- Appartenance politique :
- Membre du Groupe Union pour un Mouvement Populaire
- État civil :
- Né le 28 décembre 1921
Décédé le 13 mars 2024 - Profession :
- Ancien inspecteur général de la marine
- Département :
- Paris
-
Ancien sénateur de la Ve République
Travaux parlementaires
Ve République
GAULLE de (Philippe)
Né le 28 décembre 1921 à Paris
Décédé le 13 mars 2024 à Paris
Sénateur de Paris de 1986 à 2004
Fils aîné de Charles de Gaulle, alors capitaine et enseignant à Saint-Cyr, et d'Yvonne née Vendroux, Philippe de Gaulle voit le jour à Paris le 28 décembre 1921. Il passe son enfance entre la France, l'Allemagne et le Liban au gré des affections de son père. Après avoir obtenu son baccalauréat au collège Stanislas à Paris en 1939, il prépare le concours d'entrée à l'École navale lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. L'invasion allemande de la France en mai 1940 interrompt sa préparation du concours.
Le 18 juin 1940, le jeune homme âgé de dix-huit ans quitte Brest à bord d'un cargo avec sa mère et ses deux soeurs et gagne l'Angleterre afin d'y retrouver son père dont il est alors sans nouvelle. Arrivé sur le sol britannique le 19 juin, il découvre que la veille le général de brigade Charles de Gaulle a lancé un appel à la résistance contre l'occupant allemand, au micro de la BBC. En Angleterre, en 1940 et 1941, Philippe de Gaulle est élève de l'École navale des Forces françaises libres, à Portsmouth. Au terme de sa formation, il s'engage dans les Forces navales françaises libres, au sein desquelles il combat jusqu'en 1944. Il participe ainsi à de nombreuses opérations en Manche et dans l'océan Atlantique. Il navigue notamment à bord de la frégate La Découverte dans l'Atlantique Nord en 1943 et 1944.
Le 1er août 1944, il débarque en Normandie, sur la plage d'Utah, avec la deuxième division blindée commandée par le général Leclerc. À la tête d'un peloton blindé de fusiliers-marins, l'enseigne de vaisseau Philippe de Gaulle prend une part active à la campagne de France, en 1944 et 1945. Lors de la libération de Paris, c'est lui qui, le 25 août 1944, porte l'ordre de reddition aux soldats allemands retranchés au sein du Palais-Bourbon. Il participe également à la campagne de Lorraine et d'Alsace, et combat jusqu'à Berchtesgaden. Blessé à six reprises au cours du conflit, il se voit décerner la Croix de guerre 39-45. Il n'est en revanche pas fait compagnon de la Libération, son père lui disant : « Tu es mon premier compagnon, mais je ne peux pas te décerner une décoration de l'ordre que j'ai créé. »
Après la guerre, Philippe de Gaulle poursuit son engagement militaire au sein de la marine nationale. Ayant obtenu son brevet de pilote, il prend part dans l'aéronavale à la guerre d'Indochine, puis continue d'y servir Maroc et en Algérie. Il exerce ensuite de nombreux commandements aériens ou maritimes : ceux de la 6ème flottille d'aviation embarquée sur le porte-avions La Fayette prêté à la France par les États-Unis (1952-1954), de l'escorteur rapide Le Picard (1960-1961), de l'Aéronautique navale en région parisienne (1964-1966), de la frégate lance-missiles Suffren (1967-1968), de l'Aéronautique navale de la région atlantique (1969-1971), du Groupe naval d'essais de missiles (1973-1974), de l'Aviation de patrouille maritime (1974-1976) et de l'Escadre de l'Atlantique (1976-1977). Devenu contre-amiral en 1971 et vice-amiral d'escadre en 1977, il préside la commission permanente des essais et mises en service des bâtiments de la Flotte de 1977 à 1980. Enfin, de 1980 à 1982, il est inspecteur général de la marine.
Au terme de sa carrière militaire, achevée en 1982 avec le grade d'amiral, décerné deux ans auparavant, Philippe de Gaulle décide de s'engager en politique. Quinze ans après le décès de son père, fondateur et premier président de la Ve République, il se porte candidat aux élections sénatoriales du 28 septembre 1986 à Paris : il figure à la quatrième place sur la liste de la majorité présentée par le Rassemblement pour la République et l'Union pour la démocratie française conduite par Maurice Couve de Murville, le dernier Premier ministre de son père. Cette liste remportant onze des douze sièges à pourvoir dans la capitale, avec 1 989 des 2 362 suffrages exprimés, contre un seul siège pour la liste du Parti socialiste, il est élu sénateur de Paris. Il sollicite ensuite le renouvellement de son mandat, à l'occasion des élections sénatoriales du 24 septembre 1995. Il est alors réélu, la liste de l'Union de la droite à Paris, qu'il conduit, obtenant 1 176 des 2 281 suffrages exprimés et sept sièges.
Au Palais du Luxembourg, il s'inscrit au groupe du Rassemblement pour la République (1986-2002), puis, de 2002 à 2004, au groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
Membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées pendant ses deux mandats de sénateur de Paris (1986-2004), il consacre une part importante de son action au Sénat aux questions de défense. De 1989 à 1991, il est rapporteur pour avis du budget de la section forces terrestres. En 1991, il présente, au nom de la commission des affaires étrangères, le rapport d'information sur les enseignements immédiats de la crise du Golfe quant aux exigences nouvelles en matière de défense.
Intervenant régulièrement en séance publique à propos des questions de défense, notamment lors de l'examen du projet de loi de finances, il déplore la faiblesse de son budget. Ainsi, le 18 juin 1991, à l'occasion d'un débat sur une déclaration du Gouvernement d'Édith Cresson, il déclare : « La défense nationale est singulièrement oubliée depuis quelque temps ! Et pourtant, depuis l'existence des sociétés humaines [...] la défense extérieure et intérieure est la raison d'être la plus fondamentale de l'État1. »
Au cours de ses mandats sénatoriaux, l'amiral de Gaulle se fait tout particulièrement l'avocat de la dissuasion nucléaire. « Le maintien d'une force française de dissuasion, gardant sa crédibilité, apparaît dans le contexte international comme l'ultime garant de notre sécurité en cas de menace grave en Europe ou hors d'Europe2 », déclare-t-il le 2 décembre 1998. Exprimant plusieurs reprises son regret de la durée excessive de construction du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, il appelle, lors de la discussion du projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2003 à 2008, en janvier 2003, à doter la France d'un second bâtiment de ce type.
Il plaide régulièrement en faveur la professionnalisation de l'armée. Le 23 octobre 1996, lors du débat suivant une déclaration du gouvernement d'Alain Juppé sur la défense, il justifie l'abandon du service militaire en citant les mots de son père écrits dans La France et son armée en 1938 : « En temps de paix, jamais plus aucune puissance militaire n'aura les moyens d'entretenir à la fois l'indispensable corps de bataille professionnel et la masse de la conscription3. » De même, cinq ans plus tard, à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances, le 5 décembre 2001, il défend le choix qui a été fait par Jacques Chirac de renoncer au service militaire : « En notre temps où il faut se battre avec l'esprit commando et utiliser un matériel aussi sophistiqué que coûteux, nous ne pouvions plus conserver une armée permanente de conscription, qu'aucune puissance militaire véritable n'a maintenue dans le monde4. »
L'amiral de Gaulle se fait également l'avocat des anciens combattants au Sénat. À plusieurs reprises, il appelle à améliorer la retraite de ces derniers. En 1998, lors de l'examen du budget, il interpelle Jean-Pierre Masseret, le secrétaire d'État chargée des Anciens combattants au sein du gouvernement de Lionel Jospin, sur l'insuffisance du budget qui leur consacré et sur la nécessité de manifester la solidarité nationale à leur égar : « Quand il a fallu se battre pour le pays, les anciens combattants n'ont rien demandé pour eux-mêmes5 », déclare-t-il dans l'hémicycle. Il intervient aussi en séance publique au sujet de la fiscalité applicable aux retraites mutualistes des anciens combattants (2000). En outre, il défend, lors de la discussion du projet de loi relatif à la nationalité en 1998, la possibilité pour les anciens soldats étrangers ayant volontairement servi la France au sein de la Légion étrangère d'accéder à la nationalité française par déclaration et non par demande de naturalisation.
La défense et la condition de anciens combattants ne constituent toutefois pas, loin s'en faut, ses seuls centres d'intérêt au Sénat. L'élu parisien dépose ainsi en 1989 avec plusieurs de ses collègues une proposition de loi relative à l'exercice du pouvoir de police municipale à Paris. Il s'exprime par ailleurs sur les sujets les plus divers : la réforme des procédures civiles d'exécution (1991), la commission départementale des sites et paysages littoraux (1992), la réforme du régime pétrolier (1992), l'unification du régime des accidents de la circulation liés au travail (1992), la fiscalité appliquée aux employeurs des personnels familiaux (1993), les contrôles et vérifications d'identité (1993), l'usage des fréquences affectées à la radiodiffusion sonore (1993), la prévention et le traitement des difficultés des entreprises (1994), la privatisation de la Société nationale d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (1994), la défiscalisation des cotisations afférentes au régime complémentaire d'assurance en cas de dépendance médicale (1995), la création d'un délit de bizutage (1997), les locataires insolvables (1998), la répression de la pollution par les navires (2001), les droits perçus par les sociétés d'auteurs (2001), la dévolution du nom de famille (2003) et la défiscalisation des dons destinés à des organismes humanitaires (2003).
En janvier 2001, il exprime sa vive opposition à la proposition de loi organique tendant à proroger de quelques mois la durée du mandat des députés, afin d'éloigner les dates des élections législatives de celles de l'élection présidentielle. À ses yeux, ce texte constitue « une manoeuvre » du gouvernement de Lionel Jospin destinée à favoriser « un Premier ministre candidat », « qui n'est ni dans la nature ni dans la vocation de notre République » « et qui constituerait même un précédent de manipulation fâcheux6 » pour la démocratie française.
Lors des grands scrutins, il vote en faveur de la loi relative au revenu minimum d'insertion en 1988, de la loi relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale en 1993, de la loi d'orientation et d'incitation relative à la réduction du temps de travail en 1998, de la loi constitutionnelle relative à l'égalité entre les femmes et les hommes en 1999 et de la loi constitutionnelle relative à l'organisation décentralisée de la République en 2002. Il se prononce contre la loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre : « De l'Union européenne » (Maastricht) en 1992. Il s'abstient sur la loi relative au pacte civil de solidarité en 1999.
Dix-huit ans après son entrée au Palais du Luxembourg, il choisit de ne pas se représenter aux élections sénatoriales du 26 septembre 2004. Il se retire alors de la vie politique.
Parallèlement à son engament politique, il oeuvre ardemment à la mémoire de son père, notamment par la publication de plusieurs ouvrages consacrés à sa figure privée et publique. Il fait ainsi paraître, entre 1980 et 1988, les Lettres, notes et carnets du général de Gaulle. Il publie ensuite ses souvenirs personnels, Mémoires accessoires, en 1997 et 2000. Surtout, il connaît un immense succès, en 2003 et 2004, avec son De Gaulle, mon père qui permet « d'entrer dans l'intimité du plus illustre des Français7 » : huit cent mille exemplaires au total, auxquels s'ajoutent quatre-vingt mille en poche, sont vendus. Il est également l'auteur de deux albums de photographies issues des archives familiales, De Gaulle en 1989, et Mon père en images en 2006.
Il s'éteint le 13 mars 2024 à l'âge de cent-deux ans à l'hôpital militaire des Invalides, à Paris. Un hommage national lui est rendu une semaine plus tard aux Invalides lors d'une cérémonie présidée par Emmanuel Macron.
L'amiral de Gaulle était Grand-croix de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite, ainsi que commandeur du Mérite maritime.
Hommage lors de la séance du 13 mars 2024. Journal officiel n° 21 du 14 mars 2024, p. 1670.
1 : Journal Officiel, comptes rendus des débats du Sénat, séance du 18 juin 1991, p. 1767.
2 : Ibid., séance du 2 décembre 1998, p. 5608.
3 : Ibid., séance du 23 octobre 1996, p. 4976.
4 : Ibid., séance du 5 décembre 2001, p. 6313.
5 : Ibid., séance du 30 novembre 1998, p. 5419.
6 : Ibid., comptes rendus des débats du Sénat, séance du 31 janvier 2001, p. 491.
7 : Hommage du président du Sénat Gérard Larcher lors de la séance du 13 mars 2024. Journal officiel n° 21 du 14 mars 2024, p. 1670.
Sources
Archives du Sénat : dossier personnel de sénateur.
Bibliographie
Who's who in France, plusieurs éditions.
Taillemite (Étienne), Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, 2002.
Publications de Philippe de Gaulle
Lettres, notes et carnets du général de Gaulle, Paris, Plon, 13 vol., 1980-1988.
De Gaulle, Paris, Plon, 1989.
Mémoires accessoires 1921-1946, Paris, Plon, 1997.
Mémoires accessoires 1947-1982, Paris, Plon, 2000, rééd. 2011.
Les Trente jours qui ont fait de Gaulle, avec Michel Tauriac, Paris, Economica, 2002.
De Gaulle, mon père, 2 tomes, avec Michel Tauriac, Paris, Plon, 2003-2004.
Mon père en images, Paris, Michel Lafon, 2006.
Elu le 28 septembre 1986
Réélu le 24 septembre 1995
Fin de mandat le 30 septembre 2004 (ne se représente pas)
Membre du Groupe Union pour un Mouvement Populaire
Extrait de la table nominative
Résumé de
l'ensemble des travaux parlementaires
de Philippe de GAULLE
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