C. LES PROCHAINES ÉTAPES : L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE COMPLET ET APPROFONDI ET LE PARTENARIAT POUR LA MOBILITÉ

La dixième session du Conseil d'Association Union européenne - Jordanie s'est tenue à Bruxelles le 19 décembre 2012. L'Union européenne a constaté les réformes engagées par la Jordanie et marqué son soutien à leur poursuite dans les domaines de l'État de droit, de la gouvernance et des droits de l'Homme. Les autorités jordaniennes ont autorisé le déploiement d'une mission d'observation électorale de l'Union européenne durant les élections législatives du 23 janvier 2013.

Les récentes visites en Jordanie de la Haute représentante en juin 2013, ainsi que celles de la commissaire en charge de la coopération internationale, de l'aide humanitaire et de la réaction aux crises en janvier et en mai 2013 ou du commissaire en charge de l'élargissement et de la politique européenne de voisinage en juin 2013 illustrent ce soutien fort de l'Union européenne. De son côté, le Roi Abdallah II s'est rendu à Bruxelles le 5 décembre 2013.

L'accord d'association entre l'Union européenne et la Jordanie signé en 2002 a permis une expansion des échanges commerciaux qui ont atteint 3,8 milliards d'euros en 2012, dont 342 millions d'euros d'exportations jordaniennes à destination de l'Union. La Jordanie est, par ailleurs, signataire de l'Accord d'Agadir lancé en mars 2008 qui prévoit la mise en place d'une zone de libre-échange entre l'Union européenne, l'Égypte, le Maroc et la Tunisie. À l'instar des démarches entreprises avec les autorités marocaines et tunisiennes, la Commission européenne souhaite désormais l'ouverture des négociations en vue de la signature d'un accord de libre-échange complet et approfondi entre elle et le Royaume hachémite, avec une reprise des normes communautaires (convergence réglementaire).

Une mission exploratoire d'experts européens a été envoyée à cet effet à Amman le 6 novembre 2013. Les discussions techniques se focalisent pour l'heure sur les règles d'origine, les barrières non-tarifaires (normes et certifications, en particulier dans le domaine phytosanitaire) et les marchés publics. Les autorités jordaniennes souhaitent obtenir des dérogations sur 57 produits, en rappelant le déséquilibre accru des échanges depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association avec l'Union européenne. Bruxelles constate par ailleurs que la Jordanie déroge à l'accord Aviation civile Union européenne - Jordanie en imposant des taxes sur l'importation de pièces détachées d'aéronefs. Plus largement, il convient d'insister sur la faiblesse des exportations jordaniennes afin de conférer à cet accord une véritable plus-value pour Amman. Le pays souffre aujourd'hui d'un problème de commercialisation de ses produits et de promotion.

Aucun calendrier n'est par ailleurs fixé pour la signature d'un Partenariat pour la mobilité, même si la représentation permanente de l'Union européenne à Amman estime qu'un tel document pourrait être paraphé d'ici à la fin de l'année 2014. Ce partenariat doit permettre de mieux gérer la mobilité des personnes pour des séjours de courte durée, de lutter contre la migration irrégulière et la traite des êtres humains, de renforcer la coopération en matière de migrations et de développement, et d'accueil des réfugiés conformément aux normes internationales. Le Maroc et la Tunisie ont déjà signé un accord semblable. Même si les migrations de Jordaniens en direction de l'Union européenne demeurent limitées, l'intérêt pour cet accord redouble à l'aune de la crise syrienne et de l'attrait que représente l'Europe pour les réfugiés : 58 375 demandes d'asile ont été formulées par des réfugiés syriens auprès de l'Union européenne entre avril 2011 et septembre 2013.

L'engagement européen en Jordanie contraste cependant avec la réalité des échanges et des flux financiers entre ce pays et l'Union européenne. Le statut avancé qui lui a été accordé surévalue les liens qui unissent la Jordanie et l'Union européenne. Bruxelles n'est que le troisième pourvoyeur d'aides au Royaume hachémite, derrière les pays du Golfe et les États-Unis. Seul un quart des échanges commerciaux du pays sont assurés avec l'Union européenne. Si la Jordanie partage le même statut que le Maroc avec l'Union européenne, les réalités qu'il recouvre sont d'une autre nature, tant en matière économique que d'avancées politiques, dans un contexte régional bien évidemment plus complexe. L'Union européenne peine par ailleurs à mettre en oeuvre les mécanismes de dialogue et de consultation qu'elle a su susciter dans les pays du Maghreb, qu'il s'agisse du Maroc ou de la Tunisie. La communauté d'affaires se plaint, en effet, de ne pas être assez associée aux discussions sur l'ALECA par exemple. Des réserves semblables semblent également exprimées par les organisations non gouvernementales de défense des droits de l'Homme.

En dépit de ces réserves, il convient cependant d'insister sur la qualité du dialogue politique entre le Royaume hachémite et l'Union européenne . Amman a ainsi appuyé un certain nombre de positions européennes au sein des Nations unies, notamment au sein du Conseil des droits de l'Homme, dont la Jordanie a été membre entre 2011 et 2012. Cette coopération devrait se poursuivre alors que le pays est devenu membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'Organisation en 2014. La Jordanie co-préside par ailleurs l'Union pour la Méditerranée (UpM) depuis juin 2012 , date à laquelle elle a succédé au Maroc. Son rôle efficace en faveur de la participation d'organisations non gouvernementales aux débats de l'UpM sur le droit des femmes ou sa tentative de préserver le plan solaire méditerranéen en dépit du veto espagnol en décembre 2013 sont ainsi à porter à son crédit.

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