Les faits

Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1859, peu après 1 heure, les flammes ravagent la toiture du Palais du Luxembourg.

1h : les premières flammes dépassent du toit, l'alerte générale est donnée. Le surveillant Badin parcourt les couloirs pour réveiller les habitants du Pavillon de l'Ouest, directement menacé par le feu. La garde de Paris de la rue de Tournon arrive très vite sur place, suivie des sapeurs pompiers.

1h30 : le capitaine Maze, de la Garde de Paris, constate que le feu se répand dans les panneaux de la coupole. Il fait ouvrir le jardin pour permettre l'accès aux volontaires. Des chaînes humaines se forment, composées de militaires, d'habitants du quartier et d'étudiants. Dix pompes puisent dans le bassin du jardin et dans les réservoirs de la cuisine du Palais.
Les banquettes de la salle des séances sont enlevées, les bureaux restent sur place. Le tapis est arrosé.

5h : la coupole ne peut être sauvée. Le treuil du lustre en fonte tombe et traverse le plancher. Le sol de la salle des séances ne résiste pas au poids de l'eau et des matériaux qui le jonchent. Il s'effondre. Le caporal Rosier et le sergent major Labaste sont prisonniers des décombres. Les blessés sont évacués.

6h : Une partie des troupes quitte les lieux.

8h : L'incendie est tout à fait maîtrisé, une trentaine d'hommes en assurent la surveillance. 

Une enquête rondement menée

Le marquis d'Hautpoul, Grand référendaire du Sénat (1), entreprend une enquête administrative le 31 octobre. Il interroge vingt-trois personnes, du lampiste à l'architecte, pour déterminer la cause de l'incendie et reconstituer le fil des événements de la nuit et des jours précédents.  

Deux questions reviennent inlassablement : « Que savez-vous de l'incendie qui a éclaté dans le Palais du Luxembourg dans la nuit du 27 au 28 courant et qui a détruit la salle des séances ? », « Quelle est votre appréciation sur les causes qui ont amené l'incendie ? ». Toutes les hypothèses sont avancées, les témoins oculaires n'étant souvent pas les mieux informés. Le Grand référendaire adapte ensuite ses questions à la qualité de ses interlocuteurs.

(1) Le Grand référendaire est, sous l'autorité du Président, chargé de la direction des services administratifs et de la comptabilité. Il est le chef du personnel des employés ; il veille au maintien de l'ordre intérieur et de la sûreté.

Conclusions de l'enquête

L'enquête se termine le 4 novembre. Le marquis d'Hautpoul écrit au Président Troplong pour lui exposer ses conclusions.

Le Sieur Alexandre est présumé coupable, l'incendie « ne peut être attribué qu'à [son] imprudence », mais « c'est à M. le juge d'instruction à apprécier si la justice a des comptes à demander à cet homme ».

La surveillance du Palais est réorganisée, sous la supervision de M. Chalamel. Un poste de pompiers est créé et les rondes de nuit sont mises en place pour prévenir les incendies. Les pompiers les plus méritants seront récompensés avec des médailles.  

Dans sa réponse, le Président Troplong approuve les mesures prises par le Grand référendaire. Il préconise le rétablissement du dépôt des clés pour contrôler l'accès aux combles.

Au final, personne ne saurait être affirmatif sur les causes de l'incendie. Dans son rapport fait au nom de la commission de la comptabilité sur le crédit pour la réparation de la salle des séances[1], le marquis d'Audiffret déclare que « la salle des séances a été incendiée le 28 octobre 1859 par un de ces accidents fortuits qui échappent aux précautions ordinaires de la surveillance, et dont la cause incertaine, en se dérobant à toutes les preuves, ne peut être attribuée que d'une manière conjecturale à l'imprudence des ouvriers chargés de l'entretien du lustre ».  

L'événement a assez de retentissement pour éveiller la curiosité de la famille impériale. Le 7 novembre, le Grand référendaire reçoit une lettre annonçant sa visite « incognito », le jour même. Cependant, nul document ne vient corroborer cette initiative.


[1] Rapport n°26 présenté lors de la séance du vendredi 22 juin 1860.

En savoir plus

Sources : Archives du Sénat - Presse

Dossier réalisé le 3 décembre 2009    archives@senat.fr