3. La recherche

Selon l'avis des personnalités auditionnées par la mission d'information, le « constat de carence » de la recherche française contre le cancer peut être dressé à partir des éléments suivants :

· des financements publics insuffisants , et difficiles à identifier ;

· un effort de recherche essentiellement assuré, d'une part, par les associations nationales (Ligue nationale contre le cancer, ARC) et, d'autre part, par l'industrie pharmaceutique ;

· le retard particulièrement préoccupant de notre pays en matière de recherche contre le cancer et, plus particulièrement, en ce qui concerne la recherche « de transfert », c'est-à-dire la génération de nouvelles méthodes diagnostiques ou thérapeutiques à partir des données acquises par la recherche fondamentale.

Dès lors, il convient de privilégier les orientations suivantes :

- impliquer d'avantage l'Etat dans le financement de la recherche contre le cancer, qui ne peut plus relever de la seule responsabilité des grandes associations nationales ou de l'industrie pharmaceutique ;

- créer un « Institut national de la recherche contre le cancer » concrétisant en termes financiers et en association avec les autres acteurs concernés, cet engagement de l'Etat en faveur de la recherche contre le cancer ;

- renforcer, à cette occasion, la recherche de transfert, clinique et thérapeutique, nécessaire à la génération et à l'évolution de référentiels diagnostiques et thérapeutiques ;

- tirer les conséquences des études en cours sur l'influence des facteurs génétiques sur la survenue des cancers.

4. La démographie médicale

Au 1 er janvier 2000, on dénombrait 459 spécialistes en oncologie médicale et 566 spécialistes en radiothérapie . Les effectifs en oncologues et radiothérapeutes ont évolué de façon opposée depuis 1990, l'hypothèse d'une substitution entre ces deux spécialités pouvant être avancée. Le nombre d'oncologues est passé de 3 à 459 entre 1990 et 2000 soit un taux de croissance de 152 % et le nombre de radiothérapeutes de 2.463 à 566 soit une décroissance de 80 % entre 1990 et 2000.

Le recensement des autres spécialistes du cancer exerçant actuellement en France ( toutes structures sanitaires confondues) reste plus délicat . 1.003 médecins travaillent à temps plein dans les centres de lutte contre le cancer, qui sont entièrement dédiés à ce type de prise en charge. 753 médecins, d'exercice libéral ou salarié, y travaillent à temps partiel.

Pour les autres structures, publiques et privées, qui jouent également un rôle majeur dans ces prises en charge, le recensement des médecins, spécialistes du cancer ne peut pas se faire sur la seule information de la nature de l'établissement, dont le champ d'activité ne comporte, le plus souvent, pas uniquement les prises en charge relatives au cancer. Ce recensement ne peut pas non plus se faire en partant de la spécialité d'appartenance des praticiens puisque plusieurs spécialités peuvent conduire à se spécialiser dans ces prises en charge, notamment les différentes spécialités chirurgicales, la gynécologie, la pneumologie, l'hématologie, la dermatologie, avec également l'émergence de psycho-oncologues.

Les projections disponibles pour les 20 prochaines années ne concernent pas spécifiquement les radiothérapeutes ni les oncologues. Néanmoins, l'évolution prévisible de la démographie médicale, à moins d'un changement drastique du numerus clausus, montre une baisse des effectifs globaux à 20 ans dans une fourchette de - 15 % à - 20 %. La population française évoluera durant cette période de + 7 % selon les projections INSEE et le vieillissement inéluctable se poursuivra.

En outre, à effectifs équivalents, on peut s'attendre dans 20 ans à une réduction de l'offre médicale liée à la féminisation, au vieillissement du corps médical, à la réduction du temps de travail et à une réduction de la part consacrée aux soins dans l'activité médicale du fait notamment du développement des activités de formation et de coordination .

Afin de pallier le « déficit » prévisible, au cours des prochaines années, en cancérologues et en radiothérapeutes, deux pistes prioritaires paraissent devoir être engagées, à savoir :

PROPOSITIONS DE LA MISSION

· évaluer plus précisément les besoins prévisibles en oncologie et en radiothérapie et réfléchir, en conséquence, à une éventuelle adaptation du « numerus clausus » (cette question, générale, dépassant, bien évidemment le seul problème particulier des oncologues et des radiothérapeutes) ;

· Favoriser les « passerelles » entre la formation, d'une part, des spécialistes d'organes et, d'autre part, des cancérologues radiothérapeutes ou des oncologues médicaux et susciter une décision nationale de création de postes d'assistants chefs de cliniques.

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