C. MALGRÉ DES LACUNES, QUELQUES CARACTÉRISTIQUES DE LA DÉLINQUANCE DES MINEURS SE DESSINENT

Comme le relève le Conseil national des barreaux, « il n'y a pas de profil type. On rencontre autant de profils défavorisés que de jeunes relativement bien insérés dans la société ou à l'école ».

Toutefois, malgré une connaissance du phénomène qui reste imparfaite , il est possible, en analysant conjointement les chiffres disponibles qui viennent d'être présentés et les constats empiriques dressés par les acteurs de terrain lors des auditions et déplacements, de dresser les caractéristiques principales de la délinquance des mineurs d'aujourd'hui .

Ces caractéristiques semblent être les suivantes :

• une cellule familiale fragile et une déscolarisation de plus en plus jeune 43 ( * ) : selon l'association française des magistrats de la jeunesse et de la famille, 55 % des mineurs délinquants sont suivis en protection de l'enfance car eux-mêmes victimes d'une maltraitance ou d'une carence éducative familiale ; par ailleurs, l'absentéisme scolaire ou la déscolarisation est souvent un trait commun de mineurs tentés de prendre part à des trafics et des actes de délinquance ;

• une narco-criminalité qui s'accroît et favorise une entrée de plus en plus jeune dans la délinquance, notamment dans les centres urbains dans un contexte de « territorialisation » des trafics : les déplacements des rapporteurs l'ont confirmé, même si cette problématique dépend des territoires ;

• une délinquance violente de jeunes mineurs : l'augmentation des mineurs mis en cause, âgés d'à peine 13 ou 14 ans, pour des atteintes aux personnes, notamment des violences sur mineurs de moins de 15 ans et des violences sexuelles sur mineurs, semble être un phénomène de fond, malgré une diminution des condamnations de mineurs pour atteintes aux personnes ces dix dernières années ;

• Un rôle à évaluer des réseaux sociaux et de la cybercriminalité : ils sont utilisés pour organiser des trafics ou ont pour conséquence de faciliter le passage à l'acte ou d'amplifier les violences. Aucune étude scientifique ne vient toutefois étayer ce constat empirique et partagé.

Focus sur la direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse Ile-de-France et Outre-mer

Dans les Outre-mer, la Guyane et Mayotte connaissent une délinquance des mineurs nettement plus importante que dans l'hexagone, notamment du fait de la jeunesse de la population (à Mayotte, 50 % de la population a moins de dix-huit ans).

1 ère tendance : une augmentation des procédures criminelles en Ile-de-France et en Outre-mer : davantage de jeunes sont incarcérés, et davantage pour des faits criminels dont une forte proportion de viols ;

2 ème tendance : les addictions aux stupéfiants, problématique partagée par d'autres régions et notamment tous les centres urbains ;

3 ème tendance : les affrontements entre bandes qui sont spécifiques à l'Ile-de-France et concernent souvent des primo-délinquants, qui peuvent être insérés socialement et scolairement. Ce phénomène connaît une ampleur particulière outre-mer, notamment en Guyane et à Mayotte où le phénomène de bandes, souvent composées de mineurs, est particulièrement prégnant. Dans ces territoires, les bandes prennent le relais de l'autorité parentale et conduisent à la commission de vols avec violences, de vols à main armée voire d'homicides ou tentatives.

4 ème tendance : la radicalisation, djihadiste ou politique, phénomène plutôt spécifique à l'Ile-de-France ;

5 ème tendance : le proxénétisme chez les filles mais aussi les garçons, spécifique à l'Ile-de-France ;

6 ème tendance : les mineurs non accompagnés, phénomène commun aux grands centres urbains.

Source : audition du directeur interrégional de la protection judiciaire
de la jeunesse d'Ile-de-France et d'Outre-mer


* 43 Voir deuxième partie.

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