2. La reproduction des inégalités sociales par l'école

En dépit de ces progrès globaux, le système éducatif ne paraît pas en mesure de répondre à la situation des familles très défavorisées ou de grande pauvreté et d'assurer la mise en oeuvre effective du droit à l'éducation.

Dans un ouvrage récent 2( * ) , le recteur Claude Pair, qui a été par ailleurs chargé de rédiger un rapport sur la rénovation du service public de l'éducation nationale 3( * ) indique que dans certains quartiers défavorisés, moins de 10 % des enfants fréquentent la classe correspondant à leur âge et que 37 % sont scolarisés dans des classes spécialisées alors que la proportion nationale est respectivement de 75 % et de 10 % .

D'une manière générale, le système éducatif se révèle impuissant à remédier à la situation d'enfants issus de familles en grande difficulté, vivant dans des quartiers " ghettoïsés " où les références sociales, culturelles et familiales sont en voie de dissolution ; les établissements cumulant toutes les difficultés, comme l'a montré l'exemple de la Seine-Saint-Denis sont ainsi confrontés à la ségrégation sociale et ethnique, à l'insécurité, à la désertion des cantines, au racisme, à la violence et à l'abandon progressif des objectifs scolaires.

3. La coupure du lien entre les familles et l'école

Les effets de la crise économique et de la détérioration de la situation de l'emploi contribuent en outre à couper le lien entre les familles les plus pauvres et l'institution scolaire.

D'après une enquête de l'INSEE de 1994, près de la moitié des ouvriers non-qualifiés estimaient ne pas être en mesure d'aider leurs enfants dans leur travail scolaire, ce pourcentage dépassant 90 % au niveau du lycée, et traduisant ainsi le malentendu développé entre ces familles, les programmes et les méthodes du système éducatif.

Contrairement à sa vocation de réduction, ou au moins de neutralisation des inégalités sociales, l'institution scolaire se transformerait ainsi en machine à exclure.

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