C. ...CONTREBALANCÉE PAR UNE COUPE DANS LES BOURSES DE MOBILITÉ QUI NUIRA À LA COMPÉTITIVITÉ DE LA DESTINATION FRANCE
L'enveloppe consacrée aux bourses de mobilité devrait s'élever à 56,2 M€, contre 70 M€ inscrits en loi de finances pour 2025, soit une diminution de 13,8 M€ (- 19,7 %).
Les bourses étudiantes constituent un instrument essentiel de pilotage de la mobilité internationale, au même titre que les accords de coopération.
La diminution du nombre de bourses avec allocation de vie, qui passerait d'environ 9 000 à 8 000, aura un impact significatif sur la politique d'attractivité et de mobilité internationale de la France.
En premier lieu, cette baisse se traduira par un « manque à gagner » pour l'opérateur estimé à environ 1,4 million d'euros. Elle limitera par conséquent directement la capacité de l'opérateur à financer ses actions et à atteindre les objectifs fixés dans le futur contrat d'objectifs et de performance (COP) dont la rédaction est prévue pour la fin de l'année de 2025 ou le début de l'année 2026. Elle restreindra notamment sa capacité à lancer des campagnes de communication ambitieuses, telles que celles associées à la marque « Bienvenue en France », pourtant essentielles dans un contexte où il s'agit de redonner à la France une image forte de pays de science, de technologie et d'innovation.
Les investissements informatiques nécessaires à la modernisation des outils et à la gestion des programmes de mobilité risquent également d'être affectés, affaiblissant la capacité de l'opérateur à piloter efficacement ses dispositifs. La suppression de postes, via des non-remplacements ou un plan de départs volontaires, pourrait également s'avérer nécessaire.
En deuxième lieu, la baisse du nombre de bourses nuira à la compétitivité de notre pays au plan international. En effet, le dispositif français demeure déjà moins généreux que ceux de ses principaux concurrents : le Royaume-Uni attribue près de 29 000 bourses dans le cadre du programme Turing, contre environ 13 000 pour le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, dont toutes ne comportent pas d'allocation de logement ou de durée longue. L'Allemagne, de son côté, finance environ 67 000 bourses, incluant des aides individuelles et sur projets, dans le cadre de sa politique de coopération universitaire et scientifique. Par ailleurs, la durée moyenne d'une bourse française, 5,6 mois, reste inférieure à celle observée dans la plupart des autres pays européens, qui offrent souvent des bourses complètes couvrant l'ensemble du cycle d'études. En France, les étudiants doivent encore s'acquitter de frais de formation et assumer leurs dépenses de logement sur la base de leur allocation de vie, ce qui limite l'attractivité du dispositif.
Afin de limiter l'impact de la baisse de SCSP, le MEAE a indiqué engager un recentrage de la politique de bourses, fondé à la fois sur un critère d'excellence (sélectivité accrue) et sur une orientation vers certains domaines prioritaires, notamment ceux liés aux hautes technologies. Un seuil de 10 % des étudiants boursiers a été fixé pour ces filières stratégiques.
Par ailleurs, le financement des bourses sera principalement consacré à la reconduction des aides existantes, plutôt qu'à l'attribution de nouvelles bourses.
Cette diminution des moyens dédiés aux bourses de mobilité intervient alors même que plusieurs évolutions réglementaires risquent d'accroître le coût des études en France pour les étudiants internationaux. Le relèvement du seuil minimal de revenus exigés pour l'obtention d'un visa étudiant, la volonté d'étendre l'application des droits différenciés, ainsi que la suppression envisagée dans le projet de loi de finances des allocations personnalisées au logement (APL) pour les étudiants internationaux, à l'exception d'une minorité bénéficiant de bourses sur critères sociaux du MESR, constituent autant de mesures susceptibles de réduire l'attractivité de la France en tant que destination universitaire.