2. L'exercice 2003
La
régulation au titre de l'exercice 2003 a été
jusqu'à présent massive et a commencé très
tôt, dès début février. Les annulations et gels de
crédits ont affecté le budget des affaires
étrangères jusqu'à une hauteur de 284 millions
d'euros (régulation maximale entre avril et juillet), soit 15 % des
crédits hors rémunérations et engagements internationaux.
Ce dispositif sans précédent représente en septembre 2003
un surcroît de régulation de plus de 150 millions d'euros par
rapport à 2002, et a contribué à désorganiser la
gestion de certains chapitres. La régulation a connu jusqu'à
présent cinq étapes :
- le 3 février 2003, le ministre du budget a notifié la
création d'une «
réserve d'innovation
» (pour les dépenses ordinaire) de 16,8 millions au titre de l'APD,
et d'une «
réserve de précaution
» pour
les dépenses d'investissement de 74,9 millions d'euros, soit 91,7
millions au total. Cette réserve de précaution ne pouvait
être mobilisée que pour couvrir des dépenses non
prévues au titre de l'APD, et le reliquat après financement de
ces éventuelles dépenses non prévues pouvait être
librement utilisé. Ces réserves constituaient donc un gel de
crédits éventuellement mobilisable. Le ministre du budget
précisait également que «
le montant global des mises en
réserve sera réexaminé, conformément à ce
que le Premier Ministre a indiqué, à la fin du premier
semestre
» et que le ministère des affaires
étrangères «
aurait la faculté de procéder
à des redéploiements de crédits mis en réserve,
sans naturellement en réduire le montant ni affecter des dépenses
obligatoires
». Le ministère a ainsi procédé en
particulier à la mise en réserve de 6 % des crédits
de fonctionnement du ministère, en majeure partie sur les moyens de
fonctionnement en administration centrale ;
- le 15 mars 2003 a été publié un
premier
décret d'annulation
de crédits de 5,3 millions d'euros en
autorisations de programme et de 31,4 millions d'euros en crédits
de paiement, essentiellement sur les crédits de fonctionnement ;
- la notification, le 15 avril, d'un
gel de 133,8 millions d'euros de
crédits de reports
, dont 103 millions d'euros d'obligation de
reports imposée en 2002, a suscité l'incompréhension du
ministère car elle n'avait fait l'objet
d'aucun avertissement
préalable
, y compris lors de la conférence de reconduction
quatre semaines plus tôt ôté d'un coup (confer lettre du
ministre du Budget, gel suivi d'annulations ou de dégels,
renégociés en septembre). Ce durcissement inattendu et
précipité, qui englobait de surcroît les crédits
figurant à l'état H et un fonds de concours dédié
aux catastrophes naturelles), a ôté toute pertinence à la
gestion fondée depuis le 3 février sur une double
régulation semestrielle. Les effets de ce gel ont été
quasiment immédiats sur les chapitres relatifs aux subventions
d'investissement pour les actions extérieures (68-80) et aux
crédits du FSP (68-91), qui s'est trouvé en cessation de
paiement dès le mois de mai
. L'effet s'est
révélé d'autant plus préjudiciable à la
gestion du FSP que ce dernier était structurellement en
difficulté depuis 2 ans, compte tenu notamment de la couverture
insuffisante des AP par les CP ;
- à partir du mois de juin, la perspective d'une extension des
cessations de paiement a motivé un
dégel progressif de 37
millions d'euros
durant l'été ont progressivement
été dégelés (2 notifications de dégel en
juillet et août 2003. Cette mesure a permis au FSP d'éviter une
« banqueroute », selon les termes du ministère, mais
n'a pas concerné le chapitre 42-37 relatif aux autres interventions de
politique internationale, dont le gel a été maintenu a hauteur de
60 % ;
- le
nouveau décret d'annulation
pris le 15 octobre 2003 a
porté sur un total de 67 millions d'euros, dont plus de 40 millions
d'euros pour l'APD
59(
*
)
. Sur
la demande de dégel de 2,4 millions d'euros adressée en octobre
2003 au profit du chapitre 68-80, seuls la moitié ont pu être
obtenus.
Au total, la régulation s'est révélée
particulièrement sévère pour certains chapitres
majoritairement ou intégralement comptabilisés au titre de
l'APD : la coopération militaire et de défense (chapitre
42-29) avec près 15 % d'annulations, les contributions volontaires
à des fonds multilatéraux (ce qui ne contribuera pas à
améliorer la position française au sein des bailleurs), les
subventions d'investissement à l'action extérieure et à
l'aide au développement. Le FSP et l'AFD sont au final relativement
épargnés, mais au prix de difficultés très
sérieuses pendant plusieurs mois, et vraisemblablement d'une perte de
crédibilité auprès de nos partenaires.
-
-
Régulation des crédits d'APD après dégels et annulations à fin octobre
(en millions d'euros)
Crédits ouverts en LFI 2003
Total crédits gelés après dégels
Total crédits annulés
Total régulation maximale (gels et annulations)
Montant
En % des crédits ouverts
Montant
En % des crédits ouverts
Montant
En % des crédits ouverts
37-95 : établissements culturels, de coopération et de recherche à l'étranger
51,4
1
2 %
4,5
8,7 %
5,5
10,6 %
41-43 : concours financiers
123,5
3,2
2,6 %
0
3,2
2,6 %
42-13 : appui à des initiatives privées ou décentralisées
34,1
4,2
12,3 %
0
4,2
12,3 %
42-14 : subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle
165,1
0
5,2
3,1 %
5,2
3,1 %
42-15 : coopération culturelle, scientifique et au développement
531,7
18,5
3,5 %
32,5
6,1 %
51
9,6 %
42-26 : transport et dépenses diverses au titre de l'aide alimentaire
16,8
1,5
8,6 %
0
1,5
8,6 %
42-29 : coopération militaire et de défense
93,5
7
7,5 %
13,8
14,7 %
20,8
22,2 %
42-31 : contributions obligatoires
678,8
6,6
1 %
0
6,6
1 %
42-32 : contributions volontaires
85,9
9
10,5 %
5
5,8 %
14
16,3 %
42-37 : autres interventions de politique internationale
25,9
15
58,1 %
0,6
2,4 %
15,7
60,5 %
68-02 : participation de la France au FED
496
50,6
10,2 %
0
50,6
10,2 %
68-80 : action extérieure et aide au dvpt - subventions d'investissement AP
4,8
0,5
10,4 %
0
0,5
10,4 %
CP
4,4
5
114,1 %
0
5
114,1 %
68-91 : Fonds de solidarité prioritaire AP
190
19
10 %
0
19
10 %
CP
112
0
0 %
68-93 : dons destinés à financer des projets
mis en oeuvre par l'AFD AP190
19
10 %
0
19
10 %
CP
137
13,7
10 %
0
13,7
10 %
TOTAL APD AP
384,8
38,5
10 %
0
38,5
10 %
CP
2.556,1
135,3
5,3 %
61,6
2,4 %
196,9
7,7 %
TOTAL MAE AP
443,6
50,8
11,5 %
0
50,8
11,5 %
CP
4.117,5
151,5
3,7 %
98,4
2,4 %
249,9
6,1 %
Source : ministère des affaires étrangères
N.B : les chapitres mentionnés ne concernent pas intégralement l'APD, mais figurent ceux du budget du ministère qui y contribuent le plus.III. LE BUDGET D'AIDE AU DEVELOPPEMENT DU MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE, DES FINANCES ET DE L'INDUSTRIE
Votre rapporteur spécial prend acte de certains progrès et d'une meilleure réactivité du ministère dans le respect des délais organiques de réponse au questionnaire budgétaire. La date limite du 9 octobre n'a certes pas été tenue (le courrier d'accompagnement du ministre est daté du 20 octobre), mais la comparaison avec le ministère des affaires étrangères s'est inversée par rapport à 2002. Suite à une sensibilisation initiée en amont du questionnaire, le MINEFI a en outre consenti un effort de transparence (mais pas toujours de clarté) sur le recensement des quatre principaux types de créances de la France sur les Etats étrangers 60( * ) .