B. PRÉSERVER LES MOYENS DÉDIÉS AU VÉLO, POUR NE PAS INTERROMPRE LES DYNAMIQUES À L'oeUVRE

La pratique du vélo a fortement augmenté depuis 2019 en France8(*). Pour autant, la part modale du vélo demeure inférieure à 3,5 % selon l'association vélo & marche, soit deux fois moins que la moyenne européenne, avec des variations entre les zones rurales/périurbaines d'une part et les zones urbaines d'autre part. Le potentiel de report modal vers le vélo demeure donc largement sous-exploité dans notre pays.

La réalisation d'aménagements cyclables est un levier fondamental pour encourager et sécuriser la pratique du vélo, alors que le risque associé à ce mode de transport est quatre fois plus élevé que pour la voiture, rapporté au temps passé à se déplacer.

Dès lors, lors du lancement du plan vélo et marche 2023-2027, le Gouvernement s'était engagé à consacrer 2 milliards d'euros à cette politique pour « donner à chaque Français accès à une mobilité propre » et doubler la taille du réseau cyclable sécurisé d'ici 2030, en la portant à 100 000 km, avec un objectif intermédiaire en 2027 (80 000 km).

« En septembre 2025, la France compte 63 600 km d'aménagements cyclables sécurisés. Les deux prochaines années seront décisives pour atteindre les objectifs du plan vélo et marche. »

Fédération des usagers de la bicyclette

Pour atteindre ces objectifs, le réseau cyclable devrait croître de 7,3 % par an, contre 2 à 4 % depuis 2023. Dans ce contexte, la commission fustige l'interruption brutale, en fin d'année 2024, des appels à projets « Aménagements cyclables » qui bénéficiaient aux collectivités territoriales (avec une enveloppe de 125 M€ par an), de même que la suppression du « bonus vélo » intervenue en février 2025.

Le projet de budget confirme malheureusement ce désengagement de l'État : alors que la LFI pour 2025 ne comportait aucune autorisation d'engagement pour le plan vélo et marche, le PLF pour 2026 prévoit des montants très faibles (31 M€ en AE et 73 M€ en CP) au regard de ses ambitions initiales. En outre, si 50 M€ ont été alloués au soutien à la création d'aménagements cyclables cette année via le Fonds vert, il est en pratique très difficile de réaliser un suivi de l'utilisation effective de cette enveloppe.

Lancée à la suite du décès tragique d'un cycliste à Paris à l'automne 2024, la mission d'inspection intitulée « prévenir les violences et apaiser les tensions pour mieux partager la voie publique », dont le rapport a été rendu en avril dernier, appelle pourtant à ne pas réduire les efforts financiers de l'État en matière de réalisation d'infrastructures cyclables :

« [Cette réduction] ralentira voire mettra un terme au développement d'infrastructures cyclables en milieu périurbain et rural, là où le financement de l'État constitue à la fois une légitimation politique et un effet de levier décisif [...]. Il est essentiel pour les prochaines lois de finances de rétablir les montants prévus dans le deuxième plan vélo. »

Rapport de la mission d'inspection menée par Emmanuel Barbe

Le rapporteur pour avis juge particulièrement préjudiciable le désengagement financier de l'État sur cette politique pourtant essentielle pour la décarbonation du secteur : outre le coup d'arrêt qu'il peut occasionner dans la réalisation d'aménagements cyclables par les collectivités territoriales et pour la structuration de la filière vélo encore émergente, ce désengagement est à rebours des objectifs fixés dans le cadre du déploiement des Serm. Pour être efficaces et relier efficacement les zones rurales, périurbaines et urbaines, ceux-ci nécessitent en effet la mise en place d'un système inter et multimodal intégré : dans cette perspective, la création de systèmes de rabattement cyclable continus et sécurisés est cruciale.

La commission a adopté deux amendements du rapporteur pour avis visant à préserver les moyens dédiés au développement de la pratique du vélo :

- d'une part, un amendement visant à allouer 50 M€ supplémentaires l'année prochaine au plan vélo et marche 2023-2027, afin de soutenir la réalisation d'infrastructures cyclables par les collectivités. Cette enveloppe devrait cibler les projets d'aménagements cyclables portés par les AOM et correspondant à des itinéraires de rabattement vers des modes de transport collectifs ou partagés ;

- d'autre part, un amendement visant à rétablir le « bonus vélo » (avec une enveloppe de 10 M€), afin de favoriser l'accès de tous à ce mode de transport et soutenir la filière vélo française.


* 8 Entre 2020 et 2024, la fréquentation des aménagements cyclables a bondi de près de 40 %, selon la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB).

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