'au banc des commissions.)

M. le président. La parole est à Mme la rapporteure spéciale.

Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale de la commission des finances. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » est, cette année encore, celle qui contribue le plus massivement à la réduction de la dépense publique.

Après plusieurs exercices de forte hausse concentrés sur l'apprentissage, nous sommes désormais dans une phase de contraction budgétaire, qui produit des effets sur différents dispositifs d'insertion et d'accès à l'emploi, en particulier pour les publics qui en sont les plus éloignés.

Le choix budgétaire proposé peut d'ailleurs rendre incertaine la réalisation des objectifs que nous avons fixés dans la loi pour le plein-emploi.

Je commencerai par évoquer France Travail. L'opérateur voit sa subvention pour charge de service public baisser de 12 % par rapport à 2025 et son plafond d'emplois diminuer de 515 ETP. Le Gouvernement affirme que cela ne représenterait que 1 % des effectifs, mais cette présentation est somme toute trompeuse.

France Travail fait face à une montée en charge continue, alors même que ses partenaires – missions locales, Cap emploi et collectivités locales – sont déjà sous tension. À effectif constant, l'opérateur doit en effet assumer une expansion inédite de ses missions : renforcement de l'accompagnement intensif, prospection accrue auprès des employeurs, augmentation des contrôles de la recherche d'emploi.

S'y ajoutent des réformes lourdes : la généralisation d'Avenir pro dans les lycées professionnels, le plan Senior 50 et plus, mais aussi la lutte contre les trop-perçus, les contrôles renforcés des frontaliers, les mesures issues de la Conférence nationale du handicap, ainsi qu'une mission que nous avons nous-mêmes créée, à savoir la gestion du fonds d'allocation de fin de mandat. Ainsi, dès mars prochain, après les municipales, France Travail devra encore absorber un afflux de bénéficiaires supplémentaires.

Dans ce contexte, exiger davantage tout en retirant des moyens fragilise l'opérateur, pourtant engagé dans une trajectoire d'efficience. Je me réjouis donc que la commission des affaires sociales demande une hausse du plafond d'ETP.

Je reviens à présent à l'Unédic. Je tiens à redire ma profonde inquiétude face au prélèvement opéré par l'État sur ses ressources, alors même que l'assurance chômage fait face à un retour durable au déficit.

Après une année 2025 proche de l'équilibre, le régime enregistrerait un déficit de 1,3 milliard d'euros en 2026. Dans ces conditions, le prélèvement prévu par l'État revient à créer artificiellement du déficit et à affaiblir la capacité de l'Unédic à jouer son rôle de stabilisateur, et ce alors qu'est annoncée une remontée prochaine du chômage.

Cette ponction est d'autant moins justifiée que cette dette résulte en partie des décisions de l'État durant la crise sanitaire, qu'il n'a jamais compensées.

J'évoquerai maintenant un autre point de vigilance, concernant les missions locales. Leur situation au sein du service public de l'emploi est particulièrement préoccupante. Leurs autorisations d'engagement diminueraient de 77,65 millions d'euros pour 2026. Cette baisse pèsera directement sur leur capacité à accompagner les jeunes, d'autant plus que le nombre de contrats d'engagement jeune devrait diminuer de 10 000 pour l'année prochaine.

Chacun le constate, partout sur les territoires, les besoins pour notre jeunesse augmentent, et cette baisse suscite une inquiétude largement partagée, notamment chez les élus locaux, qui doivent une fois encore compenser les désengagements de l'État.

Notre assemblée se saisit massivement du sujet : 22 amendements visant à augmenter les crédits des missions locales ont été déposés par l'ensemble des groupes et, une nouvelle fois, de la commission des affaires sociales. Je m'en félicite. J'indique que la commission des finances émettra un avis favorable sur les amendements visant à rétablir les crédits au niveau de 2025.

Je souhaite attirer l'attention sur le secteur de l'insertion par l'activité économique (IAE), dont la situation est également préoccupante.

Les crédits qui lui sont consacrés connaîtraient une baisse de 12 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2025. Comme nous le soulignons dans notre rapport, il s'agirait de la plus forte contraction jamais enregistrée, alors même que les structures d'insertion jouent un rôle essentiel dans l'accompagnement des publics les plus éloignés de l'emploi. Une telle réduction fragiliserait la capacité des structures d'insertion par l'activité économique à maintenir leur mission et compromettrait les parcours qu'elles accompagnent.

Cette inquiétude est, là encore, largement partagée : 28 amendements ont été déposés pour renforcer les crédits de l'IAE. Les propositions vont de 139 à 244 millions d'euros, ce qui correspond au maintien de 30 000 à 60 000 postes d'insertion.

La commission des finances émettra donc un avis de sagesse sur la proposition de la commission des affaires sociales visant à atténuer la baisse prévue. Cette mobilisation transpartisane montre que le secteur ne peut faire l'objet d'un ajustement budgétaire aussi brutal.

Je terminerai en disant quelques mots des articles rattachés de la mission. Comme Emmanuel Capus l'a rappelé, la commission n'avait pas souhaité modifier ces articles, car il lui semblait que les besoins étaient ailleurs, sur les missions locales ou l'IAE principalement.

Toutefois, la commission s'en est remise à la sagesse du Sénat sur les amendements visant à supprimer l'article 80 et sur ceux qui tendent à maintenir l'éligibilité au CPF des bilans de compétences.

Ce maintien a un coût. La commission a ainsi émis des avis favorables sur d'autres amendements qui pourraient le compenser en restreignant l'éligibilité au CPF de la préparation des examens du permis de conduire pour les véhicules légers et en plafonnant les droits mobilisables pour les actions de formation inscrites au répertoire spécifique.

Mes chers collègues, je vous indique d'ores et déjà que j'ai à titre personnel des réserves sur le plafonnement appliqué aux formations du répertoire spécifique. Bien que leur coût par heure soit important, elles concernent notamment des certifications de métiers artisanaux dont notre pays a fortement besoin. Nous pourrons en débattre.

Nous aurons également à débattre de la suppression des crédits de la plateforme de l'inclusion ou du groupement d'intérêt public « Les entreprises s'engagent », deux dispositifs récents et particulièrement innovants qui permettent d'agir pour la simplification, la mutualisation et l'amélioration de l'efficience des politiques publiques de l'emploi.

En conclusion, mes chers collègues, alors que selon les prévisions, le taux de chômage pourrait atteindre 8,2 % à la fin de l'année 2026, nous savons que l'environnement économique sera de fait plus dégradé. Que ces perspectives éclairent notre discussion et nos arbitrages sur cette mission ! (M. le rapporteur spécial applaudit.)

M. le président. La parole est à Mme le rapporteur pour avis. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Frédérique Puissat, rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les crédits demandés au titre de la mission s'élèvent à 17,7 milliards d'euros, soit une diminution de 2,4 milliards d'euros par rapport à 2025.

Voilà donc deux ans que les crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » diminuent de 11 %, pour revenir à des ordres de grandeur plus acceptables. Rappelons tout de même que ce budget avait enflé de 60 % entre 2019 et 2024.

La commission des affaires sociales souscrit donc à cette baisse, avec toutefois la conviction qu'il convient de ne pas reproduire les erreurs commises. Cette décroissance doit désormais être pilotée et s'inscrire dans une trajectoire pluriannuelle, au risque de saper les politiques mises en place.

S'agissant des diminutions de crédits en faveur des acteurs de l'insertion professionnelle, certaines nous ont paru trop brutales sur un seul et même exercice budgétaire. La commission a donc adopté des amendements afin de les atténuer.

Tel est ainsi le cas des moyens de fonctionnement des missions locales, de l'enveloppe à destination des structures d'insertion par l'activité économique et de celle en faveur des entreprises adaptées. J'ai toutefois appelé les acteurs à ne pas être passifs face aux diminutions des crédits qui se poursuivront. Les missions locales, comme les structures de l'IAE, devront s'engager dans un effort pluriannuel, ce dont leurs représentants sont convenus.

La mise en œuvre de la loi pour le plein-emploi, qui se poursuivra en 2026 et 2027, devra aussi produire des gains d'efficience. Pour que les ambitions de la loi se réalisent, encore faut-il que les acteurs chargés de l'appliquer en aient les moyens. Je songe bien sûr à France Travail, dont les missions ont été accrues et dont les effectifs sont pourtant réduits en 2026 de 515 ETP.

La commission a déposé un amendement visant à stabiliser le plafond d'emplois de l'opérateur pour éviter ces injonctions paradoxales.

En ce qui concerne la formation professionnelle, la commission met en garde contre les conséquences néfastes d'une nouvelle diminution, arrêtée à la dernière minute, des aides aux employeurs d'apprentis. Il nous semble que la politique d'apprentissage a besoin de stabilité et que ses crédits doivent être préservés.

Pour cela, le Gouvernement pourra s'appuyer sur les pistes d'économies que nous formulons, à hauteur de 614 millions d'euros, sur la dotation à France Compétences et sur le plan d'investissement dans les compétences (PIC). Les dépenses cumulées de ce plan dépassent les 15 milliards d'euros depuis 2018, alors que les objectifs ne sont pas atteints ; j'y reviendrai.

Sous réserve de l'adoption de ces amendements, la commission a émis un avis favorable sur l'adoption des crédits de la mission. Elle s'est aussi prononcée en faveur de l'article 81, sous réserve de l'adoption d'un amendement visant à ne pas exclure les bilans de compétences de l'éligibilité au compte personnel de formation.

En revanche, la commission a proposé la suppression de l'article 80, qui met fin à une aide au permis de conduire pour les apprentis et qui pénalisera spécifiquement les jeunes des territoires ruraux, mais pas uniquement. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur spécial applaudit également.)

Organisation des travaux

M. le président. Mes chers collègues, avant de donner la parole aux orateurs des groupes, je vous indique, pour la bonne information de tous, que 163 amendements sont à examiner sur cette mission.

La conférence des présidents a fixé la durée maximale de la discussion à trois heures, ce qui nous mènerait aux alentours d'une heure ou une heure trente, dans la mesure où nous entamerions l'examen des amendements à partir de vingt-deux heures trente. Si, toutefois, nous n'avions pas terminé à l'heure indiquée, nous poursuivrions l'examen de cette mission demain à partir de quatorze heures.

En outre, la conférence des présidents, réunie mercredi 3 décembre, a décidé que, lorsque le nombre d'amendements déposés ne paraît pas pouvoir garantir leur examen serein dans les délais impartis, les temps de parole seraient fixés, sur proposition de la commission des finances, à une minute. En application de cette décision, les durées d'intervention seront donc fixées à une minute.

Dans la suite de notre discussion, je vous rappelle que le temps de parole attribué à chaque groupe pour chaque unité de discussion comprend le temps d'intervention générale et celui de l'explication de vote. Par ailleurs, le Gouvernement dispose au total de quinze minutes pour intervenir.

Travail, emploi et administration des ministères sociaux (suite)

M. le président. Dans la suite de la discussion générale, la parole est à Mme Raymonde Poncet Monge. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

Mme Raymonde Poncet Monge. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les exercices se suivent et l'austérité s'accroît.

L'an dernier, les crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » étaient en baisse de près de 7 %. Cette année, le projet de loi de finances amplifie cette trajectoire austéritaire, la baisse étant de près de 13 %, soit 3 milliards d'euros de dépenses publiques en moins, presque le double de l'année précédente.

La trajectoire de dépenses est ainsi portée à 17,7 milliards d'euros, bien en dessous du plafond fixé par la loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027, qui situait cette trajectoire à 21,6 milliards d'euros en 2026. Le Gouvernement impose donc un plan d'ajustement structurel plus sévère que ce qui était annoncé.

Certes, une partie non négligeable des efforts sont concentrés sur l'apprentissage. Toutefois, outre que ce repli atteste en réalité du semi-échec du dispositif, dont les effets d'aubaine étaient prévisibles et sont en partie responsables de la baisse de la productivité ces dernières années, il ne saurait masquer les coupes budgétaires imposées à l'ensemble des dispositifs de retour à l'emploi.

Il en est ainsi de la chute des dotations aux missions locales – de 20 % en deux ans –, alors que trois ministères prétendent avoir fait de la jeunesse leur priorité et que les jeunes font face à de nombreux freins à l'emploi et restent la classe d'âge la plus pauvre.

Il en est de même de la baisse du plafond d'emploi de France Travail, difficilement compatible avec les nombreuses missions nouvelles et promesses de moyens de la loi pour le plein-emploi.

Il en est enfin de même des structures d'insertion par l'activité économique, qui subissent une diminution de leurs autorisations d'engagement de près d'un tiers, ce qui met en péril 3 000 salariés permanents, 20 000 ETP conventionnés et 60 000 parcours d'insertion.

L'ampleur de ces coups de rabot suscite des interrogations. Ce sont des mesures procycliques, alors que la conjoncture se retourne et que l'OFCE prévoit une hausse du chômage, lequel pourrait atteindre 8,2 % à la fin de l'année 2026. Cela a d'ailleurs conduit les rapporteurs de la commission des finances à conclure que la capacité des politiques de l'emploi à inverser cette tendance sera amoindrie par les diminutions de crédits prévues dans le présent projet de loi de finances.

De fait, dans un tel contexte, la baisse des crédits, que la Fédération des entreprises d'insertion considère comme « la plus forte de son histoire », aura obligatoirement des externalités négatives et un impact démultiplié dans les territoires les plus en difficulté.

Ces baisses n'ont fait l'objet d'aucune étude d'impact par le Gouvernement, qui n'a pris en compte ni leurs effets dans les territoires ni les fragilités des modèles économiques selon le type de structure. Seule la logique comptable à court terme prime !

Après huit ans de politique de l'offre, qui a vidé les caisses de l'État sans résultat macro-économique autre que conjoncturel, la facture est de fait présentée aux missions, à toutes les missions de service public.

En 2024, la Cour des comptes soulignait que la période 2018-2023 a été marquée par d'importantes baisses d'impôts, dont l'impact est estimé à 62 milliards d'euros, soit 2,2 points de PIB. Ces baisses sont à l'origine de déficits budgétaires structurels et de l'explosion de la dette, puisque rien, en fait, n'a vraiment ruisselé. La mission paie aujourd'hui le prix fort de ces cadeaux non financés et inefficients.

Comme ceux de la mission « Enseignement scolaire » hier, les crédits de cette mission ne permettent plus d'investir dans l'élévation des compétences et des qualifications, dans l'effort de formation requis par les transitions numérique et écologique, ni dans la qualité des emplois et la levée des freins à l'emploi.

Le Gouvernement agit de façon désordonnée, aveugle, sans évaluer les effets récessifs et contre-productifs d'une politique par à-coups, en freinant brutalement le développement du pacte d'ambition pour l'insertion par l'activité économique qu'il a lui-même engagé hier, mais que son obstination déraisonnable à mettre en œuvre une politique de l'offre – celle qu'il conduit depuis huit ans – entrave désormais.

Le plein-emploi ne sera donc pas au rendez-vous. La hausse du chômage, que le Gouvernement masque par des emplois de piètre qualité, ne sera pas enrayée. Elle viendra s'ajouter à la hausse désormais historique, depuis trente ans, du taux de pauvreté.

Aussi, les membres du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires voteront contre la dégradation des crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux ». (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)

M. le président. La parole est à Mme Véronique Guillotin.

Mme Véronique Guillotin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, si nous enchaînons cet automne les textes budgétaires difficiles, cette mission porte l'effort budgétaire le plus significatif du projet de loi de finances pour 2026.

La situation de nos finances publiques et les décisions qu'elle nous contraint à prendre n'enchantent effectivement personne et, en responsabilité, nous obligent à examiner les dépenses de manière pragmatique.

Si la baisse est nécessaire, elle mérite toutefois une pluriannualité et une pente plus douce, afin d'impliquer les acteurs et de leur donner de la visibilité. Pour autant, si des économies doivent être réalisées, elles doivent épargner au maximum ce qui contribue efficacement à l'insertion par l'emploi.

Pour 2026, les crédits de cette mission sont en baisse de 2,4 milliards d'euros, soit près de 12 %, ce qui les fait revenir à leur niveau de 2021, après une augmentation poursuivie jusqu'en 2024. Seuls les crédits consacrés à l'indemnisation des demandeurs d'emploi sont en augmentation, en prévision d'une hausse du chômage attendue en 2026. C'est une raison supplémentaire, peut-être, de faire porter l'effort sur l'insertion vers l'emploi.

Notre groupe, qui se veut responsable, ne refuse pas a priori et par principe les baisses de dépenses ; il souhaite l'effort de tous en proportion de ses capacités et examine chaque proposition sous un angle pragmatique et non idéologique.

Toutefois, je prônais il y a quelques jours, lors de l'examen du projet de budget de la sécurité sociale, un retour à l'équilibre des comptes en misant en grande partie sur le retour au travail et la préservation de notre modèle social en travaillant plus et mieux.

Le projet de budget qui nous est présenté ici nous apparaît donc difficile et en décalage, car il ne permet pas le nécessaire retour à l'emploi de ceux qui en sont éloignés. Il est en décalage également avec ce que nous voyons sur le terrain.

Jeudi dernier, je me suis rendue dans une petite ville du nord de mon département, la Meurthe-et-Moselle, non loin de la frontière luxembourgeoise, pour participer à l'inauguration d'un bac pro dans la rénovation du patrimoine historique, au sein d'une unité de formation par apprentissage quasiment unique à l'échelon national.

Deux élèves y avaient été orientés par leur mission locale du Sud-Ouest. Ils avaient traversé la France pour suivre cette formation, coconstruite avec une entreprise locale, l'entreprise Le Bras Frères, qui a participé notamment à la rénovation de Notre-Dame.

Ce simple exemple montre l'enjeu que représentent pour nos jeunes, mais aussi pour nos entreprises, tout à la fois l'apprentissage et les missions locales.

Nous suivrons sur de nombreux points la ligne de Mme la rapporteure pour avis de la commission des affaires sociales, Frédérique Puissat, considérant certaines diminutions trop brutales pour un seul exercice budgétaire.

Tel est le cas de la réduction de 13 % des moyens de fonctionnement des missions locales.

Ainsi, nous défendrons un amendement visant à maintenir l'enveloppe de l'an dernier, laquelle marquait déjà une diminution par rapport à l'exercice précédent. En effet, alors que les besoins augmentent, une nouvelle baisse des crédits risquerait d'allonger les délais et de dégrader la qualité de l'accompagnement, voire de détruire plusieurs centaines d'emplois.

Favoriser l'insertion durable des jeunes nous apparaît indispensable, dans un contexte où le taux de chômage de ces derniers demeure élevé et risque de s'accroître, de même que leur niveau d'incertitude face à l'avenir.

La situation des crédits alloués à l'insertion par l'activité diffère, en ce que leur baisse de 11 % intervient après plusieurs années de forte augmentation. Nous la jugeons toutefois abrupte. Nous défendrons donc un budget plus élevé que ce qui est proposé et examinerons la proposition de Mme la rapporteure pour avis au regard de l'avis du Gouvernement. Si un accord peut être trouvé, avec les acteurs concernés, sur une perspective pluriannuelle d'efforts soutenables, nous ne nous y opposerons pas.

J'en terminerai en évoquant les deux lignes de crédits sur lesquelles les membres du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen sont les plus réservés : l'apprentissage et l'insertion par l'emploi des personnes handicapées.

En ce qui concerne l'emploi des personnes handicapées, nous défendrons un amendement visant à maintenir le niveau des aides au poste dans les entreprises adaptées.

S'agissant de l'apprentissage, si le soutien public a atteint 16 milliards d'euros cette année, nous ne pourrons approuver les coupes envisagées dans ce texte, alors que les aides à l'employeur ont déjà été réduites de 650 millions d'euros en 2025. Même en tenant compte d'une éventuelle diminution du nombre des contrats en 2026, le budget proposé entraînera nécessairement une nouvelle baisse du montant de l'aide aux entreprises.

Or, comme ils nous le disent souvent sur le terrain, les employeurs ont déjà connu trois montants d'aide différents depuis 2023. Ne sapons pas définitivement leur confiance et laissons-leur de la visibilité. La dynamique favorable à l'apprentissage et la qualité de l'accompagnement des apprentis sont des éléments précieux pour l'insertion professionnelle du jeune, dont le retour au travail reste essentiel.

Dans le même esprit, nous nous opposerons à la suppression de l'aide de 500 euros au permis de conduire pour les apprentis de plus de 18 ans.

Pour ma part, j'étais même favorable à son extension aux jeunes de moins de 17 ans et j'avais interrogé le Gouvernement à ce sujet, mais il faut savoir raison garder… (Sourires.) En effet, cette perte nuirait à la mobilité des apprentis, notamment dans les zones rurales ou périurbaines, où le permis reste essentiel pour trouver un emploi ou s'y maintenir.

Mes chers collègues, si notre groupe souhaite encourager toutes les initiatives en faveur d'une plus grande efficience de nos politiques publiques, les coupes proposées dans les crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » nous paraissent importantes et abruptes. Elles mériteraient d'être envisagées dans une perspective pluriannuelle. Le retour vers l'emploi doit être accompagné, soutenu et envisagé comme un investissement nécessaire pour l'avenir de notre pays.

Nous porterons sur les amendements un regard attentif et pragmatique.

M. le président. La parole est à Mme Nadia Sollogoub. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur spécial applaudit également.)

Mme Nadia Sollogoub. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je souhaite tout d'abord remercier nos collègues rapporteurs de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » de la qualité de leurs travaux.

Respecter la valeur travail suppose de respecter la trajectoire financière de l'État, car les crédits que nous répartissons sont le produit du travail des Français.

Avant d'aborder les programmes de la mission, je voudrais rappeler quelques éléments généraux.

Nous poursuivons les mêmes objectifs que le Gouvernement : renforcer les outils d'insertion professionnelle, dynamiser la négociation collective et améliorer les conditions du dialogue social.

Les crédits de paiement de la mission pour 2026 s'élèvent à 17,65 milliards d'euros, soit une diminution de 11,8 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2025. Cette évolution traduit un effort réel de maîtrise de la dépense, afin de revenir à un niveau plus conforme aux orientations macroéconomiques et au cadrage établi avant la crise sanitaire. Nous devons collectivement retrouver un équilibre, après plusieurs années exceptionnelles.

Cependant, cet effort ne doit pas nous conduire à ignorer les réalités du terrain. Nous pouvons faire mieux avec moins, si les moyens sont adaptés et bien ciblés. Monsieur le ministre, vous pourrez compter sur le Sénat pour rappeler cette exigence de cohérence.

Certaines baisses pourraient être porteuses de risques si elles ne sont pas accompagnées des garanties nécessaires. Je pense, notamment, aux aides aux employeurs en matière d'apprentissage ou d'emploi des jeunes, dont la diminution importante en 2026 pourrait fragiliser l'élan récent ; j'y reviendrai.

Monsieur le ministre, France Travail ne doit pas subir d'injonctions paradoxales, pour reprendre les mots de Mme la rapporteure pour avis, au moment où la situation de l'emploi se tend. Ainsi, après plusieurs trimestres de hausse, les inscriptions à France Travail demeurent à un niveau élevé, et les nouveaux publics issus de la réforme du revenu de solidarité active (RSA) ou du contrat d'engagement jeune (CEJ) ont besoin d'un accompagnement renforcé.

Dans ce contexte, la diminution des effectifs de l'opérateur, telle qu'elle est envisagée, nous semble devoir être réexaminée, surtout à la lumière des attaques massives et répétées, ainsi que des piratages de données, dont il a été la cible. C'est pourquoi nous soutiendrons la proposition visant à stabiliser le plafond d'emploi, afin de permettre un accompagnement à la hauteur de tous les enjeux.

Nous sommes également attentifs aux moyens alloués aux contrats d'engagement jeune et aux missions locales, acteurs indispensables au soutien des publics les plus fragiles.

S'agissant du programme 102, « Accès et retour à l'emploi », qui permet d'accompagner les personnes les plus éloignées de l'emploi, les crédits diminuent de 4,3 % en 2026. Il faut procéder à une telle baisse de manière prudente, au moment même où les indicateurs du chômage des jeunes repartent à la hausse. La direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) observe, notamment, que le chômage des moins de 25 ans progresse, sur un trimestre, toutes catégories confondues. Nous devons éviter de fragiliser des dispositifs essentiels pour ces publics.

Nous sommes également vigilants concernant les moyens alloués à l'insertion des personnes en situation de handicap et à l'insertion par l'activité économique (IAE). En effet, si cette dernière a connu une croissance importante depuis 2018, la baisse proposée pour 2026 doit s'accompagner d'une trajectoire claire et partagée avec les acteurs. C'est pourquoi nous voterons l'amendement de Mme le rapporteur pour avis visant à rétablir des crédits adaptés, en cohérence avec les engagements pris.

Enfin, l'expérimentation territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD) doit continuer à être évaluée avec rigueur. La proposition est, certes, intéressante, mais elle doit respecter la clause de non-concurrence et ne pas fragiliser les autres opérateurs, surtout au regard du coût du dispositif. Une montée en charge maîtrisée et limitée reste donc nécessaire à ce stade.

S'agissant de la formation professionnelle et de l'apprentissage, nous devons dépasser la seule logique budgétaire. Ce dernier est un investissement de 16 milliards d'euros, essentiel pour l'avenir des jeunes et la compétitivité de nos entreprises. Cette politique a démontré son efficacité ; il est indispensable de ne pas casser sa dynamique.

Le Gouvernement annonce une rationalisation des aides versées aux employeurs, notamment pour les niveaux de formation les plus élevés.

Cette intention peut s'entendre, mais nous devons veiller à ce qu'une telle baisse de crédits ne conduise ni à fragiliser les filières ni à brider les ambitions des jeunes. Les prévisions d'effectif des apprentis pour 2026 devront être réalistes et actualisées. Je rappelle que, en 2025, une réduction de 650 millions d'euros des aides avait déjà été votée. La poursuite de cet effort en 2026 doit donc s'accompagner d'une trajectoire de long terme.

En outre, la suppression de l'aide de 500 euros pour le permis de conduire nous invite à une réflexion d'ensemble, notamment au regard des annonces du Président de la République sur les voies nouvelles d'accès au permis. Il serait cohérent de préserver les moyens permettant à tous les jeunes, y compris les apprentis, de lever un obstacle majeur à l'insertion professionnelle.

J'en arrive, enfin, à France Compétences, dont le déficit structurel doit conduire à un recentrage des missions, conformément au cadrage pluriannuel.

Le programme 111, « Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail », voit ses crédits baisser, mais continuera à bénéficier du soutien de l'État dans le cadre du cinquième plan Santé au travail pour 2026-2030 (PST 5). Ce dernier est un levier important de prévention des risques professionnels et d'amélioration durable de la qualité de vie au travail.

Le programme 155, « Soutien des ministères sociaux », bénéficie de crédits en hausse de 2,8 %, un effort que nous saluons, tant il est nécessaire dans un contexte de transformation profonde des politiques publiques.

Au total, comme je l'ai rappelé, les crédits de la mission atteignent 17,65 milliards d'euros en 2026. La baisse des fonds alloués aux programmes 102, « Accès et retour à l'emploi », et 103, « Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi » se poursuit, prolongeant la trajectoire engagée dès 2025.

Cette évolution marque clairement le retour à une discipline budgétaire plus conforme au cadrage déterminé en 2022 et à la sortie progressive des mesures exceptionnelles liées à la crise sanitaire.

Cinq ans après le « quoi qu'il en coûte », nous retrouvons une logique plus soutenable. Comme l'écrivait le Nivernais Romain Rolland : « L'équilibre est la règle souveraine des plus grands comme des plus petits ».

Sous réserve de l'adoption de certains amendements, le groupe Union Centriste votera en faveur des crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains. – M. le rapporteur spécial applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Pierre Jean Rochette. (Applaudissements au banc des commissions.)

M. Pierre Jean Rochette. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, cette année, la situation budgétaire particulièrement alarmante appelle à une exigence certaine en matière de réduction des dépenses.

Rappelons, tout d'abord, que le budget de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » s'est considérablement accru entre 2019 et 2024, de plus de 60 %.

Toutefois, l'on ne saurait répondre à la nécessité bien réelle de baisser certaines dépenses au détriment de politiques fructueuses menées depuis longtemps. Je songe, bien entendu, à l'apprentissage. On peut souligner que la politique de ces dernières années fut une réussite – elle l'est toujours –, avec un nombre de contrats passé de 320 000 en 2018 à plus de 880 000 en 2024. L'apprentissage est une force, voire une nécessité, pour beaucoup de nos entreprises.

L'année dernière, afin d'assurer un meilleur ciblage des dépenses, nous avions soutenu la proposition de M. le rapporteur spécial, Emmanuel Capus, visant à plafonner les niveaux de prise en charge des formations de niveau licence, master et doctorat.

Cette année, les crédits consacrés à l'aide aux employeurs d'apprentis diminuent de plus de 30 %, conséquence en 2026 de la réforme du barème de ladite aide. Toutefois, il semble que le nombre réel d'entrées en apprentissage sera supérieur aux prévisions du Gouvernement. Sur ce point, monsieur le ministre, nous sommes preneurs de chiffres, pour rassurer tant les entreprises que les apprentis.

J'en arrive aux missions locales. Je crois qu'elles nous ont tous sollicités, dans cet hémicycle, quant au risque de leur disparition et aux inquiétudes qu'elles ont fait remonter depuis les territoires.

En effet, pour 2026, le Gouvernement prévoit une baisse de 13 % des moyens qui leur sont alloués, laquelle fait suite à une diminution de 5 % dans le projet de loi de finances de l'année dernière. Il nous faut entendre leurs inquiétudes, même si s'interroger sur les missions et les organisations que nous finançons est tout à fait louable.

De même, l'insertion par l'activité économique enregistre une baisse sévère de 11 % de ses crédits. Il faut toutefois être transparent et rappeler que, entre 2018 et 2024, ceux-ci avaient augmenté de plus de 78 %.

Dans l'ensemble, les membres du groupe Les Indépendants – République et Territoires soutiennent la tendance à la baisse globale des crédits de cette mission, tout en restant attentif aux diminutions trop brutales concernant certains acteurs.

Pour conclure, comme vous le savez, mes chers collègues, notre groupe estime que la dépense d'argent public doit toujours être pertinente, encore davantage cette année eu égard au contexte.

Aussi estimé-je, personnellement, que l'efficacité de certains acteurs mériterait d'être davantage évaluée, afin de mieux cibler les dépenses publiques. En effet, il est tout à fait normal que nous cherchions à rationaliser au mieux nos organisations. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE, ainsi qu'au banc des commissions.)

M. le président. La parole est à M. Laurent Burgoa. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Burgoa. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, comme vous le savez, les crédits demandés pour 2026 au titre de la mission que nous examinons s'élèvent à 17,65 milliards d'euros, soit une baisse de 11,8 %, une proportion semblable à celle qui nous avait été proposée l'an passé.

Cependant, il est important de le rappeler, de 2019 à 2024, le budget de cette mission avait augmenté de 60 %. Cette décroissance bienvenue doit désormais être pilotée, afin de ne pas nuire aux politiques publiques déjà en vigueur et de gagner en efficience.

Je salue notre rapporteure pour avis, Mme Frédérique Puissat, pour son travail. En commission des affaires sociales, c'est parce que nous avons gardé à l'esprit le contexte économique que certaines diminutions de crédits nous ont paru trop brutales, monsieur le ministre, du moins dans la mesure où elles auraient lieu sur un seul et même exercice budgétaire. En effet, l'année 2025 a été marquée par l'entrée en vigueur des principales mesures de la réforme de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, telles qu'elles sont prévues par la loi du 18 décembre 2023 pour le plein-emploi, chère à Pascale Gruny.

Ainsi, l'inscription sur les listes de France Travail de tous les bénéficiaires du RSA est effective. L'accompagnement de ces derniers se poursuivra en 2026. Dans ce contexte, l'opérateur bénéficie de moyens budgétaires en très légère augmentation. En revanche, s'agissant des moyens humains à sa disposition, prenons garde à ne pas placer France Travail devant des injonctions contradictoires.

En effet, comme je le soulignais à l'instant, la loi pour le plein-emploi a considérablement ajouté aux missions dévolues à l'opérateur. Par conséquent, la suppression de 515 équivalents temps plein travaillé (ETPT) dès l'année prochaine risquerait de restreindre le nombre de bénéficiaires du RSA accompagnés ou de mettre à mal l'exercice des missions de lutte contre les comportements abusifs.

C'est pourquoi un amendement visant à revenir sur cette diminution, afin de stabiliser les effectifs de France Travail, sera présenté au nom de la commission des affaires sociales.

S'agissant des autres acteurs de l'insertion dans l'emploi, nous avons validé la tendance à la baisse des crédits demandés. Toutefois, il nous semble que les efforts demandés pour 2026 sont trop importants et se feraient au détriment de l'insertion dans les territoires.

Par exemple, les crédits du programme 102 supportent une réduction de 13 % des moyens de fonctionnement alloués aux missions locales. Cette diminution risque de fragiliser l'accompagnement mené par ces acteurs incontournables. Nous proposons donc d'augmenter de 77 millions d'euros les fonds qui leur sont destinés, afin de maintenir l'enveloppe au niveau voté l'an passé. Personnellement, j'ai été saisi par plusieurs missions locales du Gard.

Précisons d'emblée que de telles augmentations de crédits, dans un contexte contraint, seraient compensées par une réduction du volet national du plan d'investissement dans les compétences (PIC), dont le manque de lisibilité quant à ses effets réels sur les entrées en formation et la complexité du pilotage budgétaire ont souvent été pointés par notre commission des affaires sociales, ainsi que par la Cour des comptes.

Mme Frédérique Puissat, rapporteur pour avis. Très bien.

M. Laurent Burgoa. Enfin, mes chers collègues, nous aurons l'occasion d'échanger sur les moyens consacrés à la formation professionnelle, notamment à l'apprentissage. Sur ce point, gardons à l'esprit le fait que les employeurs ont besoin de stabilité, afin d'être incités à s'inscrire dans une telle démarche.

Je ne puis que vous inviter, mes chers collègues, à suivre les orientations décidées en commission des affaires sociales.

Je remercie nos rapporteurs de leur travail et leur disponibilité. Le groupe Les Républicains votera pour les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicain, ainsi qu'au banc des commissions. – M. Michel Masset applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Stéphane Fouassin. (Applaudissements au banc des commissions.)

M. Stéphane Fouassin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la mission que nous examinons n'est pas n'importe laquelle pour nos concitoyens, puisqu'il s'agit de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux ».

Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026, elle fait l'objet de 17,65 milliards d'euros de crédits de paiement, soit une baisse sensible de 11,8 % par rapport à l'année dernière. Si elle peut susciter des interrogations, cette diminution ne résulte cependant pas d'un désengagement de l'État. Elle traduit plutôt un recentrage de nos politiques, dans un contexte de chômage au plus bas depuis quinze ans, évalué, comme je vous le rappelle, à 7,5 % au deuxième trimestre 2025.

À ce sujet, j'attire votre attention sur deux points.

D'une part, concernant le programme 102, « Accès et retour à l'emploi », malgré le contexte de chômage historiquement bas que je viens de mentionner, près d'un quart des demandeurs d'emploi le sont depuis plus d'un an, le taux de chômage chez les 15-24 ans s'élève à 19 % et l'accès au marché du travail reste plus difficile pour les personnes en situation de handicap. Je précise, en outre, que ces taux sont bien plus élevés en outre-mer avec, par exemple, plus de 50 % de chômeurs dans certaines petites communes de La Réunion.

D'autre part, le programme 103, « Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi », en nette diminution cette année, en grande partie en raison du recul des aides aux employeurs d'apprentis, demeure pourtant un instrument stratégique pour soutenir les transitions professionnelles, renforcer les filières d'avenir et sécuriser les parcours.

Au-delà des lignes budgétaires, nous devons nous souvenir du rôle de cette mission. Cette mission, c'est d'abord l'insertion et le maintien dans l'emploi des publics les plus fragiles. C'est au travers de crédits qui lui sont alloués qu'est financé l'accompagnement des demandeurs d'emploi de longue durée, des jeunes sans qualification, des allocataires du RSA et des personnes en situation de handicap.

Cette mission, c'est ensuite l'apprentissage, qui a profondément changé le visage de la formation en France depuis 2018. Les aides aux employeurs et les exonérations sociales ont permis d'atteindre des niveaux historiques : plus d'un million de jeunes formés chaque année.

Cette mission, c'est encore notre capacité à accompagner les reconversions, préserver l'emploi lors d'un choc économique, former dans les secteurs stratégiques tel que le nucléaire, le maritime, le ferroviaire ou l'hôtellerie-restauration.

Sans cette mission, les mutations économiques seraient subies et jamais anticipées. Les réajustements proposés par le Gouvernement répondent donc à des réalités, dont la baisse tendancielle du chômage, les excès de certains dispositifs et la nécessité de maîtriser notre déficit.

Toutefois, nous devons aussi entendre les inquiétudes fortes des acteurs de terrain : celles des missions locales, qui redoutent un affaiblissement du contrat d'engagement jeune ; celles des entreprises adaptées et de l'insertion par l'activité économique, pour lesquelles une baisse trop brutale des crédits remettrait en cause des parcours d'insertion déjà fragiles ; celles du monde de l'apprentissage, inquiet des effets cumulés de la réduction des aides et des exonérations.

Notre rôle, c'est d'éviter que les corrections nécessaires ne deviennent des ruptures et de veiller à ce que la trajectoire budgétaire ne compromette ni la réforme de France Travail ni la capacité d'accompagner les publics les plus éloignés de l'emploi, ni la dynamique de montée en compétences de notre économie.

Le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants défendra donc des mesures de réajustement responsables et votera pour les crédits de la mission.

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme Cathy Apourceau-Poly applaudit également.)

Mme Monique Lubin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le présent texte s'inscrit, malheureusement, dans la droite ligne du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, tel qu'il a été déposé par le Gouvernement sur le bureau de l'Assemblée nationale en octobre 2025 et amendé et voté par le Sénat la semaine dernière.

Les mantras qui ont présidé à l'élaboration des deux textes sont les mêmes : refus de l'augmentation des recettes et de la mise à contribution des plus riches ; choix du sabrage des dépenses et de l'abandon des plus vulnérables.

Dans le cadre des débats sur le PLFSS, vous démontriez déjà, chers collègues du côté droit de l'hémicycle, votre conviction selon laquelle les grandes fortunes et les très grandes entreprises ne doivent pas participer à l'effort de redressement de la dette publique. Ces dernières contribuent, certes, à l'économie française, mais selon vous, cela leur confère un véritable totem d'immunité.

Pourtant elles n'ont pas fait que contribuer : elles ont aussi, et surtout, engrangé des bénéfices importants. Et, depuis 2017, bénéficié de réductions fiscales diverses et variées.

Or vous savez, tout comme moi, que les travailleurs contribuent tout autant à l'économie française. N'y a-t-il pas de totem d'immunité pour eux ? Non ! Nous déplorons ce deux poids, deux mesures. En effet, dans votre logiciel, chers collègues, les grandes entreprises ont visiblement plus de droits que nos concitoyens, notamment pour ce qui relève de l'impôt et de la possibilité de s'enrichir.

Mon collègue Thierry Cozic ne dénonçait pas autre chose lors de la discussion générale du projet de loi de finances pour 2026. Ainsi, il rappelait la prédilection du Gouvernement et de la droite pour le maintien des aides publiques au secteur privé.

De ces préférences coupables, vous avez fait la démonstration, chers membres de la majorité sénatoriale, puisque vous avez, au cours des derniers jours, supprimé 8 milliards d'euros de recettes fiscales par rapport au texte du Gouvernement. Pour arriver à ce résultat, entre autres exploits, signalons votre rejet de la surtaxe sur les grandes entreprises, pour 4 milliards d'euros tout de même…

Cette baisse spectaculaire illustre votre appétence pour une société structurée autour de la sécession des riches. Par ailleurs, elle jette le doute sur votre souci de la cohésion sociale et du vivre ensemble. Vos choix témoignent d'un sens de la responsabilité particulier : vous acceptez que certains reçoivent plus que ce qui leur est dû, mais pas qu'ils le restituent en cas de crise budgétaire.

Pour notre part, nous en avons pris acte et nous avons voté, ce jeudi, contre la première partie du PLF, relative aux recettes. À présent que nous discutons de sa seconde partie, consacrée aux dépenses, alors que les recettes ont été largement rabotées, qui doit payer ? Toujours les mêmes !

Plus particulièrement, il s'agit des bénéficiaires des politiques publiques financées par les crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux », à savoir les travailleurs, les personnes éloignées de l'emploi et les jeunes à qui est refusée l'occasion d'entrer dans l'emploi.

La mission que nous examinons est ainsi fragilisée de toutes parts. Je vais vous indiquer la manière dont ses crédits devraient évoluer en 2026 par rapport à 2025, où ils étaient déjà insuffisants, si le texte restait inchangé.

Ainsi, pour l'insertion par l'activité économique, on constaterait une baisse globale spectaculaire de près de 30 % du budget.

Pas moins de 60 000 personnes ne seraient plus accompagnées si les choses devaient rester en l'état. David Cluzeau, président de l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire (Udes), le dénonce : « On est face à un budget d'appauvrissement général, c'est au-delà de l'austérité. Pas un seul secteur de l'ESS n'est épargné. »

Concernant les missions locales, la baisse dramatique des autorisations d'engagement, d'un montant de 77,2 millions d'euros, est telle que ces structures perdraient 1 081 équivalents temps plein, sur un total national d'environ 14 000.

Les jeunes sont particulièrement touchés par les baisses de crédits, non seulement au sein de la présente mission, mais aussi dans tout le PLF. Ainsi, la Banque des territoires souligne que ce texte vise à une baisse significative des objectifs d'entrées en contrat d'engagement jeune, soit 16 160 de moins par rapport à 2025.

France Travail est aussi frappée très négativement, les sommes qui lui seraient allouées étant réduites de 187,54 millions d'euros. Cela devrait se traduire par des suppressions de postes, avec 515 équivalents temps plein de moins en 2026.

Dans ce contexte, quel sera l'avenir d'expérimentations telles que le programme Avenir Pro, mené depuis 2020, dont France Travail est un partenaire incontournable ?

Le journal Les Échos souligne pourtant que, grâce au suivi administratif exhaustif des élèves en bac professionnel permis par cette expérimentation, ces derniers s'en sortent nettement mieux que les autres, notamment dans les territoires ruraux. Ainsi, un an après la fin de leur scolarité, ceux qui ne poursuivent pas leurs études et qui ont bénéficié d'Avenir Pro ont un taux d'emploi supérieur de vingt points à celui des autres.

Pour ce qui est des territoires zéro chômeur de longue durée, l'expérimentation a bénéficié en 2025 d'un budget maintenu à 79,63 millions d'euros, avec quatre-vingt-trois territoires habilités.

Cependant, en 2026, ce montant subirait une baisse importante, en dépit des engagements de l'État, puisqu'il serait fixé à 68,8 millions d'euros, alors même que de nouveaux territoires ont été habilités en 2025, ce qui induit mécaniquement des dépenses plus importantes.

En outre, je rappelle que l'État s'était engagé à financer cette expérimentation de manière plus ambitieuse que ce qui est prévu dans le PLF 2026, en vertu de la loi du 14 décembre 2020 relative au renforcement de l'inclusion dans l'emploi par l'activité économique et à l'expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée ». Cette dernière a étendu l'expérimentation jusqu'en 2026, tout en prévoyant de veiller à la viabilité des emplois créés. On cherche donc la cohérence…

Par ailleurs, la fragilisation de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » traduit les politiques de défiance systématique de l'exécutif et de la majorité sénatoriale vis-à-vis des personnes privées d'emploi. Ces dernières sont systématiquement suspectées de ne pas faire assez d'efforts et d'arbitrer en faveur du loisir, ce dernier fût-il vécu dans la misère.

Cette défiance envers les travailleurs, les chômeurs et les personnes éloignées de l'emploi s'est manifestée de multiples manières depuis 2017.

Ainsi, les réformes de l'assurance chômage ont été marquées par le choix du durcissement et de la dégressivité, avec un allongement de la durée minimale de cotisation. De même, le refus d'offres d'emploi ou de formation, même peu adaptées, entraîne désormais la suspension ou la suppression d'allocations.

Cette évolution, humiliante pour des allocataires qui ont pourtant cotisé afin de bénéficier d'un salaire différé au moment opportun, s'inscrit dans une logique répressive et constitue une double peine pour les personnes éloignées de l'emploi.

Aujourd'hui encore, j'affirme que rien ne peut se faire en réduisant les travailleurs au statut d'unités de production dépouillées de droits.

De manière plus générale, je veux souligner, en m'appuyant sur les propos du philosophe et professeur au Collège de France Alain Supiot, que la flexibilisation de l'emploi, présentée comme un remède au chômage, a en réalité gravement affecté la protection sociale, fragilisé les salariés et mis les travailleurs en concurrence entre eux. Elle a affaibli les solidarités et les actions collectives.

C'est la raison pour laquelle les politiques publiques financées par la mission que nous examinons devraient être revues sous l'angle d'une redéfinition du travail et de la prise en compte de l'état professionnel des personnes. Cette approche permettrait de garantir une continuité du statut social tout au long de la vie, indépendamment des changements de situation : emploi, chômage et formation.

Une telle logique serait cohérente avec l'objectif de l'expérimentation territoires zéro chômeur de longue durée. Son principe, comme le rappelle une étude dont les conclusions sont parues en 2022 dans la revue Travail et Emploi, vise à l'exhaustivité : tous les chômeurs de longue durée qui se portent volontaires, y compris les « invisibles » qui n'étaient pas inscrits à Pôle emploi, devraient pouvoir en bénéficier, sans sélection préalable, et avec un temps de travail choisi par le travailleur en fonction de ses besoins et de ses contraintes.

Une telle démarche obéit au présupposé, qui est aussi celui de l'IAE et de Chantier école, selon lequel personne n'est inemployable. Ainsi, c'est bien le marché du travail qui dysfonctionne, et non les personnes. Sans minimiser les efforts que chacun doit accomplir, c'est à la collectivité de se mobiliser pour mettre fin à des modes d'organisation défaillants, qui font des individus le problème.

La logique d'accompagnement de chacun et d'insertion par le travail a émergé par nécessité dans les années 1970, lors de l'apparition du chômage de masse. Désormais, le Gouvernement lui tourne le dos avec son projet de budget, alors que le besoin n'en a pas disparu !

Je relève les efforts de Mme le rapporteur pour avis tendant à rétablir un certain nombre de crédits. Cependant, cela se fait au détriment des PIC, les plans d'investissement dans les compétences, ce que nous ne pouvons accepter. Nous ne voterons donc pas les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme Cathy Apourceau-Poly et M. Thomas Dossus applaudissent également.)

M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly. (Applaudissements sur des travées du groupe SER.)

Mme Cathy Apourceau-Poly. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'examen des crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » révèle une attaque sans précédent contre les politiques de l'emploi.

Cette mission, amputée de près de 3 milliards d'euros de fonds, devient la grande sacrifiée du PLF, alors que nous entendons dire sans cesse qu'il faut remettre les personnes sans emploi au travail. Nous avons à cœur la valeur travail, mais il faut y mettre les moyens, selon quatre principes : salaires, accompagnement, formation et réussite du projet.

Le Gouvernement décide de supprimer 515 ETP à France Travail, soit 1 % des effectifs, alors que le taux de chômage repart à la hausse, notamment chez les jeunes. Cette décision est d'autant plus incompréhensible que, en 2026, est généralisée l'obligation d'effectuer quinze heures d'activité par semaine pour les bénéficiaires du RSA.

Ainsi, l'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss), le Collectif Alerte, ou encore la Défenseure des droits ont souligné le risque d'un basculement de la logique d'insertion vers une logique de contrôle, au détriment du droit à l'accompagnement.

L'obligation d'effectuer quinze heures d'activité hebdomadaire, combinée à la réduction des effectifs et à la stagnation des crédits, pourrait limiter la capacité de France Travail à garantir un accompagnement et des formations de bonne qualité, mais aussi à prévenir les ruptures de droits.

Et les associations de conclure : « La réussite du dispositif dépend désormais largement des capacités d'ingénierie et de financement des conseils départementaux, ce qui accentue le risque d'inégalités territoriales d'accès à l'accompagnement. »

Au lieu d'augmenter les moyens des conseillers pour accompagner les personnes au RSA, vous vantez la digitalisation des fonctions support et l'optimisation des moyens. Mais il faudra toujours des hommes et des femmes pour s'adresser à d'autres humains, surtout lorsqu'ils ont été cassés par trente ans à l'usine ! Je songe aux ouvriers de la papeterie Wizpaper de Wizernes, liquidée la semaine dernière dans mon département, qui laisse de 120 à 150 salariés sur le carreau.

Cette diminution des emplois à France Travail est d'autant plus absurde que l'opérateur doit gérer l'inscription obligatoire des allocataires du RSA et déployer la loi du 18 décembre 2023 pour le plein-emploi.

Nous déplorons la diminution de 14 % des crédits en faveur de l'insertion par l'activité économique, soit une baisse de 35 millions d'euros en 2026, qui s'ajoute aux 25 millions d'euros de réduction en 2024 et à une diminution du même montant en 2025. Au total, les crédits ont chuté de 84 millions d'euros en moins en trois ans.

De telles coupes budgétaires successives affectent directement les salariés en insertion, dont 80 % affichent un niveau inférieur au baccalauréat.

Nous déplorons également la baisse de 13 % des crédits alloués aux entreprises adaptées. Elle signe un renoncement à accompagner le retour vers l'emploi de celles et ceux qui en sont le plus éloignés et qui sont donc les plus fragilisés.

Le Gouvernement s'en prend par ailleurs aux personnes en situation de handicap en établissement et service d'accompagnement par le travail (Ésat), qui perdront 150 euros par mois de prime d'activité en 2026, alors qu'elles font partie des travailleurs les plus pauvres.

Nous déplorons enfin la diminution de 19 % des crédits des missions locales. Celle-ci risque d'entraîner l'allongement des délais d'accueil, l'augmentation du nombre de jeunes par conseiller, la fermeture de lieux d'accueil et la baisse de la qualité de l'accompagnement, avec la suppression potentielle de plus de 1 000 emplois.

Selon le président de l'Union nationale des missions locales (UNML), il s'agit d'une réduction de moyens « comme jamais », qui affectera évidemment les têtes de réseau, mais aussi les associations locales, qui jouent un rôle essentiel.

En cette fin d'année 2025, quelque 20 % des missions locales sont déjà en grande difficulté financière et avertissent sur leurs difficultés à mener à bien leur action pour la réussite des jeunes.

Cette situation ne pourra que s'aggraver avec la coupe annoncée, laquelle est d'autant moins compréhensible que de nouvelles prérogatives ont été confiées aux missions locales à compter de janvier 2025.

Alors que les crédits dédiés aux missions locales diminuent, les budgets du contrat d'engagement jeune et du parcours contractualisé d'accompagnement adapté vers l'emploi et l'autonomie (Pacea) subissent des baisses de crédit respectives de 4,15 % et 1,2 %.

Les jeunes sont la principale cible d'économie du Gouvernement. À ces coupes budgétaires, il faut en effet ajouter les mesures contre les apprentis, qui, rappelons-le, vont perdre pour certains jusqu'à 200 euros.

Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit la suppression de l'aide au permis de 500 euros pour les apprentis majeurs, plafonne les dépenses du compte personnel de formation et supprime les bilans de compétences.

Autant de mesures très malvenues, qui compromettent l'avenir de l'apprentissage, quand, dans le même temps, les aides aux entreprises sont appelées à diminuer. Nombre d'artisans s'en inquiètent : les conditions de vie et d'études des apprentis sont menacées.

Enfin, le projet de loi de finances pour 2026 fait l'impasse sur les effectifs de l'inspection du travail, qui connaît une pénurie d'effectifs depuis une dizaine d'années.

En conclusion, le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky votera contre les crédits 2026 de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux ». (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE-K et GEST.)

M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Marie-Do Aeschlimann. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le Gouvernement a proposé une baisse de 11,8 % des crédits alloués à la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux ».

Cette trajectoire prévoit un montant de 17,65 milliards d'euros en crédits de paiement, équivalent au budget de 2021. Devant le mur des déficits publics et sociaux, tous les ministères sont appelés à contribuer à l'effort d'économie ; cette mission n'y échappe pas.

Cependant, la rationalisation des dépenses ne doit pas se faire n'importe comment. À la baisse aveugle des crédits alloués à tous les programmes de la mission, la commission des affaires sociales a préféré un rééquilibrage piloté en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes, notamment.

Permettez-moi tout d'abord de déplorer l'injonction paradoxale à laquelle France Travail est confrontée. Depuis la réforme intervenue en décembre 2023, les compétences de l'opérateur ont été élargies et le nombre de bénéficiaires a augmenté de 54 %.

Dans ce contexte, une baisse de plus de 500 ETP est inconciliable avec la montée en charge des missions assignées à l'agence, qui a pour objectif de proposer un accompagnement intensif et de qualité aux demandeurs d'emploi tout en menant une lutte efficace contre les abus.

Je suis depuis longtemps attentive à l'accompagnement de nos jeunes sur le marché de l'emploi, en particulier lorsqu'ils rencontrent des difficultés spécifiques.

Les missions locales sont le premier échelon de l'accompagnement des 16-25 ans. Pourtant, alors que le nombre de jeunes accompagnés a augmenté de 8 % en 2025, l'enveloppe réservée dans le programme 102, « Accès et retour à l'emploi », reculerait de 13 %.

Il faut s'attendre à ce que ce désengagement de l'État provoque un recul des cofinancements apportés par les régions et les communes. Mes chers collègues, les collectivités locales le clament souvent, elles ne souhaitent pas être les vaches à lait d'un État impécunieux qui aurait tendance à se désengager.

La commission a donc rétabli à juste titre les crédits en faveur des missions locales. De même, le secteur de l'insertion par l'activité économique ne doit pas être sacrifié.

J'en viens à la politique de soutien à l'apprentissage. Nous avons été consternés de découvrir que le projet de budget divisait par deux l'enveloppe dédiée au fonctionnement et à l'investissement dans les centres de formation d'apprentis (CFA), la portant à 134 millions d'euros.

Régions de France a fait part de sa totale opposition à cette mesure, qui fragiliserait, dès 2026, de nombreux CFA, contraints d'arbitrer entre les projets d'investissement, la création de formations et de filières ou encore l'accompagnement des élèves.

Comment concilier ce choix avec la priorité jadis assignée à l'apprentissage ? Au fond, s'il faut continuer le travail de rééquilibrage budgétaire engagé l'année passée en matière d'apprentissage, il faut aussi se garder de vider de sa substance cette voie de formation singulière, qui a fait ses preuves en matière d'insertion professionnelle et démontré son utilité pour la compétitivité de nos entreprises.

La question de l'exonération des cotisations sociales des apprentis nous interpelle depuis plusieurs années. Elle a été réduite par paliers, avant de disparaître complètement dans ce projet de budget, ce qui limitera les effets d'aubaine. Néanmoins, le recrutement d'apprentis restera bénéfique pour l'entreprise.

Force est de constater que la baisse des exonérations inscrite dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 n'a pas entraîné l'effondrement des signatures de contrats d'apprentissage à la rentrée 2025.

Ce type de mesures très favorables, parmi lesquelles l'aide à l'embauche, ont permis de doper la croissance de l'apprentissage et je m'en réjouis. À cet égard, nous devons aussi soutenir l'aide au permis de conduire, comme cela a été souligné à de nombreuses reprises. Il est en effet important de lever les freins à l'insertion des jeunes apprentis.

Pour conclure, prenant acte de l'excellent travail effectué par Mme la rapporteure pour avis pour rendre cette proposition de budget raisonnable, le groupe Les Républicains votera en faveur des crédits de cette mission. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Antoine Lefèvre. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Antoine Lefèvre. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) parue le 26 novembre dernier met en évidence une singularité de l'économie française : à contresens de la tendance observée chez nos voisins européens, les taux d'emploi et de pauvreté connaissent depuis ces dix dernières années une augmentation concomitante.

Entre 2014 et 2024, le taux d'emploi chez les 15-64 ans a ainsi augmenté de 4,4 points, tandis que, dans le même temps, le taux de pauvreté progressait de 2,6 points.

L'examen de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux » intervient donc dans un climat économique marqué par un faible taux de chômage, mais aussi par une paupérisation de l'emploi.

La rigueur financière à laquelle nous devons nous astreindre appelle des arbitrages budgétaires d'une grande fermeté. Pour autant, nous devons veiller à ne pas totalement déposséder les politiques de soutien à l'insertion professionnelle, essentielles à l'activité économique et à la reprise de la croissance.

Or les crédits de la mission subissent cette année une diminution de 3 milliards d'euros en autorisations d'engagement et de 2,4 milliards d'euros en crédits de paiement, ce qui constitue des baisses de 15 % et 12 % respectivement.

Ces coupes concernent trois des quatre programmes de la mission et touchent en majeure partie les dispositifs d'accompagnement du licenciement et du reclassement des salariés.

Je salue le travail des rapporteurs spéciaux, ainsi que celui de Mme le rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales. Chacun d'entre eux s'est appliqué à mettre en évidence les effets délétères pour l'emploi de ces importantes baisses de crédit.

En tant que président de la maison de l'emploi et de la formation de Laon, dans l'Aisne, je suis particulièrement préoccupé par le sort des missions locales.

La hausse affichée de 8,7 % des crédits de paiement ne correspond en réalité qu'au rattrapage de la reprise d'excédents de 2025. Les missions locales connaissent surtout une baisse drastique de 13 % de leurs autorisations d'engagement, qui porte à 20 % les baisses de financement de l'État en l'espace de seulement deux ans.

C'est une évolution catastrophique au regard des enjeux actuels de l'accompagnement des bénéficiaires de contrats d'engagement jeune, qui subiront nécessairement les effets de ces coupes.

Après 200 000 contrats enregistrés cette année, le réseau des missions locales est contraint, fatalement, de revoir ses ambitions à la baisse. Le Gouvernement a donc fixé à un peu plus de 188 000 l'objectif d'entrées en contrat d'engagement jeune pour 2026.

Alors que le marché du travail se rétracte, avec une baisse de 12 % des offres de CDI et de 19 % des offres d'alternance, les coupes opérées dans les crédits de la mission sont un très mauvais signal face à l'afflux des jeunes à la recherche d'un contrat.

Rien que depuis le 1er septembre dernier, les missions locales ont vu le nombre de jeunes inscrits augmenter de 8 % en moyenne, cette hausse atteignant même 10 % pour les demandeurs mineurs, en raison d'une augmentation des décrochages scolaires.

Le choix de gestion opéré par le Gouvernement condamne les missions locales à ralentir la mise en œuvre de leurs actions. Pourtant, celles-ci constituent un point d'entrée de choix pour assurer la proximité du tissu d'emplois au niveau local, diversifier les offres et les adapter au profil varié des jeunes qui s'y présentent, avec les difficultés respectives qu'ils peuvent connaître.

Par ailleurs, les missions locales voient leurs équivalents temps plein diminuer de 7,5 %, avec une suppression nette de 1 503 postes. Une coupe dans les effectifs se traduira inévitablement par un effet de ciseaux sur la qualité du service rendu, avec un allongement des délais d'attente, une hausse des licenciements, voire, pour certaines missions situées en milieu rural, la menace de mettre la clé sous la porte. C'est pourtant là que les besoins sont les plus pressants.

Enfin, il est regrettable que l'ensemble des emplois aidés, financés sur la mission, fassent l'objet de diminutions de crédits. Les Pacea subissent une baisse de 1,2 %, tandis que le CEJ connaît une baisse de 4,2 %. Ces mécanismes fonctionnent pourtant comme des filets de sécurité contre la pauvreté.

En conclusion, il est évident que le contexte économique que nous connaissons exige de la responsabilité et de la fermeté. Nous devons cependant veiller à ne pas recourir à des arbitrages financiers qui seraient trop préjudiciables à des publics déjà défavorisés.

Le groupe Les Républicains adoptera sans modification les crédits demandés pour la mission, mais maintiendra toutefois sa vigilance sur leur exécution. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. le ministre. (Mme le rapporteur pour avis applaudit.)

M. Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités. Monsieur le président, madame, monsieur les rapporteurs spéciaux de la commission des finances, madame le rapporteur pour avis de la commission des affaires sociales, je vous remercie de la qualité de vos travaux et de ceux de vos commissions respectives.

Mesdames, messieurs les sénateurs, avant d'entrer dans le détail des propositions du Gouvernement, permettez-moi de rappeler le périmètre de la mission « Teams », qui signifie non pas « équipe », mais bien « Travail, emploi et administration des ministères sociaux ».

Cette mission finance les dispositifs d'insertion professionnelle, de formation professionnelle, d'amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail, ainsi que les dépenses de fonctionnement et de personnel des ministères sociaux.

Dans le contexte actuel, la première version du projet de loi de finances du Gouvernement visait à répondre, comme vous le savez, à l'urgence de la situation de nos finances publiques et à la volonté de maîtriser nos déficits, peut-être un peu radicalement, je le concède, mais il fallait affirmer notre détermination à maîtriser les déficits de notre pays et à les ramener en dessous de 5 %.

L'État et le ministère du travail et des solidarités sont eux aussi mis à contribution : c'est un effort juste, puissant et partagé dans lequel nous devons nous engager.

Bien évidemment, s'agissant d'un ministère social, nous sommes conscients que les missions dont nous parlons sont sensibles et touchent l'ensemble de nos concitoyens, y compris ceux qui se trouvent dans des situations difficiles.

Le texte soumis à votre examen prévoit bien, comme vous l'avez tous souligné, une baisse de 15 % des crédits en autorisations d'engagement et de 12 % en crédits de paiement. Si le budget 2026 est de toute évidence en baisse, il est ramené à un niveau équivalent à celui de 2021.

Remettons ces chiffres en perspective. Depuis 2021, le budget de la mission a connu une forte augmentation. Il a été de 21 milliards d'euros en 2023, puis de 23 milliards d'euros en 2024, alors qu'il ne s'élevait qu'à 12 milliards d'euros en 2019, dernière année avant la crise du covid.

Cette crise a manifestement joué un rôle évident, le relèvement des budgets correspondant à la volonté, à mon sens justifiée, d'accompagner la relance de notre pays à la suite du choc qu'elle a provoqué.

Toutefois, la persistance de ces hausses budgétaires et leur caractère quelque peu extensif ne sont certainement pas soutenables sur le long terme pour nos finances publiques, alors que la crise du covid est heureusement surmontée.

Si la politique de relance lancée après la crise a permis de redonner du tonus au pays, ces hausses ne semblent plus justifiées. Dans la phase de réajustement dans laquelle nous sommes entrés, la situation budgétaire nous contraint à procéder autrement et à privilégier le ciblage et l'efficacité.

De fait, quelques chiffres indiquent que la situation n'est peut-être pas aussi grise que l'on veut bien le souligner. Le budget 2026 de l'insertion par l'activité économique est ainsi supérieur de 60 % à celui de 2017.

L'enveloppe 2026 pour les entreprises adaptées est supérieure de 30 % par rapport, là encore, à la référence de 2017. Le nombre de contrats d'engagement jeune en 2025, soit 285 000, était près de trois fois supérieur au nombre de garanties jeunes en 2020.

Augmenter les crédits est toujours facile, les ajuster l'est bien moins. Le débat budgétaire est complexe : il est toujours plus simple d'accroître les recettes que de diminuer les dépenses. Nous devons donc mener une discussion apaisée sur des sujets difficiles et parfois sensibles. Notre situation budgétaire nous oblige à agir différemment et à privilégier, je le répète, le ciblage et l'efficacité.

Nous proposons des mesures d'économie sans pour autant renoncer à défendre sur le fond nos ambitions en matière de travail, d'emploi et de solidarité ni à mener des politiques publiques efficaces qui répondent aux préoccupations des Françaises et des Français.

Prenons l'exemple de l'apprentissage, que beaucoup d'entre vous ont mentionné. Il s'agit manifestement, à juste titre, d'un sujet transpartisan. Je ne vois aucun groupe qui ne le défende, et c'est tout à fait normal : la politique de soutien à l'apprentissage, fortement relancée à partir de 2017, a produit des résultats remarquables.

L'apprentissage s'est ainsi imposé comme une voie de formation à part entière : près de 10 % des diplômes décernés dans notre pays sont maintenant, me semble-t-il, le fruit de l'apprentissage. En sept ans, le nombre de nouveaux apprentis a presque triplé, passant de 300 000 environ en 2017 à presque 900 000 en 2024.

Il n'y a pas de secret : une telle réussite a été rendue possible par un investissement public massif. Pour la seule année 2024, l'appui public dédié à l'apprentissage s'est élevé à 16 milliards d'euros, soit 16 000 euros par an et par apprenti.

Si un tel engagement était tout à fait légitime pour lancer et consolider la réforme de l'apprentissage, il n'est plus adapté à la phase de maturité dans laquelle nous sommes désormais entrés, ni à l'état de nos finances publiques.

Nous devons continuer à favoriser l'accès des jeunes à l'emploi et à soutenir les entreprises, qui, je le rappelle, sont le véritable moteur de la création des emplois. Parallèlement, nous devons orienter nos actions vers davantage de performances et de bonne gestion des ressources. Cette exigence doit également guider l'évolution et l'ajustement du dispositif d'apprentissage.

Comme tous les ans, le budget 2026 de l'apprentissage a été bâti sur une hypothèse d'entrées en apprentissage. Cet exercice de prévision était cependant plus incertain cette année, car, comme vous l'avez souligné, l'an dernier nous avions ajusté à la baisse un certain nombre d'éléments de cette politique, notamment les aides aux entreprises.

Il se trouve que les chiffres de la rentrée 2025 se sont révélés meilleurs que les hypothèses que nous avions retenues. Nous pouvons nous en réjouir, même si cela soulève des interrogations sur notre méthode budgétaire.

Je réponds donc à la question qui m'a été posée : nous constatons une légère baisse – 3 %, soit 20 000 apprentis en moins –, alors que nos modèles prévoyaient une baisse deux à trois fois supérieure.

Dans le même temps, soyons honnêtes, un certain nombre d'économies que nous avions prévues au cours de ce processus budgétaire ne seront pas au rendez-vous. Par exemple, nous avions proposé de réduire les exonérations de cotisations des nouveaux apprentis en flux. Malheureusement, nous n'avons pas été capables de rencontrer une majorité dans les deux chambres sur ce sujet.

Cette affaire n'est pas anodine : elle nous prive de 400 millions d'euros d'économies l'an prochain et, en année pleine, de 1,4 milliard d'euros. Honnêtement, cette somme manquera à nos comptes. Renoncer à une économie, c'est une chose, mais il faut voir quels effets très concrets cela entraîne dans les comptes d'une politique publique.

Je le dis de manière quelque peu solennelle : je ne connais pas encore l'équilibre général du budget, puisque nous cheminons, mais nous verrons ; nous ferons les comptes à la fin du processus.

À ce stade, même si rien n'est décidé, le Gouvernement est contraint d'envisager – à contrecœur, je vous prie de me croire –, des scénarios de révision du barème des aides à l'apprentissage versées aux entreprises.

C'est en effet le seul facteur de régulation dont nous disposerions si, in fine, nous manquions de ressources pour assumer nos ambitions et absorber le volume d'entrées en apprentissage. (Mme Silvana Silvani s'exclame.)

Permettez-moi à présent d'enjamber les enjeux budgétaires pour évoquer deux chantiers prioritaires qui me tiennent à cœur et sur lesquels je veux rapidement avancer.

Je souhaite mettre au cœur de mon action le soutien au dialogue social. J'en suis un praticien ; je l'ai expérimenté avec un certain succès, me semble-t-il.

J'attache aussi beaucoup d'importance à l'amélioration des conditions de travail, pour que les salariés se sentent bien dans les entreprises et dans leur emploi. Cela n'est pas sans lien, d'ailleurs, avec les débats sur l'allongement des carrières.

Il me semble également que nous devons concentrer nos efforts avec beaucoup de détermination sur la prévention des risques professionnels et des accidents du travail. C'est un sujet français, que nous devons prendre à bras-le-corps. Franchement, si la démocratie me donne l'occasion de durer dans mes fonctions (Sourires au banc des commissions.), je mettrai tout mon poids et toute ma conviction pour progresser sur ces sujets.

Vous le savez, je viens du monde de l'entreprise. Je connais bien le travail, notamment le dialogue social. Je me réjouis par conséquent que, dans le cadre du budget, nous ayons réussi à maintenir une subvention de l'État à l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact).

Cet effort montre la volonté du Gouvernement de soutenir l'action de cette agence auprès des petites et moyennes entreprises (PME) et des très petites entreprises (TPE). Les grandes entreprises peuvent s'en passer, mais les petites, qui ne disposent pas des mêmes fonctions support, ont besoin de cette agence pour les aider à progresser en matière de qualité de vie au travail et de dialogue social.

Les crédits consacrés au financement du paritarisme sont stabilisés, tout comme ceux qui sont alloués aux acteurs du dialogue social. C'est un acte fort en faveur de la démocratie sociale, à laquelle je fais confiance pour apporter des réponses et formuler des propositions aux décideurs politiques.

Nous avons vu récemment, au mois d'octobre dernier, un accord national interprofessionnel (ANI) sur les seniors se transformer en loi. C'est la bonne manière de procéder.

Vous avez évoqué l'expérimentation « Territoires zéro chômeur de longue durée ». C'est une belle appellation et une belle ambition. Il est difficile d'être contre… (Sourires au banc des commissions.)

Il faut toutefois bien mesurer les impacts de cette innovation. Nous procéderons donc à des évaluations, qui sont d'ailleurs déjà en partie engagées. Des réflexions sont en cours quant au devenir du dispositif, d'autant plus que l'expérimentation se termine au mois de juin prochain.

Par conséquent, pour nous donner collectivement le temps de la réflexion sur un sujet très important, il semble nécessaire au Gouvernement de prolonger cette expérimentation de six mois.

Mme Silvana Silvani. C'est inutile !

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. C'est pourquoi le Gouvernement sera favorable aux amendements nos II-1227 rectifié, 1318 rectifié, 1371 rectifié et 1384 rectifié bis, dont les dispositions vont dans ce sens.

Il est important de préciser que le texte initial du projet de loi de finances pour 2026 prévoit déjà les crédits nécessaires pour couvrir toute l'année 2026. Ces amendements n'ont pas d'incidence financière, et aucune ouverture de crédits n'est nécessaire.

Je ne doute pas que ces propositions nourriront de nombreuses discussions au sein de la Haute Assemblée, dont je connais la qualité et le sérieux.

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Comme vous le savez, sur les textes budgétaires comme sur les autres projets de loi, le Gouvernement et votre serviteur sont ouverts à toutes les propositions.

L'objectif est de construire le projet de loi de finances pour 2026 ensemble, dans l'intérêt des Françaises et des Français, et de répondre à la demande de stabilité des acteurs économiques et sociaux.

J'ai écouté attentivement vos interventions. Sachons trouver l'équilibre cher à la sénatrice Sollogoub (Ah ! sur les travées du groupe UC.) et convergeons, par une décroissance pilotée des dépenses, telle qu'elle a été recommandée par M. le rapporteur pour avis Laurent Burgoa, vers le meilleur budget possible pour les Français. (Applaudissement au banc des commissions.)

travail, emploi et administration des ministères sociaux

M. le président. Nous allons procéder à l'examen des crédits de la mission « Travail, emploi et administration des ministères sociaux », figurant à l'état B.

ÉTAT B

(En euros)

Mission / Programme

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

Travail, emploi et administration des ministères sociaux

16 855 836 067

17 649 700 411

Accès et retour à l'emploi

6 692 579 102

6 765 692 415

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

8 148 609 571

8 747 467 735

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

40 997 840

77 166 395

Soutien des ministères sociaux

1 973 649 554

2 059 373 866

dont titre 2

1 077 279 008

1 077 279 008

M. le président. L'amendement n° II-1298 rectifié, présenté par M. Canévet, Mme N. Goulet et MM. Menonville, Longeot, Folliot, Delahaye, Cambier et Maurey, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

200 000 000

200 000 000

TOTAL

200 000 000

200 000 000

SOLDE

-200 000 000

-200 000 000

La parole est à Mme Nathalie Goulet.

Mme Nathalie Goulet. Il est défendu, monsieur le président.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. La volonté de réduire globalement les dépenses est tout à fait compréhensible. Toutefois, l'objet de l'amendement n'indique pas les dépenses qui seraient concernées.

La commission n'est pas favorable à un rabot non ciblé sur des gisements d'économie bien identifiés. Elle estime cette diminution de crédits trop peu opérationnelle pour être adoptée en l'état.

C'est la raison pour laquelle j'émets un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Une baisse de crédits de 200 millions d'euros – c'est un montant considérable – aurait des conséquences dommageables, notamment sur la capacité de l'État à piloter et à évaluer les politiques du travail et de l'emploi, de la santé et des solidarités, ou encore à assurer l'entretien minimal de son patrimoine immobilier, ainsi qu'un niveau de sécurité suffisant de ses systèmes d'information.

Par conséquent, j'émets un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Mme Nathalie Goulet. Le sénateur Canévet est très attentif à l'état de nos finances publiques.

Néanmoins, je retire cet amendement, monsieur le président.

M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1275, présenté par Mme Puissat, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

30 000 000

30 000 000

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

683 000 000

683 000 000

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

TOTAL

713 000 0000

713 000 000

SOLDE

- 713 000 0000

- 713 000 000

La parole est à Mme le rapporteur pour avis.

Mme Frédérique Puissat, rapporteur pour avis. Cet amendement a un double objet.

Premièrement, il tend à réduire de 30 millions d'euros la subvention pour charges de service public allouée à France Travail, en contrepartie de quoi je proposerai, au travers d'un amendement suivant, de rétablir les 515 postes évoqués précédemment. Ces 30 millions d'euros seront compensés par une internalisation de prestations qui sont aujourd'hui réalisées par des intermédiaires chez France Travail.

Deuxièmement, cet amendement vise à avancer l'échéance du PIC à 2026 au lieu de 2027. Nous l'avons dit, le PIC n'a pas tenu ses promesses. À un moment donné, il préférable de se concentrer sur ce qui fonctionne, à savoir les SIAE et les missions locales.

Les économies réalisées sur le PIC permettraient de dégager au total 938 millions d'euros pour financer les missions locales et les SIAE.

Sans doute me dira-t-on que le PIC a son utilité. C'est le cas de toute ligne budgétaire. Dès lors qu'il s'agit d'en supprimer une, on lui trouve toujours une utilité. Privilégions ce qui fonctionne.

M. le président. L'amendement n° II-1261 rectifié, présenté par Mmes Poumirol, Lubin, Féret et Rossignol, MM. Cozic, Gillé, Ziane, M. Weber et Uzenat, Mmes Espagnac, Matray et Bélim et MM. Mérillou, Michau, Montaugé, Bourgi, Pla, Redon-Sarrazy, Omar Oili et Roiron, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

150 000 000

150 000 000

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

150 000 000

150 000 000

TOTAL

150 000 000

150 000 000

150 000 000

150 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Monique Lubin.

Mme Monique Lubin. L'amendement de Mme Émilienne Poumirol vise à annuler la baisse de 150 millions d'euros prévue pour l'enveloppe des pactes régionaux d'investissement dans les compétences (Pric).

Pour 2026, le financement des Pric reposerait exclusivement sur les fonds de concours de France Compétences, limités à 627 millions d'euros, soit une réduction de 150 millions d'euros par rapport à la trajectoire pluriannuelle.

Cette contraction de 19,3 % affaiblirait significativement la capacité de programmation des régions, alors même que les besoins en compétences augmentent fortement dans les filières en tension : bâtiment, médico-social, transition écologique et industrie.

Le rétablissement de ces 150 millions d'euros est indispensable pour éviter les interruptions de programmation, garantir la continuité des parcours de formation des demandeurs d'emploi et répondre aux besoins urgents de recrutement dans les secteurs stratégiques.

M. le président. L'amendement n° II-1350, présenté par Mmes Lubin et Féret, MM. Michau et P. Joly, Mmes Le Houerou et Canalès, M. Kerrouche, Mme Conconne, MM. Fichet et Jomier, Mmes Rossignol et Poumirol, M. Kanner, Mme Bonnefoy et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

25 000 000

25 000 000

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

25 000 000

 

 25 000 000 

TOTAL

25 000 000

25 000 000

 25 000 000 

25 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Monique Lubin.

Mme Monique Lubin. Cet amendement vise à s'opposer à la suppression de 515 équivalents temps plein au sein de France Travail.

La mesure a été largement commentée lors de la discussion générale. Elle n'est absolument pas la bienvenue, au moment où l'on confie de nouvelles missions à France Travail, notamment celle d'accueillir tous les bénéficiaires du RSA, et où, malheureusement, le nombre de demandeurs d'emploi s'accroît.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. L'amendement n° II-1350 de Mme Lubin, qui vise à augmenter les crédits pour accroître les effectifs de France Travail est inopérant : il n'est pas besoin d'augmenter les crédits pour augmenter les effectifs.

Mme le rapporteur pour avis a d'ailleurs indiqué qu'elle souhaitait baisser les crédits tout en augmentant les effectifs. C'est le sens de l'amendement à l'article 55 du projet de loi de finances qu'elle présentera au nom de la commission des affaires sociales.

Madame Lubin, le rétablissement des 515 ETP, dont la suppression est actée à l'heure actuelle, est plutôt une bonne nouvelle pour vous. D'une certaine façon, votre amendement est satisfait, et l'avis de la commission est par conséquent défavorable.

L'amendement n° II-1261 rectifié vise, quant à lui, à augmenter de 150 millions d'euros les crédits du PIC. Vous l'aurez compris, mes chers collègues, ce n'est pas du tout à l'ordre du jour. Nous sommes plutôt dans une logique de diminution, de rationalisation et de baisse des dépenses. L'avis est donc défavorable.

Quant à l'amendement n° II-1350, il est beaucoup plus complexe que celui de la commission des affaires sociales, lequel vise à opérer une réduction de crédits de 30 millions d'euros à la fois en autorisations d'engagement et en crédits de paiement, en contrepartie du rétablissement de 515 ETP au sein de France Travail.

Cela peut sembler contre-intuitif, mais c'est bien l'effet que produira l'amendement de Mme le rapporteur pour avis, si vous l'adoptez.

La commission des finances voit d'un très bon œil ce dispositif. En revanche, elle peine à prendre position sur la proposition formulée par Mme Puissat de diminuer de 683 millions d'euros les crédits du PIC, pour financer un ensemble d'engagements en faveur des missions locales, des SIAE et des entreprises adaptées.

Nous souhaiterions connaître l'avis du Gouvernement sur ce point, afin de nous assurer de la faisabilité technique du dispositif.

Pour rappel, les crédits du PIC en 2026 sont relativement faibles, soit 311 millions d'euros, avec 480 millions d'euros en CP. Le PIC est essentiellement un fonds de concours à France Compétences sur lequel nous n'avons pas de prise. Reste à savoir si le Gouvernement a la main sur ce dispositif.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Nous entrons dans le vif du sujet. Si vous me le permettez, je reprendrai les amendements dans l'ordre.

L'amendement n° II1275 est le plus central. J'en comprends bien l'esprit : il s'agit de corriger des éléments de politique publique qui sont trop à la baisse. Je pourrais être d'accord avec cet objectif, mais il faut trouver en contrepartie des économies.

Pour le moment, je mets de côté la question des moyens alloués à France Travail, qui est abordée par deux de ces amendements, même si elle doit être posée.

Encore une fois, je comprends l'intention qui est exprimée au travers de l'amendement n° II-1275, mais la brutalité de sa mise en œuvre m'interroge. Doit-on vraiment décider, au début du mois de décembre de cette année, d'opérer une réduction massive, qui remet en question, de manière fondamentale, les deux politiques publiques que sont les PIC à l'échelon national et les prix régionaux ?

Une telle mesure n'a été ni préparée ni concertée. Pour l'heure, nous disposons de systèmes qui fonctionnent. On peut toujours estimer qu'ils ne sont pas assez efficients, auquel cas il faut les ajuster. J'y insiste, la difficulté à mettre en œuvre ce dispositif et à amener la décision est forte. Vous comprendrez que je ne puis être favorable à une proposition aussi brutale, qui n'a fait l'objet d'aucune préparation.

Je parlais tout à l'heure de dialogue social. En l'occurrence, nous ne sommes pas dans le dialogue : c'est carrément un couperet qui s'abat et qui rend difficile la mise en œuvre de votre proposition.

L'amendement n° II-1261 rectifié vise, quant à lui, à maintenir l'enveloppe des Pric. Ce n'est pas le moment de prendre une telle mesure ; je n'en dirai pas davantage. En conséquence, le Gouvernement émet un avis défavorable.

En ce qui concerne France Travail, je vais vous dire le fond de ma pensée. Vous le savez, je suis un jeune ministre qui ne sait pas tout du fonctionnement de l'État. J'ai été quelque peu surpris de découvrir que les mesures touchant aux effectifs de France Travail nécessitaient une loi. Je pensais avoir une compétence exclusive en ce domaine, puisque je suis le patron du patron de l'opérateur.

Lorsque je dirigeais la SNCF, c'est moi qui discutais avec les patrons intermédiaires de l'adéquation entre leurs moyens et leurs objectifs. Les décisions prises à ce titre étaient normales et saines ; il fallait surtout veiller à la concordance des choix opérés.

Je suis très étonné de voir que, au Parlement – à l'Assemblée nationale et au Sénat –, de brillantes personnes comme vous élaborent le bon niveau d'effectifs de France Travail.

Je pensais que j'étais assez grand pour faire ce travail tout seul, directement en lien avec l'excellent directeur général de France Travail, qui a visiblement des connexions très importantes et actives avec de nombreux relais. Je l'en félicite, d'ailleurs, car cela prouve qu'il est débrouillard et que vous l'estimez : c'est sans doute la meilleure des évaluations que l'on puisse faire.

Au fond, les dispositions de l'amendement n° II-1275 me conviennent. Le niveau d'effectifs de France Travail m'est un peu égal. Ce qui compte, ce sont les euros dont l'opérateur pourra disposer. C'est le propre d'un budget que d'être chiffré en euros, et non en effectifs…

Sachez, mesdames, messieurs les sénateurs, que je prépare un deal encore plus exigeant : je vais négocier avec le patron de France Travail une coupe budgétaire bien supérieure à 30 millions d'euros, en contrepartie du maintien de 515 ETP. Mais cette décision sera prise entre lui et moi ; nous nous mettrons d'accord sur ce qu'il pourra faire dans le sens de cette demande.

Je ne saurai davantage insister : votre amendement me paraît en partie juste et pertinent, mais je ne vous cache pas que j'ajusterai les choses en interne au bon niveau, car j'ai le souci, comme vous, de gérer au mieux les enveloppes qui me seront allouées.

Pour résumer, le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n° II-127, ainsi que sur l'amendement n° II-1261 rectifié.

Dans l'amendement n° II-1350, il y a une bonne proposition, mais sa mise en œuvre est discutable. En conséquence, le Gouvernement émet un avis défavorable.

Enfin, vous l'aurez bien compris, en ce qui concerne France Travail et ses effectifs, j'ai l'esprit très ouvert ! (M. le rapporteur spécial rit.)

M. le président. Quel est donc l'avis de la commission ?

M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. La commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

M. le président. La parole est à Mme Antoinette Guhl, pour explication de vote.

Mme Antoinette Guhl. Monsieur Farandou, vous nous disiez à l'instant être un jeune ministre : je l'entends.

Toutefois, je vous ai bien écouté détailler vos propositions budgétaires au début de ce débat. Vous avez notamment comparé la situation actuelle à celle de 2017. Rappelons-nous, puisque vous nous y faites penser, que 2017 est l'année durant laquelle les emplois aidés ont été supprimés.

Mme Antoinette Guhl. Cette suppression s'était accompagnée d'une promesse, celle d'augmenter les emplois en insertion.

En d'autres termes, les 200 000 emplois aidés que vous avez supprimés – je dis bien « vous », puisque vous vous référez très clairement à l'année 2017 – auraient dû être rétablis dans le cadre de l'insertion par l'activité économique.

Or que nous propose-t-on en 2025 ? Une baisse des effectifs de l'IAE !

M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Mme Nathalie Goulet. Nadia Sollogoub a évoqué la question des moyens alloués à France Travail, lors de la discussion générale. Puisque nous sommes entre nous, j'appelle votre attention, monsieur le ministre, sur les très nombreux piratages qu'a connus l'opérateur : 33 millions de données avaient été extraites en 2024 et encore 1,6 million tout récemment.

Ces piratages sont tout à fait critiques, car ils vont entraîner des usurpations d'identité et une criminalité en chaîne. Aussi, je vous demande d'examiner ce problème de près et de travailler à la sécurisation des services de France Travail de façon particulièrement attentive.

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour explication de vote.

Mme Monique Lubin. Je rejoins les propos de M. le ministre : l'adoption de l'amendement n° II-1275 aurait en effet des conséquences assez brutales.

Nous sommes sensibles au fait que vous réaffectiez des crédits en faveur des missions locales et de l'insertion par l'activité économique. En revanche, nous protestons contre une coupe quasi soudaine du financement des PIC. Et j'aimerais savoir si vos affirmations au soutien de cette proposition sont bien documentées.

Même si le dispositif doit prendre fin en 2027, il faudra rediscuter de cette annulation budgétaire. Bien évidemment, nous souhaitons que les crédits des missions locales et de l'IAE soient relevés, mais pas de cette façon-là.

M. le président. La parole est à M. Grégory Blanc, pour explication de vote.

M. Grégory Blanc. Nous sommes dans un moment de retournement économique. Aussi, il faut que l'on sache comment la puissance publique et le pays pourront l'aborder. On ne peut pas commencer l'année 2026 de la même façon que nous avons entamé l'année 2024. Cela paraît évident, mais je tenais à le souligner.

Si nous intégrons le fait qu'un retournement interviendra sur le marché du travail, nous devons réfléchir, dès à présent, à la façon de conduire une politique sociale, une politique de l'emploi, une politique de développement des compétences.

Je comprends la nécessité d'accompagner l'apprentissage, mais nous devons aussi soutenir le développement des compétences.

Aussi, une diminution aussi importante de ce budget est contre-intuitive, en plus d'être un contresens économique !

M. le président. La parole est à Mme le rapporteur pour avis.

Mme Frédérique Puissat, rapporteur pour avis. Pour répondre à l'ensemble de ces observations, notamment celles de M. le ministre, je rappelle que le Sénat vote le même amendement de suppression des PIC depuis cinq ans : il n'y a rien comme de nouveau sous le soleil !

Vous le savez, le programme PIC s'éteindra en 2027. Je propose simplement d'avancer d'un an sa suppression, puisqu'il n'a pas produit d'effets, tout en préservant ce qui a d'ores et déjà été engagé.

Enfin, sachez que certaines régions n'ont procédé à aucune contractualisation dans le cadre des Pric. Pour autant, leurs taux de chômage figurent parmi les meilleurs de France.

M. le président. La parole est à Mme Marie-Do Aeschlimann, pour explication de vote.

Mme Marie-Do Aeschlimann. Je veux apporter mon soutien à l'amendement de Mme le rapporteur pour avis. Lorsque j'étais vice-présidente de la région Île-de-France, j'étais chargée de la formation et de l'apprentissage. J'ai été conduite, à ce titre, à gérer le Pric pendant plusieurs années.

L'expérimentation qui avait été mise en place s'était au départ révélée très utile, parce qu'elle créait un effet de levier pour les crédits de droit commun des régions, adossés aux crédits de l'État, et permettait d'engager des actions prioritaires pour l'insertion des personnes en situation de handicap ou des jeunes très éloignés de l'emploi.

Cependant, le caractère innovant de toutes les actions à réaliser au travers des PIC ou des Pric a posé un certain nombre de difficultés. En effet, ces actions une fois conduites n'étaient, par définition, plus innovantes, si bien que l'on retombait dans le droit commun.

Aussi, nous avons épuisé toutes les actions disponibles et nous devons maintenant faire des efforts de rationalisation budgétaire. Le PIC a vécu : il faut passer à autre chose.

M. le président. La parole est à Mme Raymonde Poncet Monge, pour explication de vote.

Mme Raymonde Poncet Monge. Je veux bien entendre dire que le PIC n'est pas efficient, mais ce sont les baisses successives de crédits qui ont conduit à cette situation.

J'en reparlerai tout à l'heure, les conséquences de ces coupes budgétaires ne se sont pas fait attendre. Le nombre de bénéficiaires a ainsi baissé depuis 2023, en raison d'une forte diminution du nombre d'heures de formation : alors que l'on en comptait huit auparavant, il n'y en a plus désormais que cinq.

Pour rappel, le PIC s'adresse aux jeunes sans qualification, dont 80 % ont un niveau d'études inférieur au bac. Aussi, entériner cette diminution, c'est garantir l'inefficience du dispositif, sur laquelle vous vous appuyez pour le faire aujourd'hui disparaître plus rapidement.

M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, pour explication de vote.

Mme Cathy Apourceau-Poly. Nous arrivons au terme d'un exercice qui n'est plus souhaitable, chers collègues. Comme lors de l'examen de la mission « Solidarité, insertion et égalité des chances », nous allons déshabiller Pierre pour habiller Paul, puis déshabiller Paul pour habiller Jacques, etc.

Tout cela est dû au fait que vous n'avez pas accepté certaines recettes que nous avons proposées dans la première partie du PLF. Nous sommes donc obligés de ponctionner tel ou tel dispositif pour remplacer ceux que vous voulez supprimer.

Cet exercice ne convient pas ! Cela a été dit, le PIC, de 2023 à 2025, a connu une très forte baisse de crédits. Résultat, certains dispositifs ont été arrêtés, en particulier ceux qui étaient destinés aux jeunes sans qualification. En outre, les sommes affectées aux régions pour leur fonctionnement et le budget des missions locales ont diminué.

Ce sont toutes ces évolutions qui vous conduisent à dire, aujourd'hui, que le PIC ne sert à rien.

M. le président. La parole est à Mme Corinne Féret, pour explication de vote.

Mme Corinne Féret. Monsieur le ministre, sans vouloir nullement vous manquer de respect, je pense que l'on ne peut pas comparer le statut de la SNCF à celui de France Travail.

Je sais que vous avez dirigé cette entreprise et je ne doute pas de votre expérience en matière de dialogue social. Cependant, France Travail a un tout autre statut. Aussi, je ne crois pas que la méthode vous avez employée dans vos précédentes fonctions puisse être dupliquée.

Je soutiens l'amendement de ma collègue Lubin, qui vise à maintenir 515 ETP, à l'heure où France Travail accueille 1,2 million de bénéficiaires supplémentaires. Une telle augmentation a requis une très importante réorganisation pour assurer la prise en charge des publics qui ne relevaient pas de l'opérateur jusqu'alors. Je pense en particulier aux jeunes relevant des missions locales et aux personnes en situation de handicap, qui étaient accompagnées par Cap emploi.

M. le président. La parole est à M. Simon Uzenat, pour explication de vote.

M. Simon Uzenat. J'ai quelques questions en lien avec les régions. Des discussions approfondies ont-elles eu lieu avec Régions de France ? Le financement de la mesure par France Compétences, qui est passé de 268 millions à 134 millions d'euros, soulève en effet de vives inquiétudes.

L'essentiel des dépenses dont nous discutons concerne le PIC, mais elles ne sont pas impliquées dans leur totalité. L'évolution envisagée pourrait donc avoir un impact sur les moyens déployés par France Compétences.

En particulier, l'aide apportée aux régions pourrait être rognée, alors même que ces collectivités soutiennent les centres de formation d'apprentis (CFA), surtout dans les territoires ruraux. Ces derniers manquent en effet d'argent pour soutenir les formations clés à destination des jeunes qui rencontrent des problèmes de mobilité.

Je souhaiterais, avant de voter ces amendements, que vous nous apportiez des éclaircissements concernant les régions, qui sont des partenaires essentiels.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1275.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, les amendements nos II-1261 rectifié et II-1350 n'ont plus d'objet.

Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L'amendement n° II-656 est présenté par M. Menonville.

L'amendement n° II-685 rectifié bis est présenté par MM. Levi, Hingray, Dhersin et Laugier, Mme Muller-Bronn, M. J.B. Blanc, Mmes V. Boyer et Florennes, MM. Bonneau et Chasseing, Mme Billon, M. Bonhomme, Mmes Bourguignon, Patru et Aeschlimann, MM. Duffourg, Bleunven, Pillefer et Haye, Mmes Saint-Pé, Gacquerre, Housseau et Antoine, M. Cambier et Mme Herzog.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

100 000 000

100 000 000

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

100 000 000

100 000 000

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

TOTAL

100 000 000

100 000 000

100 000 000

100 000 000

SOLDE

0

L'amendement n° II-656 n'est pas soutenu.

La parole est à Mme Anne-Sophie Patru, pour présenter l'amendement n° II-685 rectifié bis.

Mme Anne-Sophie Patru. Le PLF pour 2026 prévoit une baisse importante des aides à l'embauche d'apprentis.

Cet amendement, qui a été élaboré avec l'Union des entreprises de proximité (U2P), vise à maintenir cette aide à 5 000 euros pour les entreprises de moins de 50 salariés. En effet, ces dernières, qui forment la majorité des apprentis, ne disposent que d'une trésorerie limitée. Notre objectif est de redéployer 100 millions d'euros pour les soutenir, sans remettre en cause l'objectif global d'économies.

M. le président. L'amendement n° II-1274, présenté par Mme Puissat, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

100 000 000

100 000 000

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

100 000 000

100 000 000

TOTAL

100 000 000

100 000 000

100 000 000

100 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme le rapporteur pour avis.

Mme Frédérique Puissat, rapporteur pour avis. Cet amendement a pour objet d'affecter 100 millions d'euros aux aides versées aux employeurs d'apprentis, afin d'assurer la stabilité de l'écosystème de l'apprentissage, comme nous le souhaitons tous.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. La question est de savoir si les dépenses vont être supérieures à ce que l'on espérait. Il se trouve que M. le ministre y a déjà répondu à la tribune, en annonçant que le budget était en baisse de 3 %, plutôt que 10 %.

Dans ces conditions, est-il bien utile d'allouer 100 millions d'euros supplémentaires aux employeurs d'apprentis ? Ce qui nous importe est que les aides aux entreprises ne baissent pas ; je pense que vous l'avez compris.

Je dois dire que vous nous avez inquiétés sur ce point, monsieur le ministre, d'autant que la commission des finances demande la suppression du reste à charge, qui a été mal perçu par les employeurs.

Pour l'ensemble de ces raisons, la commission sollicite l'avis du Gouvernement : je précise d'emblée que, si le ministre nous indique qu'il manque de l'argent, elle s'en remettra à la sagesse de la Haute Assemblée.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Je vous le confirme, monsieur le rapporteur spécial : il manque de l'argent, c'est bien ça le problème ! Ce n'est donc pas le moment d'alourdir ce budget. Par ailleurs, le gage de la mesure pose question, puisqu'il faut prévoir systématiquement une contrepartie.

Ces dispositions auraient pour effet de toucher aux crédits du programme 102, qui concerne l'accès et le retour à l'emploi des jeunes et des personnes en situation de handicap, dans le cadre de dispositifs d'insertion.

Pour ces raisons, le Gouvernement émet un avis défavorable.

M. le président. Quel est donc l'avis de la commission ?

M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Comme je l'ai annoncé, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-685 rectifié bis.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. En conséquence, l'amendement n° II-1274 n'a plus d'objet.

L'amendement n° II-1311, présenté par Mmes Cukierman, Apourceau-Poly, Brulin, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste – Kanaky, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Fonds pour le développement de l'alternance dans les collectivités du Pacifique

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

5 000 000

5 000 000

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

Fonds pour le développement de l'alternance dans les collectivités du Pacifique

5 000 000

5 000 000

TOTAL

5 000 000

5 000 000

5 000 000

5 000 000

SOLDE

0

0

La parole est à Mme Silvana Silvani.

Mme Silvana Silvani. Cet amendement vise à développer l'alternance dans les territoires d'outre-mer, notamment en Polynésie française.

Pour rappel, les collectivités du Pacifique ne bénéficient pas directement des mécanismes nationaux relatifs à l'alternance, alors que leurs besoins en ce domaine sont particulièrement forts. Ainsi, elles assument seules le maintien des dispositifs en place.

Dans ces conditions, nous proposons de matérialiser la participation de l'État via l'instauration d'un fonds consacré non seulement au développement de l'alternance dans ces territoires, notamment pour financer la création de CFA, mais aussi au soutien des dispositifs existants.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Le Gouvernement émet un avis défavorable, pour une raison qui tient à la clarification des responsabilités et des compétences entre l'État et ce territoire ultramarin.

En effet, la loi organique portant statut d'autonomie de la Polynésie française a confié une compétence de droit commun à cette collectivité, l'État conservant une compétence d'attribution sur les missions régaliennes. En application de ce principe, l'État n'a plus de compétences en matière de développement de l'alternance en Polynésie.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1311.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° II-1101 n'est pas soutenu.

L'amendement n° II-1049 rectifié quater, présenté par MM. V. Louault, Laménie et Cambier, Mme Perrot, MM. Verzelen, Grand et Brault, Mme Bessin-Guérin et MM. Bleunven et Rochette, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

313 570 816

313 570 816

TOTAL

313 570 816

313 570 816

SOLDE

- 313 570 816

- 313 570 816

La parole est à M. Pierre Jean Rochette.

M. Pierre Jean Rochette. Cet amendement de notre collègue Vincent Louault vise à réduire les crédits alloués aux agences régionales de santé (ARS). Il tend à s'inspirer du rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur les missions des agences, opérateurs et organismes consultatifs de l'État, qui, sans recommander une réduction de crédits, suggère de réorganiser les ARS en les rapprochant des départements.

Notre collègue Louault tenait surtout à vous sensibiliser à cette question. Pour autant, il ne s'agit pas d'un simple amendement d'appel. C'est pourquoi je ne pourrai pas le retirer.

M. le président. L'amendement n° II-824 rectifié, présenté par MM. Bilhac, Cabanel, Fialaire et Roux, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

809 685

809 685

TOTAL

809 685

809 685

SOLDE

- 809 685

- 809 685

La parole est à M. Christian Bilhac.

M. Christian Bilhac. Depuis leur création, il y a plus de quinze ans maintenant, les ARS n'ont pas tenu leur promesse, celle d'apporter une réelle amélioration en matière de santé publique.

La gouvernance de ces agences est un véritable mastodonte bureaucratique, avec nombre de déperditions d'argent dans des frais administratifs inutiles. Sur le terrain, on constate une dégradation des services de santé, une aggravation des déserts médicaux, l'engorgement des services d'urgences dans les hôpitaux et l'absence d'accès aux spécialités médicales de façon homogène sur l'ensemble du territoire.

Face à ce constat partagé par le Premier ministre, qui a évoqué devant les présidents des conseils départementaux le transfert des compétences des ARS aux départements, nous proposons de supprimer les crédits alloués à un machin qui ne sert à rien et qui nous coûte cher.

Mme Nathalie Goulet. Très bien !

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. Si votre amendement était voté, monsieur Bilhac, les ARS ne pourraient plus fonctionner. Par ailleurs, je note une petite erreur dans le dispositif, car vous prévoyez d'annuler 809 000 euros, et non 800 millions d'euros…

En conséquence, la commission émet un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Un vent argentin souffle sur le Sénat ! (Sourires.) Le premier amendement agit comme une semi-tronçonneuse, en ce qu'il tend à supprimer la moitié des crédits alloués aux ARS, tandis que le second vise carrément une annulation totale de crédits. Ce n'est pas possible !

De telles mesures ne sont évidemment pas acceptables dans des laps de temps aussi courts. Il n'empêche qu'un sujet se pose, nous l'admettons volontiers ; le Premier ministre a lui-même demandé à lancer une réflexion sur l'avenir des ARS. Nous partageons en partie votre diagnostic, messieurs les sénateurs, mais la modalité d'application de vos dispositifs est trop brutale et ne peut être assumée par l'État.

En conséquence, le Gouvernement émet un avis défavorable.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1049 rectifié quater.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-824 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1288 rectifié, présenté par M. Canévet, Mme N. Goulet et MM. Cambier, Longeot, Menonville, Folliot et Delahaye, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

50 000 000

50 000 000

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

dont titre 2

TOTAL

50 000 000

50 000 000

SOLDE

-50 000 000

-50 000 000

La parole est à Mme Nathalie Goulet.

Mme Nathalie Goulet. Cet amendement de Michel Canévet vise à intégrer l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) à l'opérateur France Travail.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

M. Emmanuel Capus, rapporteur spécial. Il s'agit d'un amendement d'appel, comme l'indique son objet ; nous avons déjà débattu de cette question tout à l'heure.

La commission demande donc le retrait de cet amendement, faute de quoi elle émettrait un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Même avis.

M. le président. Madame Goulet, l'amendement n° II-824 rectifié est-il maintenu ?

Mme Nathalie Goulet. Non, je le retire, monsieur le président. Nous aurons de nouveau cette discussion lors de l'examen du prochain PLF !

M. le président. L'amendement n° II-1288 rectifié est retiré.

L'amendement n° II-1250 rectifié, présenté par Mmes Lavarde et Puissat, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

4 359 000

4 359 000

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

TOTAL

4 359 000

4 359 000

SOLDE

- 4 359 000

- 4 359 000

La parole est à Mme Frédérique Puissat.

Mme Frédérique Puissat. Tout le monde s'accorde pour dire qu'il faut supprimer un certain nombre d'agences. À cette fin, le groupe Les Républicains avait demandé la mise en place d'une commission d'enquête, dont notre collègue Christine Lavarde était la rapporteure. Les deux amendements qu'elle a déposés sont le résultat direct de ces travaux.

Le présent amendement vise à supprimer le groupement d'intérêt public (GIP) Plateforme de l'inclusion.

Quant à l'amendement n° II-1251 rectifié, il tend à opérer un rapprochement entre le GIP Les Entreprises s'engagent et France Travail ou tout autre opérateur.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

Mme Ghislaine Senée, rapporteure spéciale. Le GIP Plateforme de l'inclusion a été créé en 2022 par le ministère du travail et la direction interministérielle du numérique (Dinum), dans une perspective de modernisation et de maîtrise de la dépense publique.

Son rôle consiste à mutualiser les outils numériques utiles aux collectivités territoriales et aux acteurs de l'insertion et de l'emploi.

Cette mutualisation des données est le gage de l'efficience de l'intégration, notamment grâce aux outils d'intelligence artificielle, que beaucoup souhaitent intégrer aux missions de France Travail. Bref, ce GIP est le précurseur du système d'information de cet opérateur.

Ma collègue Pascale Gruny et moi-même avions rédigé un rapport sur l'intelligence artificielle dans l'univers des collectivités territoriales. À cette occasion, nous avions constaté à quel point les données et, surtout, les compétences techniques manquaient à France Travail. Il convient donc de ne pas l'en priver.

En conséquence, la commission sollicite le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettrait un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

M. Jean-Pierre Farandou, ministre. Cela ne me choque pas que l'on s'interroge sur l'utilité de ces GIP ; nous pouvons même partager cette intention. Les deux structures évoquées sont de nature différente, si bien que nous ne pouvons pas les traiter de manière homogène.

Je pense que, dans les deux cas, il nous faut du temps, comme toujours quand il s'agit de dialogue social. On ne peut pas, comme cela, décider les choses aussi rudement.

Néanmoins, il est possible, au terme de discussions, que les entreprises concernées s'engagent à évoluer vers une structure nouvelle. Il pourrait s'agir d'une fondation, par exemple. La volonté est la bonne et nous pouvons tracer, modulo, une perspective en ce sens. Mais, en tout état de cause, cela demandera au moins quelques mois.

J'observe tout de même que le GIP Plateforme de l'inclusion fait un travail très concret. Nous devons donc prendre le temps de réfléchir à la bonne décision concernant son évolution.

Pour ces raisons, le Gouvernement émet un avis défavorable.

M. le président. La parole est à M. Grégory Blanc, pour explication de vote.

M. Grégory Blanc. À la rigueur, nous pouvons comprendre l'intention des auteurs de l'amendement n° II-1251 rectifié.

En revanche, nous n'approuvons en rien les dispositions de l'amendement n° II-1250, car des départements se sont engagés à mener des actions en matière d'inclusion et que le GIP Plateforme de l'inclusion a pris ses dispositions.

Par simple posture, vous demandez de le supprimer, en arguant d'une suradministration de notre pays. Partout où vous cherchez à faire des économies, vous proposez de mutualiser les organismes en supprimant ceux qui commencent à produire des résultats !

Nous savons qu'il est difficile de faire travailler ensemble certains acteurs. Cela demande du temps, de l'énergie et une mise en commun des outils. Les choses ne pourront être réglées en un an.

C'est justement parce que le changement prend du temps que l'on commence à avoir des résultats. Dans mon département, je le répète, certains dispositifs pour l'emploi sont utiles et productifs. Je ne vois donc pas pourquoi nous devrions les supprimer.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-1250 rectifié.

(L'amendement est adopté.)

M. le président. L'amendement n° II-1251 rectifié, présenté par Mmes Lavarde et Puissat, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

(En euros)

Programmes

Autorisations d'engagement

Crédits de paiement

+

-

+

-

Accès et retour à l'emploi

Accompagnement des mutations économiques et développement de l'emploi

1 525 000

1 525 000

Amélioration de la qualité de l'emploi et des relations du travail

Soutien des ministères sociaux

TOTAL

1 525 000

1 525 000

SOLDE

- 1 525 000

- 1 525 000

La parole est à Mme Frédérique Puissat.

Mme Frédérique Puissat. Cet amendement tend à opérer un rapprochement entre le GIP Les Entreprises s'engagent et France Travail ou tout autre opérateur.

(À suivre)