B. ... QUI SOULIGNE LA NÉCESSITÉ D'UNE ACTUALISATION DE LA LOI DE PROGRAMMATION MILITAIRE
Ainsi que s'y est engagé le Président de la République dans son discours du 13 juillet 2025, la présentation d'une actualisation de la LPM apparaît désormais indispensable. Trois séries principales de raisons le justifient, à savoir corriger les déséquilibres apparus dès le lancement de la LPM 2024-2030, inscrire les hausses de crédits prévues pour 2026 et 2027 dans une trajectoire pluriannuelle cohérente, et garantir la soutenabilité de la dépense de défense dans le cadre des finances publiques.
1. Corriger les déséquilibres apparus dès le début d'exécution
L'exercice 2024 a mis en évidence plusieurs fragilités structurelles dans le début d'exécution de la programmation militaire actuelle. Ces évolutions traduisent une rigidité et des tensions croissantes, réduisant la capacité d'adaptation du ministère face aux aléas opérationnels ou industriels36(*).
Dans ce contexte, il est nécessaire de s'assurer, dans le cadre d'une actualisation de la LPM, de l'alignement effectif des moyens budgétaires et des objectifs capacitaires.
2. Inscrire l'effort supplémentaire pour 2026 et 2027 dans une trajectoire pluriannuelle cohérente
La deuxième justification tient à la nécessité d'inscrire dans le moyen terme les hausses exceptionnelles de crédits décidées pour 2026 et 2027. Les surmarches annoncées par le Président de la République - 3,5 milliards d'euros en 2026 et 3 milliards d'euros en 2027 - ainsi que les premières indications pour 2028, qui semblent laisser entrevoir une surmarche d'environ 1,5 milliard d'euros37(*), doivent s'accompagner d'une visibilité renforcée et d'une cohérence à moyen terme.
Évolution des crédits de la mission « Défense » selon différentes hypothèses
(en milliards d'euros, hors CAS « Pensions »)
Source : commission des finances, d'après les annonces du président de la République du 13 juillet 2025, la LPM 2024-2030, le PLF pour 2026 et les réponses au questionnaire budgétaire
La future LPM devra aussi traduire les ambitions de la revue nationale stratégique de juillet 2025, tout en assurant, si cela est possible budgétairement, l'articulation de la trajectoire française avec les engagements internationaux, notamment l'objectif de 3,5 % du PIB consacré à la défense d'ici 2035 fixé par le sommet de l'OTAN de La Haye.
Les surmarches pour 2026 et 2027 placeraient la trajectoire française sur un rythme compatible avec l'atteinte de l'objectif d'un niveau de dépenses militaires de 3,5 % du PIB en 2035 - à condition de poursuivre l'effort chaque année (+ 0,15 % du PIB annuellement)38(*) -, soit un budget de l'ordre de 140 milliards d'euros à cet horizon.
Mise en regard de différentes trajectoires
budgétaires des dépenses militaires
de 2025 à
2035
(en milliards d'euros courants et en % de PIB)
Note : l'ensemble des dépenses militaires sont ici prises en compte, y compris le CAS « Pensions » et des dépenses annexes à la mission « Défense », conformément à la méthodologie de l'OTAN.
Source : commission des finances, d'après les données du rapport économique, social et financier annexé au projet de loi de finances pour 2026, de l'INSEE, de la trajectoire budgétaire prévue par la LPM 2024-2030, du projet de loi de finances pour 2026 et des réponses aux questionnaires du rapporteur spécial
3. Concilier effort de défense et soutenabilité des finances publiques
Enfin, la révision de la LPM doit permettre d'articuler la stratégie de défense avec la trajectoire globale des finances publiques. Dans un contexte d'endettement élevé et de marges de manoeuvre limitées, l'accroissement durable des crédits militaires - qui pourraient atteindre près de 140 milliards d'euros en 2035 pour respecter l'objectif de l'OTAN - ne pourra être soutenable et internationalement crédible que s'il s'accompagne d'un ajustement global de la dépense de l'État.
Tout effort supplémentaire en faveur de la défense devra donc être financé par des redéploiements ou des économies sur d'autres politiques publiques, afin de préserver la crédibilité financière et la soutenabilité de la trajectoire. La nouvelle LPM constituera le cadre de référence permettant d'assurer cet équilibre sur la durée.
4. Une présentation par le Gouvernement de la proposition d'actualisation attendue à la fin de l'automne 2025
Selon la ministre des armées, Catherine Vautrin39(*), le projet de loi d'actualisation de la LPM devrait être présenté à la fin de l'automne 2025.
Cette actualisation aura notamment pour objet, selon les réponses du ministère au questionnaire du rapporteur spécial, d'accélérer l'effort de sécurisation du territoire et d'affirmation de l'autonomie stratégique de la France (dissuasion et renseignement), d'améliorer la disponibilité des matériels et la préparation opérationnelle et d'intensifier l'investissement en matière d'innovation. Les priorités annoncées portent en particulier sur les drones, la défense surface-air, les munitions et le cyber. La cible de 275 000 ETP au sein du ministère en 2030 serait par ailleurs maintenue.
* 36 Voir supra.
* 37 Selon une analyse des chiffres transmis dans les réponses au questionnaire budgétaire.
* 38 Soit jusqu'à 9 milliards d'euros supplémentaires par an en fin de période.
* 39 Audition devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, mercredi 22 octobre 2025.

