III. RENOUVELER LES RELATIONS HISTORIQUES DES EUROPÉENS AVEC LE GROENLAND POUR CONSTRUIRE L'AVENIR

A. LES RELATIONS AVEC LES PAYS EUROPÉENS

Bien qu'il soit géographiquement et géologiquement rattaché au continent américain, le Groenland entretient des relations avec plusieurs pays européens, en dehors du Danemark, son premier partenaire comme il fut exposé précédemment.

C'est naturellement que le Groenland entretient de bonnes relations avec ses voisins du nord : les îles Féroé, elles aussi territoire autonome du Danemark, mais aussi principalement l'Islande et dans une moindre mesure la Norvège. Les relations entre le Groenland et l'Islande connaissent d'ailleurs de nombreux développements récents : formation ; santé ; négociation d'un accord de libre-échange ; ouverture d'un consulat général islandais à Nuuk en novembre 2013 ; création d'une chambre de commerce islando-groenlandaise...

Par ailleurs, le Royaume-Uni entretient de bonnes relations avec le Groenland, tant par l'histoire de ses grands explorateurs que par les habitants du nord du Royaume, naturellement tournés vers le nord. L'issue du référendum écossais était d'ailleurs particulièrement suivie au Groenland et il n'est pas impossible que le résultat ait joué une influence dans le vote des électeurs groenlandais le 28 novembre dernier.

Dans cette mosaïque, la France occupe une place particulière et peut-être pas assez exploitée.

B. L'ATOUT D'UNE PRÉSENCE FRANÇAISE ANCRÉE AU GROENLAND

Jean-Baptiste Charcot, Paul-Émile Victor, Jean Malaurie sont, entre autres, des figures marquantes de la recherche polaire française. Ils incarnent le début d'une véritable tradition de la recherche de notre pays dans les milieux polaires. Aujourd'hui, les expéditions de Jean-Louis Etienne ou du navire Tara connaissent encore un certain écho dans l'opinion publique française. Enfin, sans être exhaustif, on peut encore mentionner le grand climatologue et glaciologue, Jean Jouzel dont les travaux et la présence au sein du GIEC participent au rayonnement scientifique de la France dans le monde.

Or, la plupart des expéditions polaires françaises sont passées par le Groenland. Elles rappellent que notre pays entretient des relations anciennes avec ce territoire et son peuple . Lars-Emil Johansen, le président du Parlement, souligne que l'Institut polaire d'Uummannaq fut fondé par Jean Malaurie, qu'il a rencontré. Le camp de base des Expéditions polaires françaises, « la cabane de Paul-Émile Victor », existe toujours et témoigne de la grande implication française au Groenland dès la fin des années trente.

Du côté du passif, on rappellera comme évoqué plus haut que la campagne menée par Brigitte Bardot dans les années 1980 contre l'abattage des bébés phoques a profondément dégradé l'image de la France au Groenland. Aujourd'hui encore, cela est rappelé aux interlocuteurs français par les Groenlandais. C'est fort dommageable et mérite d'être réparé.

Cela ne doit pas faire oublier que la France est le seul pays tiers
- avec l'Islande depuis 2013, seulement - ayant un représentant permanent sur le sol groenlandais . Il est le relais au Groenland de l'ambassade de France au Danemark. Cette spécificité mérite d'être signalée et entretenue.

Il s'agit d'un volontaire international envoyé pour un à deux ans. Chargé de cours à l'Université du Groenland, il assure une mission pluridisciplinaire : animation culturelle, actions de coopération universitaire et scientifique, contacts protocolaires, veille économique et politique.

Élément de l'influence française au Groenland, il est un atout pour entretenir des relations avec le territoire. Dans le cadre d'une politique de coopération approfondie avec le Groenland, il est tout à fait judicieux qu'une nouvelle volontaire internationale soit arrivée au mois d'août sur le sol groenlandais. Sa présence permet à la France de parfaire sa connaissance de la situation interne au Groenland

Surtout, ces relations anciennes pourraient s'avérer utiles pour aider le Groenland dans sa volonté de diversifier son économie. La France a des atouts à faire valoir dans la construction de grandes infrastructures, dans la recherche agronomique et dans l'agriculture. Première destination touristique au monde et active dans le secteur du tourisme, elle pourrait participer au développement de cette activité au Groenland. Il s'agit là uniquement de pistes qui mériteraient d'être suivies. Le rôle de l'ambassade de France au Danemark pourrait s'avérer déterminant pour offrir des débouchés nouveaux à nos entreprises.

Enfin, un aspect de notre pays intéresse particulièrement les Groenlandais et mérite d'être mentionné, c'est la relation qu'entretient la France avec ses territoires d'outre-mer. La construction de la nation groenlandaise s'inscrit dans un processus de décolonisation et est comparable à ce qu'ont entrepris certains de nos territoires. À titre d'exemple, les autorités groenlandaises sont très au fait de la situation de la Nouvelle-Calédonie, car ils en côtoient les représentants auprès de l'ONU et de l'Union européenne.

Et c'est bien par cette dernière que devrait à terme s'incarner la présence des Européens au Groenland.

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