C. L'INCA DOIT AMÉLIORER LA COORDINATION ENTRE LES DEUX PÔLES DE SOINS

La définition d'une approche graduée et la structuration de deux pôles de soins rendent nécessaire une bonne coordination. Or il s'agit précisément du coeur de compétences de l'Institut national du cancer.

Cette coordination passe d'abord par une amélioration des outils d'échanges d'informations entre professionnels de santé. En place ou en cours de développement, ils sont de plusieurs types :

- le partage de l'information avec les équipes de premier recours doit à terme être facilité par la généralisation du dossier communicant de cancérologie d'ici la fin de l'année 2016. Cet outil doit réunir les comptes rendus des réunions de concertation pluridisciplinaire ainsi que le programme personnalisé de soins de chaque patient. Dans le même sens, le troisième plan cancer soutient les expériences d'ouverture sécurisée des systèmes d'information permettant aux médecins traitants d'accéder aux dossiers médicaux hospitaliers, et aux pharmaciens d'officine d'accéder aux données des pharmacies hospitalières ;

- l'INCa élabore également des référentiels organisationnels définissant le parcours des patients et les intervenants à chaque étape de leur prise en charge. Sur saisine de la DGOS, un référentiel de prise en charge par chimiothérapie orale est ainsi en cours de finalisation ;

- une expérimentation commune entre la direction générale de l'offre de soins et l'INCa a conduit à la création d'infirmiers de coordination (IDEC) sur trente-cinq sites hospitaliers et dix structures de ville. Le bilan de la première année de mise en oeuvre a montré les apports du dispositif pour l'information des patients et pour le suivi de l'observance des traitements par voie orale ;

- dans le cadre des feuilles de routes régionales du plan cancer, plusieurs ARS ont créé des plateformes téléphoniques dédiées aux professionnels de ville dans les établissements hospitaliers ;

- l'article 95 de la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016 prévoit la réalisation obligatoire d'une lettre de liaison ville-hôpital en sortie d'hospitalisation.

Cependant, pour rendre ces nombreux outils efficaces, il reste aux professionnels à s'en saisir. C'est pourquoi votre rapporteur spécial considère que les enseignements tirés des deux premiers plans cancer doivent alimenter la réflexion sur le renforcement de la coordination entre ville et hôpital. En effet, les mesures mises en oeuvre généralisaient souvent des pratiques pilotes et peu onéreuses de certains établissements, à l'instar des réunions de concertation pluridisciplinaires des centres de lutte contre le cancer, et témoignaient, à la suite de la formule juridique de GIP choisie pour l'INCa, de la volonté de placer les différents acteurs dans des relations concrètes de travail. Pour asseoir une expertise partagée, des liens forts doivent exister entre les acteurs du traitement spécialisé et les acteurs du premier recours, qui suivent les malades au quotidien. C'est pourquoi votre rapporteur spécial entend soutenir deux propositions concrètes :

- pour permettre aux futurs médecins généralistes de mieux appréhender le cancer, des stages dans les services de cancérologie pourraient leur être réservés, sur simple demande de leur part. Ces stages assureraient une diffusion du savoir et un rapprochement entre médecins spécialistes et généralistes ;

- pour étendre la coopération à tous les acteurs du soin et accompagner l'essor des traitements médicamenteux, il convient d'associer davantage les pharmaciens. Une pratique de l'Institut Jean Godinot de Reims peut servir d'exemple : depuis 2008, les pharmaciens accompagnent les médecins lors de la visite médicale dans les services d'hospitalisation du département d'oncologie médicale. Ils expliquent alors aux patients en sortie d'hospitalisation le détail de la prescription de leurs traitements et échangent avec eux. Le pharmacien de l'institut propose ensuite au patient d'envoyer l'ordonnance de prescription de sortie à son pharmacien d'officine de ville, ce qui garantit au patient la continuité du traitement et permet au pharmacien de ville de s'entretenir avec son homologue hospitalier.

Recommandation n° 15 : Afin de renforcer la coordination nécessaire au continuum ville-hôpital, outre des outils, l'INCa doit concentrer ses efforts pour promouvoir des liens concrets de travail entre les deux pôles de soins, gages d'une meilleure compréhension et de relations solides.

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