III. BUDGET 2026 : UNE CORRECTION PARTIELLE DE LA SOUS-BUDGÉTISATION, MAIS RESTANT INSUFFISANTE
A. UNE HAUSSE DES CRÉDITS À SALUER MAIS DES MESURES DE PÉRIMÈTRE INCOMPATIBLES AVEC LE MAINTIEN DE LA TAILLE DU PARC D'HÉBERGEMENT
Le projet de loi de finances pour 2026 prévoit une augmentation de 110 millions d'euros des crédits du programme 177 par rapport à la loi de finances initiale pour 2025. C'est une mesure à saluer : l'État ne fait pas d'économies sur l'hébergement et l'accompagnement des personnes sans domicile. Plus précisément, les autorisations d'engagement de l'action 12 (veille sociale, hébergement et logement adapté), croissent de 116 millions d'euros pour atteindre 3 milliards d'euros. Toutefois, la loi de finances initiale pour 2025 ayant elle-même été sous-budgétisée, elle ne peut servir de référentiel pertinent pour analyser le projet de budget pour 2026.
Rapporté à l'exécution de 2024, le projet de loi de finances pour 2026 concentre l'augmentation de ses crédits vers le logement adapté. Cette évolution est cohérente avec la montée en puissance du second plan « Logement d'abord », dont le volet insertion par le logement nécessite un accroissement du parc.
À l'inverse, l'objectif affiché de maintien du parc d'hébergement à 203 000 places ne pourra être tenu. À moyens constants et en comparant les autorisations d'engagement exécutées en 2024 à celles prévues pour 2026, les crédits dédiés à l'hébergement d'urgence diminuent de 103 millions d'euros. En intégrant l'inflation et le coût de la nouvelle convention, la sous-budgétisation s'élève à 119 millions d'euros.
Répartition des autorisations d'engagement
de l'action 12 du programme 177
entre
l'exécution 2024 et le projet de loi de finances
pour 2026
(en millions d'euros)
Source : Commission des affaires sociales, d'après la LFGAC 2024 et le PLF 2026
Certes, les crédits des CHRS progressent de 24 millions d'euros, mais cette hausse résulte uniquement de la transformation de places d'hébergement d'urgence en places de CHRS. Elle ne compense donc pas la contraction des moyens de l'hébergement d'urgence, d'autant que le tarif d'une nuitée diffère fortement selon la structure : 22,11 euros pour l'hôtel, 29,01 euros pour un CHU et 43,05 euros pour un CHRS.
Concrètement, en conservant la répartition actuelle entre CHRS, hébergement d'urgence et hôtel, ce sont environ 10 000 places d'hébergement qui sont menacées. Accroître encore le recours à l'hôtel social n'est pas une option raisonnable : cette solution génère des coûts indirects importants à moyen terme et ne saurait constituer une réponse acceptable à la crise de l'hébergement.
