B. LE RETRAIT DES PAYS LES PLUS AVANCÉS
L'essentiel de cette diminution s'explique par la baisse simultanée des quatre grands contributeurs que sont les Etats-Unis, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, qui représentent en 2024 plus de 60 % de l'aide mondiale. Le caractère très incertain des perspectives budgétaires aux Etats-Unis ne permet cependant pas, compte tenu de leur position, d'anticiper les volumes d'APD dans les années à venir.
Les 15 premiers contributeurs à l'APD au niveau mondial en 2024
(en milliards de dollars)
Seuls quatre pays ont dépassé en 2024 l'objectif de 0,7 % de l'APD en pourcentage de la richesse nationale : le Danemark (0,71 %), la Suède (0,79 %), le Luxembourg (1 %) et la Norvège (1,02 %), pour une moyenne de 0,33 %. Premiers contributeurs en valeur absolu avec près de 30 % de l'aide totale, les Etats-Unis consacraient 0,22 % de leur richesse à l'APD en 2024.
Les perspectives sont encore orientées à la baisse parmi les pays développés. Ainsi Le Royaume-Uni a annoncé, fin février 2025 qu'il allait diminuer son budget d'APD de 0,5 % du RNB à 0,3 % d'ici à 2027, soit son plus bas niveau depuis 1999. L'Allemagne, dont les dépenses d'APD avaient fortement progressé en raison des frais d'accueil des réfugiés après 2015, puis de l'épidémie de COVID, a engagé une forte diminution depuis lors. Le projet de budget pour 2026 prévoit ainsi une baisse de 3 %. En mars 2025, les Etats-Unis, premier contributeur mondial, ont annoncé réduire de 83 % les programmes portés par USAID, soit 33 milliards de dollars en moins. De son côté, la Commission européenne prévoit de réduire de 35 % les crédits accordés aux pays les moins avancés pour la période 2025-2027 par rapport à la période 2021-2024.
C. UNE LOGIQUE QUI AURA LES CONSÉQUENCES LES PLUS GRAVES POUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS.
Les Pays les moins avancés (PMA) devraient subir au niveau mondial une diminution comprise entre 13 % à 25 % de l'aide bilatérale nette, et entre 16 % et 28 % pour les pays d'Afrique subsaharienne sur les deux prochaines années selon l'OCDE.
La baisse de l'APD aura donc un impact beaucoup plus important sur eux, car ils dépendent plus que les autres pays des transferts d'APD.
L'aide au domaine de la santé, qui avait beaucoup progressé durant l'épisode de COVID 19, devrait retrouver en 2026 son niveau de 2019. Une étude de la revue scientifique The Lancet de juillet 2025 estime que les seules coupes américaines pourraient entrainer 14 millions de morts supplémentaires, dont 4 à 5 millions d'enfants âgés de moins de cinq ans.

