B. LA SITUATION FINANCIÈRE PRÉOCCUPANTE DE L'AFP IMPLIQUE UNE RÉFLEXION PLUS GÉNÉRALE SUR LE MODÈLE DE L'AGENCE
L'action 01 rassemble les relations financières entre l'État et l'Agence France-Presse (AFP). Le versement fait à l'AFP à ce titre distingue, d'une part, le paiement des abonnements commerciaux de l'État (régis par une convention d'abonnements signée en septembre 2015, pour un montant de 23,2 millions d'euros en 2026) et, d'autre part, la compensation des missions d'intérêt général (MIG) de l'AFP5(*), pour un montant de 124 millions d'euros.
En conséquence, le PLF prévoit 147,2 millions d'euros pour l'AFP, soit une hausse de 4,2 millions d'euros par rapport à 2025.
Montants versés à l'AFP par le programme 180
(en millions d'euros)
Source : commission des finances d'après les documents budgétaires
Cette hausse est conforme à la trajectoire prévue dans le contrat d'objectifs et de moyens (COM) 2024-2028 de l'agence. Celui-ci prévoit une trajectoire de hausse à hauteur de 7,3 millions d'euros sur la période 2024-2028.
Montants versés par l'État prévus dans le COM 2024-2028
(en millions d'euros)
Source : commission des finances d'après les documents budgétaires
Le rapporteur spécial soulignait l'année précédente une stabilisation de la situation financière de l'AFP après une décennie de grande difficulté, ayant permis de voter le budget 2025 à l'équilibre. L'agence rencontre en 2025 une période de difficultés, notamment du fait de la perte de contrats de « fact checking » de médias américains6(*) et, sur un autre plan, du développement de l'intelligence artificielle.
L'agence anticipe donc une baisse des produits commerciaux de 8,4 millions d'euros en fin de gestion 2025 par rapport au budget initial. Or les dépenses de l'agence sont relativement contraintes à court terme, dans la mesure où les charges de personnel représentent plus des trois quarts des charges d'exploitation de l'AFP. En 2024, les personnels de l'AFP représentaient 2 534 ETPT.
L'AFP a donc engagé à l'été 2025 un plan d'économies visant à dégager environ 12 millions d'euros. Les mesures de ce plan d'économies seraient mises en oeuvre en 2026 et prendraient leur plein effet à compter de 2027.
Les principaux axes du plan d'économies de l'AFP
Les trois principaux leviers d'économies identifiés par l'AFP sont :
- un dispositif d'incitation aux départs à la retraite, en France comme à l'étranger, assorti du non-remplacement partiel des départs. Le dispositif d'incitation reposerait sur une offre de bonification de l'indemnité de départ à la retraite pour les salariés ayant atteint l'âge légal de départ et pouvant justifier d'une pension complète ;
- la réduction du coût de l'expatriation des journalistes par le recrutement de journalistes sous contrat local ;
- le gel de postes et l'arrêt d'offres et d'activités qui ne sont plus adaptées aux besoins du marché.
Ce plan d'économie est établi sur la base d'une trajectoire de financement public de l'AFP conforme au COM 2024-2028.
Source : commission des finances d'après les réponses au questionnaire budgétaire
L'AFP fait cependant essentiellement face à des défis structurels, que des mesures d'économies partielles ne pourront régler. L'AFP souhaite recentrer son activité sur la production de contenus à forte valeur ajoutée. Or, si le développement de l'intelligence artificielle met en difficulté l'ensemble du secteur de la presse écrite, il impacte encore davantage l'AFP dont les contenus, pour être de grande qualité, ont pour caractéristique d'être peu éditorialisés afin d'être repris rapidement par une variété de médias.
L'AFP indique avoir identifié des « relais de croissance », notamment le développement des clients non-médias - acteurs de la tech, institutions, fondations, entreprises et administrations. Il serait particulièrement souhaitable que cette stratégie fonctionne, sans quoi les montants prévus au COM ne permettraient que d'écoper les réductions de moyens découlant de la perte de compétitivité de l'agence.
* 5 Loi du 13 janvier 1957 portant statut de l'AFP.
* 6 Les réponses au questionnaire indiquent que l'exécution du budget pâtit en particulier de la rupture brutale des contrats AFP avec le Gouvernement américain et l'US Agency for Global Media (-1,1 million d'euros), ainsi, que par ricochet, de l'arrêt des financements à USAID qui se sont traduits par des désabonnements de nombreux clients (-1 million d'euros), et enfin de la rupture du partenariat entre l'AFP et Meta pour potentiellement un montant total de 6,5 millions d'euros.

