D. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE A ANNONCÉ UNE ACCÉLÉRATION DE L'EFFORT DE DÉFENSE POUR 2026 ET 2027, QUI RESTE AUJOURD'HUI MESURÉ EN COMPARAISON INTERNATIONALE
Dans un contexte stratégique et conventionnel renouvelé, le président de la République a annoncé le 13 juillet 202517(*) une accélération de l'effort budgétaire en faveur des armées pour 2026 et 2027, précisant que « s'ajoutera à loi de programmation militaire actuelle un effort de 3,5 milliards d'euros en 2026 et de 3 milliards d'euros supplémentaires l'année suivante », en cohérence avec l'objectif d'un niveau de dépenses militaires à hauteur de 3,5 % du PIB en 203518(*).
Aujourd'hui, l'effort de défense reste relativement modeste lorsqu'il est comparé aux puissances étrangères.
1. Une hausse généralisée des dépenses militaires depuis 2022
La dégradation accélérée du contexte stratégique depuis 2022 a conduit la quasi-totalité des grandes puissances à renforcer leurs budgets de défense.
Au niveau mondial, la part des dépenses militaires dans la richesse produite est passée d'environ 2,2 % du PIB en 2021 à 2,5 % en 2024. Cette tendance se traduit par une croissance marquée, en particulier au sein de l'OTAN, où 23 des 32 États membres atteignent désormais la cible de 2 % du PIB, contre seulement 8 sur 30 en 2022.
Les évolutions récentes illustrent la rapidité de cette dynamique. À prix constants de 2023, entre 2021 et 2024, les dépenses militaires ont augmenté de 119 % en Russie, 93 % en Pologne, 47 % en Allemagne, 14 % au Royaume-Uni, 6,8 % aux États-Unis et 6,6 % en France. Cette montée en puissance simultanée des principaux acteurs traduit une recomposition profonde des équilibres militaires continentaux et confirme l'entrée dans une nouvelle phase de compétition stratégique.
2. Une position française relativement stable
En 2024, la France se situe au 4? rang des pays de l'OTAN en volume de dépenses, derrière les États-Unis, l'Allemagne et le Royaume-Uni, et devant la Pologne, l'Italie, la Turquie et l'Espagne. À l'échelle mondiale, elle occupe le 9? rang, derrière les trois pays précités, la Chine, la Russie, l'Inde, l'Arabie Saoudite et l'Ukraine (quasiment à égalité).
En proportion du PIB, la position française apparaît en revanche plus modeste puisqu'elle figure en 20? place sur 32 membres de l'Alliance en 2024, avec un effort voisin de 2 % du PIB. Les dépenses françaises représentent environ 6,5 % de celles des États-Unis, 43 % de celles de la Russie, 73 % de celles de l'Allemagne, 79 % de celles du Royaume-Uni et environ 170 % de celles de l'Italie.
Malgré la trajectoire ascendante fixée par la LPM 2024-2030, la position relative de la France n'évolue donc pas sensiblement. Le renforcement rapide des budgets de défense de plusieurs alliés européens contribue à atténuer la portée comparative de l'effort français. L'exemple de l'Allemagne est particulièrement significatif : son budget de la défense a progressé d'environ 19 milliards d'euros en un an entre 2023 et 202419(*), soit un accroissement équivalent à la totalité des marges budgétaires prévues pour la France sur l'ensemble de la période de la LPM 2024-2030 (20,2 milliards d'euros).
De ce point de vue, il apparaît que les surmarches annoncées par le président de la République pour 2026 et 2027, bien qu'importantes, ne devraient pas modifier profondément les équilibres comparatifs au sein de l'OTAN, d'autant que plusieurs États européens ont déjà annoncé de nouvelles hausses de crédits dans les années à venir.
Montant estimé des budgets militaires de plusieurs pays, en 2024
(en milliards de dollars américains de 2023)
Source : commission des finances, d'après les données du SIPRI et de l'OTAN (pour le chiffrage des dépenses de l'OTAN sans les Etats-Unis)
* 17 Discours aux armées depuis l'Hôtel de Brienne.
* 18 Voir infra.
* 19 Selon les chiffres du SIPRI.
