C. LES DÉPENSES DE COORDINATION DE L'ACTION DIPLOMATIQUE PROGRESSENT SOUS LES EFFETS DE L'AUGMENTATION DES CRÉDITS DE LA COMMUNICATION
1. Si les conférences internationales représentent un moindre coût pour les dépenses de protocole, les crédits de la communication sont multipliés par 2,5
En premier lieu, les dépenses de protocole sont en recul en 2026 : 15,53 millions d'euros en AE=CP contre 28,92 millions d'euros l'année précédente. Une telle baisse s'explique par la diminution des dépenses d'organisation des conférences internationales, l'année 2025 ayant été marquée par le déroulement de la conférence des Nations unies pour les océans (UNOC 3) à Nice et par le sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle à Paris. Pour 2026, la ligne budgétaire dédiée aux conférences internationales est dotée de 11,4 millions d'euros, essentiellement au titre du financement du Sommet Africa Forward qui se tiendra à Nairobi en mai 2026.
Toutefois, un financement de 20 millions d'euros est isolé au sein d'une nouvelle action 12 du programme 105 pour l'organisation de la présidence française du G7, dont le sommet se tiendra du 14 au 16 juin 2026 à Évian. Le total de crédits liés aux conférences internationales s'élèvera donc à 31,4 millions d'euros.
En second lieu, les dépenses de communication font l'objet d'un abondement sans précédent et augmentent de 10 millions d'euros en 2026, pour atteindre 16,5 millions d'euros. En 2025, ces crédits avaient au contraire connu une baisse de l'ordre d'un million d'euros. La totalité de ces crédits devrait financer des actions de communication stratégique et le budget de la sous-direction « veille et stratégie » de la direction de la communication et de la presse (DCP). Ce service, dont les missions et le fonctionnement sont décrits dans l'encadré infra, assure un rôle de vigie informationnelle pour le MEAE en assurant une veille des réseaux sociaux vingt-quatre heures sur vingt-quatre afin de repérer les menaces potentielles.
Les rapporteurs spéciaux notent avec satisfaction la prise en compte de leurs recommandations, formulées dans leurs contributions sur le budget de la mission AEE pour les années 2024 et 2025. En effet, les dépenses de communication sont ainsi renommées « communication stratégique », permettant de mieux traduire la dimension de lutte informationnelle qui s'attache à une part substantielle de ces crédits.
Pour autant, le rapporteur spécial Nathalie Goulet s'interroge sur l'ampleur de la hausse décidée sur les dépenses de la sous-direction « veille et stratégie » : dotée de près de deux millions d'euros en 2025, elle devrait voir ses moyens multipliés par six pour s'élever à 12 millions d'euros. Alors que les documents budgétaires indiquent pudiquement que cette enveloppe vise à « renforcer les outils permettant de faire face aux nouvelles menaces informationnelles dans le monde », il importe de demeurer vigilant à ce que ces dépenses répondent à des besoins vérifiés. La bonne exécution de ces dépenses sera d'autant plus scrutée que le Premier ministre, dans un communiqué de presse du 23 septembre 2025, a décidé de suspendre « l'engagement de toute nouvelle dépense de communication par les ministères, les agences et opérateurs de l'État »20(*), dans le cadre du programme « État efficace ».
Au total, les dépenses de communication ne représentaient que 2,36 millions d'euros en exécution 2023. Elles auront donc été multipliées par sept sur la période 2023-2026.
La sous-direction « veille et
stratégie » de la direction de la communication
et de la
presse, bras armé de la riposte informationnelle du MEAE
Créée en août 2022 au sein de la direction de la communication et de la presse, la sous-direction « veille et stratégie » (VS) a permis de renforcer les capacités de riposte informationnelle du Quai d'Orsay, dans un contexte de multiplication des opérations d'influence malveillantes.
Le service est structuré en trois pôles distincts :
- un pôle chargé de la veille des médias ;
- un pôle assurant la veille des réseaux sociaux ;
- un pôle chargé de la communication stratégique et de la riposte.
La sous-direction VS s'est vue confiée une double mission de protection du réseau diplomatique français contre les attaques informationnelles et de conduite d'actions de réponse aux atteintes réputationnelles à l'encontre de la France à l'étranger. En complément de son activité de veille, le service assure une analyse des éléments constitutifs de la menace informationnelle pour identifier des éléments de réponse, en coordination avec les postes diplomatiques concernés.
Parallèlement à ces missions initiales, la sous-direction a développé des compétences de formation des agents du ministère et des services de presse des ambassades aux enjeux de désinformation. Au total, ce service assure la coordination d'un réseau de plus de 530 agents, tous statuts et fonctions confondus, chargé de participer à la communication stratégique du ministère.
En-dehors du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, la sous-direction VS coordonne son action avec le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum) du secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale (SGDSN). Elle participe à la stratégie de l'État en matière de lutte informationnelle, en cas de crise, au sein de la task force interministérielle informationnelle (TF2I). Elle prend également part au comité interministériel de lutte contre les manipulations de l'information (Colmi).
Source : commission des finances
2. Une stabilité de l'enveloppe dédiée au centre de crise et de soutien
Le programme 105 assure le financement du centre de crise et de soutien (CDCS), au titre de ses dépenses de fonctionnement et de sa mission de protection des ressortissants français à l'étranger. Créé en 2008, le CDCS est doté d'une double compétence de gestion des urgences consulaires et de gestion des urgences humanitaires. Cette seconde mission est essentiellement financée par le programme 209 de la mission « Aide publique au développement », qui héberge le fonds d'urgence humanitaire et de soutien (FUHS).
Sur le programme 105, La dotation budgétaire du CDCS se décompose entre un montant de base, correspondant aux dépenses de fonctionnement du service, et d'une ligne de crédits relative à la gestion de crise, qui peut être réabondée en cours d'année en fonction des besoins. Elle s'élèverait en 2026 à 5,29 millions d'euros, soit 400 000 euros de plus que le montant inscrit dans la loi de finances pour 2025. Cette majoration correspond à la hausse du coût de l'abonnement à l'outil d'intelligence artificielle First Alert.
Le rapporteur spécial estime que la préservation des moyens de centre de crise et de soutien est nécessaire dans un contexte international dégradé. Toutefois, la budgétisation de 1,5 million d'euros pour la gestion de crise paraît sous-évaluée et il est probable que ces dépenses seront majorées en cours d'année. Le ministère devrait être encouragé à une évaluation plus sincère de ces dépenses.
* 20 Service de communication du Premier ministre, « Le Premier ministre suspend les dépenses de communication de l'État jusqu'à fin 2025 », communiqué de presse, 23 septembre 2025.