B. UN BUDGET 2026 QUI REVOIT À LA BAISSE LES AMBITIONS DU « RÉARMEMENT » DE LA DIPLOMATIE
1. Un budget 2026 stable par rapport à la loi de finances pour 2025
Pour 2026, le projet de loi de finances propose de fixer les crédits de la mission à 3,45 milliards d'euros en autorisations d'engagement et à 3,46 milliards d'euros en crédits de paiement, en très légère hausse (+ 0,01 %) par rapport à la loi de finances pour 2025.
Pour mémoire, le projet de loi de finances pour 2025 initialement déposé par le Gouvernement prévoyait un niveau de crédits supérieur. Un amendement du Gouvernement, adopté au Sénat, et des mesures d'économies supplémentaires introduites par la commission mixte paritaire, ont réduit de 75,5 millions d'euros les crédits de la mission, en AE comme en CP.
En cours d'exercice 2025, le décret n° 2025-374 du 25 avril 2025 a, par ailleurs, annulé 72,9 millions d'AE et 73,11 millions d'euros de CP, imputés en majeure partie sur la réserve de précaution et répartis entre :
- le programme 105, à hauteur de 51,8 millions d'euros en AE et de 52,1 millions d'euros en CP ;
- le programme 151, pour trois millions d'euros en AE comme en CP ;
- le programme 185, pour 18 millions d'euros en AE comme en CP.
À noter que le décalage entre le projet de loi de finances initial pour 2025, la loi de finances initiale et la réalité de l'exécution rend parfois difficile la comparaison entre 2025 et le projet de loi de finances pour 2026. Certains montants figurant dans les documents budgétaires annexés au PLF 2025 sont frappés d'obsolescence. Si les rapporteurs spéciaux se sont efforcés d'obtenir de l'administration des éléments sur l'évolution des différentes enveloppes en cours d'exercice, ils ont dû parfois se résoudre à s'appuyer sur des chiffres dépassés.
Évolution des crédits de la mission Action extérieure de l'État
(en millions d'euros - en pourcentage)
|
LFI 2025 |
PLF 2026 |
Évolution en pourcentage |
||||
|
AE |
CP |
AE |
CP |
AE |
CP |
|
|
P105 - Action de la France en Europe et dans le monde |
2 645,37 |
2 649,94 |
2 693,11 |
2 697,67 |
+ 1,80 % |
+ 1,80 % |
|
P185 - Diplomatie culturelle et d'influence |
651,74 |
651,74 |
605,94 |
605,94 |
- 7,03 % |
- 7,03 % |
|
P151 - Français à l'étranger et affaires consulaires |
154 91 |
155,31 |
153,41 |
153,81 |
- 0,97 % |
- 0,97 % |
|
Total de la mission |
3 452,02 |
3 457,00 |
3 452,45 |
3 457,43 |
+ 0,01 % |
+ 0,01 % |
Source : commission des finances du Sénat d'après les documents budgétaires
2. La baisse conjoncturelle des contributions internationales et des économies sur le programme 185 permettent au ministère de financer des mesures nouvelles sur le programme 105 et de revenir sur plusieurs baisses de crédits décidées en 2025
Si l'évolution des crédits entre 2025 et 2026 traduit une stabilité du volume de la mission, le budget proposé n'est pas identique à celui de l'année passée.
En premier lieu, le ministère de l'Europe et des affaires étrangères bénéficie de deux effets conjoncturels permettant de dégager des marges de manoeuvre budgétaire pour l'exercice 2026 :
- d'une part, une baisse des contributions aux opérations de maintien de la paix de des Nations unies (- 15 millions d'euros) et une diminution des contributions obligatoires (- 26,6 millions d'euros). Cette diminution résulte essentiellement de la réduction de la quote-part française dans les grandes organisations internationales, qui découle de la baisse du revenu national brut de la France et du dynamisme des économies émergentes. L'indicateur du RNB constitue l'une des principales variables des barèmes intervenant dans le calcul des contributions obligatoires aux entités multilatérales. La contraction tendancielle de la part française du RNB mondial devrait ainsi conduire à une baisse de contributions obligatoires portées par le programme 105 ;
- d'autre part, une poursuite de la baisse du nombre d'élèves dans le réseau de l'enseignement français à l'étranger, qui permet au ministère de réduire l'enveloppe des aides à la scolarisation pour les familles françaises de l'étranger de 4,9 millions d'euros.
En second lieu, le projet de budget de la mission comporte des mesures d'économies, essentiellement concentrées sur le programme 185. Pour un total de 46 millions d'euros, notamment répartis entre :
- une baisse de la subvention pour charges de service public versée à l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) de 25 millions d'euros ;
- une diminution de l'enveloppe des bourses du Gouvernement français au profit des mobilités étudiantes internationales en France (- 14 millions d'euros) ;
- une réduction de l'enveloppe liée aux échanges d'expertise et échanges scientifiques (- 2 millions d'euros).
L'ensemble de ces mesures d'économies, qu'elles soient de nature conjoncturelle ou discrétionnaire, permet au ministère de financer des hausses de crédits sur un grand nombre de lignes budgétaires.
Une partie de ces augmentations de crédits, sur les dépenses d'immobilier, de sécurité ou de numérique notamment, vise à revenir sur les mesures d'économies opérées par la loi de finances pour 2025 et à rétablir les crédits au niveau du projet de loi de finances pour 2025. D'autres mesures nouvelles vont au-delà de ce retour en arrière et correspondent à des besoins identifiés comme prioritaires par le MEAE.
Parmi les augmentations de crédits notables proposées par le PLF 2026, figurent ainsi :
- une augmentation de 10 millions d'euros des dépenses de communication stratégique, destinées à la riposte informationnelle et à la lutte contre les influences étrangères malveillantes ;
- une augmentation des dépenses de numérique (5 millions d'euros) et d'immobilier (5 millions d'euros), permettant de revenir au niveau du PLF 2025 ;
- une enveloppe de 27,5 millions d'euros pour l'organisation du sommet du G7 et du sommet Afrique-France ;
- sur le programme 151, une hausse 2,9 millions d'euros des crédits dédiés aux grands projets de modernisation du réseau consulaire.